1940.00.00.Recueil des informations de janvier à décembre

Ce recueil recense chronologiquement les données collectées sur l'année citée en référence, dans :

  • les copies de lettres à la presse1,
  • les doubles des courriers reçus par le siège, à Paris, entre 1936 et 19412,
  • la correspondance, les notes, rapports, circulaires, accords, traités... (originaux ou duplicatas) émanant de la direction générale de la Maison, des départements maritimes et combustibles, des chantiers de constructions navales du Trait, ainsi que des succursales françaises et étrangères. Les dossiers d'où proviennent ces pièces ont été classés "tels quels" par les services qui les ont produits. Répertoriés par objet et non par date, ils couvrent – ensemble – une période allant de la fin du 19ème siècle au début des années 1960. Une notice située à la fin du présent article, reproduit le descriptif qui est fait des archives les plus significatives sur les bordereaux d'inventaire,
  • les synthèses réalisées par la Maison et notamment :
    • "Historique de la succursale de Newcastle (1848-1948)", classé en 1948
    • "Historique de la succursale de Port-Saïd, relations avec l'Égypte (1869-1948)", daté du 16 juin 1948.

A ces informations s'ajoutent celles recueillies :

  • auprès des services administratifs : état civil, tribunal de commerce...
  • dans les annuaires et les minutes notariales...
  • dans la presse, les revues professionnelles et les ouvrages d'histoire...

Du fait de la nationalisation de la Banque Worms en 1982, les témoignages relatifs au département bancaire proviennent essentiellement du secrétariat général et de la direction de Worms & Cie, d'une part, et d'autre part, d'extraits de publications externes ou d'études conduites par la Maison Worms. Ainsi :

Les documents d'où sont extraits les renseignements rassemblés dans ce recueil sont consultables à partir de ce fichier en cliquant sur leur intitulé (en bleu + soulignement).

1+2 : Ces corpus n'ont pas fait l'objet d'un dépouillement exhaustif comme cela a été le cas pour les chronos de correspondance datant du 19ème siècle.


 

Inventaire chronologique des archives numérisées
et des renseignements ou extraits collectés dans les copies de lettres et les dossiers

[Documents pluriannuels]
1911-1943
De Worms & Cie Le Havre : Charbons. Amortissements (dont usine d'agglomération de Graville). Relevés annuels et correspondance échangée avec Paris sur le suivi des écritures comptables.
1923-1947
Tableau [non daté, classé en 1947] : Tonnages annuels du cabotage national et international (entre la France et les Pays Baltes, Pologne, Allemagne, Belgique, Angleterre, Espagne, Danemark, Finlande, Irlande, Norvège, Suède, côtes occidentales d'Afrique).
1930-1941
De Worms & Cie : [Extrait d'une note datée du 21 janvier 1942.] Pourcentage des Services bancaires par rapport aux quatre grandes banques de la place (1938-1940) - pour 1940 - bilans et situation : 0.65% ; actifs : 0.98%.
1931/1937-mars 1941
Note [sans émetteur ni destinataire, datée de mars 1941] : Statistiques concernant la Marine marchande française. Situation avant la guerre (1931/1937-1er janvier et juin 1939) : Tonnage global, nombre et tonnage des navires de plus de 500 tonneaux, classement du tonnage par type de navires, âge moyen de la marine marchande française, vitesse, équipement, navires à vapeur et à moteur, propriété de l'État et propriété privée.
1937-1941
Des Services charbons : Amortissements. Tableaux annuels depuis 1937 concernant Bayonne, Bordeaux, Dieppe, Le Havre, Marseille, Nantes, Rouen et Huilcombus.
1938-1941
Des Services bancaires : Bilans.
1938-1943
De Guy Brocard : [Extrait d'une note datée du 7 novembre 1944.] Bénéfice d'exploitation des Services bancaires.
1938-1944
Des Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime : [Extrait d'une note datée du 16 mai 1945.] Compte des pertes et profits, analyse des déficits imputables à l'occupation allemande, résultats du 1er janvier 1938 au 31 décembre 1944. [Voir également une note non datée, classée en 1945.]
1938/1939-1944
De Worms & Cie : [Extrait d'une note et de tableaux en date des 17 et 26 décembre 1945.] Comptes d'Hypolite Worms et rémunérations de Jacques Barnaud.
1938-1945
[Extrait d'une note classée en 1945.] Situation charbonnière en France de 1938-1939 à 1945 (inclus).
1er janvier 1939-31 décembre 1943
Des Services maritimes : [Extrait d'un brouillon en date du 7 décembre 1944.] Tableau intitulé "Soldes des pertes et profits". Exercices clos entre le 1er janvier 1939 et le 31 décembre 1943.
1er janvier 1939-26 décembre 1944
Des Services charbons : [Extrait d'un brouillon, en date du 26 décembre 1944.] Tableaux intitulés "Provisions constituées sur les bénéfices des exercices clos entre le 1er janvier 1939 et le 26 décembre 1944".
31 août 1939-31 décembre 1943
De Worms & Cie : [Extraits d'une note manuscrite classée au 31 décembre 1943, d'une note datée de septembre 1944 et intitulée "Observations au sujet de la comparaison des bilans de la société Worms & Cie" et d'une note des Services charbons datée du 22 septembre 1944 et intitulée "Étude comparative des bilans France 1939/1943".] Comparaison des bilans du 31 août 1939 et du 31 décembre 1943.
1er septembre 1939-31 décembre 1943
Des Services charbons et maritimes : [Extrait d'une note du 6 décembre 1944.] Tableaux indiquant année par année les résultats de ces deux départements du 1er septembre 1939 au 31 décembre 1943. Résultats des succursales charbons (Paris, Bayonne, Bordeaux, Dieppe, Le Havre, Marseille, Nantes et Rouen) du 1er septembre 1939 au 30 septembre 1940 et du 1er octobre 1940 au 30 septembre 1941.
1939-1944
Des Services maritimes : [Extrait d'une note du 22 septembre 1944.] "Récapitulation des dommages résultant des faits de guerre".

[Informations sans dates précises]
De Gaston Bernard : [Extrait de son rapport d'expertise comptable, au juge Thirion, en date du 31 décembre 1945. Ce document très volumineux (plus de 700 pages) a été numérisé en 8 parties ; la table des matières permet de naviguer de l'une à l'autre.] « La maison Worms a vendu, en 1940, 496.000 tonnes de charbon. »
De Guy Brocard : [Extrait d'un témoignage recueilli le 9 février 1977.] « En 1940, les Services bancaires ne se composaient encore que de 62 personnes environ et occupaient le seul 2ème étage du 45, boulevard Haussmann. »
De Worms & Cie : [Extrait d'une note sur la Compagnie sétoise de produits chimiques, datée du 9 juin 1941.] « En 1940, la situation juridique et financière se trouvant entièrement apurée et la société en possession d'un nouveau fonds de roulement, l'usine put enfin recommencer à produire. »
De Worms & Cie : [Extrait d'une note sur Félix Potin, datée du 11 juin 1941.] « En 1940, Worms céda 15.000 actions à sa filiale hollandaise, la Wester Financiering. Théoriquement, il n'est plus propriétaire, d'après ces écritures, que de 2.005 titres. »
De Worms & Cie : [Extrait d'une note sur la Société privée de réescompte, classée en 1945.] Société au capital de 20.000.000 F (siège social à Paris, 2, rue des Italiens) constituée par l'Union européenne, Vernes & Cie, Worms & Cie (38% du capital), en 1940, avant l'occupation, à une époque où la Banque de France veut intervenir sur le marché financier par l'intermédiaire de sociétés privées. La Maison y est représentée par Guy Brocard.

Début 1940
D'Hypolite Worms, Société anonyme des ateliers et chantiers de la Seine-Maritime : [Extrait d'un discours daté du 7 décembre 1946.] « Lorsque la guerre survint en septembre 1939, nos Chantiers, dont les effectifs, d'abord désorganisés par la mobilisation, se reconstituèrent progressivement jusqu'à atteindre, au début de 1940, grâce à diverses mesures, des chiffres supérieurs à ceux d'avant-guerre, consacrèrent leur activité à la défense nationale sous le contrôle de la Marine militaire : armement de la flotte auxiliaire, construction de sous-marins et de chasseurs. Au début de 1940, nous avions procédé à la transformation et à l'armement de onze navires de la flotte auxiliaire ; nous livrions le navire charbonnier de 3.700 tonnes "Égée" et les chasseurs dragueurs dépanneurs N°13 et 14. »
[Extraits d'une note non datée, classée en 1943, d'une note datée du 11 novembre 1944, des notes de Raymond Meynial du 13 novembre 1944 et de Marcel Vieille du 14 novembre 1944, de l'interrogatoire de Gabriel Le Roy Ladurie par le juge Georges Thirion en date du 16 novembre 1944, de l'interrogatoire d'Hypolite Worms en date du 16 novembre 1944, de l'audition de Raymond Meynial en date du 17 novembre 1944, et d'un article paru dans le journal "Liberté" le 21 décembre 1944.] Au début de l'année 1940, un rapport de la Légation française à Berne avise le gouvernement français (ministère de l'Armement) qu'un groupe allemand est en train de négocier l'achat d'un paquet important de titres d'une société holding - la société Metalla - qui se trouve en Suisse et assure une position importante, par l'intermédiaire de sa filiale, la Société des recherches minières du Falta, dans la société marocaine Le Molybdène. Celle-ci exploite dans l'Atlas, non loin de Marrakech, le gisement d'Azegour, d'où l'on extrait la molybdénite, minerai très rare, (il n'en existe que quatre gisements : aux États-Unis, au Mexique, en Norvège et au Maroc), qui est utilisé à la préparation des aciers spéciaux pour les fabrications d'armement. L'information ajoute qu'il y aurait lieu de rechercher un groupe français en mesure de faire une offre contrebalançant celle des Allemands. Le ministère de l'Armement s'adresse à la Maison Worms, lui demandant de se porter acheteur de ce paquet d'actions. Gabriel Le Roy Ladurie procède alors à cet achat par l'entremise de la maison Foulonneau et Pitavino, pour une somme d'environ 8.000.000 de francs. La part de la Maison est de 29.000 actions Metalla sur 50.000 ; Metalla détenant 50.000 actions Falta sur 85.000 et Falta détenant 59.140 actions Le Molybdène sur 185.000. Worms & Cie possède ainsi, par l'intermédiaire de deux sociétés, 32% des actions et 44% des voix, c'est dire que, juridiquement, elle n'a pas le contrôle de la société. D'après le rapport des capitaux investis, la Maison Worms ne possède que 10,75% des actions de la société Le Molybdène. Il y a lieu de remarquer que cet investissement sortait du cadre habituel des opérations traitées par la Maison et que cette transaction ne fut conclue que pour déférer au désir du gouvernement français. Eugène Guernier fut alors appelé à la présidence du conseil qui le mit au courant des différentes démarches faites et l'informa de ce que la Maison Worms devenait l'un des gros actionnaires du Molybdène. L'actionnariat comprend également le Bureau de recherches et de participations minières - BRPM, organisme officiel de la Résidence générale du Maroc, et un groupe représenté par Vernes et Cie vraisemblablement pour le compte des Établissements Bertolus à Bellegarde. Historique de la société Le Molybdène. C'est en 1930 et sous la loi française que la société "Le Molybdène" fut créée au capital de 5.000.000 de francs. Renseignements sur l'exploitation, l'évolution du capital, la production... [Voir août 1940.]
De la Société de recherches minières du Falta : Archive historique. Registre analytique en date du 8 décembre 1928.
De la société Le Molybdène : Archive historique. Rapport de Jean Cahen, en date du 19 avril 1930, sur la création de la société.
De Roger Mennevée : [Extrait de l'article intitulé "La Banque Worms - Histoire générale - Troisième partie - Filiales et participations - Chapitre 3. De 1925 à 1940 (suite)", paru dans Les Documents de l'agence indépendante d'informations internationales en décembre 1949.] « Au début de 1940, le capital de la Société française des distilleries de l'Indochine fut porté à 100 millions, mais chose curieuse, la Banque Worms et Cie ne figurait pas parmi les établissements chargés de recevoir les souscriptions, alors que la banque Lazard Frères et Cie y participait. »

Janvier 1940
Alphonse Rio effectue un voyage à Londres.
De Worms & Cie : Note sur la constitution du capital social. [Voir 1er février 1940.]
De Jacques Barnaud : [Extrait d'une note, non datée, classée en 1945.] « Chargé de mission au ministère des Finances (direction de la Section des finances extérieures) en janvier 1940. »
De Worms & Cie : [Extrait d'un dossier sur la compagnie d'assurances La Préservatrice daté du 13 juin 1941.] Dès les premiers jours de 1940, le conseil d'administration décide d'user des facilités qui lui ont été accordées par l'assemblée générale du 15 novembre 1938, en vue d'augmenter le capital social de F 14.197.500 pour le porter ainsi à F 23.662.625. Etant donné l'importance des amortissements encore à effectuer à cette époque, une pareille augmentation de capital ne peut être réalisée qu'au bénéfice d'une garantie inconditionnelle d'une maison de banque assurant la souscription intégrale du capital social émis. MM. Worms & Cie, approchés par Jacques Guérard, président du conseil d'administration de La Préservatrice, donnent alors cette garantie de souscription inconditionnelle. [Voir avril 1940.]
[Extraits des auditions d'Eugène van Cabeke par le juge Thirion en date du 27 décembre 1944 et de Jean Nelson-Pautier en date du 3 janvier 1945.] La Compagnie sétoise de produits chimiques, dont le siège est à Paris, 47, rue de Liège, fondée par Eugène van Cabeke, fut mise en faillite en 1926 ou [1927.] Cette faillite s'est terminée en 1936 par un concordat de 50%. En 1939, Eugène van Cabeke s'adresse à la Maison Worms pour obtenir des facilités de trésorerie qui les lui accorde à concurrence de 10.000.000 F... En 1940, à la demande de van Cabeke, la Société tunisienne des hyperphosphates Réno passe un accord avec la Compagnie sétoise aux termes duquel elle devient propriétaire de 51% des actions et reprend à son compte tout le passif. En outre, elle s'engage à fournir les fonds nécessaires pour la poursuite de son exploitation. Cette opération est effectuée avec le concours de Worms, à qui, par la suite, sont rétrocédés les 51% du capital de la Compagnie sétoise... « L'accord réalisé prévoyait enfin que van Cabeke resterait directeur général pendant dix ans. »

1er janvier 1940
De Roger Mennevée : [Extrait de l'article intitulé "La Banque Worms - Histoire générale - Troisième partie - Filiales et participations - Chapitre 3. De 1925 à 1940 (suite)", paru dans Les Documents de l'agence indépendante d'informations internationales en décembre 1949.] Comptoir financier des matières premières. « Guy Brocard a donné sa démission le 1er janvier 1940. Depuis cette époque la banque Worms et Cie s'est désintéressée de l'affaire, qui est passée sous le contrôle de la société Pétrofrance. »
De Jacques Barnaud, Noisy, à Hypolite Worms, Londres : « La Maison est calme, je parle du bd Haussmann ; chacun met beaucoup de bonne volonté. Nous n'avons la plupart du temps qu'à exécuter les ordres du maître tout puissant. J'ai fini hier de mettre au point notre fameux projet de statuts. La Suède m'occupe toujours un peu trop, parce que je n'ai pas véritablement un adjoint de valeur qui puisse me remplacer entièrement. Mais c'est naturellement le ministre des Finances qui trouble le plus mon emploi du temps. »

4 janvier 1940
De Worms & Cie Le Havre, à Worms & Cie Paris et à M. Privett, General Steam Navigation Cy : « Participation du pavillon anglais au trafic du cabotage français... » Réponse de Lucien Émo : « ... Vis-à-vis de nos collègues caboteurs, nous n'avons pas le droit de prendre officiellement position, avant de nous être assurés de leurs sentiments à ce sujet. D'autre part, la question se trouve liée à l'étude d'ensemble de la mise en commun des moyens de transport britanniques et français, dont est chargé le Comité exécutif des transports, dont la direction a été confiée à Hypolite Worms, pour les intérêts français, aussi je ne pouvais mieux faire que lui soumettre votre lettre... »

6 janvier 1940
Du commandant Petit : [Extrait d'un historique sur la Société française de transports pétroliers, rédigé en 1984, (période 1938-1945).] Navire en gérance. « Le "Dauphiné", construit en 1930 et jaugeant 15.910 de port en lourd, est livré par son armateur norvégien, le 6 janvier 1940, à San Francisco. Pour en prendre livraison dans un port neutre et le ramener en France, deux voyages sont organisés, à frais et profits communs, avec l'ancien armateur. Ces voyages : San Francisco-Curaçao et Curaçao-Lisbonne-La Pallice, permettent d'armer le navire à Lisbonne où il est francisé le 26 février 1940 et où l'équipage français le prend en charge. Il est ensuite conduit à Saint-Nazaire pour travaux où il reste du 20 mars 1940 au 2 mai 1940. »

7 janvier 1940
De Worms & Cie : [Extrait d'une note datée du 7 décembre 1944.] Dans la nuit, "Barsac" se brise sur les rochers près de Vigo.

9 janvier 1940
De Robert Labbé, Londres, à Joseph R. Denis, Paris : R. Labbé conclut ce bref courrier sur les affaires courantes par ces mots : « Quel dommage que la perte du B[arsac] ! »

10 janvier 1940
De Robert Labbé, Londres, à Joseph R. Denis, Paris : Confirmation de l'installation d'Hypolite Worms à l'adresse du Ministry of Shipping : Berkeley Square House. « J'ai réfléchi à la note au sujet des amortissements complémentaires de navires (charte-partie, article 8). J'avais largement examiné la question cet été avec Hurpy. Nous avions surtout envisagé le problème du Trait. Mais celui des bateaux avait retenu notre attention. Il s'agissait de savoir s'il fallait, dès cette année, commencer la constitution des positions du décret du 13 janvier 1939 (je raisonne naturellement sur la base "temps de paix"). Je pense venir à Paris m'entretenir avec Hurpy d'ici un mois de toutes les questions d'amortissement et autres posées par la clôture de l'exercice. »

11 janvier 1940
De Worms & Cie : [Extraits du nouvel acte social.] L'objet social comprend l'affrètement et l'armement des navires et des bâtiments de navigation et de transport de toute espèce, la construction, l'achat et la vente des navires, l'importation et le commerce des charbons et tous autres combustibles, les opérations de banque et de change national et international, toutes opérations se rattachant à ces industries et à ces commerces, la participation de la société par voie de création de sociétés nouvelles, d'apport, commandite, souscription ou achat de titres ou droits sociaux, fusion, alliance, association en participation ou autrement pouvant se rattacher aux objets précités ou contribuer au développement des affaires sociales notamment, tous autres genres de commerce ou d'industrie que les associés jugeront convenable d'y joindre et plus spécialement pour la continuation de la société actuelle Worms & Cie et des anciennes et précédentes sociétés Worms & Cie, Worms Josse & Cie et Hypolite Worms & Cie, et généralement toutes opérations commerciales, industrielles, immobilières, mobilières et financières se rattachant directement ou indirectement en totalité ou en partie à l'un quelconque des objets ci-dessus spécifiés ou à des objets similaires ou connexes... Du siège partiront les instructions pour les divers comptoirs, établissements et succursales.
De Jacques Barnaud : [Extrait de son audition par le président Dhers en date du 2 mai 1950.] « La société Worms & Cie, société en nom et en commandite simple, a décidé, au début de 1940, de porter son capital de 4 millions à 40 millions par incorporation de réserves. Cette opération fait que ma part dans le capital est passée de 100.000 F à 1.800.000 F. »
De Worms & Cie : Tableau indiquant le nom des gérants et commanditaires de la société, l'adresse de leur domicile et leur part dans le nouveau capital social (réf. acte de Me Rivière daté de ce jour). [Sur un billet manuscrit, joint à ce tableau, il est indiqué : « Documents remis au Siège social, 45, bd Haussmann, à l'inspecteur de police, le 29 avril 1942 - 11 h 30 ». Les informations concernant la nouvelle répartition de capital ont fait l'objet d'une publication dans la Gazette des tribunaux, n°4, du 27 janvier 1940 ; voir infra, sur le nouvel acte de société, le Journal des annonces légales de Marseille, en date du 1er-2 février 1940. Dans une note sur l'acte de société datée du 25 février 1941, il est stipulé que l'acte du 11 janvier 1940 constitue la charte sociale de la Maison et que, par conséquent, les changements intervenus postérieurement sont à considérer comme des modifications.]
De Worms & Cie : [Extrait d'une note datée du 9 juillet 1941.] Répartition, au 11 janvier 1940, du capital social, des bénéfices, des réserves et des bénéfices non distribués.
De Roger Mennevée : [Extrait de l'article intitulé "La Banque Worms - Histoire générale - De 1927 à la Libération", paru dans Les Documents de l'agence indépendante d'informations internationales en juin 1948.] « Par divers actes en date du 11 janvier 1940, les associés de Worms et Cie apportèrent différentes modifications aux statuts ; prorogèrent, par anticipation, la société de 25 ans, à compter du 1er octobre 1940 et décidèrent, enfin, d'user de la faculté que leur donnait le décret du 30 mars 1939 et la loi du 31 décembre 1939 pour augmenter le capital social par prélèvement sur les réserves. » Fonctions et adresses des associés gérants et des commanditaires (+ situation matrimoniale des associées). « L'augmentation du capital de 4 à 40 millions a été faite par incorporation au capital d'une somme de 36 millions à prélever sur les réserves, à raison de 21 millions pris sur les réserves constituées avant le 1er janvier 1930 et 15 millions prélevés sur celles constituées depuis cette dernière date, ladite somme étant représentée en totalité par des espèces en caisse ou des sommes disponibles en banque. Cette incorporation fut effectuée dans les conditions et proportions suivantes : [tableau.] » Constitution d'un fonds de réserve. Partage du surplus des bénéfices, des réserves et bénéfices non distribués, ainsi que des plus-values du capital social. « Enfin, le nouvel article 12 précisait les droits des gérants et décidait que, pour les décisions à prendre, l'avis de la majorité d'entre eux prévaudrait, la voix de M. Hypolite Worms étant prépondérante en cas de partage des voix. »
De Worms & Cie : [Extrait d'une note du 5 décembre 1951.] Ces modifications ont été déposées au greffe du tribunal de commerce de la Seine le 23 janvier 1940.
[Extrait d'une note sans émetteur ni destinataire, datée du 22 mars 1941.] « Cette activité [bancaire] est fructueuse car, le 11 janvier 1940, en pleine guerre, la Banque Worms & Cie porte son capital de 4 à 40 millions par la simple incorporation au capital d'une somme de 36 millions prélevée sur les réserves. En dix ans, non seulement la Banque Worms & Cie a ainsi décuplé son capital, mais elle s'est créée des amitiés dans tous les milieux en même temps qu'elle se réservait des intérêts et des participations dans tous les groupements. »

16 janvier 1940
De l'"Excelsior" : [Coupure de presse datée du 20 janvier 1940.] Déjeuner organisé par Charles Corbin, ambassadeur de France en Grande-Bretagne, en l'honneur de Raoul Dautry, ministre de l'Armement, en déplacement à Londres. Hypolite Worms figure parmi les invités, aux côtés notamment de Winston Churchill et de M. Monnet.

17 janvier 1940
Du "Bulletin quotidien de la Société d'études et d'informations économiques", n°12-13 : Article intitulé "L'accord des alliés avec la Norvège pour l'affrètement" ; ses premières applications françaises. Accord intervenu le 11 novembre 1939 entre le gouvernement britannique et l'Association des armateurs norvégiens. Bien que négocié par la seule Grande-Bretagne, la France participe à son application par l'entremise de la Mission française des Transports maritimes à Londres. L'accord porte sur la mise à disposition des alliés par les armateurs norvégiens d'environ 150 pétroliers d'au moins 8.000 TDW et du plus grand nombre possible de tramps (450.000 tonnes brutes sont déjà affrétées par les alliés auxquelles il faut ajouter 140.000 tonnes brutes libérables, avant le 31 mars, aux États-Unis et 240.000 tonnes, qui seront libres plus tard). Fixation des taux d'affrètement. Définition des charges incombant aux affréteurs (assurances contre les risques de guerre, paiement aux équipages des "bonus" de guerre, indemnités pour mort ou blessure d'un membre de l'équipage par suite du fait de guerre, surestaries). « La Mission française des Transports maritimes a déjà pris de 25 à 30 tramps norvégiens en time charter pour le trafic charbonnier (transport de 75.000 à 80.000 tonnes par mois, principalement vers les petits ports français). Pour le tonnage pétrolier, la mise en train de l'accord est plus lente. »

20 janvier 1940
De la Nouvelle Compagnie havraise péninsulaire : Tableau donnant des informations sur le trafic par navires du 1er septembre 1938 au 31 août 1939.
De l'"Excelsior" : Voir 16 janvier 1940.

21 janvier 1940
De Jean Labbé, Amilly, à Hypolite Worms, Londres : « Barnaud a eu raison de vous dire que la cérémonie de la signature du nouvel acte de la société Worms s'était passée dans les conditions les meilleures : j'ai eu l'impression très nette d'une confiance complète des commanditaires présents. L'acte final a été modifié selon les vues de Barnaud... très attaché à une augmentation proportionnelle de capital, conforme aux droits actuels des associés dans le capital. La distribution d'un complément de réserves a entraîné un blocage... Marie et moi ne pouvions ne pas avoir quelque émotion en songeant que l'acte, que nous allions signer, était la première manifestation extérieure de l'entrée de Robert dans la grande maison que son grand-père avait contribué à faire plus grande encore, dans laquelle il vous avait accueilli en souvenir de votre grand-père et dans laquelle, après l'avoir encore augmentée en puissance et en autorité, vous avez accueilli Robert en souvenir de M. Goudchaux. Notre désir est que les qualités d'intelligence et de coeur de Robert lui permettent de réussir auprès de vous comme vous avez réussi auprès de son grand-père : il a un "patron" devant lequel tout le monde s'incline et il n'a qu'à suivre la voie que vous lui tracerez. »

27 janvier 1940
De Joseph R. Denis, à Worms & Cie Le Havre : « General Steam Navigation Cy Ltd... H. Worms avait recommandé de regarder ce qui avait été fait, au point de vue du privilège du pavillon au cours de la dernière guerre, étude... qui nous conduit aux conclusions ci-contre. Dans l'état actuel des choses, il ne nous paraît pas très opportun de prendre l'initiative d'une modification au régime actuel et, agirions-nous autrement, il est à peu près certain que nous ne serions pas suivis... Même avant la réquisition de mars 1918, jamais le cabotage national entre ports métropolitains n'a été libre. » 

27 janvier-31 juillet 1940
Entre le ministère de la Marine marchande, Worms & Cie Paris et Worms & Cie Le Havre : Note (17 avril 1940) au sujet de la prime "risques de guerre" accordée aux équipages par le décret de février 1940, arrêté le 12 avril 1940, qui fixe le mode de calcul du paiement de ces primes. Courrier du ministère (19 avril 1940) au sujet d'une information transmise par la Fédération des officiers mécaniciens selon laquelle « la Maison Worms & Cie aurait refusé de payer à ses officiers le montant de l'indemnité forfaitaire afférente au travail supplémentaire à bord de ses navires en octobre et novembre 1939 », se fondant pour ce faire sur le décret du 22 octobre 1939, arrêté le 23 décembre 1939, qui annule celui du 31 décembre 1938 (instauration d'un forfait compensatoire de 40 jours par an). Réponse de Worms & Cie Le Havre (25 avril 1940) : « Dans une annexe à une circulaire du CCAF en date du 29 décembre 1939, établie avec l'accord de la direction des Transports maritimes - TM, il a été formellement précisé que les repos de la loi de 40 heures n'étaient à la charge des Transports maritimes que jusqu'au 30 septembre 1939... Notre qualité de gérant de navires affrétés par la direction des TM nous faisant une obligation de nous conformer strictement aux textes ci-dessus, nous avons été contraints de retenir à nos officiers les trop perçus correspondant au forfait de 40 jours... Nous demandons au service local des TM au Havre de nous donner l'assurance que nous serons remboursés des sommes correspondantes. » Note du 25 mai 1940 relative à une conférence sur la constitution de dépôts des personnels subalternes et des réserves d'officiers, le ministère de la Marine marchande suggère que la Maison y soit représentée par M. Denis « qui par ses fonctions et ses compétences en la matière paraît avoir autorité pour apporter un avis motivé ».

30 janvier 1940
De [Alphonse Rio], ministère de la Marine marchande, Paris, à Hypolite Worms, Londres : [La signature est peu lisible.] « Je tiens, dès mon retour à Paris, à vous exprimer toute ma satisfaction des résultats obtenus au cours de nos conversations à Londres avec Sir John Gilmour(1) et ses collaborateurs du Ministry of Shipping et à vous féliciter de l'habileté et de l'intelligente activité dont vous avez fait preuve dans la préparation et la conduite des négociations qui ont abouti à un accord sur presque tous les points, avec mon collègue britannique. »

1er-2 février 1940
Du Journal quotidien des annonces judiciaires et légales de Marseille : Dépôt par Me Rivière, de l'acte reçu par son suppléant, Me Delarue, le 11 janvier 1940. Modifications apportées à l'acte de société de Worms & Cie. La commandite se compose de 12 personnes : 3 associés en nom collectif - Hypolite Worms et Joseph Michel Goudchaux, tous deux nommés le 1er janvier 1911 ainsi que Joseph Jacques Léon Barnaud, nommé le 1er janvier 1930 ; et 9 commanditaires : Marie Virginie Lucienne Razsovich (associée suite à la mort de son père, Lucien Worms, le 22 juillet 1914) ; Marie Labbé (associée depuis la mort de son père, Henri Goudchaux, le 25 avril 1916) ; Louise Valentine Fauchier-Magnan, Marie Germaine Lebel, Jenny Marcel Fauchier-Delavigne (toutes trois associées depuis la mort de leur mère, Emma Delavigne, fin 1926), Paul René Leroy (époux de feu Suzanne Marguerite Worms, fille de Lucien Worms) et les 3 fils de celui-ci : Roger Paul René Leroy (né le 20 mars 1906), Raymond Paul René Leroy (né le 3 novembre 1908) et Michel Paul Émile Leroy (né le 26 novembre 1911). Augmentation de capital. « Suivant acte reçu par Me Delarue, suppléant Me Rivière, le 11 janvier 1940, MM. Worms, Goudchaux, Barnaud, Leroy et Mmes Razsovich, Labbé, Fauchier-Magnan, Lebel et Fauchier-Delavigne, voulant profiter des facilités accordées par le décret du 30 mars 1939, et la loi du 31 décembre 1939, ont décidé d'incorporer au capital social une somme de 36 millions de francs, à prélever sur les réserves de la société, à concurrence de 21 millions, sur les réserves constituées antérieurement au 1er janvier 1930, et de 15 millions sur celles constituées depuis cette date ; ladite somme étant représentée pour la totalité par des espèces en caisse ou des sommes disponibles en banque... Le capital de la société est porté de 4 millions à 40 millions. » Nouvelle répartition des parts de capital entre les associés. Prorogation de la société pour une durée de 25 années, à compter du 1er octobre 1940. Objet social. Constitution du fonds de réserve. Partage des bénéfices. Pouvoirs des associés-gérants.
Du commandant Petit : [Extrait d'un historique sur la Société française de transports pétroliers, rédigé en 1984, (période 1938-1945).] Au cours de son premier voyage, "Picardie", bâtiment acheté à des armateurs norvégiens et confié en gérance par le gouvernement à la SFTP, se casse en deux au large des Açores ; le Capitaine Blavec et 11 membres de l'équipage périssent.

3-27 février 1940
De Joseph R. Denis : [Pièce jointe à une note datée du 5 mars 1940.] Rapport de traversée du "Lussac" de Swansea à Marseille et Sète via Oran du 3 février au 27 février 1940.

5 février 1940
De Roger Mennevée : [Extrait de l'article intitulé "La Banque Worms - Histoire générale - Troisième partie - Filiales et participations - Chapitre 3. De 1925 à 1940 (suite)", paru dans Les Documents de l'agence indépendante d'informations internationales en décembre 1949.] Société privée d'études et de banque. « Le 5 février 1940, Pierre Pucheu, alors directeur général des Établissements Japy Frères, passés, depuis l'année précédente, sous le contrôle de Worms et Cie - était, à son tour, nommé administrateur, fonctions qu'il occupa peu de temps, ayant démissionné au début de 1941, lorsqu'il fut appelé au gouvernement. »

6 février 1940
De Worms & Cie : Acte déposé au Registre du commerce sous le n°2.256. Prorogation de la société du 31 décembre 1940 au 30 septembre 1965.
De Roger Mennevée : [Extrait de l'article intitulé "La Banque Worms - Histoire générale - De 1927 à la Libération", paru dans Les Documents de l'agence indépendante d'informations internationales en juin 1948.] Extrait de la copie des inscriptions portées au registre analytique sous le n°24842 au nom de la Société Worms et Compagnie dont le siège social est à Paris, 45, boulevard Haussmann à Paris. Par voie modificative en date du 6 février 1940 le montant du capital est porté de 4 millions à 40 millions de francs par incorporation de réserves... Par voie modificative en date du 6 février 1940, [la société est] prorogée jusqu'au 30 septembre 1965.
De Worms & Cie, Paris : Note. Assurance contre les risques de guerre des navires réquisitionnés par l'intermédiaire des associations "risques de guerre". Fonctionnement de ces organismes, relations avec l'État. Obligation faite aux armateurs de remplacer en Angleterre les navires détruits dont le remplacement est financé par ces associations.
D'Henri Nitot, Paris, à Hypolite Worms, Londres : Note. « La réalisation du programme de construction de navires de commerce envisagé par le ministère de la Marine marchande va se heurter à de nombreuses difficultés non seulement pour l'approvisionnement des matériaux métallurgiques (le carnet de commandes du Comptoir sidérurgique atteint actuellement trois ou quatre fois la capacité de production) mais encore pour l'approvisionnement des appareils auxiliaires. Il y a donc lieu de rechercher immédiatement quel concours nous pouvons trouver en Grande-Bretagne pour la construction de ces appareils. »
A Hypolite Worms, Londres : Tableau de la consommation en huile diesel du "Malgache" et du "Ville-de-Metz". [Document sélectionné à titre d'exemple des diverses questions traitées par Hypolite Worms dans le cadre de sa mission.]

10 février 1940
D'Hypolite Worms, Londres, au ministre de la Marine marchande, Paris : Demande de renseignements mensuels sur l'état des importations en France et dans les colonies, des cargaisons saisies par la Marine militaire, des navires entrés dans les ports de France et des colonies, le relevé de la flotte française, les durées de rotation, les programmes de chargement. « Je vous serais reconnaissant de me faire parvenir régulièrement les renseignements précédents, afin que je puisse conduire mes négociations avec mon collègue anglais en toute connaissance de cause. »
D'Hypolite Worms, Londres, au ministre de la Marine marchande, Paris : Demande de renseignements mensuels sur l'utilisation de la flotte française. [Voir lettre de Robert Labbé à Joseph R. Denis datée du 12 février 1940.]

12 février 1940
De Robert Labbé, Londres, à Joseph R. Denis, Paris : Envoi des 2 lettres d'Hypolite Worms, datées du 10 février 1940, à l'attention du ministre de la Marine marchande. « Doutes quant à la rapidité avec laquelle la place Fontenoy sera en mesure de répondre. »
A Hypolite Worms, Londres : 4 tableaux. Composition des équipages à bord des cargos de 2.500 T, 4.000 T, 10.000 T et 15.000 T de port en lourd.

15-24 février 1940
A Hypolite Worms, Londres : [Tableau envoyé le 8 mars 1940.] Pertes de temps constatées lors de la traversée du "Jumièges" entre Swansea et Rochefort, du 15 février au 24 février 1940 (36 h 30).

16 février 1940
Hypolite Worms embarque à Folkestone pour Calais [voir au dos de son passeport diplomatique les visas des bureaux de l'immigration dans ces deux ports.]

21 février 1940
L'ambassade de Grande-Bretagne, à Paris, appose son visa sur le passeport diplomatique d'Hypolite Worms.

25 février 1940
Hypolite Worms embarque à Calais pour Folkestone [voir au dos de son passeport diplomatique les visas des bureaux de l'immigration dans ces deux ports].
Du commandant Petit : [Extrait d'un historique sur la Société française de transports pétroliers, rédigé en 1984, (période 1938-1945).] "Vendée", bâtiment acheté à des armateurs norvégiens et confié en gérance par le gouvernement à la SFTP, s'échoue sur le plateau de la Blanche à proximité de Saint-Nazaire.

28 février 1940
Du "Bulletin quotidien de la Société d'études et d'informations économiques", n°48-49 : Article intitulé "L'Armement norvégien et la Guerre". S'appuyant sur différents comptes-rendus publiés par le "Journal of Commerce", de janvier et février 1940, ce périodique consacre un nouvel article à l'armement norvégien et plus particulièrement aux effets de la guerre sur l'emploi de sa flotte pétrolière et de tramps. En préambule, il est rappelé que « l'armement norvégien - sans parler de l'importance particulière que les péripéties de la guerre donnent à tout ce qui touche les pays du Nord - se place au quatrième rang dans le monde, après la Grande-Bretagne, les États-Unis et le Japon, avec 4.834.000 tonnes brutes sur 68.500.000 tonnes ».

Mars 1940
De Worms & Cie : Circulaire. Théodore Gruson, directeur de la maison de Boulogne, est appelé à la direction de la maison de Dunkerque, en remplacement de Victor Duret, appelé à d'autres fonctions. Théodore Gruson continuera provisoirement à diriger en même temps la maison de Boulogne et sera secondé par Louis Ohier, déjà attaché à cette succursale.
Du ministère de la Marine marchande : Armement - divers. Demande auprès de différents armateurs concernant le remplacement de la toile à voile réglementaire (bâchage) par un tissu de poids moindre et de composition différente compte tenu des difficultés d'approvisionnement.
De Roger Mennevée : [Extrait de l'article intitulé "La Banque Worms - Histoire générale - Troisième partie - Filiales et participations - Chapitre 3. De 1925 à 1940 (suite)", paru dans Les Documents de l'agence indépendante d'informations internationales en décembre 1949.] « Au mois de mars 1940, La Préservatrice procédait à une augmentation de capital de 14.197.500 F par l'émission à 135 F de 113.850 actions nouvelles ordinaires de 125 F sur lesquelles la banque Worms et Cie, qui avait été chargée de recevoir les souscriptions, souscrivit personnellement 44.864 actions... En mars 1940, la banque Worms et Cie fondait avec la banque Vernes et Cie, la Société privée de réescompte, se destinant aux diverses opérations de banque, d'escompte, de crédit, etc, avec siège social 2, rue des Italiens à Paris. Les fondateurs étaient Philippe Vernes, de la banque Vernes et Cie, et Michel Goudchaux. Le capital était fixé à 15 millions en 30.000 actions de 500 F souscrites par onze personnes et libérées de moitié à la souscription. Les premiers administrateurs étaient Robert Cousin, président, (La Préservatrice) ; Marcel Reybel (Société privée d'études et de banque), administrateur directeur général. Joseph Marie Charles Koehl, directeur général de la Banque des pays du Nord, Édouard Vernes. »

1er mars 1940
De Joseph R. Denis, Paris, à Hypolite Worms, Londres : Note (1). Affrètement de bateaux grecs pour aider le trafic de Madagascar. « J'ai demandé que l'on nous donne les agences des bateaux en time charter, surtout quand ce serait des chartes qui autorisent l'utilisation du bateau jusque dans l'Atlantique et dans la Manche, pour réserver aux Messageries maritimes le nombre de navires qui s'arrêteraient obligatoirement en Méditerranée. En ce qui concerne la consignation des bateaux affrétés au voyage, comme l'administration ne veut avoir affaire, pour le même voyage, qu'à un seul armateur, je vais m'entendre avec les Messageries pour qu'elles s'occupent du navire dans l'Océan Indien, et Nochap en Europe. »
De Joseph R. Denis, Paris, à Hypolite Worms, Londres : Note (2). Renseignements au sujet de Valentin Smith, directeur à Paris de la Maison Daher, jusqu'il y a une quinzaine d'années, qui assurait la liaison avec Worms & Cie Dunkerque lorsque la succursale était l'agent de Daher.
De Joseph R. Denis, Paris, à Robert Labbé, Londres : Note accompagnée d'un tableau indiquant les taux de fret relatifs à l'importation de diverses marchandises (riz, grains, blé ou maïs, marchandises générales, charbons) en provenance de divers pays entre 1913 et 1919.
De l'administration anglaise, Paris, à Raymond Meynial, Londres : Autorisation de conduite accordée jusqu'au 25 deptembre 1942.

4 mars 1940
D'Hypolite Worms, Londres, à Joseph R. Denis, Paris : Bateaux en time charter ou affrétés au voyage, mis sur le trafic de Madagascar. « J'avais, au téléphone, attiré l'attention de M. Nicol sur le fait que ces affrètements n'étaient conclus que sur Marseille alors qu'on pouvait, quitte à payer un supplément de fret, les affréter pour Bordeaux et Le Havre, également au sujet de la Réunion, option qui n'avait pas été demandée par la Marine marchande alors qu'il y a des sucres à charger. »

5 mars 1940
De Joseph R. Denis, Paris : Note [adressée vraisemblablement à Hypolite Worms.] Transmission à la demande de la Marine marchande du rapport de traversée du "Lussac" de Swansea à Marseille et Sète via Oran du 3 février au 27 février 1940.

7 mars 1940
Note [non signée.] Séance préparatoire de la réunion du bureau du Comité consultatif des transports nord-africains. « Des armements ont prié le président Hecquet de suggérer que la gérance des bateaux de "France Navigation", mis sur la ligne d'Algérie, soient confiés aux armements inscrits au Comité nord-africain et ne soient pas confiés à des armements étrangers à ce Comité, exemple Maison Worms & Cie qui a la gérance de "Guilvinec" et de "Grand-Quevilly" sur la ligne d'Algérie. »

8 mars 1940
A Hypolite Worms, Londres : Envoi du tableau sur la traversée du "Jumièges" entre Swansea et Rochefort, du 15 février au 24 février 1940.

9 mars 1940
Note [sans date ni émetteur] : Memorandum for Parimontal. « The name of the company will be changed on the same date, March 13, from Parimontal, Ltd., to Eastern Provinces Administration Ltd. »

13 mars 1940
A Hypolite Worms, Londres : Copie d'un projet de contrat de gérance des navires exploités pour compte et sous contrôle de l'État français. Objet et durée du contrat ; définition de la gérance ; comptes de voyages ; avances et compte courant ; indemnité de gérance « fixée forfaitairement à [...] par tonne, jauge brute, et réglée annuellement. »
Note [sans date ni émetteur] : Mémorandum sur Eastern Provinces. [Classée ici en raison de la référence au changement de nom de Parimontal en Eastern Provinces, annoncée à cette date dans le mémorandum du 9 mars 1940.] Au sujet de Randall sur la question par rapport au Custodian de présenter Eastern Provinces comme détenteur des avoirs déposés aux USA au lieu d'en être le dépositaire pour compte de tiers. Selon G. F. Doriot, les avoirs de Eastern Provinces aux USA, c'est-à-dire la presque totalité des avoirs que cette société y détient, ont été gelés.
Note [sans date ni émetteur] : Planavalda SA Panama City. [Classée ici pour les mêmes raisons que celles concernant le document ci-dessus.] Rapport avec la Western. Réf. à MM. Lombardi et Icasa. G. F. Doriot est président de Planavalda qui détient 192 actions sur les 200 qui constituent le capital de la Western.

13-17 mars 1939
Arrêté portant congés des états-majors de la marine de commerce, publié au Journal officiel le 17 mars 1939.

16 mars 1940
A Hypolite Worms, Londres : Note. « A l'heure actuelle, Nochap, qui avait la gérance de "Yiannis" se voit attribuer les consignations, dans les ports de touchée, outre "Mary Livanos", ce dont vous êtes prévenu, de "Olga. E. Embiricos" (1.922 - jauge brute 4.677 T) qui va charger à Madagascar en avril. »

19-20 mars 1940
Édouard Daladier, mis en cause à l'Assemblée par ceux qui lui reprochent son manque de fermeté (Léon Blum) et ceux qui critiquent les conditions de l'entrée en guerre, cède la direction du gouvernement à son ministre des Finances, Paul Reynaud qui lui confie, sous la pression des radicaux, le ministère de la Défense nationale et de la Guerre.
De Jean-Pierre Guichard : [Extrait de "Paul Reynaud, Un homme d'État dans la tourmente", 2008.] Reynaud rapporte dans ses "Mémoires" en parlant du président Herriot, "il insiste pour que je prenne les Affaires étrangères, en laissant Daladier à la Défense nationale et Chautemps, chef radical lui aussi, à la vice-présidence du Conseil". Et J.-P. Guichard de poursuivre : « Ce conseil du président de la Chambre suscite la désapprobation des quelques hommes que Paul Reynaud retrouve ensuite, avenue Franklin-Roosevelt, au domicile de Gabriel Le Roy Ladurie (directeur général de la Banque Worms), dont Yves Bouthillier, Paul Baudouin, Henri du Roure... Ceux-ci considèrent, en effet, qu'"il ne faut absolument pas reprendre Daladier", auquel ils reprochent de "ne pas faire la guerre". Le président désigné objecte qu'il a un besoin impératif du soutien du groupe radical-socialiste, qui ne voudrait pas lâcher le portefeuille de la Défense nationale et de la Guerre. Le Roy Ladurie insiste : "Si l'on vous impose Daladier, il ne faut pas accepter de constituer le gouvernement. Vous-même vous ne pouvez confier la Guerre à Daladier, puisque vous pensez qu'il vous mène au désastre ! Daladier a la confiance de Gamelin. Rien de tout cela ne marchera..." »
[Extrait d'un dossier sur le développement de la Banque Worms, daté du 22 mars 1941.] « Logiquement, la Banque Worms aurait dû s'effondrer avec le gouvernement de Paul Reynaud. Tout, en apparence, l'y condamnait : ses origines juives, ses compromissions politiques, ses relations maçonniques, ses attaches anglaises et, cependant, moins d'un an après l'armistice, on s'aperçoit que la Banque Worms a ses grandes et petites entrées chez le Maréchal... »
De Gabriel Le Roy Ladurie : [Extrait d'une note datée du 13 octobre 1944.] Au sujet de Paul Reynaud. « Lorsqu'en mars 1940, il connut l'épreuve [du pouvoir], dans les conditions redoutables que l'on sait, je ne songeai qu'à lui témoigner mon attachement... » Au sujet de Paul Baudouin. « Bien qu'il n'ait jamais été de mes amis intimes, je l'ai assez bien connu dans les années qui précédèrent la guerre. Au printemps 1940, je le retrouvais comme secrétaire d'État du président Reynaud, qui avait depuis longtemps pour lui une sympathie et une estime particulières. »
De Renaud de Rochebrune et Jean-Claude Hazera : [Extrait des "Patrons sous l'Occupation. II". Propos de Jacques Le Roy Ladurie tirés de ses Mémoires 1902-1945, Flammarion/Plon, 1997, sur l'intimité de Gabriel Le Roy Ladurie avec Paul Reynaud.] « L'homme politique venait chasser dans la propriété familiale en Normandie. [Jacques Le Roy Ladurie] se souvient également d'avoir assisté chez son frère Gabriel aux discussions précédant la formation du cabinet Reynaud en mars 1940, Paul Baudouin et Yves Bouthillier auraient été présents. Tout le monde encourageait alors Paul Reynaud à refuser de former le gouvernement si on lui imposait Édouard Daladier au ministère de la Guerre. Mais il passa outre. Jacques Le Roy Ladurie confirme également avoir rencontré chez Gabriel le comte de Paris en mai 1940. Celui-ci, que Jacques connaissait mais pas Gabriel, aurait effectivement été hébergé à la demande du gouvernement. »

21 mars 1940
A Hypolite Worms, Londres : Note. Flotte de petits caboteurs, soit 115 unités, dont 15 affectés au trafic méditerranéen, 12 au trafic des charbons, 2 militarisés et 20 voiliers. « De sorte qu'il resterait sur le littoral mer du Nord/Manche/Océan, 68 vapeurs ou bateaux à moteur, plus 20 voiliers susceptibles de participer au trafic des diverses. » Inadaptation de ces navires au cabotage. « S'il était possible de reprendre une partie de nos lignes, nous aurions à laisser à la flotte charbonnière les bateaux qu'elle a ; au trafic franco-anglais, ceux qui y sont ; sur la ligne Algérie, au moins deux unités, et tout le reste pourrait être remis en très grande partie sur le cabotage national étendu dans le domaine international vers la Belgique d'une part, et vers l'Espagne, de l'autre. »

29 mars 1940
De la Marine marchande, à Worms & Cie, Paris : Note [transmise à Hypolite Worms.] « Le moral des officiers et équipages de la Marine marchande, surtout de ceux qui fréquentent la côte est anglaise, laisse fortement à désirer. Les équipages considèrent que leur rôle est aussi dangereux que celui des soldats de 1ère ligne. Ils ont cependant le sentiment que leurs chefs d'abord, l'opinion publique ensuite, ne leur rendent pas justice à cet égard et qu'ils ne jouissent ni des avantages matériels, ni du prestige moral acquis à ces derniers. » Demande de bénéficier de permissions ; de réductions sur les billets de chemins de fer (exemple : matelots du "Bourgogne", privés de permission régulière depuis 8 mois, ont dépensé 600 francs de voyage pour aller passer 24 heures en Bretagne) ; d'organiser des services postaux afin de recevoir le courrier de leurs familles et de bénéficier de la franchise postale.

Avril 1940
De Worms & Cie : [Extrait d'un dossier sur la compagnie d'assurances La Préservatrice daté du 13 juin 1941.] L'augmentation de capital décidée dès les premiers jours de 1940 et offerte au public au mois d'avril 1940, ne peut être réalisée que grâce au concours de MM. Worms & Cie, qui doivent se porter souscripteurs pour une part importante de l'augmentation de capital (5.608.000 F sur les 14.197.500 émis) et détiennent à l'issue de l'opération 23,70% du capital. [Voir 31 octobre 1940.]

Avril-décembre 1940
De Worms & Cie : [Extrait d'une note sur les Établissements Japy Frères datée du 14 juin 1941.] « Sans se laisser détourner par les événements de l'oeuvre de redressement total qu'ils avaient entreprise, MM. Worms & Cie n'hésitèrent pas à compléter leur effort financier en assurant à la société la réalisation d'une nouvelle augmentation de capital, par laquelle celui-ci fut doublé et porté à 40.000.200 francs (avril-décembre 1940). Grâce à l'ensemble de ces efforts, les Établissements Japy Frères purent surmonter leurs difficultés et conserver l'intégralité de leur activité industrielle, qui a continué, malgré la guerre, à se manifester dans toutes les branches de leurs diverses productions. » [Voir décembre 1940.]

14 avril 1940
A Hypolite Worms, Londres : Note et 11 rapports de traversées des navires : "Caudebec", "Normanville", "Kerkena", "Espiguette" et "Jumièges" au cours du mois de mars et jusqu'au 14 avril 1940. Ces documents font état des retards qui selon les cas sont compris entre 9 heures et plus de 94 heures ; il est précisé que certains sont dus à des opérations de déminage.

15 avril 1940
Des Services bancaires, à Joseph R. Denis, Paris : Note. Renouvellement du visa diplomatique de Madame Worms, « qui rejoint son mari à Londres ».
De Robert Labbé, Londres, à Joseph R. Denis, Paris : Note. Réservation d'espaces sur les liners anglais reliant les possessions britanniques et la France ; point négocié par Hypolite Worms avec le Ministry of Shipping au cours des négociations avec le Ministry of Shipping, en vue de répartir l'ensemble des flottes alliées entre la France et l'Angleterre, proportionnellement à leurs programmes d'importations par mer. « Le Ministry of Shipping nous a également informé qu'il allait nous aider sur la ligne de Madagascar. »

19 avril 1940
A Robert Labbé, Londres : Note. En référence à celle adressée par Hypolite Worms au ministre de la Marine marchande au sujet de la situation de Madagascar et de la Réunion dont la desserte est assurée par des navires grecs en time charter, gérés notamment par la Nochap. Problèmes posés par ces cargos. « Il y aura tout intérêt pour le pays, sans aucun inconvénient pour Nochap, à ce que les liners anglais qui viennent à Madagascar, ou dans la région, prennent des "parcels" pour la France. »

Mai 1940
De Worms & Cie Anvers et de Worms & Cie : [Extraits de deux notes, l'une datée du 3 janvier 1948 et l'autre du 17 février 1948.] A Hambourg, la direction française de la succursale est rapatriée. A Anvers, la succursale est mise en sommeil et le personnel est licencié le même mois.
Société française des transports pétroliers : Pétroliers norvégiens donnés en gérance à la Compagnie.
De Worms & Cie : [Extrait d'une note datée du 28 novembre 1944.] Société des machines agricoles Puzenat. « La Maison Worms ne possédait dans la Société des établissements Puzenat, aucun intérêt direct, 20 parts sociales de 10.000 francs seulement sur 1.100 constituant le capital social avaient été acceptées en mai 1940 pour la somme de F 880.000. Le nominal des notions fut abaissé à 1.000 F. Le capital se trouvait donc alors composé de 11.000 actions de 1.000 F. » [Voir également une note de Worms & Cie sur la Manufacture centrale de machines agricoles Puzenat datée du 17 juin 1941 qui donne des indications plus synthétiques. Voir juin 1940.]

1er mai 1940
De Worms & Cie : [Extraits d'une note datée du 8 novembre 1940, d'un dossier sur les activités maritimes de la Maison daté du 11-13 juin 1941 et d'un rapport sur le groupe Worms établi en mai 1944.] Société française de transports pétroliers. « En 1940, au 1er mai, la flotte propre de la société, composée de huit navires, avait effectué 17 voyages complets, important depuis le début de l'année 226.000 tonnes de combustibles liquides et parcourant 155.300 milles marins. Depuis cette date, la SFTP, comme d'ailleurs toutes les sociétés d'armement françaises, se trouve en veilleuse et semble même avoir perdu la totalité de sa flotte, tant du fait des torpillages que des confiscations, soit par les alliés, soit par les Allemands. »

6 mai 1940
D'Hypolite Worms, Londres : Note intitulée "Extrait de la communication téléphonique de M. Worms du 5". Nombre de navires danois et norvégiens jaugeant plus et moins de 1.500 tonneaux, attribués à la France et à la Grande-Bretagne.
D'Hypolite Worms : [Extrait du rapport sur sa mission à Londres, adressé au secrétaire d'État à la Marine, le 1er août 1940.] « Il avait été passé, à la suite de l'invasion de la Norvège [9 avril 1940-8 juin 1940], avec le Groupement des armateurs norvégiens, un nouvel accord aux termes duquel une grande partie de la flotte norvégienne était mise à la disposition de la France et de la Grande-Bretagne. Des accords similaires étaient en cours de négociation avec les Hollandais et les Suédois. Ils ont été réalisés dans des conditions qui apparaissaient très avantageuses, à l'époque, et l'exécution de ces dits accords comportait le partage et la répartition entre la France et la Grande-Bretagne, de ces flottes ainsi mises à notre disposition. En raison du manque de tonnage de la France, j'avais obtenu que les premiers partages se fassent sur la base de 60% à la France, 40% à l'Angleterre. Après les premières allocations, c'est-à-dire après que la proportion des flottes aux besoins des deux pays, a été équilibrée, la règle de partage devait se faire à raison de 30% à la France, 70% à l'Angleterre, ces chiffres équivalant aux besoins des deux pays. »

10 mai 1940
L'armée allemande déferle sur les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg.
Neville Chamberlain, dont le gouvernement est débordé par les premiers succès allemands, abandonne la conduite de la Grande-Bretagne à Winston Churchill.

10 mai-10 juin 1940
De Gabriel Le Roy Ladurie : [Extrait d'une note datée du 13 octobre 1944.] Paul Reynaud. « Du 10 mai (début de l'offensive allemande) au 10 juin (départ de Paris du gouvernement), je ne vis [Paul Reynaud] forcément que très peu. Sa tâche absorbait chacun de ses instants. Les conditions mêmes dans lesquelles j'eus à cette époque quelques entretiens privés avec le président Paul Reynaud, excluent toute idée et toute possibilité d'un rôle politique quelconque auprès de lui. Ce serait d'ailleurs bien mal connaître le chef du gouvernement d'alors et lui faire gratuitement injure que de l'imaginer abordant le sujet des affaires de l'État avec une personne même amie n'ayant ni mandat, ni responsabilité. En fait, je ne me souviens que de deux modestes questions d'ordre pratique dont le président m'avait saisi à cette époque : l'une fut d'héberger pour quelques jours chez moi, avec toutes garanties de discrétion, le comte de Paris, qui revenait d'une mission officieuse auprès de la cour d'Italie. Je ne suis pas monarchiste ; la chose se passa donc sans aucune complication. L'autre fut, fin mai, de faire transporter en secret et mettre en lieu sûr, d'abord à Brest, puis à Bordeaux, des valises et des dossiers. » [Voir 15 juin 1940.]

14 mai 1940
Reddition de Rotterdam. Les Allemands percent le front français à Sedan, sur la Meuse.
[Extraits d'une note de Gabriel Le Roy Ladurie datée du 26 septembre 1944, d'une note intitulée "Annexe n°2" et classée le 26 septembre 1944, d'une note intitulée "Annexe n°7", également datée du 26 septembre 1944.] Dès l'entrée des Allemands aux Pays-Bas, NV Wester Financiering Maatschappij, filiale de Franconed, elle-même basée à Rotterdam et holding régulièrement déclarée au gouvernement français, appartenant à 100% à la Maison Worms, est mise sous séquestre. NV Wester Financiering Maatschappij est propriétaire des installations maritimes Worms à Rotterdam et à Dantzig. [Voir juillet 1940.]
D'Anatole de Monzie, à Hypolite Worms, Londres : Lettre manuscrite. « Je vous félicite des résultats obtenus. Si le rythme escompté s'établit nous pourrons nous en tirer. Nous voilà, grâce à vous, sortis de la période d'incertitudes. Vous avez accompli ce pour quoi Rio et moi vous avions demandé si instamment d'être notre auxiliaire. »

15 mai 1940
De Roger Mennevée : [Extrait de l'article intitulé "La Banque Worms - Histoire générale - De 1927 à la Libération", paru dans Les Documents de l'agence indépendante d'informations internationales en juin 1948.] Extrait de la copie des inscriptions portées au registre analytique sous le n°24842 au nom de la société Worms et Compagnie dont le siège social est à Paris, 45, boulevard Haussmann à Paris. Ouverture de la succursale de La Riche près de Tours (Indre-et-Loire).

16 mai 1940
Capitulation de la Hollande.
Au secrétaire général de Worms & Cie : [Extrait d'une note datée du 4 octobre 1944.] Ouverture de la popote.
De Simone Tournier : [Extrait d'un témoignage recueilli le 16 mai 1977.] « La Popote 45, rue Tronchet, dont on me confia la gestion, comprenait plusieurs salles pour le personnel et une pour la direction et ses invités de marque, qui pouvait contenir trente convives et fonctionnait à plein. On y retenait sa place plusieurs jours à l'avance et chaque matin j'accompagnais Gabriel Le Roy Ladurie chez Hypolite Worms afin de placer les gens selon leurs affinités. Les conversations étaient d'un niveau très élevé, les discussions passionnantes : on refaisait le monde. J'avais reçu tous pouvoirs pour les approvisionnements... Le repas se payait 10 F... C'est ainsi que pendant toute la guerre, la Popote 45 fonctionna à la satisfaction ce tous. »
De Dominique Venner : [Extrait du livre intitulé "Histoire de la collaboration", p. 617, notice consacrée à Gabriel Le Roy Ladurie.] « Sa célèbre popote de la rue Tronchet... est une salle à manger installée dans un appartement. Il y tient table ouverte. Il suffit d'y avoir été invité une fois pour y revenir librement déjeuner. Les hommes d'affaires peuvent y rencontrer des écrivains ou des acteurs politiques. On n'y parle pas business, mais des questions de l'heure. Parmi ceux qui fréquentent sa popote en 1940-1941, François Lehideux, Pierre Pucheu, Paul Marion, Jacques Benoist-Méchin, Pierre Drieu La Rochelle. Tous vont jouer un rôle important et certains entreront même dans le cabinet Darlan en février 1941... »
De Renaud de Rochebrune et Jean-Claude Hazera : [Extrait des "Patrons sous l'Occupation. II".] « La célèbre "popote de la banque Worms" fait partie de ce système où l'on sait cultiver habilement les amitiés. Dans la "note Martin", un dossier constitué par une police parallèle qui déclenchera le scandale de la Synarchie, on peut lire : "Le siège ou plutôt le lieu de rencontre des membres du groupe Synarchie serait une popote dépendant, paraît-il, de la banque Worms, et située rue Tronchet, où les initiés appartenant au gouvernement ou à l'administration viennent chercher les ordres" [Le texte complet de la "note Martin" a été communiqué aux auteurs par Pierre Péan, qui propose un dossier très complet sur la Synarchie dans Le Mystérieux Docteur Martin, 1895-1969, Fayard, 1993.] Pour les uns, c'est un bistrot situé à l'angle de la rue des Mathurins et de la rue Tronchet. Pour d'autres, et notamment des témoins directs peu susceptibles de se tromper, par exemple François Lehideux qui l'a fréquentée plus d'une fois, c'est une discrète salle à manger de direction comme il en existe un certain nombre dans Paris, située en appartement, au dernier étage d'un immeuble. Au lieu d'y inviter simplement ses relations d'affaires pour parler des dossiers en cours, Le Roy Ladurie a eu l'habileté d'en faire une sorte de club avec table ouverte. "On pouvait y aller librement déjeuner, explique François Lehideux. Il suffisait d'y être venu une fois. On n'y parlait pas business. C'était plutôt un endroit où des hommes d'affaires pouvaient rencontrer des intellectuels." On ne négociait donc pas des contrats entre la poire et le fromage, mais on parlait peut-être politique. En tout cas, beaucoup de gens en étaient persuadés. Et le charmant Gabriel devient pour du Moulin de Labarthète "un homme ténébreux, un fervent de l'intrigue, un prestidigitateur habile [...], l'éminence grise de tous les régimes". En un mot, quelqu'un qui commence à faire peur. [En note :] D'après une collaboratrice de Gabriel Le Roy Ladurie [Simone Tournier], citée par Jacques Le Roy Ladurie [Mémoires 1902-1945, Flammarion-Plon, 1997], la popote aurait été créée en 1939, et comportait à la fois des salles pour le personnel et une salle à manger de direction pouvant accueillir trente convives. Hippolyte Worms et Gabriel Le Roy Ladurie s'occupaient personnellement de placer les invités "selon leurs affinités". » [Voir aux premiers jours de juillet 1941, comment la "popote" deviendra pour les chasseurs de synarques "l'indice d'une solidarité concrète" selon les termes de Pierre Assouline dans "Une Éminence grise - Jean Jardin - 1904-1976".]

18 mai 1940
Paul Reynaud procède à un remaniement ministériel ; il prend le portefeuille de la Défense qu'il enlève à Édouard Daladier auquel il confie celui des Affaires étrangères.
De la Marine nationale, intendance militaire, Cherbourg, à Worms & Cie, Le Havre : Demande de lui adresser le plus rapidement possible des « propositions de règlement amiable pour le remplacement de "Barsac" perdu. Si vos propositions tardent à me parvenir, je me verrai dans l'obligation de suspendre l'indemnité de privation de jouissance. »

20 mai 1940
Du commandant en chef de l'armée, au quartier général : "Ordonnance concernant la gestion réglée des affaires et l'administration d'entreprises de toutes sortes dans les territoires occupés des Pays-Bas, de la Belgique, du Luxembourg, et de la France". Installation d'un administrateur provisoire dans les entreprises. Sur ses pouvoirs et compétences.
D'Hypolite Worms, Londres, à Joseph R. Denis, Paris : « Si on ne peut rien faire lorsqu'il s'agit des navires que l'État couvre lui-même contre les risques de guerre, il me semble que l'on doit pouvoir trouver une formule pour les charbons et je voudrais que vous en parliez aussi à Vignet, sans cela nous finirions par ne plus être payés de nos sinistres marchandises. »

21 mai 1940
L'armée allemande atteint la Manche. Sa progression dans toutes les directions provoque l'exode des populations du nord de la France et bientôt de la région parisienne.
D'Hypolite Worms : [Extrait du rapport sur sa mission à Londres, adressé au secrétaire d'État à la Marine, le 1er août 1940.] « Lorsque l'invasion du nord de la France a amené le gouvernement français à acheter aux États-Unis des quantités considérables d'acier, vous m'avez demandé d'obtenir les navires nécessaires au transport de ces tonnages. C'est pourquoi, j'avais exigé et obtenu de l'Angleterre, que notre part dans la distribution des bateaux longs courriers soit égale à celle de la Grande-Bretagne, et le partage s'est donc effectué sur la base de 50% pour la France, 50% pour l'Angleterre. »
Du ministère de la Marine marchande, Paris, à Hypolite Worms, Londres : Ordre de service. « Dans le cas où les communications téléphoniques entre Paris et Londres seraient coupées, je vous autorise à prendre en mon nom toutes décisions rentrant dans le cadre des attributions de la délégation française au Comité exécutif des Transports maritimes, notamment en ce qui concerne les questions qui résultent des accords généraux de tonnage interallié et dont la solution ne pourrait souffrir de retard. » Ordre analogue adressé à M. Cangardel. » [Ce document est reproduit en annexe 1 du rapport d'Hypolite Worms au secrétaire d'État à la Marine, en date du 1er août 1940.]

23 mai 1940
De Maurice Quemin : [Extrait du livre "Le Trait, Berceau de 200 navires, que sont-ils devenus ?" - imprimé le 10 novembre 1987.] Lancement du chasseur N°15 par les Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime.

25 mai 1940
De Gabriel Le Roy Ladurie, à Georges F. Doriot, Boston : « Lorsque [...] te remettra cette lettre, le premier acte du grand drame sera joué... Si la dictature hitlérienne s'établit dans ce pays - et comment empêcher une telle dictature sans tanks et sans avions ? - je préfère voir ceux qui me sont chers périr que condamner à subir le régime des Polonais et des Tchèques... Je te confie les miens comme s'ils étaient tiens. Fais-les travailler dur et élève-les en suivant mes idées... Parmi les adresses où en cas de tragédie tu pourras t'adresser avec certaines chances, j'ai fait un choix que tu trouveras ci-annexé. A toi de devenir le moment venu le centre de ralliement de tous ces points. »
De Jacques Barnaud, Paris, à Hypolite Worms, Londres : « J'ai fait replier sur Nantes la plus grande partie des Services bancaires (environ 75 sur 114 [ou 115] personnes), le reste étant mis en congé. De la CHP, environ 18 sur 29. De la SFTP, environ 14 sur 20. La direction générale charbons a envoyé un échelon sur Bordeaux pour décongestionner Nantes. La DGSM a envoyé un échelon sur Nantes : contrôle en comptabilité - environ 18 personnes - et une autre sur Bordeaux : services techniques et armement. Mais tous les directeurs et principaux chefs de service sont restés sur place, soit à Paris, soit au Havre... J'ai envoyé Michel à Bordeaux et à Nantes pour s'occuper des questions de cantonnement... Aucune nouvelle de Dunkerque et de Boulogne. Dieppe fortement endommagé mais sans perte de ce personnel. Rien de particulier au Havre, à Rouen et au Trait... » Considérations sur la rapidité et l'ampleur de l'échec militaire. [Voir le témoignage de Simone Tournier, recueilli le 16 mai 1977, sur l'exode de la Maison Worms vers Nantes.]
D'Hypolite Worms, Londres, à Joseph Robert Denis, Paris : « Le courrier de Paris nous parvient tous les jours avec une régularité mathématique. Mais je n'ai absolument aucune nouvelle du bureau depuis 8 jours. Pourrez-vous me mettre un mot de temps en temps par la Marine marchande pour me dire ce qui se passe. Y a-t-il eu de la casse pour nos flottes à Dunkerque, Boulogne, Dieppe ou Le Havre ? Toute nouvelle me ferait plaisir. Dites la même chose à Vignet. »

[Après le 25 mai 1940]
De [Reu...], Paris, à Hypolite Worms, Londres : Lettre [dont la signature est indéchiffrable, datée de mai 1940 et classée après le 25 mai en raison de la référence faite au transfert récent des bureaux parisiens de la Maison à Nantes.] « Dans une précédente correspondance, j'avais attiré votre attention sur ce qu'il convenait, dans l'intérêt commun, de couvrir auprès des mêmes assureurs, les risques de guerre et les risques ordinaires de navigation, ces derniers étant du fait même de la guerre très aggravés. » L'auteur, pour appuyer son point de vue, fait référence aux sinistres dont ont été victimes le "Vendée" et le "Picardie" (ce dernier à Oran), ainsi que « deux navires étrangers transportant pour le compte de la Maison des cargaisons de charbon ».

26 mai 1940
De Robert Labbé, Londres, à Joseph R. Denis, Paris : « La France va se voir allouer soit à titre définitif, soit à titre provisoire (la question est en suspens, car subordonnée à des discussions d'ordre général) un assez grand nombre de petits caboteurs hollandais, la plupart à moteur. » Liste jointe de ces navires.
De Gabriel Le Roy Ladurie, à Georges F. Doriot, Boston : [Courrier annexé à la lettre de René Gardonneix du 28 juin 1940 - voir infra.] « Le Capitaine René Gadonneix... est très lié avec beaucoup de nos amis communs (Robert Demande, etc.). J'attache personnellement la plus grande importance, non seulement à ce que tu te mettes à sa plus entière disposition, mais à ce que des relations suivies s'établissent entre lui et toi-même. »

27 mai 1940
A Hypolite Worms, Londres : Assurances des cargaisons de charbon contre les risques de guerre. « Nous allons nous trouver constamment attributaires de cargaisons hors programme dont nous ne connaîtrons l'existence que lorsqu'elles arriveront dans un port. Qui pourra les déclarer sinon la Mission de Londres qui seule en connaîtra le départ et qui d'ailleurs n'en connaîtra pas le destinataire final, ce dernier étant désigné à l'arrivée par le GPIR ? Nos confrères à qui j'ai soumis la question ont été unanimes à penser qu'effectivement tous les risques devraient être groupés, mais auprès de la Caisse d'État qui seule peut être avisée utilement des départs par la Mission de Londres et recevoir les déclarations complémentaires par le canal des GPIR. »

28 mai 1940
De Worms & Cie, Paris, à Hypolite Worms, Londres : Note [non signée.] « Flotte Worms - Il ne nous reste en mains que 6 navires qui sont : "Château-Yquem", "Pontet-Canet", "Château-Latour", "Château-Larose", "Lussac", "Jumièges". Plus "La-Mailleraye" qui est libre. » Tous les autres sont réquisitionnés depuis le début de la guerre par la Marine nationale, sous forme militarisée ou non militarisée (dans ce cas ils sont utilisés dans la Manche et mer du Nord). Aucun accident à déplorer. Flotte Nochap - « "Ville-de-Majunga", réquisitionné pour la Norvège, a été rendu. Toute la flotte navigue sur Madagascar. "Ville-d'Oran" a été abordé à Bordeaux par un pétrolier : 1 mois de réparation. "Malgache" est sur le point d'arriver à Marseille, retour de son deuxième voyage. »

29 mai 1940
De Worms & Cie : Tableau intitulé "Indemnités résultant de l'application de l'avenant préparé par la Marine marchande". Calculs établis pour chacun des navires, à l'exception de "La-Mailleraye".

30 mai 1940
De [Jacques Marchegay], 73, boulevard Haussmann, Paris, à Hypolite Worms, Londres : Témoignage d'amitié. « Ici, nous faisons ce que nous pouvons pour nous rendre utiles. Le président est parti à Nantes ce fameux 16 mai. Nous travaillons avec quelques fidèles ; ne serait-ce que pour penser à autre chose. Nous avons envoyé quelques employés à Nantes avec quelques caisses de matériel grâce aux Chargeurs de l'Ouest et à Worms & Cie. Ces opérations ont été réalisées sans difficulté. La Maison Worms est à votre image, quand il s'agit du comité ou de ses collaborateurs. J'ai dû prendre quelques initiatives financières mais je me suis couvert. »

[Avant le 31 mai 1940]
De Joseph R. Denis, Paris, à Hypolite Worms, Londres, [note non datée] : « Flotte SFTP. "Limousin" a coulé, en fin de semaine dernière à Dunkerque, la barque anglaise "Vallonia"... Succursales. De la succursale d'Anvers, nous avons des renseignements sur M. Potocki qui se trouve actuellement à Cherbourg - nous ne le savons d'ailleurs que depuis hier soir - en uniforme de lieutenant d'artillerie. Je pense avoir des renseignements de M. Béliard, et obtenir sa liberté puisqu'il était déjà en affectation spéciale. Un employé français, M. Brabant est ici, cherchant sa femme et sa fille. De Dunkerque, nous n'avons d'autres renseignements que ceux qui datent d'il y a 8 jours. Malgré nos appels téléphoniques au Havre, à Cherbourg, Saint-Malo et Brest, nous n'avons pu obtenir aucune précision, et il ne semble pas que qui que ce soit de chez nous ait été débarqué parmi les réfugiés dans ces ports. De Boulogne, nous avons ici M. Ohier, avec toute sa famille, qui assurait la direction intérimaire de Boulogne. Il avait donné rendez-vous au personnel sur les quais pour le départ, mais il n'a trouvé personne. Il a embarqué sur un chalutier qui l'a conduit à Cherbourg. De Dieppe, M. Bouterre est installé à Vargenville. M. Émo est à Dieppe aujourd'hui pour voir si on peut réoccuper les bureaux qui avaient été évacués à la suite de forts bombardements. Au Havre, les échelons lourds, comptabilité, etc., sont partis sur Bordeaux et Nantes. La succursale reste entièrement sur place ainsi que le directeur général et ses collaborateurs directs. Le Trait, tout le monde est sur place. NCHP a évacué les échelons lourds sur Nantes où se trouve M. Dumard malade. Sa santé s'améliore, et je crois qu'il va rentrer à Paris ces jours-ci. Le Service trafic et le secrétariat sont à Paris. »

31 mai 1940
De Joseph R. Denis, Paris, à Hypolite Worms, Londres : « De Dunkerque, rien de nouveau... De Boulogne, absolument rien, bien que dans beaucoup de ports, Cherbourg, Saint-Malo et Brest, aient débarqué des Boulonnais. De Dieppe : nos bureaux sont inhabitables... La question de la ligne qui remplacera Dieppe-Grimsby est à l'étude. Du Havre : la direction a évacué sur Nantes et Bordeaux ses échelons lourds, mais contrairement à ce qui avait été fait au début, les services armement et techniques des trois flottes vont être réunis à Nantes et non point partagés entre Nantes et Bordeaux... De la Havraise : il restera à Nantes la comptabilité générale, les services du contentieux des assurances... »

Fin mai-début juin 1940
[Extraits d'une note datée du 5 septembre 1944, d'un historique non daté, classé en 1944 et du rapport n°1 de Gaston Bernard au juge Thirion en date du 13 octobre 1944.] Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime. Devant l'avancée des armées allemandes, la direction se préoccupe de détruire les sous-marins [voir 25 juin 1940, la liste des unités en chantier], dont l'un, "La-Favorite", est à la veille du lancement. Fin mai et début juin 1940, elle sollicite vainement du général commandant la 3ème région militaire, des instructions et des explosifs, pour éviter que les unités ne tombent aux mains de l'ennemi. Ce général refuse constamment toutes instructions et moyens de destruction. [Voir 9 juin 1940.]

31 mai-2 juin 1940
De Maurice Quemin : [Extrait du livre "Le Trait, Berceau de 200 navires, que sont-ils devenus ?" - imprimé le 10 novembre 1987.] « Le 31 mai 1940, à quelques jours de l'évacuation, le chasseur de sous-marins 14 quitte Le Trait pour Cherbourg (ou après des essais très réussis, il est déclaré apte au service le 2 juin 1940). »

Juin 1940
De Robert Labbé : [Extrait de sa déposition au juge Georges Thirion en date du 6 décembre 1944.] « A dater de juin 1940, [l'importation de charbon par mer] a été totalement suspendue et [le] département "charbon" n'a agi que comme grossiste et détaillant pour la vente des charbons français repartis par le gouvernement... Les succursales métropolitaines [des Services maritimes] ont cessé toute activité appréciable ; celles du littoral mer du Nord, Manche, Atlantique, dès juin 1940... »
Des Services charbons : [Extrait d'une note datée du 23 février 1945.] « En juin 1940, soucieux d'assurer du travail à leur nombreux personnel et de participer au ravitaillement en combustibles du pays, Worms-Charbons ont ouvert de nombreuses exploitations forestières et des chantiers pour la carbonisation du bois. Ils ont mis en exploitation des tourbières dans le Finistère, la Loire-Inférieure, le Maine-et-Loire, l'Indre-et-Loire, la Charente et les Basses-Pyrénées. Agents de vente des gazogènes Suca, ils assurent le montage de ces gazogènes dans leurs propres ateliers. »
De Worms & Cie : [Extrait d'une note sur les Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime datée du 11 juin 1941.] « L'effectif total du Chantier atteint 1.250 personnes (250 ingénieurs et employés et 1.000 ouvriers). »
D'Anatole Bucquet, directeur général de la Nouvelle Compagnie havraise péninsulaire : [Extrait de sa déposition devant le juge Thirion, en date du 7 décembre 1944.] A partir de juin 1940, la flotte de la compagnie est éprouvée : "Ville-de-Reims" en réparations à Nantes y est saisi le 9 juin 1940 par l'armée allemande [voir 24 juin et 29 août], "Ville-de-Metz" et "Malgache", appartenant à l'État et immobilisés à Bordeaux, sont réquisitionnés par la Marine allemande. "Ville-de-Majunga", après avoir subi des avaries graves par bombardement allemand sur rade du Havre, se réfugie à Brest où l'arsenal entreprend de le réparer. Mais l'armée allemande arrive et plutôt que de se laisser prendre, le capitaine, en dépit des ordres, prend sur lui, après avoir embarqué plus de deux cents marins de l'arsenal, des armes et du matériel de guerre, d'appareiller dans son état d'avarie et réussit à mener son navire à Casablanca. Des cinq navires arraisonnés en mer par les forces navales britanniques, pas un n'exécute les ordres formels de sabordage reçus au départ de France de la Marine nationale. Le capitaine d'un de ces navires, rapatrié en France après transfert de son navire sous pavillon anglais, reçoit par décision d'une commission d'enquête un blâme pour ne pas s'être conformé à ces ordres et est suspendu de tout commandement pendant six mois. Ces faits ont motivé qu'à l'époque une certaine presse imprime que les navires contrôlés par M. Worms ont ordre de se livrer aux Anglais. »
L'agence de la Société nantaise de consignation et de gérance cesse de fonctionner.
De Bernard Verdier - Société des machines agricoles Puzenat : [Extrait d'une note datée du 29 novembre 1944.] « En juin 1940, après avoir examiné la situation, les directives que je reçus furent formelles : maintenir l'affaire en état de marche, sacrifier toute mon activité à notre seul métier, avec la seule pensée de maintenir en place un personnel fidèle, ancien, dévoué et ne pas se laisser distancer sur le plan professionnel en préparant l'avenir. Les résultats à acquérir dans le présent devenaient une question accessoire. Aucun reproche ne pouvait m'être adressé si, même ils étaient déficitaires, ce qui excluait de parti pris les commandes que l'ennemi pouvait être tenté de nous passer. » [Voir également une note de Worms & Cie sur la Manufacture centrale de machines agricoles Puzenat datée du 17 juin 1941 qui donne des indications synthétiques. Voir 30 septembre 1940.]

3 juin 1940
A Georges F. Doriot, Boston : Courrier [dont le nom du signataire est indéchiffrable.] « I want you to know that the moral of everybody here is just splendid, thanks to our "Patron" [sans doute Gabriel Le Roy Ladurie] who is just as calm as ever, he realty surpasses himself in the most difficult moments and galvanizes all those around him. J.B. [Jacques Barnaud] is completely taken up by the heavy duties he has assumed at different ministries and is equally confident in the final issue of the conflict. They both work hand in hand and are as united as they have never been before. HW. [Hypolite Worms] and R.M. [Raymond Meynial] are in London from where they have been cut off from communicating with Paris for the last week, this isolation is hard for all. Paris has been emptied of its substance... 9/10 of our staff have been evacuated to Nantes supervised by Jacqueline, leaving about 20 "durs" gathered closely round our "Patron" ready to remain until the very last moment so that Paris should not lack Banks, even if the Germans were on the point of entering the city. We assure the continuity of our services in difficult circumstances... Good news of all our friends at the front. »

3 juin-6 juillet 1940
Du commandant Petit : [Extrait d'un historique sur la Société française de transports pétroliers, rédigé en 1984, (période 1938-1945).] "Languedoc" quitte Brest pour Curaçao via Fort-de-France où il est stoppé le 19 juin 1940 sur ordre de l'Amirauté ; il reprend sa route le 24 et arrive à Wilhemstadt le 27. Le 28 juin, le Commandant est sollicité pour conduire son navire à la Trinidad par le British Naval Control, ce à quoi le commandant répond qu'il doit recevoir les ordres de l'Amiral Antilles. Le 6 juillet la police hollandaise vient mettre les scellés sur le poste radio, sur les armes portatives et sur les percuteurs des canons.

4 juin 1940
Les alliés rembarquent à Dunkerque.

5 juin 1940
Paul Reynaud procède à un troisième remaniement ministériel ; il remplace au ministère des Affaires étrangères Édouard Daladier, qui quitte le gouvernement.

6 juin 1940
Début de l'exode de la population française.
De Jacques Barnaud : [Extrait de son audition par le président Dhers en date du 2 mai 1950.] « Au moment de l'exode, la Maison Worms avait, depuis longtemps, d'accord avec le ministère de la Marine marchande, préparé une organisation de repli à Nantes. »

8 juin 1940
D'Hypolite Worms, Société anonyme des ateliers et chantiers de la Seine-Maritime : [Extrait d'un discours daté du 7 décembre 1946.] « Un quatrième chasseur, le N°16, était mis à l'eau dans l'après-midi du samedi 8 juin 1940. »

9 juin 1940
De Maurice Quemin : [Extrait du livre "Le Trait, Berceau de 200 navires, que sont-ils devenus ?" - imprimé le 10 novembre 1987.] « Au Trait, le lieutenant de vaisseau David, commandant du chasseur 15, est informé le 9 juin par Pierre Abbat, directeur du Chantier, que d'après un appel téléphonique reçu à 5 h du matin de M. Métayer, député maire de Rouen, les Allemands ont investi cette ville ; le plan d'évacuation, envisagé quelques jours plus tôt, est aussitôt mis à exécution. Abbat fait transporter tout le personnel sur la rive gauche et embarquer tout le matériel appartenant à la Marine nationale sur le chasseur 15 dont la construction est partiellement achevée (un seul moteur est en état de marche, celui de tribord), et sur le chasseur 16, lancé la veille. A 15 h 10, le remorqueur "Attentif", arrivé du Havre à 14 h 50, prend les deux chasseurs en remorque. Le groupe mouille en rade de la Carosse à 22 h 15. » [Voir 10 juin 1940 et le discours du 7 décembre 1946.]
De [Pierre Abbat], directeur des Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime, Le Trait, au général commandant la 3ème région militaire mobilisée : Lettre [non signée.] Rapport circonstancié de l'évacuation du personnel et d'une partie du matériel des chantiers navals du Trait sur des positions de repli assignées par la Marine. Évacuation des archives à La Mailleraye.
Des Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime : [Extrait d'un historique non daté, classé en 1944.] Au sujet de la lettre ci-dessus. Le 9 juin 1940, jour de l'évacuation des Chantiers, la direction fait porter une lettre au général commandant la 3ème région militaire qui répond par une fin de non recevoir. Quand l'armistice sera signé et les Chantiers du Trait occupés par les autorités allemandes, aucune destruction des unités en construction n'aura pu être opérée. [Voir 25 juin 1940.]
De Worms & Cie : [Extrait d'une lettre adressée au contre-amiral Blehaut, le 16 décembre 1943.] « En juin 1940, lors de l'avance de l'armée allemande en Seine inférieure, Pierre Abbat a assuré l'évacuation de l'ensemble du personnel des Chantiers vers le sud-ouest de la France dans des conditions que rendait difficiles la précarité des liaisons avec les autorités françaises. L'armistice seul a empêché que fussent remis à la disposition des autorités chargées de la Défense nationale l'ensemble des ouvriers, des employés et des cadres de nos Chantiers, au service des installations nouvelles dont le développement était projeté à l'époque. »

10 juin 1940
Les pouvoirs publics quittent Paris et s'installent à Tours.
De Jacques Barnaud : [Extrait de son audition par le président Dhers en date du 2 mai 1950.] « Le 10 juin 1940, lorsque le gouvernement quitta Paris, mes missions se trouvaient virtuellement terminées tant au ministère de l'Armement qu'au ministère des Finances. J'ai donc rejoint à Nantes la Maison Worms, qui à ce moment-là y avait exécuté son repli définitif. »
Repli d'une partie des services de la Maison à Nantes. La direction générale des Services maritimes de Worms et Cie est transférée dans les locaux de la Compagnie nantaise des chargeurs de l'ouest (CNCO), armement allié à la Maison. Pendant quelques mois, le siège de la SFTP rejoint également le port de l'Atlantique.
De Maurice Quemin : [Extrait du livre "Le Trait, Berceau de 200 navires, que sont-ils devenus ?" - imprimé le 10 novembre 1987.] « Le 10 juin, à 4 h, le cap est mis sur Cherbourg qui est atteint à 17 h Les deux chasseurs 15 et 16 seront les seuls à échapper à l'ennemi. Le lieutenant de vaisseau David, au moment de quitter Le Trait, faute de consignes précises et d'explosifs, décide de surseoir aux ordres de démolition des navires sur cale. Il laisse en l'état trois pétroliers ravitailleurs : "Charente", "Mayenne" et "La-Baïse", ainsi que trois sous-marins dont les Allemands exigeront la fourniture : "Africaine", "Andromaque" et "La-Favorite". » [Voir le discours du 7 décembre 1946.]

10-28 juin 1940
De William Mannings : [Extrait d'un témoignage recueilli le 10 mars 1977.] « Au moment de la débâcle, M. Mannings se trouva à Bordeaux pour embarquer le 10 juin 1940 sur le dernier bateau à destination de l'Angleterre. En cours de traversée qui dura 5 jours en raison des hostilités, le navire dut recueillir tout un lot de naufragés. Dès son arrivée à Londres, M. Mannings alla voir M. Worms (le 27 ou le 28 juin 1940) qui était à la veille de son départ pour le continent et la France via le Portugal. »

11 juin 1940
De Worms & Cie Le Havre : [Extrait d'une note datée du 11 juin 1948.] L'atelier de réparations est coulé le 11 juin 1940 sur ordre des autorités militaires.

12 juin 1940
D'Hypolite Worms : [Extraits du rapport sur sa mission à Londres au secrétaire d'État à la Marine, en date du 1er août 1940, et d'une lettre adressée de Vichy le 10 août 1940 à un correspondant dont le nom n'est pas précisé.] « L'interruption des communications entre Paris et Londres ne m'ayant pas permis de vous rendre compte, journellement, de mon activité, j'ai dû, dès le 12 juin, et grâce aux pouvoirs qui m'avaient été conférés par votre ordre de mission du 21 mai [voir supra] prendre, dans l'intérêt du pays, un certain nombre de décisions, tant pour l'exécution des accords en cours, que pour faire face à la situation nouvelle, créée par la cessation des hostilités entre la France et l'Allemagne... Jusqu'à ce que les communications avec le ministère de la Marine marchande aient été interrompues, je vous ai avisé régulièrement du nom des navires alloués, et il vous appartenait d'en attribuer les gérances et d'en fixer les trafics. Conformément aux dernières indications qui m'avaient été données, au cours des dernières communications téléphoniques que j'avais pu avoir avec les directeurs de votre Ministère, et étant donné le programme considérable des importations d'acier des États-Unis, j'ai affecté au trafic de l'Atlantique Nord et en gérance à la Compagnie générale transatlantique, tous les navires que leur position et leur tonnage rendaient aptes à ce voyage. Ceux qui se trouvaient en Extrême-Orient ont été affectés au trafic d'Indochine, et la gérance attribuée aux Messageries maritimes et aux Chargeurs réunis... Communications avec New York. Dès le 12 juin, en vue de préparer les importations d'acier, je désirais connaître la situation exacte des transports d'Amérique du Nord. Au cours des mois de juin et de juillet, j'ai dû me mettre en rapport direct avec M. Morin de Linclays. Les différents points traités dans ces télégrammes sont : déchaussage, désignation des navires, achats de navires, position des navires, ordres donnés aux navires et Normandie. »
De Worms & Cie : [Extrait d'une note datée du 7 décembre 1944.] Perte du "Cérons", coulé au large de Veules-les-Roses. [Voir l'article de Maurice Guierre paru dans "Paris-Normandie", le 22 mars 1955, et intitulé "Un épisode héroïque de la bataille des convois : La fin du Cérons" (12 juin 1940) qui livre un récit circonstancié (24 mai-12 juin 1940) de la perte de ce navire.]
De M. Fournier : Rapport de mer non daté sur la perte du "Cérons". [Une version quelque peu différente de ce document, datée du 30 juin 1940, est disponible en version PDF. Voir au sujet de l'échouage du "Cérons" et de l'enquête menée par les autorités maritimes à l'encontre de son commandant, l'enseigne de vaisseau Éve : le rapport de celui-ci en date du 8 mai 1941 et de son avocat en date du 19 janvier 1942 ainsi que le témoignage de Georges Malandain, matelot de 1ère classe-cannonier, en date du 23 décembre 1941.]

14 juin 1940
Tandis que Paris est occupé et la Loire atteinte par les forces allemandes, le gouvernement s'installe à Bordeaux.
De Jacques Barnaud : [Extraits d'une note, non datée, classée en 1945, et de son audition par le président Dhers en date du 2 mai 1950.] « Dès mon arrivée à Nantes, M. Bouthillier, qui était à ce moment-là ministre des Finances [5 juin 1940-17 avril 1942], me demanda de venir à Bordeaux où il avait un certain nombre d'avis à me demander. Je me suis donc rendu à Bordeaux, et immédiatement après j'ai été coupé de Nantes... Je fus appelé avec d'autres hauts fonctionnaires à rejoindre le gouvernement à Bordeaux et ensuite à Vichy. »

15 juin 1940
De Gabriel Le Roy Ladurie : [Extrait d'une note datée du 13 octobre 1944.] Paul Reynaud. « Le 15 juin j'arrivai à Bordeaux et remis au président [des valises et des dossiers que Gabriel Le Roy Ladurie faisait transporter en secret depuis fin mai]. » [Voir 16 juin 1940.]

16 juin 1940
Paul Reynaud, qui veut continuer la guerre hors de la métropole, est contraint de démissionner. Il est remplacé à la présidence du Conseil par le maréchal Pétain.
De Gabriel Le Roy Ladurie : [Extraits d'une note datée du 13 octobre 1944 et de son interrogatoire par le juge Thirion en date du 18 octobre 1944.] Paul Reynaud. « Le 16, j'apprenais de [Paul Reynaud] qu'à la suite de l'échec de son ultime appel au président Roosevelt, il avait décidé d'abandonner le pouvoir... On m'a fait grief dans certains milieux d'avoir usé de mes relations d'amitié avec le Président Paul Raynaud pour l'inciter à démissionner, alors que la France était à la veille de demander un armistice. Ce serait faire injure à M. Paul Raynaud que d'imaginer qu'il abordait le sujet des affaires de l'État avec une personne, même amie, n'ayant ni mandat ni responsabilité... Dans les jours qui suivirent, je vis beaucoup plus librement Paul Reynaud. C'est qu'autour de lui le vide se faisait rapidement. Le nouveau gouvernement lui offrit le poste d'ambassadeur à Washington. Il accepta sans hésitation et se mit sans tarder à ses préparatifs. Je l'y aidai. L'agrément du gouvernement américain était à peine acquis qu'il apparut qu'au sein du ministère le projet se heurtait à une sérieuse opposition : Paul Reynaud me dépêcha à plusieurs reprises vers ses anciens adjoints, Paul Baudouin [que Gabriel Le Roy Ladurie rencontre deux ou trois fois à Bordeaux] et Yves Bouthillier, pour les prier en son nom de faire lever les dernières difficultés. Je m'y employai activement lorsqu'une dépêche de Madrid apporta la nouvelle de l'arrestation de MM. Lecas et Devaux, envoyés en Espagne en avant par le président pour préparer son passage. L'idée de l'ambassade se trouva abandonnée. J'étais auprès de Paul Reynaud lorsqu'il fut mis au courant de l'incident concernant ses deux collaborateurs et je puis porter témoignage de sa stupeur lorsqu'il apprit qu'ils avaient été trouvés porteurs d'or et de billets étrangers. Dès ce moment la solitude autour du président fut à peu près complète. [Voir 24 juin 1940.]

17 juin 1940
Pétain fait demander un armistice aux Allemands.

18 juin 1940
Appel du général de Gaulle.
D'Hypolite Worms : [Extrait de son interrogatoire par le juge Georges Thirion en date du 17 octobre 1944.] « Me trouvant à Londres, au moment où l'on sentait que la France allait demander l'armistice, je me suis entretenu avec Monsieur [Monick], alors attaché financier à Londres, de la possibilité de faire comprendre au gouvernement français la détermination de l'Angleterre de continuer la lutte, ses chances de succès et l'intérêt qu'il y avait pour le gouvernement d'en tenir compte dans ses décisions. A la suite de cet entretien, M. [Monick] décida de partir en avion à Bordeaux, et à son retour il me fit part de l'échec de ses conversations. »
D'Emmanuel Monick : [Extrait d'une déclaration en date du 8 avril 1946.] « Attaché financier à Londres, au début de la guerre, j'ai eu l'occasion, à maintes reprises, de rencontrer M. Hypolite Worms, qui était alors le représentant en Grande-Bretagne du ministre de la Marine marchande. Connaissant ses sentiments patriotiques, je n'ai pas hésité à l'informer de mon intention de partir pour Bordeaux le 18 juin 1940 afin d'appeler l'attention du gouvernement français, qui venait de demander l'armistice, sur la gravité de sa démarche, affirmer l'intention du Cabinet de Londres de continuer la lutte et exposer les avantages qu'il y avait pour nous à rester aux côtés de l'Angleterre. M. Hypolite Worms m'a chargé alors de dire à ses amis de France qu'il partageait entièrement mon point de vue : il m'a même remis une lettre qu'il m'a demandé d'utiliser en ce sens et dans laquelle il confirmait ses sentiments les plus formels sur la nécessité de poursuivre la guerre en accord avec notre allié britannique. »

18 juin-18 juillet 1940
Du commandant Petit : [Extrait d'un historique sur la Société française de transports pétroliers, rédigé en 1984, (période 1938-1945).] Le 18 juin 1940, M. Guena, commandant du "Franche-Comté", après accord avec le commandant du "Château-Pavie", décide de rallier l'Angleterre. Dans la nuit du 18 au 19 juin, le navire participe à la défense anti-aérienne de Saint-Nazaire et met le cap sur La Pallice, obéissant aux conseils d'un patrouilleur. Le 20, un torpilleur anglais lui donne l'ordre de se rendre à Milford Haven, mais un patrouilleur français lui enjoint de rejoindre Le Verdon où il mouille au large de La Coubre en compagnie de plus de 100 navires. Le 21 juin, un torpilleur français lui ordonne de se rendre en Angleterre et il arrive, le 23 juin, à Milford Haven. Le 17 juillet, les autorités anglaises viennent à bord pour faire connaître les avantages réservés à ceux qui se rangeraient dans le parti du Général de Gaulle. Le 18 juillet, le gouvernement anglais réquisitionne le navire. À Londres, dans le camp de Crystal Palace, beaucoup de marins décident de rester en Angleterre. Le Commandant Guena est un des premiers et il devient un des membres du service du personnel gérant les équipages des navires français réquisitionnés sous l'égide des services de la Marine marchande de la France Libre.

19 juin 1940
A Gabriel Le Roy Ladurie : [Extrait d'une note signée illisiblement, mais provenant vraisemblablement de la Société française de transports pétroliers, non datée et classée en août 1940.] « Le 19 juin, isolé à Saint-Nazaire et ne connaissant rien de la politique française, sans appui du côté de l'Amirauté, j'ai hâté les réparations d'un de nos navires, le "Franche-Comté", et d'un navire de la Maison Worms, le "Château-Pavie", afin qu'ils ne soient pas pris par les Allemands qui menaçaient la ville. Ces deux navires, je les ai expédiés sur Casablanca et l'Angleterre laissant toute liberté aux capitaines de se dégager comme ils le pourraient. »

20 juin 1940
De Worms & Cie : [Extrait d'un dossier sur les activités maritimes de la Maison daté du 11-13 juin 1941.] Société des transports maritimes pétroliers - STMP. Parcours du "Brumaire", bateau affrété à la Société française de raffinage, entre le Havre ou la Mède et Tripoli ou Haïfa. « Du 25 avril 1939 au 20 juin 1940, date à laquelle il a été coulé au large de Belle-Ile, à la suite d'un bombardement aérien allemand, il a parcouru un nombre de milles équivalant à celui des années précédentes, transportant un tonnage du même ordre. »

[Vers le ] 20 juin 1940
De Gabriel Le Roy Ladurie : [Extraits d'une note datée du 13 octobre 1944 et de son interrogatoire par le juge Thirion en date du 18 octobre 1944.] « Vers le 20 juin 1940, j'ai rencontré sur sa demande, à Bordeaux, Monsieur Laval que je voyais pour la première fois. II me fit prier de le venir voir. II venait d'entrer dans le cabinet du maréchal, fut très aimable à mon égard, mais ne cachait pas son amertume de n'être pas titulaire du portefeuille des Affaires étrangères. II me parla de Paul Baudouin et de Bouthillier. Sur le moment, je compris mal la raison de cet entretien. A la réflexion, je me suis demandé s'il n'avait pas espéré voir en moi un intermédiaire possible pour un arrangement avec Paul Baudouin. » [Voir août-septembre 1940. Cette entrevue est rapportée par Renaud de Rochebrune et Jean-Claude Hazera dans "Les Patrons sous l'Occupation. II" en ces termes : « Gabriel Le Roy Ladurie, très introduit dans le monde politique français, inquiète Pierre Laval dès le début. Ce dernier l'a convoqué le 20 juin 1940 à Bordeaux, "pour des motifs pas clairs" d'après l'intéressé. Le soupçon de royalisme n'est pas purement fantaisiste. [En fait Pierre Laval accusera Gabriel Le Roy Ladurie d'être monarchiste, lors de l'entretien qu'il aura avec Hypolite Worms en août 1940.] Gabriel Le Roy Ladurie nie être monarchiste mais il a effectivement hébergé pendant quelques jours le comte de Paris, "à la demande de Paul Reynaud". Car il est aussi, comme par hasard, un intime du dernier président du Conseil de la troisième République, celui dont Laval veut prendre la place sinon le titre. Cette puissance impossible à cataloguer inquiète l'homme politique rusé qui est en train de se lancer dans un jeu compliqué. »]

21-22 juin 1940
Note manuscrite [sans date, ni émetteur n destinataire, classée le 21-22 juin 1940 en raison des faits rapportés.] Hypolite Worms, d'accord avec M. René Mayer, donne instructions au chef de la Mission des transports maritimes, à New York, de diriger sur Liverpool deux vapeurs dont les chargements comprennent 300.000 obus et fusées de 75, 260.000 fusils, 40.000 mitrailleuses, 10.000 revolvers et 1.000 tonnes de cuivre.

22 juin 1940
Signature de l'armistice franco-allemand à Rethondes : l'Allemagne occupe les deux tiers du territoire national et conserve les soldats français prisonniers jusqu'à la paix ; le gouvernement français est contraint à désarmer la flotte, mais les colonies sont laissées libres d'occupation étrangère. Constitution des Forces françaises libres. Les conséquences de l'armistice sont immédiates et redoutables pour l'armement français et ses équipages : non seulement ceux-ci doivent se soumettre au diktat des autorités allemandes et italiennes mais aussi faire face à l'offensive des Anglais (puis des Américains), hostiles à l'armistice et qui, plutôt que de voir la flotte nationale passer sous contrôle ennemi, commencent à la réquisitionner. Rapidement, la situation devient confuse et préoccupante et les compagnies perdent le contact avec certaines de leurs unités.
De l'amirauté française : Télégramme. « Ordre à tous bâtiments français de guerre ou de commerce présents en territoire britannique de prendre la mer et de rallier un port français au sud Noirmoutier. »
D'Hypolite Worms : [Extrait de son interrogatoire par le juge Georges Thirion en date du 26 septembre 1944.] Flotte Worms. « Lors de l'armistice, plus de la moitié des bateaux qui se trouvaient dans des ports anglais ont été saisis ; deux bateaux qui se trouvaient dans des ports de l'Atlantique ont été saisis par les Allemands ; ceux qui se trouvaient en Méditerranée ont continué à être réquisitionnés par le gouvernement français et ont navigué pour son compte. » Négociations avec l'Angleterre. « Alors que la France ne disposait que de 3.000.000 de tonnes et que les besoins pour une année étaient de l'ordre de 20.000.000 de tonnes, j'ai pu obtenir, tant de l'Angleterre que de pays neutres un supplément de tonnage de 4.000.000 de tonnes, lesquelles, ajoutées aux 3.000.000 de tonnes françaises, permettaient par rotation de couvrir, et au-delà, les besoins annuels de la France. J'obtins qu'aucun accord interallié ne soit négocié sans la participation de la France qui les signerait tous avec l'Angleterre. Cette situation différait, par ce fait, de celle qui nous avait été faite au cours de la guerre 1914-1918 et permettait à la France de satisfaire ces besoins de tonnage sans passer par l'Angleterre. Arrive l'armistice, l'Angleterre saisit navires et cargaisons appartenant à la France. Cette situation est catastrophique. » [Voir 4 juillet 1940.]
D'Hypolite Worms : [Extrait du rapport sur sa mission à Londres au secrétaire d'État à la Marine, en date du 1er août 1940.] « Dès la signature de l'armistice, la plus grande partie des navires, qui avaient été attribués ou que nous devions prendre en time charter, devenait inutilisable pour les raisons suivantes : les gouvernements hollandais et norvégiens, qui continuaient la guerre aux côtés de l'Angleterre, se voyaient contraints de refuser l'autorisation, à leurs navires, de naviguer à destination des ports français ; les accords signés conjointement par l'Angleterre et la France avec ces pays, avaient été négociés pour la poursuite de la guerre. Le gouvernement britannique estimait, en conséquence, que les navires faisant l'objet de cet accord devaient être utilisés entièrement aux transports pour la Grande-Bretagne, et ne pouvaient être autorisés à naviguer à destination des ports français. Tous ces bateaux étaient assurés, ou réassurés, par le War Risks Insurance Office, et le gouvernement britannique se refusait à couvrir des voyages sur les ports français. Toute la flotte des navires attribués à la France risquait donc de n'être plus assurée du jour au lendemain. Les autorités britanniques, enfin, interceptaient sur toutes les mers du monde, les navires à destination des ports français, et les dirigeaient sur des ports britanniques. D'autre part, pour les navires neutres affectés, en time charter, par la France, en exécution des accords franco-anglais, le fait, pour l'Angleterre, de refuser de les laisser passer aux bases de contrôle et de résilier les polices d'assurance rendait leur voyage absolument impossible. De toute façon, ce que je désirais éviter était de faire supporter à notre pays les charges considérables de location de navires, d'assurance, de bonus aux équipages, etc. - qui s'élevaient de 15 à 20 millions par jour - s'il apparaissait que les navires restaient bloqués dans les ports, sans être assurés contre les risques de guerre. D'autre part, le gouvernement français courait un risque considérable en capital, puisque ces navires n'étant plus assurés, les 2 millions de tonnes mises à notre disposition - représentant une valeur de près de 7 à 8 millions de francs, en prenant pour base de calcul la livre sterling à 176 francs. La restitution des bateaux à leurs armateurs soulevait un certain nombre de questions qui nécessitaient une négociation d'ensemble avec les autorités britanniques. En effet, les points généraux, qui m'apparaissaient comme devant être réglés, étaient les suivants. Comment éviter que les cargaisons se trouvant à bord des navires interceptés et déroutés par les Anglais, et faisant l'objet de la procédure de prises, ne soient vendues aux enchères, c'est-à-dire presque toujours à un prix inférieur au prix d'achat. Comment éviter que l'afflux de navires sur le marché, par suite de l'impossibilité de naviguer sur la France, en raison de la position prise par l'Angleterre, n'ait pour résultat un effondrement des frets, et que, de ce fait, la Grande-Bretagne ne décide de reprendre les chartes, que nous étions forcés d'abandonner, à des taux inférieurs, donnant lieu à des réclamations au gouvernement français de dommages et intérêts considérables de la part des armateurs, avec lesquels nous avions signé des chartes-parties. Comment régler les questions d'assurance de tous ces navires, afin qu'il n'y ait aucune cessation de continuité entre la date à laquelle celle-ci expirait, et la nouvelle date à laquelle elle serait reprise par la Grande-Bretagne. Je ne me reconnaissais pas le droit, en effet, de faire courir à la France le risque de bateaux non-assurés. Comment essayer de conserver des bateaux neutres pour nos trafics coloniaux. Comment régler les questions financières découlant tant des engagements du passé, que des accords nouveaux à conclure. Ces questions, dont le point de départ était les Transports maritimes, intéressaient, en fait, toutes les missions, et, plus particulièrement l'attaché financier près l'Ambassade de France. »
[Extrait d'une note non datée, adressée à M. Godefroy et classée en 1945.] Services maritimes. « Participation à des manutentions de minerai, sous menace de réquisition de nos Chantiers [à Bordeaux.] L'ennemi n'a pas manqué de souligner que les entreprises de manutention sont assimilées à des services publics et sous le contrôle discret du port autonome dont elles utilisent obligatoirement l'outillage (voir note annexe du Syndicat des entrepreneurs de manutentions de Bordeaux). Au début des hostilités, ces entreprises ont été requises et les Allemands, prenant à leur arrivée le contrôle du port de Bordeaux, se sont estimés en droit d'exiger le même concours des stevedores. La Kriegsmarine a en même temps exigé la mise à sa disposition de personnel pour le charbonnage de divers navires... A Rouen, nous avons dû effectuer le pointage d'arrivages de minerais, en liaison avec les opérations directes de Bordeaux, au compte de la Compagnie française des extraits tinctoriaux et tannants, représentant la Société métallurgique de Normandie (de Caen), importants clients d'avant guerre de notre Maison. Nous disposons au Havre d'un atelier et d'un magasin d'approvisionnements pour l'entretien et les réparations de nos navires. Dés son arrivée, la Marine allemande décida de faire exécuter par les différents constructeurs et réparateurs la remise en état de ses unités de guerre et marchandes. Nous n'avons pu éviter complètement l'exécution de petites réparations sur l'ordre de l'ennemi. Leur exécution n'a évidemment pas été jugée satisfaisante. »
De Louis Vignet : [Extrait de sa déposition devant le juge Georges Thirion en date du 6 décembre 1944.] « L'armistice devait mettre fin à [l'importation de charbons étrangers] mais la Maison Worms désirant maintenir tout son personnel au travail, s'orienta vers la production de combustibles de remplacement [voir 1941.] D'autre part, en tant que grossiste, elle a vendu à la clientèle française [entre 1940 et 1944] des quantités de charbon qui lui étaient allouées par les offices de répartition, ce qui ne représentait, en fait qu'un pourcentage très réduit. »
De Worms & Cie : [Extrait d'une note du 25 septembre 1944.] Pierre Grédy, directeur général de la succursale de Port-Saïd, démissionne de sa fonction de chef du service des transports de la Marine marchande française pour le canal de Suez, fonction qu'il occupait depuis septembre 1939. « A la demande des autorités britanniques, il rompt toutes relations avec son siège social de Paris et les autres succursales en France ou dans les colonies et signe en outre l'engagement d'honneur, tant en son nom qu'en celui de la Maison qu'il dirige, de mettre tout en oeuvre pour soutenir dans sa zone l'effort de guerre des Alliés. Ces engagements seront scrupuleusement observés et la Maison Worms recevra à plusieurs reprises des témoignages de satisfaction du Ministry of Shipping, Shipping Board, Ministry of Supply et Contraband Control, pour le concours apporté par elle dans des opérations où elle aura eu deux remorqueurs et sept chalands coulés, 17 coolies blessés. » Voir octobre 1941.]
[Extraits de l'audition de Lucien Émo par le juge Thirion en date du 7 décembre 1944 et d'une note datée du 7 décembre 1944.] Flotte Worms. Lors de l'armistice, neuf navires se trouvent en Angleterre et sont saisis par les autorités britanniques : "Léoville", "Listrac", "Médoc", "Pessac", "Pomerol", "Sauternes", "Bidassoa", "Margaux", "Normanville". Les autres se trouvent dans les ports du sud-ouest ou en Afrique du Nord [voir juillet 1940.] Six navires qui se trouvent à Bordeaux seront réquisitionnés par les Allemands.
De Worms & Cie : [Extrait d'une lettre adressée au contre-amiral Blehaut, le 16 décembre 1943.] Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime. « Dès que fut connue la nouvelle de la suspension des hostilités, M. Pierre Abbat regagna Le Trait ; il fut en fait l'un des premiers chefs d'industrie non seulement à reprendre son poste de commandement en Seine inférieure, mais aussi à renouer avec les autorités françaises des deux zones les contacts indispensables. » [Voir la déposition de Pierre Abbat devant le juge Thirion en date du 24 octobre 1944.]
De Roger Mennevée : [Extrait d'un article intitulé "La Banque Worms - Histoire générale - Suite - Ses opérations pendant l'occupation de 1940 à 1944", paru dans Les Documents de l'agence indépendante d'informations internationales, en avril 1952.] « Au moment de l'armistice, les Services bancaires de Worms et Cie étaient dirigés par Gabriel Le Roy Ladurie, avec Raymond Meynial comme directeur adjoint ; Roland de Leusse, Jean Ragaine et Victor Verdier étaient fondés de pouvoirs de premier rang ainsi que, entre autres, Guy Brocard, André Bellanger, Louis Guérin, André Guex [et] Georges Baudenon, devenu fondé de pouvoirs quelques mois plus tard. »
De Victor Duret, directeur général de la SFTP : [Extrait de sa déposition devant le juge Thirion en date du 7 décembre 1944.] « Lors de l'armistice, cinq navires se trouvaient dans des ports contrôlés par les Anglo-saxons ; deux se trouvaient à la Martinique, quatre se trouvaient dans des ports de l'Afrique du Nord et trois se trouvaient en grosses avaries dans des ports français. L'exploitation des trois navires qui se trouvaient en Afrique a été reprise en 1941-1942 pour le compte de la Direction maritime. »
De Worms & Cie : [Extrait d'une note non datée sur la Société tunisienne de l'hyperphosphate Réno, classée en 1941.] « La défaite française a pour résultat l'arrêt complet des exportations lointaines et l'impossibilité d'intensifier la vente sur le marché français, la flotte française, sous le contrôle de l'État, ne transportant plus que 75% du tonnage d'avant-guerre. La seule possibilité d'exploitation [des phosphates] demeure l'Italie (15.000 tonnes par an) et la Belgique (quelques milliers de tonnes). » [Voir fin 1940.]

[Après l'armistice]
De Roger Mennevée : [Extrait de l'article intitulé "La Banque Worms - Histoire générale - Troisième partie - Filiales et participations - Chapitre 3. De 1925 à 1940 (suite)", paru dans Les Documents de l'agence indépendante d'informations internationales en novembre 1949.] Huilcombus, société française des huiles combustibles. « Après la défaite française de 1940, l'objet social fut étendu à l'acquisition et l'exploitation de toutes forêts ou coupes de forêts, à la carbonisation, la distribution et la vente du bois et du charbon de bois, en raison de la transformation de l'industrie et du commerce des carburants. En même temps, MM. Worms et Goudchaux quittaient le conseil d'administration, mais les intérêts Worms continuaient d'y être représentés par la nomination de Louis Vignet, directeur chez Worms et Cie. »

24 juin 1940
De Gabriel Le Roy Ladurie : [Extrait d'une note datée du 13 octobre 1944.] Paul Reynaud. « Je restai auprès de lui jusqu'à son départ qui dut avoir lieu le 24. Nous avions eu quelque peine à trouver dans le Midi une maison amie qui voulut bien l'accueillir. » [Voir 29 juin 1940.]
Du Journal de la Compagnie navale Worms (1882-1892), page 59 : Acte de saisie du "Ville-de-Reims", daté de ce jour, à Nantes. Conformément à l'article 67, paragraphe 3, de l'ordonnance des prises, il est certifié par la présente que le vapeur "Ville-de-Reims" a été saisi le 24 juin 1940 sur la base des prescriptions juridiques allemandes concernant les prises. [Voir 29 août 1940.]

25 juin 1940
D'Hypolite Worms, Londres, à la Marine marchande, Bordeaux : « Navires étrangers affrétés par la France en time charter. Sauf avis contraire votre part, compte résilier toutes chartes ou négocier leur transfert au mieux des intérêts français. En attendant n'effectue aucun renouvellement. »
De Raymond Meynial : [Extrait d'une interview accordée en 1993.] Vers le 25 juin 1940, les chefs des différentes missions actives à Londres, prennent la décision de rentrer en France sitôt leurs tâches terminées.

25-26 juin 1940
[Extraits d'une note datée du 5 septembre 1944, d'un historique non daté, classé en 1944 et du rapport n°1 de Gaston Bernard au juge Thirion en date du 13 octobre 1944.] Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime. Au 25 juin 1940, les ACSM ont 1°- en construction : les sous-marins "La-Favorite", "L'Africaine", "Armide", "Andromaque", les ravitailleurs d'escadre "Charente", "Mayenne", "Baïse" ; 2°- en commande : 4 sous-marins : Q 210 à 222. Aux termes des contrats passés avec le ministère de la Marine français, les navires en construction et approvisionnements constitués sont, au fur et à mesure du règlement des acomptes, transférés en toute propriété à l'amirauté française (réf. aux articles 12 et 15 du contrat des sous-marins "La-Favorite" et "L'Africaine", qui constituent d'ailleurs des clauses de style). Les navires en construction sont, par conséquent, la propriété de la Marine de guerre française. Par application de la convention de La Haye, ils seront considérés par les autorités allemandes comme prises de guerre. Ainsi "La-Favorite", qui est, en juin 1940, à la veille de son achèvement total, sera visitée par de nombreuses missions militaires allemandes. Le 3 octobre 1941, l'amirauté française notifiera aux Chantiers, qu'en vertu d'un accord franco-allemand, les autorités allemandes ont assumé, à dater du 26 juin 1940, la maîtrise de l'oeuvre pour la poursuite de la construction des bâtiments "La-Favorite", "L'Africaine" et "Charente". [Les informations concernant l'attitude des Chantiers à l'égard des autorités allemandes sont synthétisées dans une note classée en 1944 ; voir également la déposition de Pierre Abbat, devant le juge Thirion, en date du 24 octobre 1944. Voir 2 septembre 1940.]

27 juin 1940
De la Marine marchande, Bordeaux, à Hypolite Worms, Londres : Télégramme. Accord pour n'effectuer aucun renouvellement, conduire transferts et résiliations de chartes-parties, conserver tonnage neutre en service sur les lignes coloniales françaises.

28 juin 1940
D'Hypolite Worms : [Extrait du rapport sur sa mission à Londres, au secrétaire d'État à la Marine, daté du 1er août 1940.] Accord du 4 juillet 1940. « Pour la grande majorité des bateaux livrés, je me suis mis d'accord avec le Ministry of Shipping pour décider de la date de reprise des chartes, qui a été, presque toujours, fixée au 28 juin. »
De René Gardonneix, attaché militaire, Washington, à Georges F. Doriot, Boston : [Courrier faisant suite à la lettre de Gabriel Le Roy Ladurie du 26 mai 1940.] « J'ai été nommé - tardivement - attaché militaire adjoint à Washington. J'ajoute que je suis réserviste et directeur de la Société générale des potasses d'Alsace dont vous connaissez, je crois, le représentant à New York, René Gide. » Adresse de R. Meynial : Cambridge House Coombe Warren - Kingston Hill (Surrey).

29 juin 1940
Les pouvoirs publics s'installent à Clermont-Ferrand.
De Gabriel Le Roy Ladurie : [Extrait d'une note datée du 13 octobre 1944.] « Après quelques jours passés à Nantes, où étaient partiellement repliés nos services, je revins à Paris dès le 29 juin. Je désirais m'y rendre compte de la situation avant de prendre mes dispositions pour la Maison. » [Voir 3 juillet 1940.]
De Gabriel Le Roy Ladurie : [Extraits d'une note datée à Fresnes, le 26 septembre 1944, et de son interrogatoire par le juge Georges Thirion du 27 septembre 1944.] « Je suis rentré à Paris, le 29 juin, afin de remettre immédiatement de l'ordre dans la Maison Worms et de reprendre contact avec les clients. J'agissais en qualité de directeur général des Services bancaires. » [Information reprise par Renaud de Rochebrune et Jean-Claude Hazera dans "Les Patrons sous l'Occupation. II", p. 202 : « Rentré dès le 29 juin à Paris, Gabriel Le Roy Ladurie est inquiet et il a certainement fait part de ses soucis à Hypolite Worms. »]
D'Hypolite Worms, Londres, à la Marine militaire et Marine marchande : Télégramme. Confirme qu'il agit en conformité avec instructions reçues, transfère et résilie toutes chartes-parties. Au sujet des possibilités de conserver jusqu'à nouvel ordre le tonnage neutre actuellement en service sur lignes coloniales françaises, il attire l'attention sur les difficultés du problème qui dépassent la bonne volonté des armateurs. En effet les navires ont été affrétés en conformité avec les accords signés par le Ministry of Shipping et lui-même en vue de la poursuite de la guerre et pour sa durée. En outre ces navires étant assurés contre les risques de guerre par le War Risks Comittee anglais, il semble probable que les autorités britanniques vont vouloir conserver le bénéfice des contrats.
D'Hypolite Worms : [Extrait du rapport sur sa mission à Londres au secrétaire d'État à la Marine daté du 1er août 1940.] Question des navires sur trafic colonial. « Vous vous rappelez que j'avais attiré votre attention, par mon télégramme du 29 juin, sur les difficultés que je savais devoir rencontrer. J'ai eu à cet égard la plus grande peine à obtenir une réponse des autorités britanniques, qui ne voulaient, à aucun prix, définir, pour moi, leur politique de blocus vis-à-vis de la France. Il ne faut pas en effet confondre les accords "Shipping" et "Blocus". Je vous ai expliqué l'attitude du Ministry of Shipping en ce qui concernait les bateaux neutres, dont il voulait le transfert intégral. Mais le fait de réclamer ces bateaux n'impliquait pas que le gouvernement britannique rejetait définitivement, et pour toujours, la possibilité de laisser certaines marchandises passer par les bases de contrôle anglaises. En raison de l'urgence qui s'attachait au règlement des questions d'assurance et de location des navires, il n'était pas possible d'attendre qu'une décision de principe soit prise sur la question du blocus, décision qui pouvait être longue à régler, et de faire, par conséquent, dépendre la situation du "Shipping" de celle de la politique de blocus, entièrement du ressort du Foreign Office. »

29 juin-7 juillet 1940
Du commandant Petit : [Extrait d'un historique sur la Société française de transports pétroliers, rédigé en 1984, (période 1938-1945).] Arrivé à Baton Rouge, pour prendre une cargaison d'essence/aviation, "Touraine" (SFTP) se voit refuser ce chargement par la Standard Oil, l'armistice étant entré en vigueur depuis 4 jours. Sur ordre de l'attaché naval à Washington, le commandant conduit son navire à La Nouvelle Orléans, le 7 juillet 1940. Là, il est immobilisé sous la garde de l'équipage.

30 juin 1940
Armement - divers : Effectif des personnels navigants de Worms & Cie : 366 personnes ; de la SFTP : 407 personnes ; de la Nochap : 495 personnes, de la flotte de France Navigation (donnée en gérance) : 154 personnes.
 
Fin juin 1940
Alors que les deux tiers des navires demeurent sous le contrôle de la Direction des transports maritimes, installée à Vichy, afin d'assurer les relations entre la métropole et les territoires d'outre-mer, le tiers restant est soit perdu par fait de guerre, soit requis et affrété par le Ministry of War Transport britannique, par les Forces françaises libres du général de Gaulle ou par la War Shipping Administration américaine ou enfin par la Kriegsmarine allemande. D'ores et déjà, le bilan est lourd : 30 navires marchands ont été détruits, 56 saisis par l'ennemi et 86 retenus en Angleterre ou dans les ports de l'empire. Aucune flotte alliée à Worms et Cie n'est épargnée.
L'armée allemande et la Kriegsmarine placent sous contrôle les installations portuaires, les ateliers de réparation et les chantiers navals. Sous peine d'être déporté en Allemagne, le personnel est contraint d'exécuter les ordres de travail.

Juillet 1940
Création des Services de la marine marchande de la France libre qui se chargent de fournir des équipages aux navires réquisitionnés par les autorités britanniques. Des navigants désertent pour rejoindre les Forces françaises libres.
De Worms & Cie : [Extrait d'une note datée du 7 décembre 1944.] "Caudebec", "Château-Pavie", "Château-Larose", "Château-Yquem", "Château-Latour", "Jumièges" naviguent en Méditerranée où le trafic a reflué. Les Services maritimes s'occupent aussi de la remise en état d'unités qu'ils ont prises en gérance ("Guilvinec", "Lespiguette" et "Kerkeran").
"Malgache" et "Ville-de-Metz", navires de la NCHP, sont réquisitionnés par la Marine allemande, à Bordeaux.
De Worms & Cie : [Extraits d'une note de Gabriel Le Roy Ladurie datée du 26 septembre 1944, d'une note intitulée "Annexe n°2" et classée le 26 septembre 1944, d'une note intitulée "Annexe n°7", également datée du 26 septembre 1944.] Dès juillet 1940, il est demandé à NV Wester Financiering Maatschappij, filiale de Franconed, elle-même détenue à 100% par Worms & Cie, de vendre son immeuble de Dantzig, où sont installés les services maritimes. Sur instructions de la Maison, la société répond négativement. Les titres français qu'elle détient sont transférés en zone libre à la succursale Worms de MarseiIle. [Voir 23 juillet 1942.]

Juillet-septembre 1940
De Worms & Cie [Gabriel Le Roy Ladurie] : [Extrait d'une note du 6 décembre 1944.] « Juillet, août, septembre se passent à faire rentrer les Services [à Paris], à remettre de l'ordre, à reprendre contact avec nos clients. Dans toute cette période, aucune rencontre avec aucun Allemand. »

1er juillet 1940
[Extrait d'une note sans émetteur ni destinataire, en date du 24 août 1940.] « Au cours des premières réunions de la commission franco-italienne d'armistice, il a été admis qu'une reprise générale du trafic nord-sud et sud-nord serait, en Méditerranée occidentale, autorisée entre Oran, Alger, Philippeville, Bougie, Tunis, Bizerte et les ports métropolitains de la Méditerranée, depuis Port-Vendres jusqu'à Nice. Le programme est établi, dans chaque cas, pour quinze jours. Le trafic a, en fait, repris depuis le 1er juillet. Il porte sur environ 132 voyages par quinzaine, par convois ou isolément. Ce rythme des voyages est sensiblement le même que celui du temps de paix (par navires français), [le trafic effectué par les navires des autres nationalités étant supprimé.] »

2 juillet 1940
D'Hypolite Worms : [Extrait d'une lettre adressée de Vichy le 10 août 1940 à un correspondant dont le nom n'est pas précisé.] « Il vous intéressera de savoir que le siège de la Maison a rouvert à Paris, le 2 juillet. En dehors de M. Barnaud, il y a là-bas Denis, Ladurie, Vignet ainsi que la plus grande partie du personnel. J'ai hâte de les retrouver. M. Goudchaux reste à Bordeaux pendant encore quelque temps. »

3 juillet 1940
Opération Catapult : L'offensive de l'Amirauté britannique, qui craint par-dessus tout que la flotte nationale ne soit livrée aux puissances de l'Axe, atteint son point limite avec l'opération Catapult, programmée pour "neutraliser" les forces navales. Celles-ci ayant refusé de passer sous contrôle anglais et de désarmer, l'amiral Sommerville ouvre le feu sur l'escadre au mouillage à Mers-El-Kébir (près d'Oran où "Champagne" et "Lorraine" (SFTP) se trouvent en cours de déchargement). La plupart des navires sont gravement endommagés. Stupeur de tous les marins, dont 1.300 sont tués. Au même moment, les navires ancrés en Grande-Bretagne sont pris d'assaut.
De Gabriel Le Roy Ladurie : [Extrait d'une note datée du 13 octobre 1944.] « Le 3 juillet, passant en fraude la ligne de démarcation, j'allais à Vichy pour reprendre contact avec des collaborateurs que je destinais à demeurer en zone dite libre. [Sans doute s'agit-il des deux employés basés au 48, avenue Eugène Gilbert, à Vichy, adresse à laquelle Hypolite Worms écrit à Jacques Barnaud le 22 septembre 1940.] A Vichy, où l'on n'avait aucune nouvelle directe de Paris depuis son occupation, le bruit se répondit que quelqu'un venait d'arriver de la capitale. Je fus donc convoqué par le maréchal Pétain, qu'entouraient l'amiral Darlan et le général Weygand. J'eus avec eux un entretien de moins d'un quart d'heure. Ce fut le premier et le dernier, n'ayant jamais rencontré aucun d'entre eux auparavant et ne les ayant jamais revus. Un peu plus tard, le président Lebrun me fit demander. Il me garda près d'une heure. Ces deux entretiens n'eurent bien entendu ni caractère politique, ni même le moindre intérêt, mais un attaché de cabinet zélé y vit l'occasion d'un communiqué. »[ Voir 4 juillet 1940.]

4 juillet 1940
Du Ministry of Shipping, Londres : « Agreement with regard to ships time chartered by the French government and to the cargoes loaded in those vessels which have been or will be paid for by French government. » [Cet accord constitue l'annexe 2 du rapport adressé, le 1er août 1940, au secrétaire d'État à la Marine par Hypolite Worms qui en expose les termes de la manière suivante :] « En pleine liaison avec l'attaché financier, j'ai passé, avec le Ministry of Shipping, un premier accord, par lequel sont transférés à l'Angleterre tous les bateaux alliés, par conséquent, norvégiens et hollandais, dans tous les ports, et est également réglée la question des cargaisons pour éviter leur réquisition. L'accord prévoit que tous les bateaux, en time charter à la France, se trouvant dans les ports anglais, seraient repris par la Grande-Bretagne, au prix courant, et sans qu'il puisse, par conséquent, y avoir lieu à aucune demande de dommages et intérêts de la part des armateurs ; de même, pour tous les bateaux alliés à l'Angleterre dans tous les ports et pour les bateaux neutres, à l'exception de navires sur trafic colonial français ; toutes les cargaisons se trouvant à bord de ces navires rendus, après avoir été déroutés par les autorités britanniques, seraient rachetées au prix courant, fob plus le fret payé, sur la base des taux de compensation britanniques. Ceci réglait donc sans perte sensible pour la France, la question des navires en time charter, et leur assurance, ainsi que leurs cargaisons. » [L'accord du 4 juillet 1940 est produit en annexe 2 du rapport d'Emmanuel Monick au ministre des Finances en date du 16 juillet 1940. Voir également sur le contenu de cet accord, l'interrogatoire d'Hypolite Worms par le juge Thirion en date du 26 septembre 1944 et l'historique que Worms & Cie a consacré à la carrière d'Hypolite Worms, paru en mars 1963.]
D'Emmanuel Monick : [Extrait d'une déclaration en date du 8 avril 1946.] « J'ai été amené, de ma propre autorité, à proposer à la Trésorerie britannique un accord financier portant ouverture de crédits réciproques en vue de la liquidation et de l'apurement des comptes de guerre [voir 6 juillet 1940.] M. Hypolite Worms, de son côté, a pris exactement la même attitude que la mienne. Également, de sa propre initiative, il a négocié le transfert, au profit du gouvernement britannique, de tous les contrats d'affrètement signés avant l'armistice, par la Mission de la Marine marchande, pour le compte du gouvernement français. J'ai eu l'occasion d'assister à cette négociation du point de vue financier. Je peux dire que M. Worms l'a menée dans le sens d'un soutien intégral de notre alliée britannique. » [Voir note, non datée, de Raymond Meynial classée en 1945.]
Du chef des Transports maritimes, à Istambul, au chef des Transports maritimes, à Beyrouth : « Le pétrolier "Phénix", à son retour de mer Noire, a été réquisitionné par l'attaché naval près l'ambassade de France en Turquie et le bateau a été ensuite transféré sous pavillon anglais à la date du 21 juin. La plupart des membres de l'équipage ne voulant pas rester à bord du bateau, ces derniers sont expédiés sur Beyrouth à la date du 5 juillet. Le bateau a cessé de fonctionner pour le compte des Transports maritimes. »
De Gabriel Le Roy Ladurie : [Extrait d'une note datée du 13 octobre 1944.] « Le 4 [juillet], j'étais de retour à Paris. »

4 juillet-7 décembre 1940
Recueil méthodique des ordonnances et autres textes réglementaires des autorités d'occupation. Collection des ordonnances arrêtées par le Militärbefelshabers in Frankreich et publiées au Journal officiel. Textes en français et en allemand.

4-5 juillet 1940
D'Hypolite Worms : [Extrait de son interrogatoire par le juge Thirion en date du 26 septembre 1944.] « Le 4 ou 5 juillet 1940, en réponse à mes nombreux appels, je suis informé par un télégramme de l'amiral Darlan qu'il est d'accord sur mes propositions, à l'exception d'une trentaine de navires naviguant en Méditerranée que la France désirait garder. » [Voir 7 juillet 1940.]

5 juillet 1940
D'Hypolite Worms, Londres, à Marine militaire Marine marchande : Télégramme. « Accord avec Ministry of Shipping pour transférer et résilier sans paiement indemnités dommages et intérêts toutes chartes-parties bateaux alliés et neutres affrétés à la France en time charter, laissant ouverte pour discussion ultérieure question des bateaux neutres sur trafic colonies françaises. » Rachat par le gouvernement britannique, au prix contrat marchandises fob plus assurance et fret, des cargaisons se trouvant à bord des bateaux en mer ou en charge ainsi transférés. Reprise par le Mines department des cargaisons charbon, non expédiées, à un prix voisin du prix contrat et se mettra pour le reste, d'accord avec Mission des charbons. Le gouvernement français doit accepter en échange de relâcher les bateaux affrétés à la France non affectés au trafic colonial, se trouvant dans ports français, métropole ou colonies. « Exécution cet accord dans tous ses détails demandera plusieurs semaines de travail... Si suite derniers événements, relations diplomatiques interrompues, que dois-je faire ? Si autorités britanniques nous autorisent partir, nous risquons, en ne réglant pas cette situation, être l'objet de réclamation dommages et intérêts considérables de tous pays propriétaires de navires, puisque chartes-parties continuent à courir. De même cargaisons, au lieu d'être réglées à l'amiable, seront saisies et vendues, le tout pouvant se chiffrer à plusieurs centaines de millions ou même à quelques milliards, suivant plus ou moins grande bonne volonté des armateurs de tous pays couvrant quinze cent mille tonnes de navires. Stop. Si au contraire, vous désirez me voir rester Londres jusqu'à règlement définitif de toutes opérations, quel sera notre statut officiel et comment pourrais-je obtenir immunité et possibilité obtenir du gouvernement britannique autorisation rentrer ma mission remplie ? Comment pourrons-nous régler sommes dont nous sommes redevables et encaisser celles qui nous seront dues, si attaché financier n'est plus là ? »

6 juillet 1940
Dissolution du Comité exécutif franco-anglais des transports maritimes.
Entre Emmanuel Monick et S. D. Waley, Londres : Accord financier. [Ce document est reproduit en annexe 6 du rapport, en date du 1er août 1940, adressé au secrétaire d'État à la Marine par Hypolite Worms qui en donne le commentaire suivant : « J'ai eu, pour conserver à notre pays le bénéfice de [l'accord du 4 juillet 1940] vis-à-vis des armateurs étrangers, des réunions avec les représentants des armateurs de chaque pays ou leurs représentants officiels, suivant les cas, et leur ai indiqué 1°- que la France leur réglerait tout ce qui leur est dû, et ceci en conformité de l'accord financier passé entre l'attaché financier près l'ambassade de France et la Trésorerie britannique, 2°- que j'avais l'engagement du Ministry of Shipping pour la reprise, par lui, de nos chartes-parties dans les mêmes termes et aux mêmes conditions, c'est-à-dire sans aucune perte pour eux. »]
De Sir Cyril Hurcomb, directeur général du Ministry of Shipping, président du Comité exécutif franco-anglais des transports maritimes, Londres, à Hypolite Worms : « Our collaboration was not only friendly but successful up to the which circumstances allowed... »
D'Emmanuel Monick, attaché financier près l'ambassade de France, Londres : [Annexe 1 de son rapport au ministre des Finances en date du 16 juillet 1940.] Liquidation des Missions. Accord financier avec la Trésorerie britannique.
Note [non datée, sans titre ni signataire ; le classement de ce document au 6 juillet 1940 se fonde sur le fait que le texte se termine sur la rupture des relations diplomatiques entre la France et l'Angleterre, laquelle s'est produite à cette date.] Création, fonctionnement et disparition du Comité exécutif franco-anglais des transports maritimes. [Les renseignements ont été reportés aux dates auxquelles sont survenus les événements abordés dans le texte.]

7 juillet 1940
D'Hypolite Worms : [Extrait de son interrogatoire par le juge Thirion en date du 26 septembre 1944.] « Le gouvernement anglais refuse la contre-proposition [de l'amiral Darlan, cf. 4 juillet 1940], je suis dans l'obligation de négocier un nouvel accord aux termes duquel j'obtenais trente jours de délai pendant lesquels les trente navires [naviguant en Méditerranée et que la France désirait garder] resteraient assurés par le gouvernement anglais, ce qui me permettrait de rentrer en France et de régler la question. Ce nouvel accord fut signé le 7 juillet 1940. » [Voir 1er août 1940.]

8 juillet 1940/24 août 1940
Des Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime : [Extrait d'une note datée du 5 septembre 1944 et d'un historique, non daté, classé en 1944.] Les ACSM reçoivent de la Kriegsmarine, sous menace de réquisition des Chantiers, la commande de 4 chalands citernes non automoteurs, sans valeur militaire, par note verbale de l'amirauté allemande en date du 8 juillet 1940, confirmée par lettre en date du 24 août 1940. [Voir 22 octobre 1940.]

10 juillet 1940
Formation de l'État français : Révolution nationale. Ajournement des Chambres après que sont accordés au maréchal Pétain les pouvoirs constituants. Le gouvernement entreprend une "révolution nationale" sur le thème : "travail, famille, patrie".
[Extrait d'un dossier sur le développement de la Banque Worms & Cie daté du 22 mars 1941.] « Au lendemain de l'armistice, la constitution du gouvernement du Maréchal provoque un complet renouvellement du personnel administratif que la Banque met à profit, avec un soin particulier, pour que ses relations, ses associés ou ses amis s'emparent peu à peu de tous les postes du commandement... [jusqu'à] disposer de tous les leviers de commande de l'organisation du nouvel État français, comme de tous ceux de l'industrie et du commerce français dans la nouvelle économie dirigée. Son rayonnement économique est significatif à cet égard. Constructrice de navires, elle est en contacts suivis avec la grosse industrie métallurgique. Société d'affrètement, elle est en liaison avec les fournisseurs mondiaux de mazout, de gasoil et d'essence en même temps qu'avec le commerce international du charbon. Entreprise de transports maritimes, elle a des relations suivies avec les colonies françaises comme avec tous les pays d'outre-mer et, spécialement, l'Europe du Nord, le Canada et l'Extrême-Orient. Son rayonnement politique est strictement parallèle à l'économique... »
De Jacques Barnaud : [Extraits d'une note, non datée, classée en 1945, et de son audition par le président Dhers en date du 2 mai 1950.] « Le gouvernement ayant décidé de nommer un délégué général pour le représenter dans la zone occupée et prendre la charge de l'administration des territoires de cette zone qui, suivant les termes de l'armistice, devaient continuer à être administrée par les autorités françaises, M. Noël, ambassadeur de France, fut nommé à ce poste. [Celui-ci] déclara qu'étant donné sa carrière passée, il connaissait surtout les questions administratives et exprima les désir d'avoir auprès de lui un adjoint qui fut au courant des questions économiques. M. Bouthillier proposa à M. Léon Noël de me prendre pour adjoint et me demanda de me rendre avec lui en zone occupée. Après certaines hésitations, j'ai cru devoir accepter cette pénible fonction et suivis M. Noël à Paris vers le 10 juillet 1940. Cette mission a duré très peu de temps, environ deux ou trois semaines... Il s'agissait avant tout de reprendre contact avec les fonctionnaires de la zone occupée, avec les industriels et les commerçants, de s'occuper du retour de la population partie en exode, de faire face aux problèmes du ravitaillement posés par les destructions et l'exode, de prendre des mesures en face du chômage, les usines étant arrêtées, de remettre Ies autorités responsables en place, la plupart ayant fui avec l'exode, de traiter des questions posées par les premières réquisitions allemandes. A cette époque, profitant de l'absence d'un grand nombre de patrons et directeurs d'usines, les autorités allemandes manifestèrent l'intention de placer dans toutes les entreprises importantes un administrateur allemand. Nous voulûmes avant tout éviter cette main-mise complète et le fonctionnement exclusif de l'économie française au profit de l'Allemagne. Nous agîmes pour remettre partout en place les dirigeants des affaires françaises et les soutenir en face des exigences allemandes. C'est cette politique que j'ai poursuivie ensuite pendant deux ans [à travers ses autres missions officielles.] J'étais alors convaincu, d'après différentes informations que j'avais pu avoir, et je demeure convaincu, que si des mesures immédiates n'avaient pas été prises, les autorités allemandes auraient mis la main sur l'ensemble des stocks de la zone occupée, utilisant les usines uniquement pour leurs besoins propres et abandonnant la population française dans un dénuement complet, fermant d'autres usines, transportant les machines en Allemagne et, dès cette époque, songeant à des transferts de main-d'oeuvre sous prétexte de remédier au chômage. »
De Jacques Baraduc, à Hypolite Worms : [Extrait d'une note datée du 5 mars 1947.] « M. Barnaud n'a pas exercé ses fonctions de gérant de juillet 1940 à fin 1942 ayant été, pendant ce laps de temps, délégué général aux relations économiques franco-allemandes. » [Se reporter sur ce point au 18 octobre 1940.]
De Gabriel Le Roy Ladurie : [Extrait d'une note datée du 13 octobre 1944.] Jacques Barnaud. « Dès les premiers jours de juillet 1940 et bien que pour des raisons juridiques il n'ait pas été possible à Jacques Barnaud de donner sa démission d'associé gérant, il s'abstint jusqu'au début de 1943 - et cela de la façon la plus absolue - non seulement d'intervenir dans la gestion de la Maison, mais de se faire même tenir au courant de ce qui s'y faisait. Inversement, moi et mes collègues fûmes, sans aucune exception, maintenus dans l'ignorance et l'éloignement de son action politique. Je ne conservai avec lui durant toute cette période que les relations privées confiantes et affectueuses que j'ai toujours eues et ai toujours avec lui. »
De Jean Galtier-Boissière et Charles Alexandre : [Extrait d'un article intitulé "La Synarchie", paru en 1948, dans Le Crapouillot, tome III : Histoire de la Guerre 1939-1945.] « On possède un document allemand qui traite des agissements synarchiques. Il s'agit du rapport du Dr Michel [publié dans "La France intérieure", mars 1946] qui fut, à l'Hôtel Majestic, un des chefs de l'administration militaire allemande (Militärverwaltung). Voici les conclusions du Dr Michel relativement à la synarchie : "... Il ne s'agit pas d'une formation semblable à un parti politique mais d'un cercle très ouvert de jeunes techniciens des affaires. Ils n'avaient joué avant la guerre aucun rôle politique et n'avaient pas appartenu au Parlement. Certains de ses membres n'ont été mis en avant que pour la conduite des négociations d'armistice avec l'Allemagne et seulement en qualité d'experts économiques : d'autres furent appelés par la suite aux postes directeurs des ministères économiques et montèrent ainsi sur la scène politique. Sous ce rapport le cartel bien connu "Worms et Cie" (banques, entreprises commerciales, compagnies de navigation) joua un rôle d'autant plus grand qu'un de ses co-propriétaires, Jacques Barnaud, fut, de juillet 1940 à février 1941, secrétaire d'État au Travail et à l'Économie, puis de février 1941 à avril 1942, délégué général pour les relations économiques franco-allemandes. Plus tard ce fut Pierre Pucheu, avant la guerre, directeur général d'une entreprise du groupe Worms et qui fut, de février à juin 1941, ministre de la Production, puis jusqu'en 1942, ministre de l'Intérieur. Enfin Jacques Le Roy Ladurie, dont le frère était le directeur du groupe bancaire du cartel Worms et qui fut lui-même ministre du Ravitaillement dans le deuxième cabinet Laval. " Il faut ajouter François Lehideux, qui était à 37 ans, directeur général des Usines Renault et qui succéda à Pucheu au ministère de la Production, enfin Benoist-Méchin qui fut quelque temps secrétaire d'État aux Affaires étrangères : ces deux derniers personnages étaient très liés avec Barnaud et Pucheu. Ainsi se répandit l'expression du groupe Worms... "A plusieurs reprises, l'on put réaliser dans le domaine économique et cela aussi bien avec Barnaud qu'avec Pucheu et Lehideux d'importants accords sur la contribution de l'économie, accords qui témoignaient d'une grande compréhension pour les efforts de guerre de l'Allemagne. Tous ces hommes sans exception étaient prêts à l'entente économique et c'est de là qu'ils sont passés à la "collaboration"." S'étonner de la "grande compréhension" de l'équipe Worms pour l'effort de guerre de l'Allemagne serait ne rien comprendre au jeu traditionnel des intérêts capitalistes ; jusqu'en 1942, le haut capitalisme français misa sur la probabilité de la victoire allemande ; mais il renversa sa position après l'intervention américaine. L'équipe Worms semble donc n'avoir été que l'interprète des désirs profonds du grand capitalisme français aussi bien au sujet de la concentration industrielle recherchée à l'intérieur que sur le plan des liaisons extérieures maintenues ou renouées. »

11 juillet 1940
D'Hypolite Worms, Londres, à Marine militaire Marine marchande : Télégramme (1). « Ai transféré chartes tous bateaux norvégiens suédois hollandais grecs se trouvant dans les ports anglais. Prise en charge par Ministry of Shipping 28 juin sauf quelques exceptions. Ai transféré tous navires norvégiens, suédois, hollandais grecs vides ou chargés, en mer ou dans les ports étrangers, à l'exception de suédois, grecs, affectés trafic colonial. Prière aviser d'urgence si avez libéré tous navires hollandais, norvégiens et navires grecs suédois non affectés trafic colonial se trouvant dans des ports français métropole ou colonies, car prise en charge par Ministry of Shipping ne commencera qu'après avis formel départ sur port britannique le plus rapproché. »
D'Hypolite Worms, Londres, à Marine militaire Marine marchande : Télégramme (2). « Attaché financier a fait avec trésorerie britannique nouvel accord permettant, sans nécessiter nouvelles et difficiles négociations, liquidation de toutes opérations des Missions. Etant donné rupture relations diplomatiques, je rentre avec ambassade, envisageant d'accord avec Missions Transports maritimes, Armement, Ravitaillement et Charbons, de laisser personnel réduit pour apurer les comptes tant vis-à-vis Ministry of Shipping que vis-à-vis tous armateurs et vérifier que le gouvernement français est bien crédité de tout ce qui lui est dû dans les conditions prévues dans accord. »

12 juillet 1940
D'Hypolite Worms, Londres, à la Marine marchande, Bordeaux : Télégramme insistant sur la nécessité de transférer tous les navires y compris ceux sur trafic colonial.
D'Hypolite Worms : [Extrait du rapport sur sa mission à Londres au secrétaire d'État à la Marine daté du 1er août 1940.] « Quelques jours avant mon départ, le Ministry of Shipping m'avait donné une réponse négative à la demande que je lui avais faite de conserver les navires neutres sur le trafic colonial, et je vous ai télégraphié que la Grande-Bretagne demandait que tous les bateaux alloués à la France en time charter, en exécution des accords signés par la France et l'Angleterre, lui soient rendus. Je vous en ai informé par mon télégramme du 12 juillet, et j'ai ajouté, d'accord avec le Ministry of Shipping, que si l'Angleterre modifiait sa politique à l'égard de la France, il semblait qu'il n'y aurait pas d'objection majeure à nous laisser reprendre un certain nombre de navires. »
D'Emmanuel Monick, attaché financier près l'ambassade de France à Londres, à S.D. Waley, Trésorerie britannique : [Annexe 3 de son rapport au ministre des Finances daté du 16 juillet 1940.] Interprétation de l'accord financier du 6 juillet 1940.
De la Nouvelle compagnie havraise péninsulaire - NCHP ou Nochap -, à Worms & Cie : Note [non datée] intitulée "Vapeurs étrangers affrétés par la direction des Transports maritimes en temps de guerre et dont la consignation aux ports de chargement et de déchargement avait été confiée à la Nochap". [Document classé au 12 juillet 1940 dans la mesure où cette date est la plus récente donnée dans le texte.] Ces navires sont au nombre de six : 3 grecs - "Olga E. Embiricos", "Mary Livanos" et "Nicolas Angelos" ; 2 danois - "Dagmar" et "Hjelmaren" et 1 hollandais - "Springfontein". Les informations les plus anciennes les concernant datent du 14 avril 1940.

13 juillet 1940
D'Emmanuel Monick, attaché financier près l'ambassade de France à Londres, à S.D. Waley, Trésorerie britannique : [Annexe 5 de son rapport au ministre des Finances daté du 16 juillet 1940.] Paiements couverts par le compte de liquidation.

14 juin-16 juillet 1940
Recueil de télégrammes échangés entre Hypolite Worms, à Londres, et Morin de Linclays, à New York : Recherche de navires aux États-Unis pour le ravitaillement de la France et des colonies, situation des navires français dans les ports de New York, Vancouver..., situation des navires neutre affrétés, etc.

15 juillet 1940
De l'amiral François Darlan, commandant en chef des Forces maritimes françaises : Circulaire. Organisation provisoire du secrétariat d'État à la Marine.
Note [sans émetteur] : "Liste des navires français actuellement dans les ports britanniques". "Bidassoa" est situé à Falmouth ainsi que "Margaux" qui porte en face de son nom la mention "munitions".
D'Emmanuel Monick, attaché financier près l'ambassade de France à Londres, à S.D. Waley, Trésorerie britannique : [Annexe 4 de son rapport au ministre des Finances en date du 16 juillet 1940.] De S.D. Waley, Trésorerie britannique, à G. Peissel, adjoint de Paul Morand, lui-même directeur du service de liquidation des affaires économiques et commerciales françaises en Grande-Bretagne. Interprétation de l'accord financier du 6 juillet 1940.
D'Emmanuel Monick, attaché financier près l'ambassade de France à Londres, à S.D. Waley, Trésorerie britannique : [Annexe 6 de son rapport au ministre des Finances en date du 16 juillet 1940.] Dépenses couvertes par le compte de liquidation.
D'Emmanuel Monick, attaché financier près l'ambassade de France à Londres, à S.D. Waley, Trésorerie britannique : [Annexe 7 de son rapport au ministre des Finances en date du 16 juillet 1940.] Note [non datée] sur la procédure de liquidation des opérations des Missions.
D'Emmanuel Monick, attaché financier près l'ambassade de France à Londres, à S.D. Waley, Trésorerie britannique : [Annexe 8 de son rapport au ministre des Finances en date du 16 juillet 1940.] Note de service. « Ordre à M. Peissel et à M. Gautier de rester à leur poste pour suivre sur le plan financier la liquidation des opérations des Missions économiques françaises en Grande-Bretagne, sous la direction de M. Paul Morand qui a été chargé par le gouvernement français de cette liquidation. »
D'Hypolite Worms : [Extrait du rapport sur sa mission à Londres au secrétaire d'État à la Marine daté du 1er août 1940.] « J'ai, pour terminer l'exécution de [l'accord du 4 juillet 1940], laissé à Londres, dans l'organisation de la Mission des Transports maritimes, un agent, qui, bien au courant de toutes mes négociations, devra régler, tant vis-à-vis du Ministry of Shipping que vis-à-vis des armateurs ou de leurs représentants officiels, tous les détails d'exécution et ajuster tous les comptes de location, sous la surveillance des représentants que l'attaché financier a, lui aussi, laissés sur place.

16 juillet 1940
René Belin accepte le portefeuille de secrétaire d'État au Travail du maréchal Pétain. Il exige que soit créé sous son autorité un véritable ministère de la Production industrielle, auquel est joint le Travail.
D'Hypolite Worms, à M. Thibault, chef de la Mission des charbons, Londres : Accord conclu le 4 juillet 1940. [Cette note est reproduite en annexe 3 du rapport adressé, le 1er août 1940, au secrétaire d'État à la Marine, par Hypolite Worms qui le commente en ces termes :] « En ce qui concernait la reprise des cargaisons, qui se trouvaient à bord des navires étrangers affrétés au voyage, cet accord n'était plus de mon ressort, puisqu'il n'avait plus pour base la livraison des navires en time charter, qui seule concernait ma mission. J'avais donc laissé à chaque Mission d'achats le soin de négocier avec le ministère compétent anglais les conditions de reprise de ces cargaisons. Mais, au cours de nos réunions avec la Trésorerie britannique, l'assurance m'avait été donnée que des conditions similaires pourraient être obtenues, et j'en avais ainsi avisé les chefs des différentes Missions ».
Du [ministère de la Marine marchande], Vichy, à Hypolite Worms, Londres : Télégramme exigeant le maintien des navires affectés au trafic colonial. « Nous avons en effet le plus grand besoin d'assurer nos échanges avec nos possessions, notamment pour le ravitaillement de la métropole... Le gouvernement britannique... a donné son sentiment à un accord qui excepte du transfert le trafic franco-colonial. En revenant sur cette position, il donnerait l'impression qu'il se dispose à empêcher tout trafic maritime de la zone française non occupée, même avec les possessions françaises. »
D'Emmanuel Monick, attaché financier près de l'ambassade de France à Londres, au ministre des Finances : Rapport sur la liquidation des missions françaises en Angleterre. [Les documents annexés à ce rapport, à savoir l'accord financier avec la Trésorerie britannique daté du 6 juillet 1940, l'"accord Worms" du 4 juillet 1940, les notes adressées par Emmanuel Monick à S.D. Waley les 12, 13 et 15 juillet 1940, la note adressée par S.D Waley à G. Peissel le 15 juillet 1940, la note (non datée) sur la procédure de liquidation des opérations des missions, et la note de service datée du 15 juillet 1940 -, sont classés selon leur date d'émission.]
Hypolite Worms fait viser son passeport diplomatique par l'ambassade d'Espagne à Londres.
De [Worms & Cie], Paris : [Extrait d'une note (sans émetteur) datée du 27 août 1940.] Décret relatif à l'institution d'un régime de réassurances d'État contre les risques maritimes ordinaires et de guerre, tant sur les corps de navires battant pavillon français que sur les cargaisons transportées par des navires français ou pour compte français sur des navires neutres.

17 juillet 1940
Du War Risks Insurance Office, à Hypolite Worms, Londres : Assurance des navires neutres affrétés par la France. « This Office considers itself bound to warn the owners concerned that the operation of this clause might render it impossible for them to recover a loss and that consequently the certificate must be considered of no value to the owner. As regards Swedish vessels on time charter to the French Government in respect of which this Office is interested as the reinsurer, I am instructed to inform you that the Swedish War Risks Insurance Club has been notified that this Office is unable to accept any further business or renewals in respect of vessels on time charter to the French Government. » [Document constituant l'annexe 5 du rapport d'Hypolite Worms sur sa mission à Londres, en date du 1er août 1940.]
De Sir Cyril Hurcomb, à Hypolite Worms, Londres : Acceptation du Ministry of Shipping de transférer les chartes des navires neutres actuellement dans les ports de France et des colonies à condition que ceux-ci soient dans un port anglais dans un délai de 4 semaines. [Document constituant l'annexe 4 du rapport d'Hypolite Worms sur sa mission à Londres, en date du 1er août 1940. H Worms donne de cet accord l'explication suivante. « Étant donné que le gouvernement anglais refusait de continuer l'assurance de ces bateaux [voir supra], qu'il refusait de les laisser naviguer à destination de la France et était décidé, pour le moment, à les intercepter, que la Trésorerie britannique refusait d'avancer à la France les Sterling nécessaires au paiement des locations nouvelles de ces mêmes bateaux, il m'était apparu qu'il n'y avait d'autre solution que de transférer également ces navires. J'ai donc pris l'initiative de négocier un nouvel accord spécial, laissant une option de 30 jours, pendant lesquels les navires neutres non livrés à l'Angleterre, se trouvant dans les ports français de la métropole ou des colonies, continueraient à être assurés par le War Risks Insurance Office, étant entendu que, pendant cette période de trente jours, j'aurais le temps de vous entretenir à fond de ce problème, et vous, de prendre votre décision, en pleine connaissance de cause. Si cette décision était conforme à mes suggestions, ces navires devraient être relâchés à destination du port britannique le plus rapproché, et rejoindre ce port dans le même délai de trente jours, délai qui part du 17 juillet, date de la lettre du Ministry of Shipping, qui forme accord. »]
Hypolite Worms fait viser son passeport diplomatique par l'ambassade du Portugal à Londres.
De Renaud de Rochebrune et Jean-Claude Hazera : [Extrait du livre "Les Patrons sous l'Occupation. II", éditions Odile Jacob, 1995, coll. Opus 1997. P. 20.] « Le 17 juillet 1940 [voir 19 juillet 1940], [Hypolite Worms] s'embarque sur l'"Orduna" pour Lisbonne, port neutre, plaque tournante de toutes les émigrations pendant la guerre. » [Hypolite Worms date également son départ d'Angleterre du 17 juillet 1940 dans une note qu'il rédige le 20 janvier 1945.]

17 juillet-8 août 1940
Du commandant Petit : [Extrait d'un historique sur la Société française de transports pétroliers, rédigé en 1984, (période 1938-1945).] "Languedoc", arrivé à Trinidad le 17 juillet, est saisi par les autorités britanniques. Les marins français sont invités à se joindre aux anglais avec les mêmes droits que des sujets anglais. Ceux qui n'accepteront pas seront internés. Le 19 juillet, l'équipage choisit : 4 officiers et 6 hommes restent avec des Anglais, 31 demandent leur rapatriement. Le commandant, le chef mécanicien et le second capitaine sont placés à terre dans un hôtel. Le 21, le reste de l'équipage est interné à la Maison du marin. Le 7 août, une goélette embarque cet équipage et le débarque le 8 à Fort-de-France. "Saintonge", basé à Belfast, passe sous le contrôle du gouvernement anglais ; il est pris en gérance par John I Jacobs pour le compte du Ministry of War Transport.

18 juillet 1940
D'Hypolite Worms, Londres, au ministère de la Marine militaire et marchande : Télégramme. Navires neutres sur trafic colonial. « Ministry of Shipping ne veut pas nous conservions ces bateaux ni War Risks Committee continuer à les assurer car Shipping ne veut pas et ne peut pas préjuger des décisions du Foreign Office... War Risks Committee du Ministry of Shipping accepte maintenir assurance tous navires neutres sur trafic colonial pendant séjour dans ports français métropole et colonies dans ports d'escales et éventuellement en mer pendant période trente jours pour me permettre vous exposer le problème de vive voix et vous donner le temps prendre décisions relatives libération navires que vous pourrez faire partir sur port britannique le plus rapproché où ils seront pris en charge par Ministry of Shipping. Dans ce cas, location et prime d'assurance seront supportées par Ministry of Shipping depuis date leur départ ports français ou coloniaux. »

19 juillet 1940
D'Hypolite Worms, à Simone Traverse, Londres : Certificat délivré par Hypolite Worms autorisant Simone Traverse à se rendre à Marseille et à Paris pour prendre contact avec le ministère de la Marine marchande.
Hypolite Worms embarque à Liverpool en direction du Portugal [voir visa du Bureau de l'immigration au dos de son passeport diplomatique.]
D'Hypolite Worms : [Extrait de son interrogatoire par le juge Georges Thirion en date du 26 septembre 1944.] « Alors que j'étais encore en Angleterre, je m'étais posé la question de savoir si je resterais en Angleterre ou si je reviendrais en France. La situation de ma Maison en Angleterre et ma situation de famille me permettaient d'envisager favorablement la première solution, alors surtout que je n'ai jamais douté de l'issue de la guerre. Cependant j'ai cru de mon devoir de rentrer en France afin de sauvegarder le patrimoine de mes ancêtres et les intérêts de mon personnel, ouvriers et employés dont le nombre compte plusieurs milliers de personnes. Je voulais empêcher à tous prix que mes entreprises tombent sous la coupe de l'ennemi alors surtout que mon affaire pouvait être considérée comme plus que moitié juive. » [Voir également sur les raisons du retour d'Hypolite Worms en France une note qu'il a rédigée le 20 janvier 1945 et un courrier que lui a adressé Raymond Meynial le 8 février 1945.]
De Raymond Meynial : [Extrait d'une interview accordée en 1993.] Le retour des délégations françaises, d'Angleterre en France, est assuré d'après les règles internationales par la Grande-Bretagne qui met à disposition des représentants français un bateau de 200 places pour 500 passagers : l'"Orduna" à destination du Portugal.

22 juillet 1940
Du contre-amiral Gabriel Auphan, sous-chef d'état-major de l'amirauté, chargé de la Marine marchande : Circulaire. Fonctionnement des services de la Marine marchande à Vichy. « Les organes principaux de commandement sont à Vichy, auprès de l'amirauté française (Hôtel du Helder). Les organes d'exécution administratifs et financiers sont cantonnés à Paris. »
De la [Société française de transports pétroliers], à [Gabriel Le Roy Ladurie] : Note. [La signature illisible de l'émetteur de cette note est la même que celle, classée en août 1940, à laquelle elle était jointe et à laquelle elle fait référence.] « Cette note a pour but d'attirer l'attention sur la gravité de notre situation du fait de la carence temporaire de l'État. » Présentation du compte de l'État. « L'État n'ayant pas encore fixé les termes de la charte des navires affrétés par les Transports maritimes, il est vraisemblable que ceux-ci seront fort peu libéraux et qu'ils couvriront tout au plus nos dépenses. Celles-ci pour ce qui concerne les navires affrétés peuvent s'évaluer ainsi :... » Suit une évaluation détaillée. Réf. à 4 navires confiés en gérance par l'État, flotte de la SCT en gérance. « Rappelons que la charte qui nous lie est faite sur la base "au voyage" et que les retards, non utilisation, déroutements, sont supportés intégralement par nous... Si la Marine n'acceptait pas (d'établir la charte sur la base time charter avec effet rétroactif) ou si elle n'avait plus l'utilisation de nos navires il faudrait rompre la charte et désarmer nos navires... Pour ce qui est de la Marine marchande (TM), ... au cas où ce département arrêterait son exploitation, il nous est impossible de continuer à laisser armés et immobiles nos navires... »

25 juillet 1940
De la direction générale des Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime, Paris : [Extrait d'une lettre adressée à Hypolite Worms le 6 août 1940.] « Les chantiers ont rouvert le jeudi 25 juillet 1940 avec 195 ouvriers. »
De Worms & Cie : [Extrait d'une note datée du 13 janvier 1945.] "Château-Palmer", cargo de ligne à 2 ponts, de 2.480 tonnes, acquis en 1914, affrété par les Transports maritimes, est réquisitionné par les autorités allemandes.

26 juillet 1940
Le Bureau de la sécurité de Valence enregistre l'entrée d'Hypolite Worms dans ce port [voir visa du Bureau de l'immigration au dos de son passeport diplomatique.]
De Raymond Meynial : [Extrait d'une interview accordée en 1993.] Avant d'atteindre l'Espagne, les délégations françaises sont passées par Lisbonne où Paul Morand, chef des missions, a obtenu de l'Ambassade de France au Portugal de pouvoir gagner Vichy. Le voyage se fait en train par l'Espagne.
De Renaud de Rochebrune et Jean-Claude Hazera : [Extrait du livre "Les Patrons sous l'Occupation. II", éditions Odile Jacob, 1995, coll. Opus 1997. P. 201.] Sur Lisbonne « où des Rothschild, Meyer ou David-Weill attendent peut-être encore avec impatience leur visa pour les États-Unis. »
Du secrétaire d'État aux Affaires étrangères, au secrétaire d'État à la Marine, Vichy : Note. Il recommande que les navires neutres soient retenus dans les ports français et coloniaux, en attendant que « Hypolite Worms expose la situation aux autorités françaises, de manière que celles-ci puissent prendre une décision en connaissance de cause ». Il précise que « pour faire pression sur la France, le War Risks avait fait résilier les polices couvrant ces navires. »

30 juillet 1940
Le blocus de toutes les côtes de France, d'Algérie, de Tunisie et du Maroc est proclamé par l'Angleterre. [Se reporter sur cette question au 31 juillet 1940.] Cette mesure interdit l'approvisionnement en charbon de la Maison qui prend dès cette époque la position de revendeur sur le marché intérieur, encore que les bases commerciales, tournées vers la mer, soient éloignées des centres d'extraction houillère. De fait, le total des ventes de charbon, qui s'établissait à 1.845.000 tonnes en 1938, et s'est déjà infléchi à 774.000 tonnes en 1939, va-t-il chuter à 496.000 tonnes en 1940. Afin de soutenir ce département, la Maison s'orientera en 1941 vers la production de combustibles de remplacement.
La Direction générale de la sécurité de Port-Bou appose son visa sur le passeport diplomatique d'Hypolite Worms.
De Raymond Meynial : [Extrait d'une interview accordée en 1993.] Hypolite Worms laisse son épouse en zone libre.
De Renaud de Rochebrune et Jean-Claude Hazera : [Extrait du livre "Les Patrons sous l'Occupation. II", éditions Odile Jacob, 1995, coll. Opus 1997. P. 201.] « [Hypolite Worms] fait un détour par sa villa du Cap-Ferrat, où il laisse sa famille en sécurité, et le 1er août il est à Vichy. »

31 juillet 1940
[Extrait d'une note, sans émetteur ni destinataire, datée du 24 août 1940.] « Dès avant la publication de la décision anglaise du 30 juillet, proclamant le blocus de toutes les côtes de France, d'Algérie, de Tunisie et du Maroc, annoncée par M. Dalton à la Chambre des communes, l'Amirauté française s'était préoccupée de l'attitude que la Grande-Bretagne prendrait en ce qui concerne la reprise du trafic métropole - colonies françaises par Gibraltar. Dans ce but, des "tests" ont été décidés. Dans la deuxième quinzaine de juillet, ordre a été donné à deux cargos affrétés neutres, l'"Ante-Matkovicz" et le "Aighai", de quitter, l'un Casablanca, l'autre Safi, pour rejoindre Marseille par Gibraltar ; le "Ante-Matkovicz" a été arrêté à Gibraltar. Sa cargaison a été saisie par les Anglais, à la suite de quoi ce navire a reçu ordre de l'Amirauté française de se rendre à Oran. Cet ordre n'a pas été exécuté. Le "Aighai" est allé à Tanger, où il a déchargé sa cargaison. Le tribunal mixte de Tanger a prononcé la restitution de la cargaison à la France, moyennant le paiement de 2.000 Livres (moitié du fret). Cette cargaison sera acheminée par voie ferrée sur Nemours. Les "tests" ont démontré l'impossibilité de relier nos ports coloniaux de l'Océan à nos ports métropolitains de la Méditerranée... La situation, en ce qui concerne notre ravitaillement, s'est aggravée lorsque, par décision du 30 juillet, le gouvernement britannique a assimilé toute la France métropolitaine, ainsi que l'Algérie, la Tunisie et le Maroc français, aux territoires sous contrôle allemand, en ce qui concerne la surveillance de la contrebande et des exportations à destination de l'ennemi. Dans ces conditions, les [croisières] anglaises ont dû recevoir pour instructions d'arrêter tout navire se dirigeant vers les ports de ces territoires. A la fin de juillet, le gouvernement allemand a demandé au gouvernement français de s'abstenir de tout commerce avec les territoires britanniques (Grande-Bretagne, dominions, colonies britanniques). Le Reich désire, par ce moyen, empêcher tout accroissement du potentiel de guerre de la Grande-Bretagne (aussi bien l'accroissement résultant des avantages financiers que procureraient à l'empire britannique ses ventes à la France, que celui que cet État retirerait de ses achats de marchandises en France et dans nos possessions). Bien que cette demande du gouvernement allemand ait pour effet d'entraîner pour nous la suppression d'importantes sources de ravitaillement en produits de toutes natures, originaires de l'empire britannique et dont nous avons un pressant besoin, le gouvernement français a répondu favorablement à la demande du gouvernement du Reich Il a, néanmoins, prié la délégation allemande à la commission d'armistice, de lui préciser que 1°- l'Allemagne ne s'opposerait pas à la conclusion d'un arrangement franco-britannique relatif au libre passage à destination de la France, d'une liste de marchandises originaires de pays d'outre-mer autres que l'empire britannique ; 2°- l'Allemagne renoncerait, en zone occupée, à toute réquisition sur les marchandises importées d'outremer et envoyées par le gouvernement français dans cette zone. Le gouvernement allemand n'a pas répondu à ces deux demandes. Il s'est simplement engagé à ne pas réquisitionner en zone occupée le pétrole (à l'exception de l'essence d'aviation). »
De M. Nelson, Société française de transports pétroliers, à Jacques Barnaud : [L'émetteur de cette note, non signée, est nommé dans une note, à laquelle elle est jointe, adressée par la SFTP à Gabriel Le Roy Ladurie et classée en août 1940.] Stationnement dans les ports des USA et des Antilles françaises de 5 navires de la SFTP, 2 navires de la Compagnie nationale de navigation et 2 navires de la Compagnie auxiliaire de navigation, représentant près de 120.000 tonnes de navires pétroliers prêts à être utilisés et présentement au chômage. L'auteur demande à J. Barnaud son aval pour affréter ces navires pour des transports dont il énumère les parcours.

Fin juillet - début août 1940
De Jacques Barnaud : [Extraits d'une note classée en 1945 et de son audition par le président Dhers en date du 2 mai 1950.] Sur ses fonctions de chef de cabinet de Belin, au ministère de la Production industrielle. « Je fus appelé à nouveau à Vichy. Un nouveau gouvernement avait été formé [16 juillet 1940.] Il me fut exposé que M. Belin, qui avait été nommé ministre du Travail et de la Production industrielle, déclarait qu'il était surtout au courant des questions dépendant du ministère du Travail, qu'il connaissait peu les questions industrielles et que, dans ces conditions, il désirait avoir à ses côtés un directeur de cabinet qui fut au courant de ces questions. Comme j'étais, à Paris, chargé précisément de ces questions économiques auprès de M. Léon Noël, tout naturellement on parla de moi et l'on me demanda d'accepter ces fonctions... J'avais été quinze ans plus tôt directeur de cabinet d'un certain nombre de ministres des Finances. Ce ne pouvait être pour moi un poste extrêmement désirable que d'être de nouveau directeur de cabinet d'un ministre de la Production industrielle et du Travail. Je pensais cependant que je devais accepter, étant donné ce que l'on me demandait et étant donné ce que j'avais su de la situation en zone occupée, du désordre qui y régnait, de tous les problèmes qui s'y posaient. J'ai donc accepté ces fonctions... J'ai hésité pour savoir si je pouvais si je devais ou non accepter encore une situation officielle. C'est ainsi que M. Detoeuf déclare dans sa déposition du 24 janvier 1946 devant M. Mathieu, commissaire de police : "Au moment de la constitution du premier ministère à Vichy il m'a demandé conseil sur l'opportunité d'accepter d'être le chef de cabinet de Belin, au ministère de la Production industrielle. Je lui ai vivement conseillé d'accepter ce poste : je jugeais en effet qu'un syndicaliste comme Belin, en le désintéressement de qui j'avais grande confiance, mais dont l'expérience me paraissait insuffisante, avait besoin d'être appuyé par un homme comme Barnaud, ayant l'expérience des affaires et dominé par des soucis d'intérêt général." Je n'avais pas vu M. Belin auparavant. Je l'ai vu pour la première fois à Vichy dans son cabinet, vers la fin de juillet 1940. Je suis alors allé à Vichy avec les secrétaires généraux, les directeurs de cabinet des différents ministères économiques qui venaient reprendre en mains l'administration française. Les ministres eux-mêmes pouvaient difficilement venir à Paris, les Allemands ne leur permettant qu'exceptionnellement à cette époque de franchir la ligne de démarcation. Par conséquent les secrétaires généraux et les directeurs de cabinet qui résidaient à Paris avaient la charge de l'administration... Août 1940. Devant la complexité croissante des problèmes posés et pour remettre un peu d'ordre dans l'anarchie existante, le gouvernement décida de créer un ministère de la Production industrielle et du Travail qui fut confié à M. Belin. Celui-ci accepta ce poste et, demanda à avoir un directeur du Cabinet ayant l'expérience des questions économiques et industrielles. On me demanda d'accepter ces fonctions. Je n'avais jamais vu M. Belin. Je n'aspirais déjà à cette époque qu'à reprendre la direction de mes affaires et ce ne pouvait être par ambition que j'ai accepté à 47 ans un poste de directeur de Cabinet de ministre analogue à ceux que j'avais occupés près de 20 ans plus tôt. J'acceptai cependant, estimant qu'à cette époque douloureuse, il fallait avant tout essayer de servir son pays là où on pouvait lui être le plus utile et que les quelques semaines que j'avais passées à Paris me donnaient déjà une certaine expérience du rôle que j'aurais à remplir. Comme directeur du Cabinet de M. Belin, je résidais en principe à Paris, le ministre ne pouvant ou ne voulant pas venir en zone occupée à cette époque, et m'occupais essentiellement de la création du ministère de la Production industrielle avec les deux secrétaires généraux, M. Lafond et M. Bichelonne. Une des tâches essentielles consistait à camoufler dans ce ministère - et ce fut également une des raisons qui décida sa création - les corps d'ingénieurs militaires qui ne pouvaient rester rattachés au ministère de la Guerre sans risquer de les voir supprimer sur injonction allemande, en vertu des clauses de l'armistice. C'est ainsi que le ministère de la Production industrielle absorba le corps des ingénieurs de l'Armement, celui des ingénieurs des poudres, celui des ingénieurs de l'artillerie navale et une grande partie des ingénieurs de la construction navale et de l'aéronautique. La nécessité de reprendre en main l'industrie, de faire face au problème du chômage, d'utiliser pour les fins les plus essentielles à la vie de la population les ressources françaises, celle enfin d'organiser la meilleure défense en face des exigences allemandes, amena la création de la loi du 16 août 1940 sur les Comités d'organisation. Cette loi ne créait d'ailleurs qu'une organisation provisoire, réservant expressément, comme l'indiquait l'exposé des motifs, le coté social. Il était spécifié et entendu qu'elle devait être refondue à bref délai dans une loi organisant la vie économique et sociale des entreprises. » [Voir septembre 1940.]
De Renaud de Rochebrune et Jean-Claude Hazera : [Extrait du livre "Les Patrons sous l'Occupation. II", éditions Odile Jacob, 1995, coll. Opus 1997.] « René Belin [dans Du secrétariat de la CGT au gouvernement de Vichy 1933-1942, Albatros, 1978], comme tous les autres, conteste absolument la préexistence d'une quelconque "équipe Worms". Parlant de sa nomination et du recrutement de Barnaud, recommandé par BouthiIIier, pour diriger son cabinet, il écrit : "Jusqu'alors, je n'avais jamais entendu parler de Jacques Barnaud... Je crois bien que j'ignorais même l'existence d'une banque Worms." »

Août 1940
De la [Société française de transports pétroliers - signature illisible], à Gabriel Le Roy Ladurie, [note non datée, classée en août 1940 en raison de la référence faite à la note de M. Nelson à Jacques Barnaud, datée du 31 juillet 1940, qui lui est annexée.] « "Château-Pavie", d'un premier renseignement, est à Casablanca. De "Franche-Comté", nous n'avons aucune nouvelle ; est-il en Angleterre ? » Dettes considérables en dollars à l'étranger pour fournitures faites et en Sterling pour l'achat de navires. « Notre président [Hypolite Worms] devrait peut-être essayer de voir l'amiral Darlan ou le commissaire général Douillard pour régler la question de nos navires quand ils ne sont pas utilisés par la Marine. »
De la société Le Molybdène : [Extrait du PV du conseil d'administration du 7 avril 1944, cité dans une note du 13 novembre 1944.] « Dès le mois d'août 1940, nous avons été saisis de nombreuses demandes de minerais de la part de l'Allemagne. » [Voir octobre 1940.]

Août ou septembre 1940
De la Direction générale des Services maritimes : [Extrait d'une note du 31 janvier 1949.] « "Listrac" a été interné à Plymouth en 1940, utilisé ensuite par les Anglais et coulé en Manche en août ou septembre 1940. "Pessac" a été interné également par les Anglais en 1940. »

1er août 1940
[Extrait d'une note, sans émetteur ni destinataire, datée du 24 août 1940.] « Le gouvernement français a adressé, le 1er août, par l'intermédiaire du gouvernement américain, des propositions au gouvernement de Londres, en vue de la conclusion d'un arrangement de ravitaillement prévoyant, en contrepartie de la liberté de passage pour les marchandises d'outremer nécessaires à notre approvisionnement, les garanties suivantes : 1- Création de syndicats d'importateurs, habilités à effectuer les importations de produits d'outre-mer. 2- Ces Syndicats délivreraient des certificats, visés par une autorité gouvernementale française, et qui seraient transmis, dans le pays d'exportation, aux vendeurs. Ceux-ci les communiqueraient aux représentants britanniques compétents, pour la délivrance des "navicerts". Les certificats établiraient que les produits d'outre-mer importés en France seront exclusivement réservés à l'usage de la population française. 3- Pour la zone occupée, des garanties spéciales seraient données (non-réquisition par le Reich des marchandises d'outre-mer transférées de la zone libre dans la zone occupée - limitation des expéditions en zone occupée aux besoins immédiats de la consommation civile). 4- Le gouvernement français fera connaître au gouvernement britannique le tonnage de chaque catégorie de marchandises d'outre-mer indispensables, pendant une période déterminée, au ravitaillement du pays. »
Du contre-amiral Gabriel Auphan, sous-chef d'État-major des forces maritimes françaises, à Hypolite Worms, Vichy : « M. H Worms est autorisé à pénétrer dans l'immeuble de l'amirauté pour motifs de service. »
D'Hypolite Worms : [Extrait d'une lettre datée du 10 août 1940, à Vichy.] Hypolite Worms informe son correspondant [dont le nom n'est pas précisé] qu'il est venu directement de Londres à Vichy, par Lisbonne, Madrid et Barcelone, après un voyage qui a duré quinze jours... « Je suis ici pour rendre compte de ma mission et régler un certain nombre de questions rendues difficiles à la suite de la rupture des relations entre les deux gouvernements. »
D'Hypolite Worms, chef de la délégation française au Comité exécutif des transports maritimes, au secrétaire d'État à la Marine : Rapport sur sa mission à Londres. [Ce document rend compte des décisions et des faits principaux qui sont intervenus entre le 12 juin 1940 et le départ d'Hypolite Worms de Londres ; ces informations ont été extraites de ce rapport et classées selon les dates auxquelles elles se rapportent : 6 mai 1940 (invasion de la Norvège), 21 mai 1940 (invasion du nord de la France), 12 juin 1940 (interruption des communications entre Paris et Londres et communications avec New York), 22 juin 1940 (armistice franco-allemand), 28 juin 1940 (date de reprise des chartes négociée aux termes de l'accord du 4 juillet 1940), 29 juin 1940 (télégramme - question des navires sur trafic colonial), 4 juillet 1940 (accord avec le Ministry of Shipping), 6 juillet 1940 (accord financier entre Emmanuel Monick et SD Waley), 12 juillet 1940 (télégramme - question des navires sur trafic colonial), 15 juillet 1940 (suivi à Londres des détails d'exécution de l'accord du 4 juillet 1940), 16 juillet 1940 (reprise des cargaisons) et 17 juillet 1940 (assurance des navires neutres sur trafic France et colonies). « Le résultat de ces différents accords sera que la France aura pu se dégager, sans perte sensible, des 1.900.000 tonnes de navires neutres et alliés qui lui avaient été attribués par les accords franco-anglais ; être créditée par l'Angleterre de toutes les marchandises saisies, au prix courant, au lieu des prix bas qu'aurait pu donner la vente de ces mêmes marchandises aux enchères publiques, après réquisition ; et confirmer à tous les pays alliés et neutres, et plus particulièrement à la Suède, à la Norvège, à la Hollande et à la Grèce, dont nous avions les navires en affrètement, que la France tenait ses engagements et ne les laissait pas seuls en face du Ministry of Shipping, qui aurait pu, sans ces accords amiables, profiter des circonstances nouvelles pour modifier les contrats passés, pour tous les navires qui avaient été attribués à la France. »
Note [non datée - le classement de ce document au 1er août 1940 se fonde sur le fait que l'auteur a connaissance de la remise par Hypolite Worms aux autorités vichyssoises de son rapport sur sa mission à Londres, remise qui s'est effectuée à cette date.] "Résumé des travaux de la délégation française au Comité exécutif franco-anglais des transports maritimes (1er décembre 1939 - 10 juin 1940)". [Les renseignements ont été reportés aux dates auxquelles sont survenus les événements abordés dans le texte. Sur les activités d'Hypolite Worms, voir l'article intitulé Mission d'Hypolite Worms à Londres (novembre 1939-août/septembre 1940).]
D'Hypolite Worms : [Extrait de son interrogatoire par le juge Thirion en date du 26 septembre 1944.] Hypolite Worms précise que les personnalités qui ont connu son activité ou l'ont approuvée, sont : M. Monick, alors attaché financier à Londres et qui fut secrétaire général provisoire au ministère des Finances, M. Pleven, René Mayer et Jean Monnet.
D'Hypolite Worms : [Extrait de son interrogatoire par le juge Georges Thirion en date du 17 octobre 1944.] « A mon retour en France, convaincu que j'étais de l'impossibilité d'une invasion de l'Angleterre au point de vue technique et toujours persuadé des décisions de résistance, je suis allé voir pour leur exposer mon point de vue les ministres auxquels je devais rendre compte de ma mission, et que je connaissais personnellement pour les avoir rencontrés précédemment sur le plan professionnel. J'ai vu ainsi l'amiral Darlan et l'amiral Auphand, MM. Baudouin, Piétri, Lemery et Bouthillier. J'ai été reçu de manières diverses, mais je tiens à souligner que ce fut auprès de M. Bouthillier et de M. Lemery que j'ai trouvé la plus grande compréhension. »
De l'amiral François Darlan, secrétaire d'État à la Marine, Vichy : [Extrait d'un courrier adressé au général de La Laurencie, délégué général du gouvernement français pour les territoires occupés, le 28 octobre 1940.] « M. Worms était chargé officiellement pendant la guerre d'une importante mission en Grande-Bretagne pour le compte de la Marine marchande française. Le gouvernement français a pu apprécier, tant au cours de cette mission qu'à sa conclusion, les mérites, le talent et l'indépendance de M. Worms. J'ai tenu moi-même à lui exprimer, en août dernier, mes félicitations et la reconnaissance du pays. »
Du secrétariat d'État à la Marine : Document (non daté) intitulé "Note explicative sur l'accord du 4 juillet".
De Jacques Barraduc, à Hypolite Worms : [Extrait d'une note datée du 5 mars 1947.] « Au début de la guerre, M. Hypolite Worms était en Grande-Bretagne le représentant du ministre de la Marine marchande française. C'est en cette qualité qu'il négocia avec le gouvernement anglais, lorsque fut signé l'armistice entre la France et l'Allemagne, les accords qui portent son nom. De sa propre initiative et en violation des clauses adoptées par Pétain, qui interdisaient à la France de traiter ni même négocier avec les puissances étrangères en état de guerre avec l'Allemagne, H. Worms, en plein accord avec M. Monick, alors attaché financier auprès de l'ambassade de France (voir attestation de M. Monick, pièces cotées 15 et 16) négocia le transfert au profit du gouvernement anglais de tous les contrats d'affrètement signés avant l'armistice par la Mission de la Marine marchande pour compte du gouvernement français. Par ce transfert, toute la flotte marchande au service de la France passait au service de l'Angleterre, qui nous reprenait au prix coûtant les cargaisons, notamment de matériel de guerre, qui se trouvaient à bord de ces navires. L'Angleterre prenait la suite de tous les engagements de la France en matière de tonnage marchand allié ou neutre. M. Worms donna instructions de diriger sur Liverpool les vapeurs "Dalcross" et "Tilsington Court", dont les chargements (obus, fusils mitrailleuses) devaient être terminés et qui étaient destinés à des ports français. »
De Gabriel Le Roy Ladurie : [Extrait d'une note datée du 13 octobre 1944.] « Je ne devais repasser par Vichy et seulement pour quelques heures [qu']en août 1940, j'allais y reprendre contact avec M. Hypolite Worms, retour de Londres. » [Voir août 1942.]
[Extraits de l'interrogatoire de Gabriel Le Roy Ladurie par le juge Georges Thirion en date du 16 novembre 1944, de l'interrogatoire d'Hypolite Worms en date du 16 novembre 1944 et de l'audition de Raymond Meynial en date du 17 novembre 1944.] A son retour de Londres, Hypolite Worms est informé par Gabriel Le Roy Ladurie de l'entrée de Worms & Cie au capital de la société Metalla, à la demande du ministère de l'Armement. La Maison demande à Raymond Meynial de suivre sa participation dans la société Le Molybdène, dont il est nommé administrateur. Celui-ci comprend 10 membres dont, en plus de Raymond Meynial, Jean-Marie Vinson et Martiel Pitavino ont été proposés par Worms. La Maison a maintenu en place le président directeur général, Eugène Guernier, et tout l'appareil directeur (technique et commercial) de la société.
De Worms & Cie : Situation de la flotte. Entre le 6 juin 1940 et 31 juillet 1940. "La-Mailleraye", "Bidassoa", "Château-Yquem", "Le Trait", "Pontet-Canet", "Château-Latour", "Château-Pavie", "Château-Larose", "Lussac", "Biscarosse"*, "Guilvinec"*, "Grand-Quevilly"*, "Jumièges", "Espiguette"*, "Perros-Guirec"*, "Château-Palmer", "Mérignac", "Fronsac", "Normanville", "Margaux". [Les navires signalés par * sont identifiés dans une note du 2 août 1940 comme des ex France Navigation.] Ces unités sont localisées à Bayonne, au Havre, Bordeaux, Casablanca, Mazagan, Tunis, Lisbonne, Rouen, Plymouth et Brest. Patrouilleurs auxiliaires : "Cérons" (échoué), "Léoville", "Listrac", "Médoc", "Pessac", "Sauternes" et "Pomerol".

2 août 1940
De Worms & Cie : Position de la flotte. Entre le 18 juin 1940 et 22 juillet 1940. "La-Mailleraye", "Bidassoa", "Fronsac", "Mérignac", "Château-Yquem", "Le Trait", "Pontet-Canet", "Château-Latour", "Château-Pavie", "Château-Larose", "Château-Palmer", "Lussac", "Caudebec", "Jumièges", "Normanville". Ces unités sont localisées à Bayonne, Bordeaux, Casablanca, Mazagan, Oran, Rochefort, Port Lyautey et Brest. Navires militarisés : "Barsac" (perdu le 7 janvier 1940), "Léoville" (perte non confirmée), "Cérons" (coulé), "Sauternes", "Pomerol", "Pessac", "Médoc", "Listrac" et "Margaux". Vapeurs en gérance ex France Navigation : "Biscarosse", "Guilvinec", "Grand-Quévilly", "Espiguette", "Kerkena" et "Perros-Guirec". Navires donnés en gérance par les Transports maritimes : 18 unités, localisées entre la fin mai et le début juillet 1940 dans la Tyne, à Grangemouth, Calcutta, Dakar, Manchester, Sète, Gibraltar, Nemours, Ceuta, Tunis, Bizerte, Valence, Barcelone, Cardiff, Nantes, Lorient, Hull, Caen, Newcastle, Bayonne, Port Talbot et Marseille.
De la Nouvelle compagnie havraise péninsulaire, à Worms & Cie : Position de la flotte. "Ville-de-Majunga, "Ville-de-Reims", "Ville-de-Metz", "Bourdonnais", "Malgache", "Ville-de-Tamatave", "Ville-de-Rouen", "Ville-d'Oran", "Yiannis" (navire affrété par les Transports maritimes et confié en gérance à la Nochap), "Ville-du-Havre" et "Condé". [Les informations données dans cette note sont comprises entre le 2 mai 1940 et le 8 juillet 1940.]
De la Société française de transports pétroliers, à Worms & Cie : Position de la flotte. "Bourgogne", "Saintonge", "Franche-Comté", "Lorraine", "Languedoc", "Champagne", "Roussillon" et "Touraine". Ces navires sont localisés entre le 5 juin et le 24 juillet 1940 à Fort-de-France, Quiberon, Saint-Nazaire, Oran, Verdon, Curaçao, Casablanca, Trinidad, Bâton-Rouge et Nouvelle-Orléans. Flotte de l'État. "Dauphiné", "Limousin", "Vendée" et "Picardie". Ces navires sont localisés entre le 12 juin et le 12 juillet 1940 à Tunis, Casablanca, Saint-Nazaire et Oran. Flotte SCT [Société Courtage et Transport.] "Phénix" et "Capitaine-Damiani". Ces pétroliers sont localisés entre le 9 juin et le 31 juillet 1940, à Istambul et Marseille. Navires en avaries ou en grosses réparations : "Capitaine-Damiani", "Picardie" et "Vendée" (échoué).

4 août 1940
D'Hypolite Worms, Vichy, à Sir Cyril Hurcomb, Londres : Télégramme. « gouvernement français a décidé [de] libérer tous navires neutres affectés [au] trafic colonial qui peuvent librement sortir [des] ports français et coloniaux. Étant donné que mon voyage pour arriver [à] Vichy a duré quinze jours et qu'en conséquence décision [de] principe n'a pu être prise que ces jours-ci, que par conséquent il sera matériellement impossible à tous navires [de] rejoindre port britannique le plus rapproché à désigner par armateur avant [le] 16 août, date d'échange de la couverture des risques de guerre, je demande [à Sir] Hurcomb [de] prier War Risks Committee [de] maintenir assurance pour tous navires qui matériellement ne seraient pas arrivés avant [le] 16 août. »

5 août 1940
De Worms & Cie : "Navires Worms affrétés par la Marine et militarisés". "Barsac", "Léoville", "Cérons", "Sauternes", "Pomerol", "Pessac", "Médoc", "Listrac", "Margaux". "Barsac" perdu le 7 janvier 1940, son remplacement par le "Rostoc" est à l'étude. « "Cérons" - Nous avons la quasi-certitude que ce navire a été coulé le 11 mai devant Veules-les-Roses, après une conduite héroïque. Mais nous n'en avons pas la confirmation officielle. Le capitaine Eve, prisonnier en Allemagne, a écrit à sa femme. La femme du second capitaine, Mme Bargain, a pu faire savoir à la DGSM que son mari était prisonnier en Belgique et qu'il avait pu être sauvé lors du naufrage de "Cérons". "Léoville". Le bruit court que ce bateau aurait été perdu mais ni la DGSM ni personne n'a pu avoir la moindre confirmation. Nous ne sommes d'ailleurs nullement informés de ce que sont devenus les six autres navires, bien qu'aucun bruit fâcheux ne soit parvenu jusqu'à nous à leur sujet. »
De Worms & Cie : Note intitulée "Indemnités résultant de l'application de l'avenant du 29 mai [1940] présenté par la Marine marchande". Navires pris par la flotte charbonnière : "Normanville", "Jumièges" et "Caudebec" « de sorte que pour eux il est douteux que l'on applique le barème, et notamment qu'on leur paie le 10ème de la valeur donnée dans l'indemnité mensuelle. »
De Worms & Cie : Note intitulée "Assurance risques maritimes ordinaires". « Les relations franco-britanniques ont pris une tournure telle qu'il est à craindre qu'en cas de sinistre, les assureurs de Londres ne règlent pas les avaries et/ou pertes. Or, la place de Londres participe largement à la couverture des risques maritimes français, [soit] par le pourcentage couvert directement par les compagnies anglaises. (Nochap a 8% de sa flotte assurés directement par des britanniques ayant une organisation à Paris et la SFTP avait remis 40% de son risque maritime directement à Londres), [soit] par la réassurance effectuée par les assureurs français, d'un pourcentage généralement très important. Des dispositions ont été prises. Navires affrétés par l'État. Le service des assurances de la Marine marchande couvrirait la carence des réassureurs moyennant une surprime supplémentaire. [Celle-ci] payée par l'armateur lui serait remboursée par l'État, nonobstant l'indemnité forfaitaire prévue par la charte-partie en projet, et qui comprend l'assurance maritime. Il serait nécessaire de s'appuyer sur un acte officiel préalable, déclarant caducs les contrats passés avec les assureurs anglais. Navires libres. Nous n'avons pas autre chose que le décret du 16 juillet 1940, instituant un régime de réassurances d'État contre les risques maritimes ordinaires des corps des navires, d'une part, battant pavillon français et, d'autre part, des navires étrangers affrétés pour le compte du gouvernement français. Un décret postérieur doit [instituer] une "Caisse de réassurances". [Actuellement], il est impossible à Worms & Cie de couvrir la part douteuse de "La-Mailleraye", aussi bien qu'à la SFTP, les pourcentages considérables qui se rapportent aux quatre pétroliers affrétés à temps par la Marine nationale. » Demande d'un « décret obligeant les intéressés à rompre le lien qui existe avec les réassureurs ou les assureurs anglais » et d'identifier « le service à qui il conviendra de s'adresser ». Probabilité d'une prime supplémentaire non-remboursée par l'État. « La situation est grave car les navires ne sont qu'incomplètement couverts actuellement et tous courent cependant les risques de port, qui ne sont pas absolument nuls. Il est permis d'espérer qu'ils vont naviguer et d'ailleurs "Château-Palmer" a reçu l'ordre - qu'il a exécuté - de la Hafen Kommandantur, d'accomplir le voyage Bayonne/Rochefort pendant lequel il a couru les risques de mer normaux. Pour ce qui est de la SFTP et des bateaux affrétés à la Marine nationale, une solution élégante consisterait à demander à cette administration d'accepter une surprime à débattre et de couvrir le risque exposé. »
De la Nouvelle compagnie havraise péninsulaire - NCHP ou Nochap : Note [sans destinataire] relative aux indemnités résultant de l'application de l'avenant préparé par la Marine marchande. Concerne "Condé", "Ville-de-Tamatave", "Ville-de-Majunga, "Ville-de-Reims", "Ville-de-Rouen", "Ville-du-Havre", "Ville-de-Metz" et "Ville-d'Oran".
De la Société française de transports pétroliers : Note intitulée "Tableau des indemnités forfaitaires mensuelles". Concerne "Bourgogne", "Saintonge", "Franche-Comté", "Roussillon" et "Touraine".

6 août 1940
De la direction générale des Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime, Paris, à Hypolite Worms : « Nos installations sont complètement intactes. Lorsque Abbat a regagné Le Trait il avait trouvé les Chantiers occupés par un détachement de gardes de la Marine allemande ; ce détachement est entré à Rouen. Le pays héberge 5 à 600 soldats allemands en cantonnement. Actuellement l'effectif est d'environ 500 ouvriers qui travaillent 39 heures par semaine. » Mise à la retraite anticipée de quelques contremaîtres et dessinateurs ainsi que déclassement de certains chefs d'équipe. Réduction provisoire des salaires d'environ 10 à 15% en harmonie avec des mesures prises à Rouen pour l'ensemble des entreprises ; annulation prochaine de cette baisse. « Du côté allemand, on nous a dit de poursuivre la construction des pétroliers "La-Charente" et "La-Mayenne" et de procéder à la construction de quatre chalands à essence. Du côté français, nous avons l'ordre de poursuivre la construction des trois pétroliers, "La-Charente", "La-Mayenne" et "La-Baïse", et nous avons confirmation de l'Amirauté pour la construction de deux "Malgache". » Problème de l'approvisionnement en tôles et profilés. Remise en état des bacs de la Seine-Maritime. « Nous devons également transformer, pour compte de l'Amirauté allemande, un certain nombre de chalands fluviaux ; ce travail nous ayant été signalé comme très urgent par les autorités en question. » Problème examiné avec l'ingénieur général Norguet, « arrivé à Paris pour traiter au nom du gouvernement français les questions qui intéressent la construction navale, et avec lequel nous entretenons une collaboration extrêmement précieuse. Nous avons peur d'être obligés de freiner à certains moments par suite du manque de certains approvisionnements. »

8 août 1940
De Worms & Cie : [Extrait d'une note datée du 7 décembre 1944.] Réquisition du "Château-Palmer" par les autorités allemandes.

10 août 1940
[Extrait d'une note, sans émetteur ni destinataire, datée du 24 août 1940.] Proposition du gouvernement français adressée, par l'intermédiaire du gouvernement américain, au gouvernement de Londres, de conclure un arrangement de ravitaillement. « Le 10 août, notre consul général à Londres nous a fait savoir que le gouvernement britannique étudie nos propositions "avec un soin extrême, en analysant tous les éléments en présence, la question étant grave". »
D'Hypolite Worms, Vichy, à Sir Cyril Hurcomb, Londres : Télégramme. « My journey to Vichy having taken a fortnight, I only arrived here on the second of August. Stop. Hence delay. But owing to delays due to length my return journey and withdrawal official french code which has prevented your receiving my previous telegrams must ask you arrange for War Risks Committe extend insurance for french account on ships which cannot materially reach first british port within the thirty days specified your letter 17th july and for the number of days necessary to enable them reach such port. » [A plusieurs reprises, Hypolite Worms donne le 2 août comme date de son arrivée à Vichy. Ce que ne confirment ni la date du rapport qu'il a remis au secrétariat d'État à la Marine, ni celle de l'autorisation qui lui est remise de pénétrer dans l'immeuble de l'amirauté, lesquelles sont établies au 1er août. Peut-être est-ce un moyen de prolonger d'une journée le délai négocié avec le War Risks Committee.]
D'Hypolite Worms, Hôtel Majestic, Vichy, [destinataire non précisé] : « Votre lettre du 3 août qui m'a fait grand plaisir, m'est parvenue ici à Vichy où je suis depuis huit jours... Lorsqu'on m'aura donné quitus de ma gestion, je rentrerai à Paris et je pense que ce sera dans le courant de la semaine prochaine. Votre poste vous attend boulevard Haussmann. Vous pouvez parfaitement vous prévaloir de la reprise de vos occupations civiles et vous faire démobiliser en conséquence... Ladurie est venu passer vingt-quatre heures avec moi. Il est d'ailleurs reparti à Paris et j'attends, aujourd'hui, Monsieur Barnaud. J'ai vu également le commandant Terrier, venu ici de Paris avec une délégation du Comité central des Armateurs de France, pour négocier avec le ministère de la Marine marchande. Par lui, j'ai su que ce brave Denis est en parfaite santé. »

11-13 août 1940
Du contre-amiral Gabriel Auphan, secrétariat d'État à la Marine, à Hypolite Worms, Vichy : Ordre de mission en Français et en Allemand, signé à Vichy, enjoignant à Hypolite Worms, chargé de mission par le secrétariat d'État à la Marine, de se rendre à Paris pour une dizaine de jours.

13 août 1940
Du contre-amiral Gabriel Auphan pour l'amiral François Darlan, secrétaire d'État à la Marine, à Hypolite Worms, délégué de l'amirauté, Vichy : « Je vous serais reconnaissant de bien vouloir vous rendre à Paris, avec votre secrétaire, M. Meynial, pour affaires de service. Dès que vous le pourrez, vous voudrez bien revenir à l'amirauté pour vous mettre de nouveau à ma disposition. »
De Renaud de Rochebrune et Jean-Claude Hazera : [Extrait du livre "Les Patrons sous l'Occupation. II", éditions Odile Jacob, 1995, coll. Opus 1997. P. 215.] « Raymond Meynial se souvient de ce voyage vers la capitale comme d'une grande frayeur. Worms "n'était pas juif mais... " il valait mieux que personne ne s'intéresse de trop près à ses papiers. L'armateur ne parlait pas allemand mais Raymond Meynial, en revanche, se débrouillait parfaitement, comme d'ailleurs Le Roy Ladurie, dans la langue de Goethe. Alors il a bavardé avec le soldat qui contrôlait les cartes d'identité et autres autorisations de passage jusqu'au coup de sifflet du départ. "II n'était pas juif, mais..." : nous touchons là à la deuxième explication, paradoxale, de son retour. Rentré dès le 29 juin à Paris, Gabriel Le Roy Ladurie est inquiet et il a certainement fait part de ses soucis à Hypolite Worms. "Mes informations me faisaient connaître que l'occupant avait décidé la liquidation forcée de la maison Worms dont j'avais la charge", expliquera-t-il après guerre. »
Note [sans émetteur ni destinataire] intitulée "Répartition des attributions entre le Comité exécutif franco-anglais des transports maritimes et la Mission des transports maritimes". [Les informations contenues dans cette note ont été réparties selon les dates auxquelles elles se rapportent.]
Note [sans émetteur ni destinataire] intitulée "Le ravitaillement de la France" : « Le ravitaillement est un problème qui doit faire l'objet de négociations amiables entre la France et l'Angleterre, puisqu'il faut obtenir de la Grande-Bretagne le libre passage, à destination de la France, des produits nécessaires à son alimentation, qui doivent provenir des colonies françaises. L'Angleterre n'y trouve donc aucun intérêt économique, et la question ne peut être posée que sur le plan humanitaire... Il est indispensable de ne se préoccuper que des besoins de la population civile, c'est-à-dire des produits alimentaires... Accord tacite du gouvernement allemand [tout en donnant à l'Angleterre] la certitude que [l'Allemagne] ne pourra pas empêcher le gouvernement français d'exécuter les engagements pris à cet égard... II est essentiel qu'un programme détaillé des besoins français, soit mis sur pied immédiatement. [Un] négociateur serait, éventuellement, envoyé en Angleterre. La plus grande difficulté de cette négociation se trouve dans l'établissement du contrôle destiné à donner au gouvernement britannique toute garantie que les produits importés seront consommés par la population civile française, et par elle seule. Le ravitaillement ne pourrait être effectué que par les ports de la zone non occupée. »

14 août 1940
[Extrait d'une note sans émetteur ni destinataire en date du 24 août 1940.] « Le gouvernement américain a indiqué, le 14 août, à notre ambassadeur à Washington, que nos propositions pour l'organisation du ravitaillement de la France, avaient été transmises officiellement au gouvernement britannique, dont la réponse définitive n'était pas encore parvenue à Washington. »

15 août 1940
D'Hypolite Worms : [Extrait de son interrogatoire par le juge Georges Thirion en date du 26 septembre 1944.] « Je suis rentré à Paris aux environs du 15 août. »

16 août 1940
De Jean Galtier-Boissière et Charles Alexandre : [Extrait d'un article intitulé "Vichy et les trusts", paru en 1948, dans Le Crapouillot, tome III : Histoire de la Guerre 1939-1945.] « La fameuse loi du 16 août [1940] sur la production industrielle a été représentée comme l'aboutissement de menées ténébreuses, depuis longtemps ourdies par l'oligarchie capitaliste ; d'aucuns vont jusqu'à dire que nos grands féodaux n'auraient pas hésité à payer cette loi du prix de la défaite. En fait, ce furent les Allemands qui l'exigèrent... La loi instituait les fameux "Comités d'organisation" qui devaient permettre une concentration industrielle accélérée... En réalité, le texte adopté répondait aux exigences que formulaient depuis des années tous les planificateurs et spécialistes de l'économie dirigée. Les grandes affaires - les trusts - devaient s'en trouver les premiers bénéficiaires et le contrôle de l'État, s'il faisait partie du programme, s'avérera illusoire. L'attribution du portefeuille de la production industrielle ne s'était pas faite sans difficultés, au lendemain du 10 juillet. (Réf. à un barrage contre "un certain Peyrecave" par un clan de la Confédération générale du patronat, et notamment par Nicolle)... Vichy regorgeait de représentants du haut patronat... "Ici l'atmosphère empuantie de Vichy se corse encore de l'étalage cynique des appétits de Messieurs les grands patrons et de leurs représentants... Toujours les mêmes" [dixit un représentant de la CGPF.] M. de Peyerhimof, du Comité des Houillères, demanda raison à Nicolle de l'éviction de son Peyercave et l'invita du même coup à déguerpir de Vichy... On se tromperait en pensant que l'affairiste Laval était d'une domesticité parfaite à l'endroit des Deux-Cents-Familles... Laval, bien que fricoteur, avait gardé des façons auvergnates d'arrondir son lopin. Le "big business" et les conseils d'administration n'étaient pas son fait... Belin ne dut d'être embarqué qu'aux nécessités du dosage ministériel : un représentant de la "classe ouvrière" avec une figure plus ou moins fanée d'homme de gauche, devait faire contrepoids aux généraux que Pétain avait assemblés sous sa houlette. Belin était un syndicaliste parfaitement rassurant... Son rôle dans l'élaboration de la loi du 16 août s'avère assez mince. Sans doute ne fut-il qu'un prête-nom. Les auteurs véritables doivent être cherchés dans le "Brain's trust" que Belin abritait au ministère de la Production : Barnaud, de la Banque Worms, et Bichelonne. P. Nicolle cite aussi parmi les fabricateurs du projet : Pierre Laroque, Jean Coutrot, réputé le grand homme de la synarchie, et Davezac, affilié de la haute oligarchie... » [Au sujet de Pierre Nicolle, voir Roger Mennevée, article intitulé "La Banque Worms en 1951 et les appels aux capitaux de son groupe d'affaires" - paru dans Les Documents de l'agence indépendante d'informations internationales, en janvier 1952.]
De Jacques Marchegay, Comité central des armateurs de France : [Extrait d'une note datée du 13 septembre 1940.] « La loi du 16 août 1940 prévoit qu'à titre provisoire et jusqu'à l'établissement du cadre définitif de l'organisation professionnelle, il sera créé dans chaque branche de l'activité industrielle ou commerciale dont la situation rendra cette création nécessaire, un comité d'organisation, dont elle définit dans ses grandes lignes le programme. » [Ces comités sont dirigés par un président ou un directeur responsable et ont un service de répartition des matières premières, lui-même dirigé par un répartiteur jouissant de pouvoirs étendus.]

20 août 1940
[Extrait d'une note, sans émetteur ni destinataire, datée du 24 août 1940.] « Le 20 août, notre ambassadeur à Washington nous a fait savoir que le gouvernement américain ne presserait pas la Grande-Bretagne pour la décider à accepter nos propositions de ravitaillement de la France. »

21 août 1940
[Extrait d'une note, sans émetteur ni destinataire, datée du 24 août 1940.] « La délégation française à la commission d'armistice de Wiesbaden a demandé, dans le courant d'août, une autorisation à l'Allemagne pour le transport d'AOF en France de 240.000 tonnes d'arachides. Le Reich a répondu, le 21 août, que chaque fois qu'une autorisation semblable serait accordée, la fourniture de 50% des cargaisons devrait lui être assurée. Notre délégation à la commission d'armistice de Turin a reçu de la délégation italienne des demandes de fournitures à l'Italie de tonnages considérables [en] métaux, produits chimiques, minerais, phosphates et pétrole... Les puissances de l'Axe ont déclaré (21 août) que le pétrole serait considéré comme matériel de guerre et qu'un contrôle des stocks métropolitains français serait exercé par elles, non seulement en zone occupée, mais encore en zone non occupée. L'Italie a laissé entendre que, si nous ne répondions pas favorablement à sa demande, nous nous exposerions à la saisie des stocks métropolitains approvisionnés pour les besoins de nos forces armées... »

22 août 1940
[Extrait d'une note, sans émetteur ni destinataire, datée du 24 août 1940.] « Le 22 août, M. de Saint-Quentin a indiqué que l'appui que MM. Roosevelt et Hull pourraient prêter à nos demandes de ravitaillement dépendrait de la tournure prise par les négociations engagées entre Washington et Londres à ce sujet. »

24 août 1940
Note [sans émetteur ni destinataire], Vichy : "Ravitaillement de la France, ses difficultés, mesures envisagées depuis l'armistice". Difficultés de ravitaillement de la France qui est « hors d'état, en temps normal, de subvenir par elle-même à ses besoins », suite aux mesures prises depuis l'armistice et, notamment, à la division du territoire en deux zones par "un mur infranchissable" qui empêche les entreprises de s'approvisionner en matières premières et les condamne à arrêter leur production. « En zone libre... le taux de change très onéreux imposé par l'Allemagne met à la disposition des troupes d'occupation un pouvoir d'achat considérable qui permet à celles-ci de la vider peu à peu de ses stocks, au détriment du ravitaillement de la population française... Notre demande de reprise générale du trafic maritime dans l'Atlantique n'a pas reçu de réponse de l'Allemagne. [En temps de paix, il existait une 20e de départs par mois sur toutes les lignes.]... Seuls ont été autorisés les voyages de Dakar sur Bordeaux (et non sur Marseille) de 3 navires frigorifiques, et de Casablanca sur Bordeaux de 2 navires frigorifiques... Notre demande de reprise générale du trafic en Méditerranée orientale n'a pas reçu de réponse de la commission italienne d'armistice. Avant la guerre, il existait deux lignes reliant les États du Levant à la France ; l'une, la ligne du Nord, par le Pirée ; l'autre, la ligne du Sud, par Alexandrie. Notre demande de reprise du trafic ne porte que sur la ligne Nord, soit sur la remise en service de 3 paquebots et de 2 cargos français. En temps de paix, 8 paquebots et cargos français circulaient, chaque mois, sur les deux lignes... » Au sujet des demandes de ravitaillement adressées par la France à l'Angleterre : « Actuellement, l'attitude britannique paraissait s'être raidie, depuis le discours Churchill. M. Summer Welles a confirmé à M. de Saint-Quentin qu'il était toujours sans réponse officielle de Londres aux propositions françaises transmises par Washington... En ce qui concerne les États-Unis, les négociations de ravitaillement pourraient concerner l'assistance humanitaire ("relief") par l'entremise de la "Croix Rouge" ou de l'organisation Hoover ; des échanges comportant des achats de céréales, matières premières, etc., payables en marchandises ou avec les dollars bloqués dont dispose le gouvernement français aux États-Unis. A défaut d'arrangement franco-britannique, le gouvernement des États-Unis n'acceptera de demander le libre passage au gouvernement du Royaume-Uni pour les marchandises à fournir à la France, que si nous sommes en mesure d'offrir des garanties suffisantes de non emploi ou de non réquisition par l'Allemagne. » [Les informations antérieures au 24 août, contenues dans cette note ont été réparties selon les dates auxquelles elles se rapportent.]

25 août 1940
De la Société française de transports pétroliers, Fort-de-France, à Worms & Cie Marseille : « Le "Bourgogne" se trouve à Fort-de-France depuis son arrivée de Casablanca... Le "Limousin" se trouve également en rade de Fort-de-France, et M. Le Gouefflec, capitaine du "Languedoc" dont le navire a été arrêté et saisi par l'amirauté anglaise, vient d'arriver avec une partie de son équipage. »

27 août 1940
Du maréchal Pétain, chef de l'État français : Décret-loi résiliant des contrats d'assurances maritimes sur corps et machines souscrites par des sociétés étrangères.
De [Worms & Cie], Paris : Note [sans émetteur] relative au décret du 16 juillet 1940 instituant, « pour la durée de la guerre et les 6 mois qui suivent la signature du traité de paix, un régime de réassurance d'État contre les risques maritimes ordinaires des corps de navires battant pavillon français. Cet acte a pour objet de pallier la défaillance, qui peut résulter de la situation actuelle internationale, des réassureurs britanniques. Les armateurs ne peuvent se désintéresser de cette question, car ils courent un risque grave au cas où les réassureurs britanniques, se dérobant tous à la fois, les compagnies d'assurance françaises se trouveraient soudainement en face d'obligations qu'elles ne pourraient remplir. Tel qu'il est rédigé le décret ne semble pas suffire pour leur donner les apaisements voulus. Il conviendrait qu'un décret fût pris, annulant tous les contrats de l'espèce, à compter d'une date à déterminer. La date à choisir comme limite de validité des contrats en cours au 25 juin 1940, doit être suggérée par les assureurs eux-mêmes. Il semble, a priori, que celle du 1er octobre soit opportune. Il paraît essentiel que l'armement français soit dégagé par décret des contrats qu'ils ont signés. » [Est joint à cette note le texte de loi modifiant et complétant la loi du 16 juillet 1940.]
De Worms & Cie : [Extrait d'une note datée du 24 octobre 1944.] Réquisition du navire "Le-Trait" par les Allemands le 27 août 1940. [Voir également une note datée du 7 décembre 1944.]

28 août 1940
D'Hypolite Worms, Vichy, à M. Revoil, Worms & Cie, 28, rue Grignan, Marseille : « Je rentre de Paris. Je reste ici quelques jours, et s'il est possible que j'aille vous voir à Marseille, si les circonstances me permettent d'aller me reposer quelques jours au Cap-Ferrat, comme j'en ai un peu l'intention... Il y a, en outre, des papiers relatifs la question des gazogènes, qui vous sont destinés. »

29 août 1940
Du Journal de la Compagnie navale Worms (1882-1892), page 58 : Rapport de A. Kergroach, Nantes, capitaine au long cours, capitaine intérimaire du "Ville-de-Reims". « Le 20 août, un officier allemand me remet un certificat de prise, daté du 24 juin 1940. Le 23 août, l'équipage allemand embarque... Les officiers allemands prennent possession... »

30 août 1940
De M. Gardanez, secrétariat d'État à la Marine, à Hypolite Worms, Vichy : « Les Missions de liquidation seraient obligées avoir confirmation que l'État français continue à assurer les cargaisons flottantes et dirigées sur ports britanniques suivant accord Worms, la cession de nos contrats au gouvernement britannique ne prenant effet qu'à I'arrivée des vapeurs en Grande-Bretagne ou dans port britannique. En cas de sinistre le règlement doit-il être fait à Londres ou par les services d'assurance en France ? »
De Worms & Cie: [Extrait d'une note datée du 7 décembre 1944.] Réquisition du "Pontet-Canet" par les autorités allemandes.

31 août 1940
De l'amiral de la flotte F. Auphan, au ministre de la Production industrielle et du Travail : Note. « En réponse à votre lettre du 17 août, sous timbre Section des carburants, je vous signale qu'aucun procès-verbal n'a été émis à la suite de l'exposé fait par M. H. Worms, exposé qui n'a constitué que le commentaire des accords passés. »

Août-septembre 1940
De Gabriel Le Roy Ladurie, Fresnes : [Extrait d'une note datée du 26 septembre 1944.] « Dès août 1940, Pierre Laval se déclare l'adversaire décidé de notre Maison. »
De Gabriel Le Roy Ladurie : [Extrait d'une note datée du 13 octobre 1944.] Pierre Laval. « Fut-il déçu de son échec sur ce point [arrangement avec Paul Baudouin] ? Lui a-t-on plus tard rapporté certains de mes propos sur la façon qu'il avait de comprendre les relations entre l'occupant et nous ? Toujours est-il que, dès le mois d'août, il prit vis-à-vis de notre Maison et de moi-même l'attitude la plus hostile, attitude dont jusqu'au dernier jour il ne se départit jamais. Devant les dangers que son animosité faisait courir à notre Maison et à certains d'entre nous, je me résolus à aller deux ou trois fois le voir lors de ses voyages à Paris pour tenter de le neutraliser. Ce fut peine perdue. » [Voir 13 décembre 1940.]
D'Hypolite Worms : [Extrait de son interrogatoire par le juge Georges Thirion en date du 17 octobre 1944.] « En août et septembre 1940, j'ai fait plusieurs voyages à Vichy pour y rencontrer l'amiral Auphan, directeur de la Marine marchande, à l'occasion de la mission que j'avais remplie en Angleterre. Au cours d'un de ces voyages, ayant entendu dire que M. Laval tenait des propos hostiles à ma personne et à ma Maison, je lui demandais audience. Je fus reçu par M. Laval qui se montra violent et me reprocha d'être opposé à sa politique. Je lui ai assuré que je n'avais rien fait contre lui et que j'avais pour règle de m'abstenir de toute activité politique. M. Laval m'a parlé de certaines personnes de mon entourage, et plus spécialement de M. Le Roy Ladurie, qu'il accusait d'être monarchiste. M. Laval insista sur le fait qu'il "casserait les reins", selon sa propre expression, à toute personne qui s'opposerait à lui. Depuis, je n'ai plus revu M. Laval et pas davantage l'amiral Darlan ni aucun autre ministre. Je n'ai jamais assisté à aucune réunion politique privée ou autre. » [Dans ce même document, Hypolite Worms indique que son entretien avec Pierre Laval a précédé de peu de jours la campagne de presse qui va se déchaîner à l'encontre de la Maison dès le 21 octobre. « Sans pouvoir être affirmatif, à cet égard, indique-t-il, je puis me demander si un rapprochement n'est pas à faire entre cette visite et la campagne qui a suivi. » Les propos d'Hypolite Worms sur son entrevue avec Pierre Laval sont cités par Renaud de Rochebrune et Jean-Claude Hazera dans "Les Patrons sous l'Occupation. II".]
De Worms & Cie : [Extrait d'un mémoire intitulé "Statement prepared by Worms & Cie relating to its wartime history and the French", et daté du 20 septembre 1947.] « M. Hypolite Worms met Admiral Darlan twice in his life, namely when in 1940 he reported on his London mission. He never saw him again and had no dealings of any nature with him. »

Septembre 1940
La succursale de Rotterdam est placée sous séquestre.
De Jacques Barnaud : [Extrait d'une note non datée et classée en 1945.] « Septembre 1940. Les autorités allemandes avaient vu d'un très mauvais oeil la création des Comités d'organisation. Elles firent de violentes remontrances à ce sujet et nous pûmes difficilement en obtenir le maintien. C'est à partir de cette date qu'elles exigèrent qu'aucune loi applicable à la zone occupée ne soit promulguée sans leur autorisation. Elles se rendaient parfaitement compte que cette organisation gênait leurs désirs de main-mise sur l'industrie, car leur action eut été beaucoup plus efficace si elles avaient pu discuter librement avec chaque chef d'entreprise plutôt que de voir se dresser devant elles des organismes plus lourds et plus puissants, pouvant opposer une force d'inertie plus grande, et elles exigèrent alors en septembre 1940 la création des Offices de répartition des matières premières. Si nous n'avions pas accédé à cette époque à leur demande, elles auraient créé elles-mêmes ces offices, prenant en main toute la répartition des matières premières. »
[Extraits d'une note du 22 novembre 1944 et de l'interrogatoire d'Hypolite Worms et de Gabriel Le Roy Ladurie par G. Thirion en date du 25 novembre 1944.] Entreprises Japy Frères. « Dès le mois de septembre 1940, la société a été l'objet de démarches de la part des autorités allemandes pour exiger une part très importante, sinon la totalité, des fabrications. L'administration de la société a fait l'impossible pour réduire les livraisons aux Allemands par rapport à celles destinées au marché français, mais les autorités d'occupation ont exigé, après des discussions interminables, que 70% au moins de la production des usines Japy leur soient réservés. » [Cette question est traitée dans de nombreuses notes et dépositions, recueillis dans le cadre de l'instruction des procès d'Hypolite Worms et de Gabriel Le Roy Ladurie, et classés dans le recueil annuel 1944.]

1er septembre 1940
De Worms & Cie : [Extrait d'une note datée du 24 octobre 1944.] Réquisition du "Pontet-Canet" par les Allemands le 1er septembre 1940.

2 septembre 1940
[Extraits d'une note datée du 5 septembre 1944, d'un historique non daté, classé en 1944 et du rapport n°1 de Gaston Bernard au juge Thirion en date du 13 octobre 1944.] Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime. « Par lettre en date du 2 septembre 1940, l'amirauté allemande qui avait établi à Rouen, avec échelon au Trait, un service de surveillance, notifiait aux Chantiers l'ordre de reprendre la construction du sous-marin "La-Favorite". Cette lettre adressée à Worms & Cie par le kommandierender admiral Frankreich contenait le passage suivant (traduction) : "La présente confirme l'ordre, déjà donné antérieurement, d'achèvement de la construction du sous-marin "La-Favorite", sous réserve que le prix final sera ratifié par le service des contrats de chantiers auprès de l'amiral commandant en France". » [Voir 17-21 septembre 1940.]

13 septembre 1940
De Jacques Marchegay, Comité central des armateurs de France : Note sur l'organisation du Comité professionnelle de la marine marchande suite à un échange de vues avec le contrôleur Sicé (réf. à la loi du 16 août 1940 sur la création des comités d'organisation).

15 septembre 1940
Les deux textes provisoires régissant l'affrètement des navires en temps de guerre sont homologués par le gouvernement de Vichy. L'accord du 15 septembre 1940 règle les rapports de l'État et de l'armement et fixe les modalités de la charte-partie d'affrètement et de contrat de gérance technique de la Direction des transports maritimes de la Marine marchande. Il est prévu (pour les navires de plus de 500 tonneaux) des indemnités destinées à constituer les réserves nécessaires au renouvellement de la flotte. Les premières sont journalières et forfaitaires, dites de "privation de jouissance", basées sur le tonnage et la catégorie du navire, les secondes comportent en cas de perte une promesse de compensation. De son côté, l'armateur continue de gérer et d'armer sa flotte, sauf si elle est réquisitionnée par les forces militaires.

17-21 septembre 1940
[Extraits d'un historique classé en 1944 et du rapport n°1 de Gaston Bernard au juge Thirion en date du 13 octobre 1944.] Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime. Reprise, sur injonction de l'amirauté allemande, de la construction de "La-Favorite". La direction refuse verbalement d'entreprendre ce travail qui ne peut, dit-elle, lui être ordonné que par l'amirauté française. Cette position, prise dès le 17 septembre, est confirmée le 21 septembre 1940 par lettre de la direction générale au capitaine Rhein (ministère de la Marine à Paris) en ces termes : « Il nous paraît nécessaire, étant donné la nature de ces travaux et les multiples questions d'ordre technique et financier qu'il sera nécessaire pour la poursuite de cette construction, de résoudre avec notre amirauté, que cette dernière puisse nous donner ses instructions. Nous avons d'ailleurs compris que votre gouvernement allait en saisir celle-ci par la commission d'armistice de Wiesbaden... » Entre-temps, la Maison Worms a saisi de la question l'ingénieur général Norguet, lequel a répondu qu'il va entretenir le gouvernement du problème ainsi soulevé par les autorités occupantes. [Voir 27 septembre 1940.]

22 septembre 1940
D'Hypolite Worms, Hôtel Majestic, Vichy, à Jacques Barnaud, 48, avenue Eugène Gilbert, Vichy : Courrier sur une éventuelle nomination comme chef de l'armement, à la tête du Comité d'organisation, de Georges Phillipar. Celui-ci « est, paraît-il, sous la protection du Maréchal, et se targue d'être au mieux avec l'amiral Darlan. Et, enfin, tout le groupe des Chargeurs réunis est derrière lui, ce qui est peut-être sa plus grande force... Pendant votre séjour à Marseille, mardi, peut-être pourrez-vous vous en occuper. » [Le 48, avenue Eugène Gilbert, est l'adresse, à Vichy, de Worms & Cie ainsi qu'en témoigne un télégramme, non daté et classé en 1940, envoyé par Raymond Meynial à George Doriot (Harvard Business School, Philadelphie) au sujet de la Société commerciale d'outillage moderne.]
De Worms & Cie : [Extrait d'un mémoire intitulé "Statement prepared by Worms & Cie relating to its wartime history and the French", et daté du 20 septembre 1947.] « M. Hypolite Worms left Vichy about September, 1940 and never returned there except on one or two occasions at the end of 1940 or early 1941 to see the shipping section of the Ministry over business matters. The Firm had no activity there. It only kept a clerk and a typist in a small office in order to keep contact with the Office des Changes of the French Government, as did all other banks. The Firm had no branch there. »
D'Hypolite Worms [ou Raymond Meynial] : [Extrait d'une note adressée en juillet 1947 aux rédacteurs du mémoire intitulé "Statement prepared by Worms & Cie relating to its wartime history and the French", et daté du 20 septembre 1947.] « As a matter of fact, as I told you, we had no branch at Vichy but all the banks had some representative to keep contact with the Bank of France and with the Treasury Depart : so as to carry out operations with foreign countries. In order to be quite accurate we felt it better to state that we had 2 people of our firm at Vichy. This office was closed in 1942 when France was entirely occupied. »

23 septembre 1940
De Roger Mennevée : [Extrait d'un article intitulé "La Banque Worms - Histoire générale - Suite - Ses opérations pendant l'occupation de 1940 à 1944", paru dans Les Documents de l'agence indépendante d'informations internationales, en avril 1952.] « La première des opérations effectuées par la Banque Worms et Cie sous l'occupation, a été la transformation en société anonyme par acte du 23 septembre 1940, de la société à responsabilité limitée dite Manufacture centrale des machines agricoles C. Puzenat... La société était administrée par un conseil de 6 membres ; l'assemblée générale du 23 septembre avait désigné comme premiers administrateurs : Claude et Émile Puzenat, Pierre Morel d'Arleux, le duc d'Harcourt, Bernard Verdier et Pierre Pucheu, ce dernier représentant le groupe Worms - Établissements Japy Frères - M. Verdier était en outre directeur général. En même temps, le siège social était transféré à Paris 39, rue Secrétan. »

27 septembre 1940
[Extraits d'une note datée du 5 septembre 1944, d'un historique non daté, classé en 1944 et du rapport n°1 de Gaston Bernard au juge Thirion en date du 13 octobre 1944.] Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime. Reprise, sur injonction de l'amirauté allemande, de la construction de "La-Favorite". Le 27 septembre 1940, les Chantiers du Trait saisissent l'amiral Darlan, ministre de la Marine à Vichy, des prétentions allemandes et de l'attitude adoptée, - rappelant au ministère de la Marine : a) que le sous-marin est la propriété de l'État français, b) que sa construction est interdite par l'art. 1er de la loi du 20 juillet 1940 sur la construction du matériel de guerre, que si le gouvernement français donne l'ordre d'achever cette construction pour le gouvernement allemand, cet achèvement ne saurait être entrepris par la direction des Chantiers qu'en dégageant toute sa responsabilité, cet achèvement pouvant provoquer chez le personnel "des réflexes échappant à notre contrôle et sur lesquels nous pensons inutile d'insister". [Voir 29 septembre 1940.]

29 septembre 1940
[Extraits d'une note datée du 5 septembre 1944, d'un historique non daté, classé en 1944 et du rapport n°1 de Gaston Bernard au juge Thirion en date du 13 octobre 1944.] Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime. Reprise, sur injonction de l'amirauté allemande, de la construction de "La-Favorite". Par lettre, en date du 29 septembre, la Marine nationale précise aux Chantiers : « La question de la reprise de la construction des bâtiments en cours pour le compte des autorités allemandes n'intéresse pas seulement le département de la Marine. Elle fera l'objet d'instructions ultérieures qui vous seront communiquées par M. l'ingénieur général, chef du service des commandes allemandes, à Paris. Quelle que soit la décision prise à ce sujet, arrêt définitif des constructions et résiliation des marchés, ou continuation pour les autorités allemandes, vous aurez à vous entendre pour l'exécution des instructions qui vous seront notifiées avec M. l'ingénieur général, chef du service de la surveillance, à Paris. » [Voir 30 septembre 1940.]

30 septembre 1940
De Worms & Cie : Bilan général. Bilans des Services bancaires, Services charbons et des Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime. Comptes des pertes et profits : récapitulation générale, siège social, Services bancaires, Services charbons, Services maritimes, Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime.
Des Services charbons : Immobilisations et amortissements. Bilan général, Paris, Angoulême, Bayonne, Bordeaux, Dieppe, Le Havre, Marseille, Nantes, Rochefort, Rouen. [Voir les tableaux annuels des amortissements entre 1937 et 1941 concernant Bayonne, Bordeaux, Dieppe, Le Havre, Marseille, Nantes, Rouen et Huilcombus.]
Des Services charbons : Exercice. Échange de notes entre la direction générale et le contrôle financier au sujet :
- des cargaisons dues à la fin juin 1940 par la direction générale des Services charbons - DGSC - pour l'approvisionnement de toutes ses succursales en France (montant total : 105.468.15.2 £, réparti entre les succursales anglaises, H B. Williams, W. Woodthorpe, W. Cory, G. Harrison, Bruce Lindsay Bros., T.H Catcheside & Co., Ltd, Pymann Bell, Burns & Lindman, A. Wharton - cas des cargaisons déroutées ou prises) et celles dues à la DGSC en tant qu'exportateur en Grande-Bretagne (montant total : 138.389.18.5 £, réparti entre Worms importateur en France, Office des secteurs électriques, Groupement charbonnier gazier, clients de Tunisie, ORCIS, Régie des chemins de fer et des Travaux publics, Établissements Bouquet, Prosper Durand, SNCF, SHDVG, Établissements Marcesche, Mory & Cie) ;
- des avances pour un montant total de 191.000 £ effectuées par la DGSC aux succursales anglaises (dès septembre 1939, la réglementation de l'importation charbonnière en France a conduit les succursales anglaises à prendre en charge directement les "premières collectivités" - Office des secteurs électriques, Groupement charbonnier gazier, ORCIS, SNCF, compagnies de navigation, clients d'Algérie et de Tunisie, etc. - sans passer par la DGSC. De septembre à mai 1940, les achats de charbon anglais ont été réglés facture par facture, sur demandes adressées à l'Office des changes, par les Services bancaires. En mai 1940, tous les achats ont été centralisés auprès des succursales de Cardiff et Newcastle. Le 18 mai des avances importantes ont été faites à ces dernières pour leur permettre d'assurer le programme intensifié d'exportation de charbon. Les frets, de septembre à mars 1940, ont été assurés par l'intermédiaire de la Caisse de règlement des frets charbonniers. En mars 1940, les succursales anglaises ont reçu mission de régler les avances et les soldes des frets des cargaisons de charbon) ;
- de la situation de trésorerie des succursales anglaises (qui ont reçu du gouvernement britannique, se substituant aux engagements du gouvernement français pour la liquidation des cargaisons de charbon achetées en Angleterre, un montant de l'ordre de 138.000 £. Le gouvernement britannique a en outre réglé différentes factures dues par les compagnies françaises de navigation et d'autres pour services rendus à des armateurs français. Les succursales anglaises ont alors procédé à la liquidation de leur position vis-à-vis des mines anglaises et se sont trouvées en présence de disponibilités d'un montant d'environ 160.000 £) ;
- de Port-Saïd qui dispose, depuis le début 1940, d'une trésorerie de 100.000 £ ;
- de l'arrêté des comptes des succursales en Angleterre : création d'un compte d'attente ;
- de la création d'un compte apurement missions françaises concernant les cargaisons des navires déroutés ou non réceptionnés ;
- de l'inscription d'un solde créditeur de 6.713.036.40 F au compte courant de la DGSC chez les Services bancaires ;
- de la situation des succursales en zone occupée (questions des dommages de guerre, des compensations à recevoir, des créances sur armements étrangers, des compressions de personnel) ;
- de la situation du Consortium maritime tunisien (clients litigieux : remboursement de créance) ;
- des provisions à constituer pour les avances consenties à des sociétés clientes ; de la situation du portefeuille titres (Compagnie charbonnière dunkerquoise, Société Importaz. Combistibili, SACC, Compagnie charbonnière du Midi, Groupement des importateurs charbonniers du Nord, Huilcombus, Akotra, Le Mazout et ses dérivés, Société [pyrénéenne] des combustibles liquides, Charbonnages de Provence, CMT, Société [maritime] de charbonnages, Comptoir commercial des agglomérés de houille, Compagnie charbonnière maritime et de transports) ;
- d'un litige avec le fisc dantzigois au sujet d'Akotra ; de la réquisition du matériel roulant dans les succursales en France ; du calcul de la participation des directeurs (éventuellement remplacée par un traitement fixe + gratifications) ;
- des résultats d'Alger, Marseille - charbons et consignations, de Toulon, de la Compagnie charbonnière du Midi, des Charbonnages de Provence, des Établissements Carré Richard, du Consortium maritime tunisien. Tableaux des profits et pertes en France et à l'étranger en 1939-1940.
Des Services maritimes : [Extrait d'un brouillon daté du 7 décembre 1944.] Tableau intitulé "Soldes des pertes et profits". Exercices clos entre le 1er janvier 1939 et le 31 décembre 1943.
De Gaston Bernard, au juge Thirion : [Extrait de son rapport n°1 en date du 13 octobre 1944.] Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime. Réunion à Paris entre M. Puech, secrétaire général de la Chambre syndicale des constructeurs de navires, les conseillers navals Freiberg et Berggreen ; les représentants des Communications du Reich, M. Freytag, le docteur Nauft et l'ingénieur en chef Handelson. Décision est prise que « les chantiers français doivent exécuter strictement les ordres qui leur sont donnés par la Marine allemande, sans quoi les directeurs locaux de chantiers seront tenus pour personnellement responsables ». [Voir 4 octobre 1940.]
De Worms & Cie : [Extrait d'un dossier sur l'activité maritime de la Maison daté du 11-13 juin 1941 .] Société nantaise de consignation et de gérance. Bilan et compte de profits et pertes au 30 septembre 1940.
De Worms & Cie : [Extrait d'une note datée du 28 novembre 1944.] Société des machines agricoles Puzenat. « Le 30 septembre 1940, la Maison Worms leva une partie de son option. Sa participation fut alors de 2.110 actions et c'est à cette date qu'il fut décidé que l'affaire serait transformée en société anonyme. La participation de la Maison se trouva donc être de 2.110 actions sur 11.000, pour un montant de 2.110.000 francs, soit 19% du capital. » [Voir également une note de Worms & Cie sur la Manufacture centrale de machines agricoles Puzenat datée du 17 juin 1941 qui donne des indications, moins complètes ou plus synthétiques. Voir mars 1941.]

Automne 1940
De M. Blondel : [Extrait d'une note datée du 5 février 1944.] Société Le Molybdène. L'Allemagne exige la livraison de 110 tonnes de molybdène ; 25 tonnes seront livrées en avril 1942, avec 20 mois de retard.
De Gabriel Le Roy Ladurie : [Extrait d'une note datée du 13 octobre 1944.] Paul Baudouin. « Dès l'automne 1940, je cessai définitivement de le voir ; un différend d'ordre privé m'ayant éloigné de lui. »

Septembre-octobre 1940
Des Services charbons : [Extrait d'une note datée du 22 septembre 1944 et intitulée "Étude comparative des bilans France 1939/1943".] « La politique générale de ce département, adoptée dès septembre/octobre 1940 et réalisée au fur et à mesure des possibilités... tendait à la production et à la distribution de tous les combustibles de remplacement possibles et visait deux buts essentiels. Sur le plan économie nationale : le ravitaillement des foyers domestiques et de certaines industries en tourbe, bois de chauffage et charbon de bois. Sur le plan social : le maintien en activité des employés (380 en 1938) et des ouvriers (350 moyenne 1938) pour éviter le chômage et les réquisitions. »

Octobre 1940
De Renaud de Rochebrune et Jean-Claude Hazera : [Extrait du livre "Les Patrons sous l'Occupation. II", éditions Odile Jacob, 1995, coll. Opus 1997.] Au sujet de la synarchie. « Le Dr Henri Martin, éternel activiste antirépublicain, auteur du premier "rapport" sur cette mystérieuse société secrète qu'il décrit comme une sorte de loge maçonnique particulièrement nocive, évoque ainsi les objectifs de la Synarchie : faire obstacle aux tendances "socialistes" de la révolution nationale et du pétainisme ; protéger les intérêts économiques juifs, anglo-saxons et plus généralement étrangers ; et bloquer les efforts pour organiser l'Europe continentale en une entité économique excluant les AngIo-Saxons. Les synarques seraient donc des personnages influents à Vichy mais ennemis d'une partie des hommes au pouvoir ou proches du pouvoir qui se considèrent, eux, comme les vrais pétainistes et... les seuls authentiques collaborateurs... L'idée a d'abord germé dans la tête du Dr Martin. Membre, avant guerre, de la Cagoule, organisation terroriste d'extrême droite, ce maniaque du complot a été récupéré par les polices parallèles de Vichy. En octobre 1940, "au cours d'un entretien avec Alibert (ministre de la Justice), je lui fis remarquer l'anormale proportion de polytechniciens et d'inspecteurs des Finances qui envahissaient tout l'appareil de l'État français, expliquera Martin, bien des années plus tard, à l'historien Richard F. Kuisel. "Devant cette infiltration massive et pour qu'elle devînt plus apparente aux yeux des ministres, je lui proposai de faire un travail relevant toutes les nominations de cet ordre. Quelques jours plus tard, je lui remis un rapport dont les conclusions commençaient par ces mots : ‘Tout se passe comme s'il existait une société secrète ou une chapelle composée de polytechniciens et d'inspecteurs des Finances qui cherche à s'assurer le contrôle des postes clés de l'État. Très intéressé, Alibert devait montrer au maréchal Pétain cette note. Peu après, j'étais convoqué par ce dernier pour lui fournir d'autres explications, et étais prié de suivre l'affaire." Pour compléter sa documentation, Martin va bénéficier, explique-t-il, des "renseignements et détails" fournis par Pierre Nicolle. Celui-ci, comme le montre son épais journal que nous avons cité plusieurs fois, peste pendant les "cinquante mois d'armistice" contre le grand patronat et les "trusts" qui, il en est sûr, contrecarrent les intentions favorables aux petites entreprises du maréchal et de sa révolution nationale. C'est donc vraisemblablement Nicolle qui suggère à Martin de faire le rapport entre les polytechniciens qui l'obsèdent et les "trusts". »
Gabriel Le Roy Ladurie, Fresnes : [Extrait d'une note datée du 26 septembre 1944.] « En octobre, attaques forcenées contre nous dans la presse ("Paris-Soir", "Paris-Midi", principalement) d'abord à Paris, puis dans les journaux de province alimentés par Inter-France, plus tard dans les feuilles d'Outre-Rhin - écho à Radio-Paris. Notons dès maintenant que, durant toute l'occupation, nous serons absolument le seul établissement bancaire à être périodiquement et avec ténacité dénoncé et attaqué par la presse d'occupation, dans les meetings des partis politiques soudoyés par les Allemands. Devant de pareilles violences, il n'y a pas à s'y tromper - de sources bien informées, je reçois d'ailleurs des avertissements formels - : l'occupant a décidé la liquidation de la Maison française presque centenaire dont nous avons la charge. »
De Worms & Cie - Gabriel Le Roy Ladurie : [Extrait d'une note datée du 6 décembre 1944.] « Ces attaques ont principalement trait à la mission remplie par M. Hypolite Worms à Londres en 1940, aux accords dits accords Worms, signés le 7 juillet 1940 (c'est-à-dire après l'armistice) pour régler les rapports économiques et financiers entre l'Angleterre et la France. »
D'Hypolite Worms : [Extrait de son interrogatoire par le juge Georges Thirion en date du 26 septembre 1944.] Attaques de la presse. « On m'accusait d'être vendu à l'Angleterre et d'avoir livré la flotte française ; on ajoutait que ma Maison était sous le contrôle anglais et juif. Cette campagne n'a pas cessé pendant toute l'occupation. »
D'Hypolite Worms : [Extrait de son interrogatoire par le juge Georges Thirion en date du 17 octobre 1944.] « La campagne de presse... date du 21 octobre 1940, c'est-à-dire des jours qui ont suivi de peu mon entretien avec Pierre Laval. Sans pouvoir être affirmatif à cet égard, je me demande si un rapprochement n'est pas à faire entre cette visite et la campagne qui a suivi... Je constate que le thème de cette campagne a été de m'accuser d'avoir eu... une attitude hostile à la collaboration franco-allemande. »
[Extrait d'un dossier sur le développement de la Banque Worms daté du 22 mars 1941.] « En octobre 1940, [Jacques Barnaud] a été nommé administrateur de la Coopérative de ravitaillement des secrétariats généraux. »
La Société Courtage et Transport (SCT) confie deux pétroliers en gérance à la SFTP : "Phénix", qui navigue entre les ports d'Afrique du Nord et la métropole, tandis que "Capitaine Damiani", qui n'est pas en état de prendre la mer, est mis en réparation à Marseille.
D'Edmond Friedel : [Extrait de son audition par le juge Thirion en date du 17 novembre 1944.] « Je représente, au sein du conseil d'administration de la société Le Molybdène, le Bureau de recherches et de participations minières au Maroc, qui possède une participation de 15.000 actions dans ladite société. J'ai appris, en octobre 1940, lorsque j'ai repris mes fonctions d'administrateur que j'avais dû interrompre par suite de ma détention depuis le 11 juin à Lille par les autorités allemandes, que celles-ci avaient fait à la société une demande de livraisons de molybdène. » [Voir novembre 1940.]

Échange de correspondance entre les services administratifs (Transports maritimes...) et la Société pour l'importation des pétroles et dérivés - SIPD concernant la liquidation des questions relatives aux pétroliers scandinaves en time-charter à gérance française, correspondance conservée aux Archives nationales - Caran, dans le dossier intitulé Accords Worms et conservé sous la cote F12 10273.

3 octobre 1940
Sans que l'occupant allemand ait fait pression sur le régime de Vichy, celui-ci promulgue une loi portant statut des Juifs. Voir les articles 2 et 3 de la loi sur les entreprises juives.
D'Hypolite Worms : [Extrait d'un dossier en date du 6 novembre 1940 sur son état civil.] "Non-appartenance d'Hypolite Worms à la race juive".

4-5 octobre 1940
[Extraits d'une note datée du 5 septembre 1944, d'un historique non daté, classé en 1944 et du rapport n°1 de Gaston Bernard au juge Thirion en date du 13 octobre 1944.] Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime. Reprise, sur injonction de l'amirauté allemande, de la construction de "La-Favorite". L'amirauté allemande met en demeure les Chantiers, par lettre du 4 octobre 1940, d'avoir à reprendre immédiatement le travail, en ajoutant que "s'il survenait que, du coté de la direction des chantiers, tout ne soit pas mis en oeuvre pour assurer la continuation des constructions, [elle se verrait], à regret, dans l'obligation de placer les Chantiers qui se seraient mis dans ce cas sous la direction d'un commissaire allemand". Le 5 octobre 1940, l'amirauté française fait tenir aux Chantiers Worms l'ordre de déférer aux réclamations allemandes. Cet ordre est transmis par l'intermédiaire du ministère de la Production industrielle (service des commandes allemandes) et la Chambre syndicale des constructeurs de navires. II est ainsi conçu : « Dans ces conditions, et vu les instructions dont il vous a été donné lecture, je vous confirme que la continuation des bâtiments de guerre visés doit être effectuée en attendant l'arrivée des ordres définitifs qui ont été annoncés dans la lettre adressée aux Chantiers Worms le 29 septembre 1940 par l'amiral de la flotte, secrétaire d'état à la Marine ». [Voir 8-9 octobre et 12 novembre 1940.]

7 octobre 1940
Du comte Centule de Béarn, Paris, au Maréchal de France, Vichy : Attaques contre la Maison. Mise en cause de MM. Baudouin et Bouthillier ; interdire aux juifs « de prendre une place dans les administrations, les industries, le commerce... Exemple : la Banque Worms... Ces trois associés contrôlent plusieurs milliards d'activité française dans les groupements suivants... Ils ont de tout temps été protégés par MM. de Monzie et Alphonse Rio et actuellement par M. J. Barnaud, leur associé... » Sur les société contrôlées par la Maison, et l'importance de celle-ci...

8 octobre 1940
De la mairie du 8ème arrondissement, Paris : Extrait de l'acte de naissance d'Hypolite Worms (26 mai 1889).

8-9 octobre 1940
[Extraits d'une note datée du 5 septembre 1944, d'un historique classé en 1944 et du rapport n°1 de Gaston Bernard au juge Thirion en date du 13 octobre 1944.] Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime. La reprise de la construction de "La-Favorite" est annoncée au personnel par un avis daté du 8 octobre 1940. Par lettre de la Marine nationale, en date du 8 octobre 1940, ordre est donné aux Chantiers de démonter les sous-marins "Armide" et "Andromaque" dont la commande est résiliée le 9 octobre 1940. [Voir 12 novembre 1940.]

11 octobre 1940
Des Services charbons : [Extrait d'une note intitulée "Situation des succursales en France" et datée du 18 octobre 1941.] Ouverture d'une succursale à Saint-Cyprien - rue Gambetta - (Dordogne) dépendant de la succursale de Bordeaux.

14 octobre 1940
De Worms & Cie : [Extrait d'une note intitulée "Déclaration d'après l'ordonnance du 18 octobre 1940", et daté du 29 octobre 1940.] « Michel Goudchaux, bien que de religion catholique, doit être considéré comme Israélite au sens des dispositions de l'ordonnance du 27 septembre 1940. »
[Extrait d'une note non datée, ni signée, classée après le 25 octobre 1940, date la plus récente citée dans le texte.] « Le 14 octobre 1940, Michel Goudchaux a spontanément avisé Hypolite Worms et Jacques Barnaud de sa décision de se retirer de la Maison ».
De Roger Mennevée : [Extrait de l'article intitulé "La Banque Worms - Histoire générale - Troisième partie - Filiales et participations - Chapitre 3. De 1925 à 1940 (suite)", paru dans Les Documents de l'agence indépendante d'informations internationales en novembre 1949.] Pierre Courtot démissionnne de ses fonctions de président et d'administrateur du Portefeuille industriel ; il est remplacé par Georges Baudenon, fondé de pouvoirs de Worms et Cie. Gabriel Le Roy Ladurie siège au conseil d'administration au côté d'Henri Petsche et d'Henry de Peyster.

15 octobre 1940
[Extrait d‘une note, sans émetteur ni destinataire, intitulée "Modifications dans le fonctionnement de la Maison Worms & Cie" et datée du 24 février 1945.] « Le 15 octobre 1940, en raison des dispositions à envisager de la part des autorités d'occupation à l'égard des Israélites, Michel Goudchaux s'est démis des fonctions d'associé gérant. Il ne les [reprendra] pas du fait de son âge. » [Voir également une note sur l'acte de société, datée du 25 février 1941.]

16 octobre 1940
De Jacques Barraduc, à Hypolite Worms : [Extrait d'une note du 5 mars 1947.] « M. Goudchaux étant israélite a bénévolement cessé ses fonctions de gérant le 16 octobre 1940 et sa part dans le capital a été transférée à ses trois filles, qui sont devenues commanditaires. »

17 octobre 1940
De Charles Dieudonné, du journal "La France au travail" : Article intitulé "La bonne foi nécessaire - Il sera bien difficile de recommencer à vivre". « On apprend avec stupeur que le chef du cabinet de la Production est un ancien fondé de pouvoirs de la Banque Worms. » Première mise en cause de la Banque Worms dans un article antisémite.
Du commandant Petit : [Extrait d'un historique sur la Société française de transports pétroliers, rédigé en 1984, (période 1938-1945).] "Languedoc" est torpillé et coulé au large de l'Islande, sans perte humaine, alors qu'il transporte une cargaison de pétrole brut de crude-oil en provenance de Port of Spain.

17 octobre 1940-21 décembre 1941
Recueil de coupures de presse. [Les articles les plus intéressants ont été numérisés et répartis, selon leurs dates respectives, dans les recueils annuels concernés. Tous les extraits datés entre le 17 octobre 1940 et 21 décembre 1941, et cités ci-après proviennent également de ce recueil.]

18 octobre 1940
Ordonnance concernant les entreprises juives. Articles 2 et 3. « Est considérée comme juive une entreprise dont les propriétaires ou titulaires de bail sont juifs, ou société en nom collectif dont un associé est juif...Toute entreprise économique juive ou toute entreprise économique qui ont été juives après la date du 23 mai 1940, sont à déclarer jusqu'au 31 octobre 1940... Pour les entreprises juives il pourra être nommé un commissaire-administrateur à qui s'appliqueront les prescriptions de l'ordonnance concernant la gestion des affaires du 20 mai 1940. » [Voir sur ce point une note de Worms & Cie datée du 14 avril 1942 et 29 octobre 1940.]
[Extraits d'une note non datée, ni signée, classée après le 25 octobre 1940 et d'une note datée du 25 février 1941.] La démission de Michel Goudchaux fait l'objet d'un acte dressé par Maître Maurice Rivière, notaire à Paris, qui modifie en conséquence les statuts de la société Worms & Cie afin de tenir compte de la nouvelle situation. En particulier et conformément à l'article 15 des statuts, le pourcentage dans les bénéfices de Michel Goudchaux est ramené de 18% [ou de ] 18,50% à 11,50%. » [Voir également un historique, non daté, classé en 1944.]
De Roger Mennevée : [Extrait de l'article intitulé "La Banque Worms - Histoire générale - De 1927 à la Libération", paru dans Les Documents de l'agence indépendante d'informations internationales en juin 1948.] « A la suite de cette démission le pourcentage des bénéfices (au-dessus de 2 millions) alloué à M. Goudchaux avait été ramené à 11.50% ; les 7% de surplus étant mis à la disposition de la gérance qui disposait dorénavant de 12% au lieu de 5%. »
De Jacques Barnaud : [Extrait de son audition par le président Dhers en date du 2 mai 1950.] Sur sa décision de ne pas démissionner de ses fonctions d'associé gérant de Worms & Cie alors qu'il remplit des missions officielles. « Pendant toute cette période [soit d'octobre 1939 à novembre 1942], je suis resté ce que j'étais avant, c'est-à-dire associé gérant de la Maison Worms. Pourquoi ? C'est facile à expliquer. J'ai eu à cette époque un grand nombre de conversations avec M. Worms. J'avais démissionné de tous les postes d'administrateur de conseils d'administration que j'occupais. Mon intention et mon désir eussent été de démissionner également de mes fonctions de gérant de la Maison Worms, car j'estimais que la situation eut été beaucoup plus nette. Mais comment était composée la gérance de la Maison Worms à cette époque ? Elle avait trois associés : Hypolite Worms, Michel Goudchaux et moi-même. Dès le début de l'occupation allemande, les autorités allemandes ont commencé à parler de lois raciales. Ces lois étaient appliquées dans d'autres pays occupés, et ils commencèrent à manifester l'intention de les appliquer en France. Michel Goudchaux, qui était israélite, donna alors sa démission de gérant de la Maison Worms, avec beaucoup d'abnégation, et il partagea sa part dans la Maison Worms avec ses enfants qui, en vertu des lois raciales allemandes, n'étaient pas considérés comme israélites. Restaient donc uniquement comme gérants Hypolite Worms et moi-même. A ce moment-là, si j'avais démissionné, que se serait-il passé ? Il est impossible de laisser une maison en nom de l'importance de la Maison Worms avec un seul gérant. Si, pour une raison quelconque, ce gérant était dans l'impossibilité d'agir, en cas d'accident par exemple, personne ne détenant plus la signature sociale, la situation de la Maison serait très délicate. D'autre part, les autorités allemandes avaient nommé exceptionnellement à la Maison Worms, en raison de ses attaches raciales et de ses attaches anglaises, un commissaire allemand muni de pleins pouvoirs [voir 25 octobre 1940.] C'est la seule banque française, en dehors des banques étrangères établies en France et en dehors de la Banque de France, qui ait eu un commissaire allemand. Or, il était impossible de nommer un nouveau gérant sans l'accord et l'agrément écrit du commissaire allemand. M. Worms et moi-même avons pensé qu'il était impossible de demander aux Allemands l'autorisation de nommer un nouveau gérant et soumettre cette nomination à leur agrément. J'ai donc estimé que je ne pouvais pas démissionner et je suis resté gérant de la Maison Worms. Mais, à la même époque, j'ai dit à M. Worms que, puisque je ne pouvais plus en fait apporter mon travail à la Maison Worms, je n'accepterais plus de recevoir d'elle aucun émolument, aucun traitement sous une forme quelconque. » [Voir sur cette question un article intitulé "Worms, Vichy, Aller et Retour" publié le 17 janvier 1941 par "Au Pilori".]
D'Hypolite Worms : [Extrait de son interrogatoire par le juge Georges Thirion daté du 17 octobre 1944.] « M. Barnaud [n'a] pas donné sa démission d'associé-gérant, parce qu'une telle démission aurait entraîné de grosses difficultés au point de vue administratif, et d'autre part parce qu'il était le seul élément aryen 100 pour 100 de la Maison et que son départ aurait offert aux Allemands l'occasion qu'ils recherchaient de liquider la Maison Worms en tant que Maison juive. »

19 octobre 1940
[Extrait d'une note datée du 25 février 1941.] Donation partage de Mme Jean Labbé, soeur de Michel Goudchaux, à ses deux fils, Léon et Robert Labbé. « Par acte passé devant Maître Jullien, notaire à Paris, ce jour, Mme Jean Labbé cède à Robert Labbé (son fils cadet, né le 5 avril 1907), ancien inspecteur des Finances, une somme de F 1.800.000 à prendre sur sa part de commandite qui s'élevait à F 4.000.000. Par acte du même jour devant le même notaire, Mme Jean Labbé fait une donation entre vifs, à titre de partage anticipé, conformément aux articles 1075 et suivants du Code civil, à Léon Labbé (son fils aîné, né le 22 septembre 1904), avocat au Conseil d'État et à la Cour de cassation, maître des Requêtes honoraire au Conseil d'État, et à Robert Labbé, et à chacun pour moitié, d'une somme de F. 2.800.000 à prélever sur sa part de commandite. Mme Jean Labbé cesse, dans ces conditions, d'être associée commanditaire de la Société Worms & Cie. »

21 octobre 1940
De Rudy Cantel, "Paris-Soir" : Premier article d'une série intitulée "Il faut supprimer les trusts - Grâce à un juif converti les Anglais avaient accaparé notre marine marchande". « Comment peut-on tolérer que M. Hypolite Worms, qui fut, pendant la guerre 1939-40, chef de la délégation française à Londres, puisse encore exercer une activité quelconque ? Hypolite Worms a, par son action raisonnée, centralisé toute l'oeuvre de la flotte de commerce française en Angleterre. Volontairement, cet étrange catholique frais teint avait quitté la mission française, située, 2, Dean Stanley Street, pour installer son bureau au siège même du Ministry of Shipping, Berkeley Square, juste au-dessous du bureau du ministre britannique. La flotte de commerce française, dont les intérêts avaient été confiés à ce bizarre représentant, se trouvait ainsi entièrement placée entre les mains de l'Angleterre. Cette mainmise préparait le coup le plus cruel qui ait atteint notre flotte de commerce et nos marins : la séquestration de la plus grande partie de nos bâtiments et de leurs équipages dans les ports britanniques... Hypolite Worms avait pris soin de placer ses protégés dans des postes importants : Louis Vignet, l'un des directeurs de la maison Worms, était, pendant la guerre, l'un des grands chefs et des organisateurs du service de la répartition en France. II était attaché au service de MM. Blum-Picard, directeur général des travaux publics, et Weil. Louis Vignet vient d'être désigné, ces jours derniers, par le gouvernement de Vichy, comme membre du Comité restreint de l'organisation et de la corporation charbonnières... et président du Syndicat central des importateurs et négociants en charbon de France. M. Fenez, l'un des chefs de service de la Socap, société appartenant à 100% à la maison Worms et à John Isaac Jacob, était attaché à Londres à la mission des charbons, où il est resté d'ailleurs. » Mention des sociétés contrôlées par la banque Worms. NCHP ; Société algérienne de navigation Charles Schiaffino ; SFTP ; CNCO ; ACSM ; Société française des huiles combustibles Huilcombus ; Compagnie européenne pour le transport des combustibles liquides ; Société de courtage et d'affrètement pétroliers, Socap. « La maison Worms contrôle en France les plus importants stocks de charbons français », monopole des anthracites de Hongay (plus de 100.000 tonnes d'anthracite), des mines d'Héraclée en Turquie, des mines anglaises du Yorkshire et du Midland, monopole d'expédition en sortie de Boston (côte est de l'Angleterre) ; Compagnie nantaise de consignation et de transit.
De Roger Mennevée : [Extrait de l'article intitulé "La Banque Worms - Histoire générale - Depuis la Libération", paru dans Les Documents de l'agence indépendante d'informations internationales en août 1948.] « Il est bien certain que si M. Worms avait servi les intérêts allemands, avait collaboré tant soit peu, les autorités d'occupation n'eussent pas permis à la presse de la zone occupée, et spécialement de Paris, de se livrer aux violentes attaques que l'on trouvait dans celle-ci, comme dans "Paris-Soir" des 21 et 22 octobre 1940, 3 novembre 1940, "Au Pilori" des 8-29 novembre, 20 décembre 1940, 28 février 1941, 6 octobre 1941, "L'Oeuvre" des 26 février, 3 et 6 août 1941, le "Franciste" du 1er novembre 1941, "L'Appel" du 5 mars 1942, "France Europe" du 21 novembre 1942, etc. »
De Renaud de Rochebrune et Jean-Claude Hazera : [Extrait des "Patrons sous l'Occupation. II".] Au sujet de la campagne de presse qui va se déchaîner contre la Maison Worms et contre son chef. « Hypolite Worms lui-même, sans en avoir peut-être le désir [?], ni la pleine conscience, suscite également et de l'intérêt, et de la haine. C'est lui, le premier, qui attire l'attention de la presse sur son groupe, au tout début de l'Occupation... La presse parisienne collaborationniste se déchaîne dès l'été et l'automne 1940 contre la maison Worms. Elle met en cause le rôle personnel joué par Hypolite Worms, son patron, dans les relations franco-britanniques... pour la presse collaborationniste de Paris, Worms est devenu l'armateur apatride, anglophile, juif qui a remis une partie de la flotte de commerce aux Anglais. »
Note [sans émetteur ni destinataire] sur "l'évaluation des parts dans le capital social de la Maison Worms au 18 octobre 1940" : « Cette évaluation avait été arrêtée au vu du dernier bilan établi au 31 août 1939, comportant un chiffre de réserves apparentes et occultes d'environ 119 millions qui, ajouté au capital social de 4 millions, donnait un chiffre théorique de 123 millions ramené, tant dans un but de simplification qu'en raison des hostilités déjà en cours depuis plusieurs mois, au chiffre de F. : 100 millions... Nous sommes coupés depuis le mois de juin des succursales anglaises qui avaient à cette époque, en raison des circonstances propres à leur fonctionnement, des actifs liquides en livres sterling considérables, dont le recouvrement par nous peut présenter certains aléas. De nos 24 navires de charge composant notre flotte au 1er septembre 1939, trois ont été coulés par faits de guerre, un est réquisitionné par les autorités occupantes et neuf sont retenus dans les eaux britanniques. Nos succursales égyptiennes n'ont pas fait parvenir de leurs nouvelles depuis le mois de mai. La conduite des hostilités en Méditerranée laisse, en tout cas, présumer que leur activité est fortement compromise. Le commerce maritime et l'importation charbonnière ayant pratiquement cessé depuis le 10 juin, l'ensemble des succursales françaises et plus particulièrement celles de Dunkerque et de Boulogne sont vouées à l'inaction... » Part de capital de Mme Jean Labbé : net 7 millions. Part de capital de Michel Goudchaux : net 15.600.000.

22 octobre 1940
Entrevue de Laval et Hitler à Montoire.
De Rouen, [signature illisible], à Hypolite Worms : « J'ai lu avec indignation l'ignoble article de Paris-Soir... »
[Extraits d'une note datée du 5 septembre 1944, d'un historique non daté, classé en 1944 et du rapport n°1 de Gaston Bernard au juge Thirion en date du 13 octobre 1944.] Les ACSM reçoivent de la Kriegsmarine la commande de 3 cargos à moteur de 1.150 tonnes, prévus comme ravitailleurs mais sans valeur militaire, par lettre de l'amirauté allemande en date du 22 octobre 1940, sur la base du programme d'ensemble, arrêté dans le cadre des négociations de l'amirauté allemande avec la Chambre syndicale des constructeurs de navires et de machines marines et avec l'accord du gouvernement français. De fait, cette commande n'a été ni sollicitée ni négociée, ni même acceptée par les Chantiers Worms. La Maison Worms a alors poursuivi un double objet : a) s'approvisionner au maximum, b) produire au minimum, en vue de conserver pour la fin de la guerre des unités qui, construites aux frais de l'Allemagne, mais non livrées à cette dernière, pourraient être mises à la disposition de l'économie française. Cette politique atteindra son but, puisque, lors de la libération du Trait, en septembre 1944, ces trois petits navires seront sur cale et qu'aucun d'eux n'aura été livré à l'Allemagne.

23 octobre 1940
De Rudy Cantel, "Paris-Soir" : Deuxième article intitulé "Supprimons les trusts". « La Maison Worms et ses associés a, de tout temps, été protégée par M. de Monzie et M. Rio, lorsque ceux-ci étaient bien en cour. Pendant la guerre 1939/40, Jacques Barnaud fut délégué en Scandinavie comme membre des commissions d'achat pour le compte du gouvernement français. Après l'armistice, Jacques Barnaud, bras droit de M. Bouthillier, a été nommé directeur du cabinet de M. Belin, ministre de la Production industrielle et du Travail. Ça c'est le comble. » Le nom [de J. Barnaud] comme administrateur dans de nombreuses sociétés, [est] accolé à celui de quelques-uns des plus puissants hommes du nouveau régime. [Il] est administrateur du Crédit national, avec comme collègue Henri du Moulin de Laberthète, chef du cabinet du maréchal Pétain. [Il] est administrateur d'Air France, de la Société lyonnaise des eaux et de l'éclairage, avec Ernest Mercier... M. Morgan, beau-frère d'Hypolite Worms, est actuellement à Cardiff et fait partie de la direction des charbons. » Ces gens ont gardé leurs attaches, leurs sympathies avec la grande juiverie internationale. Ils ont surtout gardé leurs méthodes particulières à cette race dont le désir de domination mondiale a étouffé tout sentiment humain... La grande majorité des vrais Français, ceux qui désirent une maison propre, comprendront qu'il est nécessaire que quelque chose change... Hypolite Worms, catholique (Israël, qui l'eût cru ?) est d'origine israélite mais n'est pas touché par le récent statut des juifs. Il a épousé une Anglaise née Lewis Morgan, protestante. L'un de ses enfants a d'ailleurs épousé l'enfant d'un ambassadeur de Grande-Bretagne à Tokyo. Michel Goudchaux, catholique, d'origine israélite lui aussi, est le deuxième associé de la Maison Worms. Jacques Barnaud enfin, inspecteur des Finances, complète le trio. Ce sont ces trois noms qu'on retrouve tout au long d'une copieuse énumération d'affaires dans lesquelles ces trois hommes occupent des places de premier rang. »
Au contrôleur des contributions directes : [Extrait d'une note datée du 5 novembre 1940.] Insertion de l'annonce de la démission de Michel Goudchaux dans la Gazette des tribunaux.

24 octobre 1940
Entrevue de Pétain et Hitler à Montoire.
De Rudy Cantel, "Paris-Soir" : Troisième article de la série intitulée "Supprimons les trusts - Des juifs ont renié leur origine ils n'ont pas pour cela changé leurs méthodes - Hypolite Worms, grand maître occulte de notre flotte de commerce". Même contenu que les précédents articles.
De Jacques Barraduc, à Hypolite Worms : [Extrait d'une note datée du 5 mars 1947.] « On comprend qu'un tel service rendu à la cause alliée [accords Worms] valut à M. Worms - marié à une Anglaise et dont la fille unique avait épousé un Anglais, donc suspect (à bon escient d'ailleurs) d'anglophilie - de nombreuses attaques de la part des journaux à la solde de l'Allemagne, qui parurent en zone occupée ("Paris-Soir" du 24.X.1940), et cela d'autant plus que M. Worms, rentré en France pour reprendre la direction de sa Maison à Paris, semblait défier ses adversaires. »
[Extraits d'une note datée du 5 septembre 1944, d'un historique non daté, classé en 1944 et du rapport n°1 de Gaston Bernard au juge Thirion en date du 13 octobre 1944.] Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime. Sous-marin "L'Africaine". Ordre est donné aux Chantiers par l'amirauté allemande d'achever cette unité. [Voir 30 octobre 1940.]

25 octobre 1940
De Philippe Marolle, [destinataire non mentionné.] « Vous parlez d'or lorsque vous évoquez les noms assez répugnants de Worms et de ce Dumoulin. La banque Worms finançait jadis le "Courrier royal", hebdomadaire du Comte de Paris. Worms avait comme représentant dans la caverne princière : 1° ledit Dumoulin, 2° Navachine... Henry de La Rocque trouvait couverture pour ses chèques insuffisamment approvisionnés... Ainsi le Prince pouvait s'offrir un journal à 30.000 francs le tirage. Un beau jour, une certaine dame, défunte aujourd'hui, Any Jamet, directrice prodigue de "Rive gauche", introduisit le banquier Saül Amar dans ce journal sans fonds. Ainsi survécut un journal dont le Prince était le plus petit et le plus mince actionnaire après Georges Lang, imprimeur du "Courrier", rue Curial. Un beau jour, Worms coupa les fonds. Curieuse coïncidence : Navachine mourut assassiné à coups de poignard dans une allée du bois de Boulogne... Voilà pour Worms et cette bande... »
Note [non datée, ni signée, classée ici en fonction de la date la plus récente citée dans le texte] : Démission de Michel Goudchaux. « Par trois actes de Maître Lanquest, notaire à Paris, Michel Goudchaux fait donation à chacune de ses trois filles : Thérèse Jenny Blanchy, Cécile Louise Desforges, Geneviève Marie Boccon-Gibod, du tiers de ses droits dans la société Worms & Cie ainsi que des réserves de l'actif social attaché à ces droits, soit à chacune : 2.358.975 / 40 millionièmes. Celles-ci sont ainsi devenues propriétaires des biens et droits donnés à compter du 25 octobre 1940 aux lieu et place de Michel Goudchaux. » [Les autres informations ont été réparties aux dates correspondantes : 14, 15 et 18 octobre 1940. Voir également, deux notes de Worms & Cie datées du 11 février 1941 et du 25 février 1941.]
De Roger Mennevée : [Extrait de l'article intitulé "La Banque Worms - Histoire générale - De 1927 à la Libération", paru dans Les Documents de l'agence indépendante d'informations internationales en juin 1948.] Thérèse Jenny Goudchaux est l'épouse de Joseph Patrick Blanchy, Cécile Louise Goudchaux est l'épouse de Jacques Desforges, avocat à la cour d'appel de Paris, Geneviève Marie Goudchaux est l'épouse de Christian Henry Boccon-Gibod.
De Worms & Cie : [Extrait d'une note datée du 9 juillet 1941.] Répartition du capital social, des bénéfices, des réserves et des bénéfices non distribués, à la suite des cessions et donations consenties tant par Mme Jean Labbé le 19 octobre que par M. Michel Goudchaux le 25 octobre 1940.
De Worms & Cie : Tableau indiquant le nom des gérants et commanditaires de la société [voir sur la composition du capital social la note datée du 29 octobre 1940], l'adresse de leur domicile et leur part dans le capital social. Ces informations ont fait l'objet d'une publication dans la Gazette des tribunaux, n°55, du 28 octobre 1940. Sur un billet manuscrit, joint à ce tableau, il est indiqué : « Documents remis au Siège social, 45, bd Haussmann, à l'inspecteur de police, le 29 avril 1942 - 11h30 ».
De Worms & Cie : Historique de la commandite depuis la création de la société en 1874 [document non daté et classé ici en raison de la référence à la donation des parts de commandite de Michel Goudchaux à ses filles, événement le plus récent mentionné dans le texte.] Principaux changements intervenus dans la gérance et l'actionnariat en 1881, 1896, 1906, 1911, 1916, 1926, 1930 et 1940. [Voir également le rapport d'enquête sur le groupe Worms, établi en mai 1944, dans lequel sont exposées les modifications apportées à l'acte social depuis le 15 octobre 1940.]
Du chef des Militärverwaltung in Frankreich (der Oberbefehlshaber des Heeres) : Note (en français et en allemand). Nomination (n°1198240) de Wilhelm Beines von Ziegesar, directeur de la Commerzbank AG, filiale à Cottbus, en tant que commissaire administrateur de la Banque Worms & Cie, aux termes de l'ordonnance du 20 mai 1940 et comme suite à la deuxième ordonnance relative aux mesures contre les Juifs du 18 octobre 1940 ; le signataire est le Dr Michel. Olivier de Sèze est nommé commissaire administrateur suppléant de la Maison.
De Worms & Cie : Nomination du Rittmeister Beines von Ziegesar et d'Olivier de Sèze. « Ces nominations, faites à des fins de vérification, ne modifient en aucune manière le fonctionnement de notre Maison. »
[Extraits d'un rapport d'enquête sur le groupe Worms établi en mai 1944, de l'interrogatoire d'Hypolite Worms par le juge Georges Thirion en date du 26 septembre 1944, d'une note de Gabriel Le Roy Ladurie datée à Fresnes le 26 septembre 1944, de son interrogatoire par le juge Georges Thirion en date du 27 septembre 1944, de l'audition de Jacques Barnaud par le président Dhers en date du 2 mai 1950.] Sur un ordre particulier du G.Q.G. du maréchal von Brauchitz, un capitaine allemand, Wilhelm Beines von Ziegesar (de la Commerzbank), investi des pouvoirs de gestion les plus étendus, est imposé à la Maison comme administrateur. Mesure, pour cette période de l'occupation, d'une brutalité inouïe. Aucun autre établissement bancaire, à l'exception des banques juives, qui ont été détruites depuis, n'y sera soumis. Toute entreprise bancaire n'ayant ni le standing moral de la Maison, ni ses assises matérielles en eut été touchée à mort... Hypolite Worms, qui sent le danger venir, qui sait que les Allemands vont nommer un commissaire à la Maison Worms, voit M. Brunet, qui est directeur du Trésor au ministère des Finances, et lui demande s'il ne serait pas désirable que le gouvernement désignât un commissaire français à la Maison Worms. C'est une des questions dont Jacques Barnaud s'occupe lui-même. A ce moment, M. Brunet désigne M. de Sèze, qui est inspecteur de la Banque de France, comme commissaire auprès de la Maison Worms [voir également le 26 octobre 1940 sur le rôle de G. Le Roy Ladurie dans cette nomination.] Mais, malheureusement, les Allemands nomment entre-temps, et dès le 25 octobre 1940, un commissaire allemand en la personne de M. von Ziegesar. Origines de ces violences : - Question dite "raciale" : Au regard des ordonnances allemandes, puis de la législation française, la question Worms se présente comme suit : société en nom collectif et en commandite simple, Worms a trois associés-gérants et de nombreux commanditaires. Associés-gérants : Le premier est Hypolite Worms, de père israélite et de mère aryenne. Les ordonnances en font un "demi-juif". Mais, comme par suite de la destruction des archives de la Chapelle-en-Serval en 1914, son extrait de baptême ne peut être retrouvé, les adversaires de la Maison ne cesseront de contester sa qualité de catholique. Jusqu'au dernier jour, ils protesteront contre le scandale d'un non-aryen à la tête d'une grande maison française. Le deuxième associé est Michel Goudchaux, qui se trouve indiscutablement classé dans la catégorie des Israélites à 100%. Le troisième est Jacques Barnaud : aucune question raciale. Commanditaires : Les ordonnances allemandes prévoient que l'existence, dans une société en nom collectif, d'un gérant israélite, la fait considérer comme juive. M. Goudchaux démissionne en octobre 1940. Mais cette démission est sans effet aux termes des règlements de l'armée d'occupation car il eut fallu qu'elle intervînt avant le mois de mai 1940. La Maison Worms a donc toutes chances d'être considérée comme une entreprise juive. Mme Jean Labbé apparaît comme israélite. Tous les autres, sans aucune exception, sont des héritiers des fondateurs de la Maison, qui eux sont israélites. Mais, par suite de mariages, ils n'ont plus que 50%, parfois 25% d'ascendance israélite. Aucun n'apparaît cependant aux yeux des Allemands comme "aryen pur". Cas de Raymond Leroy qui s'engage dans la 8ème armée britannique où il trouve la mort et de Michel Leroy qui, ayant épousé une non-aryenne, risque à tout moment d'être changé de catégorie [retrouver les dates.] De fait, l'antisémitisme hitlérien trouve dans le dossier de la Maison « des raisons ou des prétextes pour en user avec Worms comme il a fait avec Rothschild, Lazard ou Louis-Dreyfus. Cette menace sera constante jusqu'au dernier jour ». Les seuls changements apportés à la répartition du capital a été le transfert par donation à leurs enfants de la part de Michel Goudchaux et de celle de Mme Jean Labbé. Le patrimoine familial est dans son intégrité demeuré entre les mains des ayants-droit naturels. Liens britanniques : - d'ordre privé d'abord. Mme Hypolite Worms est de naissance anglaise, sa fille, héritière unique d'Hypolite Worms, est anglaise par son mariage ; les petits-enfants le sont de naissance. D'ordre politique ensuite. Hypolite Worms vient de remplir à Londres, avec un succès que personne ne conteste, une mission de haute portée. D'ordre professionnel enfin. La Maison Worms, grande exportatrice de charbons anglais, entretient des lignes de navigation avec la Grande-Bretagne, possède à Port-Saïd une immense entreprise de charbons et de consignation, jouit comme banque d'un premier crédit sur la place de Londres, et est considérée par beaucoup comme presque aussi britannique que française. C'est naturellement aller beaucoup trop loin, mais l'occasion est tentante pour l'occupant de détruire dans sa racine ce modèle des organismes privés de coopération économique franco-anglais. L'hostilité de certains milieux politiques français : L'ennemi est d'ailleurs constamment poussé à cette destruction par les hommes et les milieux politiques français qui ont son audience [réf. à l'hostilité de Laval et à l'arrestation de Gabriel Le Roy Ladurie le 10 août 1943.] Pour beaucoup de ces hommes, le moyen le plus sûr de détruire la Maison Worms est de la frapper dans la personne de son chef, M. Hypolite Worms. Son nom seul justifie sa déportation vers un de ces camps d'où l'on n'est jamais revenu. Cette menace ne cessera pas de peser pendant quatre ans sur la tête de cet homme. Dans maintes discussions d'affaires, les adversaires de la Maison l'agiteront. Parfois prévenu l'intéressé, quel que soit Ie risque, ne songera jamais à abandonner son poste et ses responsabilités. Les chantiers navals du Trait sont placés sous le contrôle de la Kriegsmarine. [Voir la note de l'expert Gaston Bernard au juge Thirion datée du 7 novembre 1944.]
De Worms & Cie : [Extrait d'une note datée du 14 avril 1942.] « Comme, aux termes du paragraphe IV de l'ordonnance du 18 octobre 1940, toute opération juridique effectuée après le 23 mai 1940 et disposant des biens d'Israélites pouvait être déclarée nulle par le chef de l'administration militaire en France, successivement M. von Ziegesar et M. von Falkenhausen furent désignés par le Militärbefehlshaber In Frankreich comme commissaire auprès de la Maison Worms & Cie. Lorsque les autorités françaises connurent l'intention des autorités d'occupation de désigner un commissaire allemand auprès de la Maison Worms & Cie, elles se refusèrent à désigner une personnalité chargée d'assumer en leur nom une mission d'administrateur provisoire ; mais sur le désir exprimé par Worms & Cie de voir adjoindre un Français au commissaire allemand, elles autorisèrent M. de Sèze, ancien inspecteur de la Banque de France, à accepter du Militärbefehlshaber in Frankreich les fonctions de commissaire adjoint. Le but essentiel de la mission de ces commissaires est, dans ces conditions, de s'assurer de l'aryanisation régulière de la participation de M. Michel Goudchaux dans la société... »

26 octobre 1940
D'Anatole Rio, Quiberon, à Hypolite Worms, Paris : « J'ai été absolument indigné par la manière dont vous êtes mis en cause [par "Paris-Soir"]... Je m'adresse à vous pour vous demander si vous estimez qu'une réponse dans les colonnes de ce journal est opportune. Je voudrais simplement dire, en peu de mots, ce que vous êtes, quel collaborateur vous avez été pour moi et les services que vous avez rendus au pays pendant le temps où vous avez rempli à Londres les fonctions de premier exécutif des Transports maritimes. »
De Gabriel Le Roy Ladurie : [Extrait d'une note, Fresnes, le 26 septembre 1944, et de son interrogatoire par le juge Georges Thirion en date du 27 septembre 1944.] Le lendemain de la nomination de Wilhelm Beines von Ziegesar, Gabriel Le Roy Ladurie fait une démarche au ministère des Finances et obtient la désignation d'un commissaire-adjoint français, Olivier de Sèze, ancien inspecteur de la Banque de France, afin que celui-ci puisse éventuellement, en cas de difficulté, représenter Ie gouvernement français.
D'Olivier de Sèze : [Extrait de son témoignage daté du 7 août 1945, document cité dans la note de J. Barraduc du 5 mars 1947.] « Si mes souvenirs sont exacts, c'est dans les derniers jours du mois d'octobre 1940 que le ministère des Finances me faisait demander d'accepter les fonctions de commissaire de la société Worms & Cie dans laquelle le gouvernement allemand exigeait la présence d'un commissaire, conformément à une ordonnance allemande du mois de mai 1940 qui prévoyait cette nomination dans toutes les entreprises israélites des pays occupés. Mon acceptation étant subordonnée à la manière dont ce rôle devait être compris, je me renseignai à la Banque de France et constatai avec plaisir qu'il s'agissait uniquement pour les commissaires d'empêcher la dilapidation des avoirs français et de s'opposer à tous les moyens à ce que l'économie allemande se substituât aux entreprises françaises. Une insistance très vive fut déployée vis-à-vis de moi, me faisant valoir que la campagne de presse laissait prévoir une hostilité particulière des Allemands vis-à-vis de cette Maison et que l'importance et la variété de ses éléments d'activité donneraient vraisemblablement lieu, surtout en ce qui concerne les affaires de navigation et de constructions maritimes, à des exigences qu'il ne fallait satisfaire sous aucun prétexte. Dans les jours qui suivirent, je rendis visite à M. Hypolite Worms, que je n'avais jamais rencontré auparavant, pour me rendre compte si l'esprit dans lequel je comptais exercer ma mission était compatible avec son tempérament ; une courte conversation me permit de me rendre compte à la fois que je pouvais être absolument en confiance avec lui et qu'il partageait mon sentiment sur la victoire certaine de la coalition anglo-saxonne. Il revenait à ce moment d'Angleterre où il avait exercé de hautes fonctions pour le compte de la Marine marchande française et disposait, de ce fait, d'éléments sérieux. Le lendemain de cette entrevue, j'étais avisé que ma désignation prenait un caractère beaucoup plus problématique du fait que Ies Allemands exigeaient la nomination d'un commissaire allemand ; à la suite de négociations auxquelles je ne fus pas mêlé, le ministère des Finances, obligé de céder devant cette exigence, obtint cependant ma désignation au titre de commissaire-adjoint. L'entrée en fonction des commissaires doit dater des derniers jours du mois d'octobre 1940. »

28 octobre 1940
De l'amiral François Darlan, secrétaire d'État à la Marine, Vichy, au général de La Laurencie, délégué général du gouvernement français pour les territoires occupés, Paris : « J'ai eu connaissance d'articles parus récemment dans la presse parisienne et contenant des attaques assez vives contre M. Hypolite Worms... L'imputation injurieuse qui est faite à M. Worms d'avoir disposé en faveur de l'Angleterre de tout ou partie de la flotte de commerce française est une pure invention. »

29 octobre 1940
De Worms & Cie : "Déclaration en exécution de l'ordonnance du 18 octobre 1940". Situation de la commandite au 23 mai 1940. Du fait de la démission de Michel Goudchaux (ordonnance du 27 septembre 1940), « la Maison ne répond plus aux définitions retenues par l'ordonnance du 18 octobre 1940 ». Objet social (identique à celui du 11 janvier 1940). Liste des succursales : N'y sont pas mentionnés les établissements de Concarneau, Audierne, Douarnenez, Saint-Nazaire, Nantes, Lyon, Toulon, Pasajes, Goole, Hull et Prague, qui figurent dans l'acte social du 30 juin 1925 ; Swansea, par contre, est ajouté. Chiffre d'affaires (1er janvier au 31 août 1940) : 402.891.091 F. Montant des stocks et approvisionnements, des immobilisations et des espèces. Constitution du capital social : les parts des deux associés gérants, Hypolite Worms et Jacques Barnaud, restent inchangées ; il en va de même, parmi les commanditaires, de celles de Louise Valentine Fauchier-Magnan, Marie Germaine Lebel, Jenny Marcel Fauchier-Delavigne (toutes trois filles de feue Emma Delavigne), et de Mme Marcel Razsovich (fille de Lucien Worms). En revanche, les parts des trois fils de feu Suzanne Marguerite Leroy (fille de Lucien Worms) : Roger Paul René Leroy, Raymond Paul René Leroy et Michel Paul Émile Leroy, sont augmentées des droits de leur père, Paul Leroy. Le retrait de Michel Goudchaux et de Mme Labbé [voir 18, 19 et 25 octobre 1940] entraîne l'entrée dans la commandite des trois filles du premier et des deux fils de la seconde. Des renseignements sur les liens familiaux entre anciens et nouveaux associés et, notamment, sur l'ascendance maternelle des trois filles de Michel Goudchaux, sont donnés à la fin de ce document. [Voir sur ce point une note de Worms & Cie en date du 14 avril 1942 dans laquelle il est indiqué que la déclaration en date du 29 octobre a été reçue sous le n°45 par le commissaire de police au quartier de la Chaussée d'Antin. Cette note reprend les informations concernant le caractère racial de la Maison et les mesures prises par elle depuis le 23 mai 1940.]

30 octobre 1940
De Wilhelm Beines von Ziegesar, à Hypolite Worms, Jacques Barnaud et au personnel de la Maison : « J'ai été nommé par le chef de l'administration militaire en France... M. Olivier de Sèze a été désigné par le gouvernement français... Cette Maison à laquelle vous appartenez réunit beaucoup d'intérêts divers tant industriels que commerciaux. Il s'agira pour nous démêler des fils entrecroisés et de nous renseigner exactement sur l'importance et la rentabilité de chaque entreprise. »
De Wilhelm Beines von Ziegesar, commissaire-administrateur, et d'Olivier de Sèze, commissaire-administrateur adjoint : Avis. « A partir 29 octobre 1940 - 10 heures - les commissaires entendent qu'aucun acte d'administration ou de disposition n'échappe au contrôle tel qu'il a été défini par les articles 2 et 3 de l'ordonnance du 20 mai 1940. En conséquence :... »
[Extrait d'une note intitulée "Annexe n°1", en date du 26 septembre 1944.] « La prise du pouvoir du commissaire a eu lieu : celui-ci réunit dans la salle du conseil de la Maison les associés et les directeurs en leur indiquant verbalement qu'il avait dorénavant tous pouvoirs pour gérer la Maison et, qu'en conséquence, aucun acte important de gestion ne pouvait être effectué sans son accord. L'influence du commissaire s'est principalement manifestée en ce qui concerne les relations qui nous furent imposées avec les autorités d'occupation : elles furent de quatre ordres. » Liste des obligations au point de vue bancaire. [Voir le témoignage de Simone Tournier, recueilli le 16 mai 1977, sur cette "cérémonie affreuse et pathétique".]
De Jacques Barnaud : [Extrait de son audition par le président Dhers en date du 2 mai 1950.] « Les pouvoirs dont jouissaient les commissaires allemands résultaient des articles 2 et 3 de l'ordonnance allemande du 20 mai 1940 et d'un avis affiché le 30 octobre par von Ziegesar dans les locaux de la société Worms. De l'analyse de ces textes il ressort que « les commissaires allemands étaient autorisés à toutes affaires et actions d'ordre juridique et non juridique relatives à la gestion de l'entreprise. Ils pouvaient, avec l'autorisation expresse du groupe d'armées, modifier l'objet ou l'état juridique, aliéner ou liquider l'entreprise. En conséquence, notamment, tout paiement supérieur à 100.000 francs et toute transaction supérieure à 1.000.000 francs devaient être soumis à leur agrément. Ils devaient même être informés des déplacements des directeurs fondés de pouvoirs qui quitteraient la zone occupée. M. von Ziegesar est resté commissaire pendant un certain temps. » [Voir 27 juin 1941.]
[Extraits de l'interrogatoire d'Hypolite Worms par le juge Georges Thirion en date du 26 septembre 1944 et d'une note de Gabriel Le Roy Ladurie datée à Fresnes du 26 septembre 1944.] Hypolite Worms, qui ne veut avoir aucun contact avec le commissaire allemand et ne parle pas la langue allemande, délègue Gabriel Le Roy Ladurie à l'effet de servir d'intermédiaire entre la Maison et l'administrateur. Celui-ci centralise toutes les relations avec les Allemands - (exception faite de celles concernant les Chantiers du Trait, les Services maritimes et les Services charbons). Il remplira cette tâche jusqu'en août 1944, et revendiquera seul la responsabilité de tout ce qui a pu survenir entre les milieux allemands, tant publics que privés, et la Maison. [Voir le témoignage de Simone Tournier, recueilli le 16 mai 1977, au sujet de l'entente entre le major Walter Beumelburg et Gabriel Le Roy Ladurie.]
De Gabriel Le Roy Ladurie : [Extraits d'une note datée à Fresnes, le 26 septembre 1944, et de son interrogatoire par le juge Georges Thirion en date du 27 septembre 1944.] L'administrateur allemand fixe, dans une note, comment il entend exercer ses pouvoirs d'administrateur et de contrôle. « Von Ziegesar, ancien combattant des deux guerres, capitaine de cavalerie, a été officier d'ordonnance du général Streccius (premier Militärbefehlshaber en France). Homme paisible, courtois, assez naïf, très sensible aux petites questions de prestige, médiocrement nazi, dans la vie civile, directeur à Cottbus d'une succursale d'importance secondaire de la Commerzbank, son inexpérience des grandes affaires et ses moyens limités le rendent peu apte à remplir la tâche qui vient de lui être assignée. II est muni d'un adjoint viennois, anti-prussien et anti-nazi, paresseux et fantaisiste, le Dr Reithoffer. Dès les premiers contacts avec le commissaire Ziegesar, qui est un homme médiocre, Gabriel Le Roy Ladurie se rend compte qu'il pourra aisément le mettre dans son jeu. Il réussit à obtenir de Ziegesar que, contrairement à toutes les règles usuelles en matière d'administration provisoire, celui-ci n'accomplira aucun acte de gestion directe et que, notamment il ne précédera pas même à la confirmation des pouvoirs des personnes habilitées à traiter et à signer au nom de la Maison Worms. Sauf dans ses rapports avec le Majestic, Ziegesar s'abstient de signer sous en-tête de la Maison. II demande à prendre chaque jour connaissance de l'intégralité du courrier de la veille et à assister aux entretiens d'une certaine importance que Gabriel Le Roy Ladurie pourrait avoir avec des Allemands, se réservant de discuter seul à seul avec celui-ci les affaires où il désire intervenir. En fait, Gabriel Le Roy Ladurie sent très vite que, chez Ziegesar, l'intérêt d'employé de la Commerzbank qu'il est, l'emporte sur l'idée qu'il se fait de ses devoirs de fonctionnaire. Il rêve d'être un jour désigné comme représentant de la Commerzbank à Paris et il sera aisé à Gabriel Le Roy Ladurie de jouer de cette ambition au profit des intérêts de la Maison Worms. Ziegesar imposera naturellement à la Maison Worms l'obligation de faire passer par la Commerzbank toutes ses opérations en Allemagne. Il s'agira en fait d'une obligation plus apparente que réelle, puisque la Maison est bien décidée à ne faire aucune opération outre-Rhin - disposée tout au plus à y faire exécuter les ordres courants de ses clients habituels. [Voir décembre 1940, relations avec le Dr Hettlage.]
[Extraits d'une note datée du 5 septembre 1944, d'un historique non daté, classé en 1944 et du rapport n°1 de Gaston Bernard au juge Thirion en date du 13 octobre 1944.] Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime. Sous-marin "L'Africaine". La Maison Worms saisit l'amirauté française, aux fins d'instructions, de l'ordre de l'amirauté allemande d'achever cette unité. [Voir 26 novembre 1940.]

31 octobre 1940
[Extraits d'un témoignage de Guy Brocard, recueilli le 9 février 1977, et d'un article de Roger Mennevée, intitulé "La Banque Worms - Histoire générale - Troisième partie - Filiales et participations - Chapitre 3. De 1925 à 1940 (suite)", paru dans Les Documents de l'agence indépendante d'informations internationales en novembre 1949.] Société de courtage et d'affrètement pétroliers. En raison de la participation anglaise, Johns I. Jacobs, la société est dissoute par anticipation à partir du 31 octobre 1940 (Journal des sociétés par actions du 6 novembre 1940). Le conseil d'administration comprend Michel Joseph Goudchaux, associé gérant de Worms et Cie, Louis Vignet et Raymond Meynial, directeurs chez Worms et Cie, et MM. Jacobs et Curtis. Les fondés de pouvoirs sont Jean Nelson-Pautier et John Trévor Hamilton. Le fonds commercial de la société sera repris par une autre filiale de Worms et Cie, créée dans ce but, la Société de courtage maritime et d'études. »
De Worms & Cie : [Extrait d'un dossier sur la compagnie d'assurances La Préservatrice daté du 13 juin 1941.] Le 31 octobre 1940, M. Jacques Guérard, nommé président du Comité d'organisation des sociétés d'assurances et de capitalisation, renonçe à la présidence de La Préservatrice et est nommé par l'assemblée générale ordinaire des actionnaires, président honoraire de La Préservatrice. Robert Cousin, qui exerçait pendant la mobilisation de Monsieur Guérard les fonctions d'administrateur-délégué par intérim, est nommé président. [Dans le livre intitulé "Centenaire de la compagnie d'assurances La Préservatrice 1861-1961", il est indiqué que Robert Cousin a accédé à la présidence de la compagnie le 27 décembre 1940.] D'autre part, M. Le Bourdais des Touches, administrateur de la Banque de l'Algérie, est nommé administrateur de La Préservatrice en remplacement de M. Louis Maublanc, décédé. [Voir 13 juin 1941.]

Octobre-novembre 1940
De Lucien Guérin, Worms & Cie Alger : [Extrait d'un courrier adressé à Georges F. Doriot, Boston, le 26 mai 1943.] « L'armistice m'a surpris en Scandinavie où je dirigeais la Mission d'achat du ministère de l'Armement. Après avoir longtemps hésité, j'ai dû me résigner à rentrer en France en octobre de la même année, puisque dans les conditions géographiques où je me trouvais, je n'avais pas d'autre solution. J'ai cependant obtenu dès mon retour, de notre Maison, l'autorisation de rester en zone libre, où j'ai organisé une agence des Services bancaires à Marseille. »
De Worms & Cie : [Extrait d'un historique de carrière d'Hypolite Worms, paru en mars 1963.] « En 1940, [Hypolite Worms] créait à Marseille une succursale de la Banque afin qu'elle puisse fonctionner aussi hors de la zone occupée.

Novembre 1940
[Extraits d'une note de Raymond Meynial datée du 13 novembre 1944, de l'interrogatoire de Gabriel Le Roy Ladurie par le juge Georges Thirion en date du 16 novembre 1944 et de l'audition de Raymond Meynial par le juge Thirion en date du 17 novembre 1944.] Le Molybdène. Eugène Guernier, président de la société, et Raymond Meynial, en tant qu'administrateur, reçoivent la visite de M. Acker, ingénieur allemand des Mines, représentant la maison Otto Wolf, de Cologne, spécialisée dans le commerce des minerais. M. Acker se dit régulièrement mandaté par le gouvernement allemand, et ami de M. Blondel, directeur du Comité d'organisation des mines et minerais qu'il rencontre souvent à travers le monde dans les congrès internationaux de géologie. Il manifeste un pressant désir d'acheter du minerai de molybdénite. Dès cette première visite, le président Guernier signale à M. Acker, d'une part que la production de la société est engagée et, d'autre part, que l'exploitation est sous réquisition du gouvernement marocain. Dans ces conditions, il paraît impossible d'envisager une livraison. Toutefois, il apparaît que, si le gouvernement allemand veut exiger de la Commission d'armistice la livraison de la totalité du métal produit à la mine, rien ne peut l'empêcher d'arriver à ses fins. Afin de différer cette éventualité, Raymond Meynial renvoye M. Acker au Comité d'organisation, puis à la Direction des mines, puis à la Commission d'armistice, puis à la Résidence générale du Maroc. [Voir 1er février 1941.]
De Roger Mennevée : [Extrait de l'article intitulé "La Banque Worms - Histoire générale - Troisième partie - Filiales et participations - Chapitre 3. De 1925 à 1940 (suite)", paru dans Les Documents de l'agence indépendante d'informations internationales en décembre 1949.] Établissements Japy Frères. M. Pucheu était devenu président (en remplacement d'Edgard Japy) et directeur général en novembre 1940, conformément aux nouvelles dispositions légales, mais en déléguant ses fonctions de directeur général à Albert Japy, en même temps, M. Guérard reprenait sa place au conseil d'administration.

[Vers le début novembre 1940]
Note [sans émetteur ni destinataire] intitulée "Extrait d'un rapport en date du 19 août 1943" : Le 10 août 1943 environ, devant les cadres de la légion des anciens combattants, M. Laval expliquera que, s'il avait fait arrêter Hypolite Worms comme il en avait eu l'intention un mois et demi avant le 13 décembre, « le 13 décembre n'aurait jamais eu lieu ».

1er novembre 1940
Du journal "Au Pilori" : Article intitulé "Le Trust des Assurances". « On a beaucoup parlé de la bande et de la Banque Worms. "Au Pilori" ajoute avec joie sa pierre de lapidation. M. Jacques Guérard, inspecteur des Finances, vient d'être nommé président et membre du Comité d'organisation professionnelle des assurances de France. Ne doit-il pas ce poste au fait qu'étant ancien collaborateur de la Maison Hypolite Worms, il fut à ce titre placé à la tête de La Préservatrice Accidents et Vie ? En effet, ce n'est pas dans une société en liquidation de faillite que l'on acquiert l'expérience nécessaire pour diriger les assurances de France. On ne marche pas droit sur ses pieds humides. Ne faut-il pas voir, dans cette manoeuvre, une des phases de la bataille sournoise que livre, actuellement à Paris, dans tous les domaines, le trust [...] et juif des assurances qui se refuse à abandonner sa place de choix de ravageur de l'épargne et de charlatan de "La Vie" et de "La Mort" ? »
Du journal "Le Réveil du Peuple" : Article intitulé "Panneaux publicitaires". « Les pignons de maisons en vue supportent toujours les réclames du Populaire et autres représentants de la presse pourrie d'avant-guerre. "Un ami à votre foyer", le Populaire du juif inverti Léon Blum et de la Banque Worms ? Gardez-moi de mes amis... Y a-t-il quelque chose de changé en France, oui ou non ? »
De la Société navale caennaise, à Hypolite Worms : « Au lendemain de l'immonde campagne de presse dont votre Maison a été l'objet, je tiens à vous assurer de ma sympathie. Le monde maritime a été soulevé d'indignation... »
[Extrait d'une note sans émetteur ni destinataire en date du 8 novembre 1940.] Société française de transports pétroliers. Principaux événements survenus entre le 22 juillet 1938 et le 1er novembre 1940. Situation de la flotte (9 juin-17 septembre 1940). Situation financière.

3 novembre 1940
De Rudy Cantel, du journal "Paris-Soir" : Quatrième article d'une série intitulée "Supprimons les trusts - Les responsables de notre défaite ne doivent plus diriger l'industrie française." « Hypolite Worms et consorts naturellement : Jacques Barnaud, entre autres, associé du trust Worms, inspecteur des finances, qui après avoir été le bras droit de M. Bouthillier, a été nommé, il y a quelque temps, directeur du cabinet de M. Belin, ministre de la Production industrielle et du travail. M. Barnaud, à son titre d'associé de la maison Worms, joint ceux d'administrateur du Crédit colonial avec MM. Baudouin et du Moulin de Labarthète, d'administrateur d'Air France en compagnie de M. Baudouin et d'administrateur de la Société lyonnaise des eaux et de l'éclairage avec M. Ernest Mercier. Le trust Worms possède de nombreuses attaches en haut lieu, nous le savons. Il faut que la masse entière des Français n'oublie pas que c'est grâce à ces gens que l'Angleterre a pu s'emparer de notre marine marchande. Pourquoi M. Louis Vignet, ex-attaché au service de MM. Blum-Picard et Weil, ex-chef du service de la répartition en France pendant la guerre de 1939-40, a-t-il été désigné ces jours derniers comme membre du comité restreint de l'organisation et de la corporation charbonnière, et président du Syndicat central des importateurs et négociants en charbon ? Pourquoi M. Jacques Guérard, inspecteur des finances, ex-collaborateur du trust Worms, imposé par Hypolite Worms à la tête de la Préservatrice lorsqu'il renfloua l'affaire, a-t-il été nommé, par décret du 11 octobre 1940, "président du comité d'organisation de l'industrie, des assurances et de capitalisation", rattaché au ministère des Finances ? Pourquoi ce même Jacques Guérard était-il directeur du cabinet de M Beaudouin depuis le 18 mai 1940 ? Pourquoi M. Duret, directeur général de la SFTP (du trust Worms), ancien directeur de la compagnie Worms, à Dunkerque, est-il toujours membre du Comité central des armateurs de France ? Pourquoi M. Hypolite Worms, lui-même, est-il encore trésorier et membre du conseil exécutif du Comité central des armateurs de France ? On ne doit pas ignorer pourtant, qu'au mois de juin dernier, M. Hypolite Worms critiquait violemment la politique du maréchal Pétain au sein du comité replié à Nantes. Pourquoi le directeur adjoint des Transports maritimes, à Vichy, M. Gardanez, était-il directeur de la Nouvelle compagnie havraise (société contrôlée par Worms) et conseiller de M. Rio ? Et les "accords Worms" du comité franco-anglais de coordination ? Faut-il citer encore M. Fenez, un des chefs de service de la Socap (du trust Worms) qui était attaché, à Londres, à la mission des charbons ? Faut-il citer M. Morgan, beau-frère d'Hypolite Worms, actuellement à Cardiff, également à la direction des charbons ? N'oublions pas que M. Hypolite Worms contrôle plusieurs milliards de l'activité française dans des groupements innombrables, des compagnies de navigation dont nous avons déjà donné la liste, des sociétés de pétrole, de charbon, de transports, de manutention, de stockages et d'assurances. »
Dossier analytique [non daté] sur Worms & Cie : [Le classement de ce document au 3 novembre 1940 se fonde sur le fait qu'aucune information donnée dans le texte n'est postérieure à cette date. Sur papier volant, il est indiqué « envoyé à l'expert Bernard le 28 novembre 1945 ».] Recensement (par l'Administration ?) des informations publiées (y compris dans la presse) au sujet de la société (coordonnées, capital, actes sociaux, dirigeants, activités, fondés de pouvoirs, participations).

4 novembre 1940
De [G. Blouet], ancien membre du personnel de la Maison, à Hypolite Worms, Paris : « J'assiste depuis quelques jours à la campagne menée contre vous dans un journal du soir... »

5 novembre 1940
D'A. Hurpy, Worms & Cie, au contrôleur des contributions directes : Prise en compte de la démission de Michel Goudchaux dans l'établissement des impositions afférentes à l'année 1941.

6 novembre 1940
D'Hypolite Worms : État civil, situation militaire, citations à la Légion d'honneur (chevalier en février 1923, officier en 1934), état militaire de son père, Lucien Worms, adresse, profession, situation raciale, généalogie, état civil de M. et Mme Lucien Worms.
De Worms & Cie : Acte déposé au Registre du commerce sous le n°21.209. Nomination de M. [Bandenon] en tant que fondé de pouvoirs.
De Roger Mennevée : [Extrait de l'article intitulé "La Banque Worms - Histoire générale - De 1927 à la Libération", paru dans Les Documents de l'agence indépendante d'informations internationales en juin 1948.] Extrait de la copie des inscriptions portées au registre analytique sous le n°24842 au nom de la Société Worms et Compagnie dont le siège social est à Paris, 45, boulevard Haussmann à Paris. Par voie modificative en date du 6 novembre 1940, M. Michel Joseph Goudchaux est à supprimer de la liste des associés-gérants... Par voie modificative en date du 6 novembre 1940, nomination d'un nouveau fondé de pouvoirs, M. Baudenon Georges, né le 29 avril 1888 à Corquelleroy (Loiret), Français, demeurant à Franconville (S.&.O.) 67, boulevard Maurice Berteaux.

7 novembre 1940
De (Pi)erre Rigaut, Paris, à Rudy Cantel, "Paris-Soir", Paris : « Agissements de la maison Worms en Scandinavie et en Finlande par l'intermédiaire de deux sociétés, l'Union des exportateurs français pour l'Europe du Nord et la Société centrale d'achats pour le Nord de l'Europe. Si la guerre de 1939 n'eût pas éclaté, cette banque se fût tout simplement approprié le contrôle de tout le commerce entre ces pays et le nôtre... L'affaire était assez bien montée, avec la complicité de MM. Babelon, directeur de la Chambre de commerce française à Stockholm, et Legué, attaché commercial à Helsinki. Ces deux fonctionnaires étaient pratiquement les employés de la banque Worms, et leur influence locale eût sans doute fait réussir l'entreprise, si les événements de septembre 1939 ne fussent intervenus... Aucun des dirigeant de cette entreprise ne jugea bon de se déranger pour participer à la guerre : MM. Babelon et Legué se gardèrent de quitter le Nord ; quant au directeur des services scandinaves de Worms, M. Guérin, il s'empressa de gagner Stockholm, où il doit être encore. Seul le jeune M. Hennessy rejoignit son régiment. »

8 novembre 1940
De G. de Brehville, du journal "Au Pilori" : Article intitulé "Juifs et Francs-Maçons. L'École Polytechnique". « Un article publié par un confrère met en cause un certain Jacques Barnaud qui, au grand mérite d'être l'homme de confiance du juif Worms joint celui d'être polytechnicien. »
Note [sans émetteur ni destinataire] : Société française de transports pétroliers. Principaux événements survenus entre le 22 juillet 1938 et le 1er novembre 1940. Modalités de constitution de la société, constitution du capital et du conseil d'administration, achat des pétroliers, composition de la flotte, situation des navires, situation financière. Depuis le 1er mai 1940, « la SFTP, comme toutes les sociétés d'armement françaises, se trouve en veilleuse ; l'exploitation des pétroliers qui se trouvent en Méditerranée a été reprise partiellement suivant les instructions données par l'Amirauté ».
De Roger Mennevée : [Extrait de l'article intitulé "La Banque Worms - Histoire générale - Troisième partie - Filiales et participations - Chapitre 3. De 1925 à 1940 (suite)", paru dans Les Documents de l'agence indépendante d'informations internationales en novembre 1949.] Compagnie minière coloniale. Par délibération du conseil d'administration en date du 8 novembre 1940, Robert Labbé, associé de Worms et Cie, remplace M. Barnaud qui a démissionné à l'occasion de son entrée dans les conseils du gouvernement. » Depuis la constitution de cette société en février 1934, le capital est passé de 250.000 F à 2 millions (assemblée du 30 octobre 1934), puis à 3 millions (assemblée du 7 décembre 1936), il fut porté à 6 millions par l'émission de 6.000 actions nouvelles de 500 F souscrites en espèces (assemblée du 31 mars 1939).

9 novembre 1940
D'A. Dauphin-Meunier : [Extrait d'un article intitulé "L'organisation charbonnière" paru dans le journal "Aujourd'hui", le 25 novembre 1940.] « Le 9 novembre a été créé un Comité d'organisation de l'importation charbonnière. Les attributions de ce comité, conformément aux prescriptions générales de la charte de la production, couvrent l'activité commerciale des entreprises qui achètent le charbon à des producteurs ou à des exportateurs étrangers et qui en assurent la livraison et la facturation à la clientèle française. Le directeur du Comité est M. Antoine Pol ; il est assisté dans ses fonctions par M. Robert Fossorier et M. Louis Vignet. »

11 novembre 1940
Du journal "Au Pilori" : [Extrait d'un article intitulé "Les nouveaux "messieurs" de la répartition du charbon et du pétrole" paru le 29 novembre 1940.] « En date du 11 novembre dernier, le J.O publiait un décret organisant le Comité des répartitions charbonnières où figurent MM. Louis Vignet, R. Fossorier, etc. »
De Rudy Cantel, du journal "Paris Soir" : Dans la série "Supprimons les Trusts", article intitulé "Le Comité d'organisation du charbon vient-il d'être créé pour ruiner les détaillants ?" « La loi du 16 août avait décidé la création de comités d'organisation professionnelle, chargés de défendre les intérêts corporatifs. Les trusts ont tourné la loi... La création du "Comité d'organisation du charbon" semble un défi jeté à la face de tous les honnêtes gens soucieux de l'intérêt général avant leurs intérêts particuliers. La corporation charbonnière se divise en deux branches : l'importation et la distribution. Divisions que l'on retrouve dans la composition du comité. Or, ce comité d'organisation représente presqu'exclusivement l'importation maritime. C'est-à-dire les trusts... Le Comité d'organisation du charbon comprend... »

12 novembre 1940
[Extraits d'une note datée du 5 septembre 1944, d'un historique non daté, classé en 1944 et du rapport n°1 de Gaston Bernard au juge Thirion en date du 13 octobre 1944.] Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime. Construction de "La-Favorite". Confirmation par l'amirauté française, 3ème bureau, de reprendre cette construction pour compte de l'amirauté allemande. [Voir 28 novembre 1940.]

13 novembre 1940
De Rudy Cantel, du journal "Paris Soir" : Dans la série "Supprimons les Trusts", article intitulé "Protecteurs et protégés sont toujours en place - Une épuration totale interviendra-t-elle à temps ?" « On ne semble pas avoir très bien compris, en haut lieu, l'influence considérable dont jouissait le trust Worms... Rappelons l'influence pernicieuse que peuvent exercer des hommes comme Jacques Barnaud, associé du trust Worms, inspecteur des finances, ex-bras droit de M. Bouthillier et actuellement directeur du cabinet de M. Belin, ministre de la Production industrielle et du Travail. Comme Jacques Guérard, du trust Worms, nommé par décret du 11 octobre 1940 "président du comité d'organisation de l'industrie des assurances et de capitalisation". Comme MM. Duret, Gardanez, Louis Vignet, Fénez, tous du trust Worms. Certains ont admis, que, dans la France nouvelle, ils devaient disparaître de la scène publique. On a "forcé" certains autres à comprendre. M. Michel Goudchaux a donné sa démission de la Maison Worms. D'autre part, M. Pineau, directeur des carburants au ministère de la Production industrielle et du Travail, a été relevé de ses fonctions par décret du 15 octobre, publié le 17, au Journal officiel. Mais M. Jacques Barnaud est toujours directeur du cabinet de M. Belin... Le trust Worms avait su se créer un puissant réseau d'attaches dans le monde industriel et maritime. L'agent des Chargeurs réunis et de la Compagnie de navigation Sud-Atlantique en Pologne, à Varsovie, à Gdynia, Dantzig, Boulogne, Marseille, Cardiff, Hull, Port-Saïd, Prague, Suez, Swansea était, comme par hasard de la Société Hypolite Worms. À Varsovie, cette société était dirigée par M. Brieule, marié à une Israélite d'Odessa, qui s'occupait de grouper les émigrants polonais et de les envoyer via Ies navires des Chargeurs réunis et de la Compagnie Sud-Atlantique, vers l'Amérique du Sud. M. Brieule, représentant de la banque Worms, recevait par tête d'émigrant envoyé en Amérique du Sud, 2,5 dollars-or [soit] 15.750.000 francs par an. Ce petit commerce a duré près de dix ans. Il est surprenant qu'actuellement M. Brieule soit l'un des directeurs de la banque Worms à Paris... M. Olivier de Sèze, commissaire administrateur désigné par Vichy, ancien inspecteur de la Banque de France, a été chargé de la gestion de la Banque Hypolite Worms. Les banques sont obligées de payer des sommes colossales aux administrateurs français qui remplissent ce service de contrôle. On parle pour certaines banques d'appointements et de participation "d'un million par an". Inutile de dire que ces places sont recherchées par les protégés de Vichy qui n'en espéraient pas tant. Lorsque, par-dessus le marché, des appointements sont dévolus à des moins de 40 ans, on conçoit facilement qu'ils ne soient pas pressés de s'en aller. »
Du journal "La France au Travail" : Article intitulé "P. Pineau chez Worms". « Les informations publiées par notre confrère "Paris-Soir" au sujet de la Banque Worms et des différentes affaires où elle est intéressée, ainsi que des personnalités qu'elle s'est attachées par l'un de ses conseils d'administration jettent un jour inquiétant sur la politique du pétrole telle qu'elle a été pratiquée en France depuis 1920. Nous relevons, en effet, parmi les noms cités celui de M. Pineau, ancien directeur de l'Office national des combustibles liquides au ministère du Commerce, puis au ministère des Travaux publics, aujourd'hui directeur des carburants au ministère de la Production industrielle et du Travail. M. Pineau a été le maître, avec M. Ernest Mercier, de la politique des carburants en France depuis 20 ans... Sa présence aux côtés de M. Worms au conseil d'administration de la Société des transports pétroliers ne peut pas être constatée sans regret... Son entrée dans les affaires du Consortium Worms liait fatalement ses intérêts personnels à ceux du consortium. Par conséquent aux intérêts personnels de tous ceux qui avaient partie liée avec ce consortium. Parmi les sociétés qui dépendaient du groupe se trouve Huilcombusol, qui comptait au nombre de ses administrateurs MM. Worms, Goudchaux et trois personnalités de la [Steaua] française. Or, la Steaua française, qui depuis a pris la dénomination d'Omnium français du pétrole est un importateur et, comme tel, soumis aux lois dont M. Pineau avait la charge d'assurer l'observation. La Steaua française, de plus, a pour président de son conseil M. Ernest Mercier, qui siège à la Lyonnaise des Eaux, aux côtés de M. Barnaud, chef de cabinet du ministre de la Production industrielle et du Travail. Il semble donc que M. Pineau n'a plus la liberté nécessaire pour remplir la fonction publique qu'il a acceptée. L'imitation de M. de Monzie n'est pas un idéal. »

15 novembre 1940
Des Services maritimes : Société nantaise de consignation et de gérance. M. Guillet démissionne de ses fonctions de Président.

21 novembre 1940
Du journal "La France au Travail" : Article intitulé "Les 200 familles qui ne désarment pas". « Le gouvernement de Vichy vient de dissoudre les organisations industrielles du haut capitalisme. Mieux, il a installé les "services de lutte contre le chômage" dans l'immeuble de la rue de Presbourg qui servait de siège à la Confédération du patronat de combat. Mais on ne supprime pas les trusts d'un simple trait de plume, bien au contraire lorsqu'on tolère à la tête d'un nouvel organisme de super-contrôle des assurances, l'agent avéré des trusts, le fidéi-commis d'une banque dont "Paris-Soir" a déjà conté les méfaits. Ce haut employé de la Banque Worms n'est d'ailleurs pas un inconnu dans l'industrie de l'assurance. N'a-t-il pas soulagé les compagnies de quelque 80 millions au profit d'une société qu'il dirigeait et qu'il avait précisément assez mal... préservée, puisqu'il fallait la renflouer ? L'homme des trusts songe sérieusement à mettre le grappin sur les rares compagnies restées indépendantes. »

22 novembre 1940
Du journal "Au Pilori" : Entrefilet intitulé "Est-ce que ?". « Du Moulin de Labarthète, directeur de la Banque de l'Afrique Occidentale Française, cité dans l'affaire Worms, et un de ces inspecteurs des finances cloué justement au pilori par un de nos confrères du soir, est très qualifié pour occuper à Vichy un poste des plus importants ? »
Du journal "La France au Travail" : Article intitulé "Au temps des 200 familles. Quand les trusts faisaient décorer leurs agents". « Dans notre article d'hier, révélant la menace qui pèse sur une Compagnie française d'assurances restée trop indépendante vis-à-vis du capitalisme international, nous avons cité le nom de son ancien directeur général, le juif May et nous avons mentionné que les actionnaires de la Compagnie n'avaient pas eu à se féliciter des services de cet agent des trusts. En effet, une vaste escroquerie était découverte, en 1934, par le conseil d'administration de la Compagnie. Cette escroquerie avait été consommée dans la branche crédit par le directeur général de la Société, le sieur May, qui avait consenti, à l'insu du conseil, des avals de traites pour des sommes considérables et non comptabilisées. Ces traites, escomptées à court terme, avaient été renouvelées à chaque échéance et cela, pendant plusieurs années. Le montant total de l'escroquerie s'élevait à 90 millions. »
De la Compagnie française Klöckner-Humboldt-Deutz : Procès-verbal de réunion. « Il est décidé que les importations de charbons belges qui vont être effectuées à partir du 1er décembre en vertu de l'accord intervenu entre les autorités allemandes, belges et françaises, seront faites pour le compte des maisons de commerce allemandes, des Mines de Langenbrahm et des Mines du Bassin d'Aix-La-Chapelle par un groupement constitué par les représentants en France de ces différentes sociétés et qui prendra nom de Groupement des charbons allemands. » Organisation. Nomination de Georges Sabatier en tant que président des deux comités foyers domestiques et industriel.

24 novembre 1940
Du journal "La France au Travail" : Article intitulé "Le règne des Trusts. Les Assurances". « Avant de parler des autres trusts qui régnaient et règnent encore, hélas ! sur l'économie nationale, finissons-en avec le trust des Assurances... La Banque Hypolite Worms, à laquelle nous faisions allusion dans nos premiers articles contrôle "La Réunion Française", ainsi que "La Préservatrice". C'est le juif Hypolite Worms qui représentera la banque au sein de la première Compagnie et c'est M. Guérard qui le fait pour la seconde. Le président du conseil d'administration de "La Réunion Française" est le juif Schwob d'Héricourt, de la famille des gros capitalistes de l'Est, apparentée aux Javal, aux Berr, aux Lang, aux Spira, dont nous aurons l'occasion de parler prochainement. »

25 novembre 1940
D'A. Dauphin-Meunier, du journal "Aujourd'hui" : Article intitulé "L'organisation charbonnière". [Début de l'article, voir 9 novembre 1940, création du Comité d'organisation de l'importation charbonnière.] « M. Robert Fossorier, maire de Deauville, est l'animateur du principal groupement des distributeurs du charbon. M. Louis Vignet est l'un des directeurs de la Banque Worms, laquelle contrôle les plus importantes sociétés françaises de chargement de combustibles. C'est à leur propos que M. A. de la Ch. à Saint-Cloud m'écrit : "Les noms des personnalités citées comme membres du Comité d'organisation charbonnière sont exactement les mêmes que ceux qui ont été cités en 1938 et 1939, comme étant les dirigeants de l'activité charbonnière en France... Les Français moyens qui voient définitivement leur activité condamnée à mort par les personnes en question sont exaspérées de constater qu'il n'y a rien de changé... Nous faisons confiance au Maréchal, mais il nous est impossible de faire confiance à toute la séquelle de ceux qui, depuis 25 ans, étranglent l'économie française et qui sont les véritables fossoyeurs de notre pauvre patrie." »
Note [sans émetteur ni destinataire] : Charbons belges. « Les autorités d'occupation viennent de décider la mise à la disposition de la France de 120.000 tonnes sur le mois de novembre et 150.000 tonnes sur le mois de décembre de charbons belges. Il s'agit principalement de charbons de foyers domestiques mais aussi d'une certaine quantité de charbons industriels. Ces charbons ne seront pas livrés aux acheteurs français par les vendeurs habituels belges, mais assimilés à des charbons allemands, en ce sens qu'ils seront pris en charge par le Rheinisch-Westfälisches Kohlensyndikat et que ce dernier en confie la vente à ses sociétés d'exportation habituelles : Raab Karcher, Haniel, Klöckner, etc. Il est donc normal que ces sociétés, exportant le charbon belge comme s'il s'agissait de charbon allemand, le fassent importer et distribuer en France par leurs intermédiaires habituels. » Rappel de la position de Worms & Cie par rapport à Raab Karcher et Klöckner dans les ventes pour le compte de la Société gazière d'achat en commun des charbons (comptoir d'achat groupant un grand nombre d'usines à gaz françaises), du Gaz de Bordeaux et de l'Office des charbons des secteurs électriques de Paris. « Les achats étaient traités en Allemagne par la filiale Worms de Duisburg et les ventes en France par Worms Paris et ses succursales. C'est Worms qui défendait la position des charbons allemands vis-à-vis de ses clients contre d'autres concurrences... N'est-il pas absolument normal et juste que la vente en France aux anciens clients soit faite par les anciens intermédiaires... En défendant le point de vue que ces charbons soient vendus exactement dans les mêmes conditions qu'autrefois les charbons de la Ruhr, la Maison Worms croit soutenir les intérêts de ses correspondants allemands en même temps que les siens propres. »

26 novembre 1940
[Extraits d'une note datée du 5 septembre 1944, d'un historique non daté, classé en 1944 et du rapport n°1 de Gaston Bernard au juge Thirion en date du 13 octobre 1944.] Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime. Sous-marin "L'Africaine". L'amirauté française donne l'ordre aux Chantiers d'achever ce navire au profit de l'Allemagne. [Voir 22 décembre 1940.]

27 novembre 1940
De "l'Agence économique et financière" : Article intitulé "Supprimons les Trusts". « Plusieurs journaux parisiens mènent une vive campagne avec ce mot d'ordre : supprimons les trusts ! Elle est principalement dirigée contre les grandes affaires juives de banque des Rothschild, Lazard Frères, Worms & Dreyfus. Les allégations produites à l'égard de ces entreprises ne sont que trop justifiées... L'influence mauvaise de la Maison Worms s'est manifestée surtout lorsque, pendant la guerre, les intérêts économiques de la France furent subordonnés à ceux de l'Angleterre. Si de nombreux navires français sont tombés aux mains de l'Angleterre, c'est aux dirigeants de cette firme qu'on le doit. »

28 novembre 1940
[Extraits d'une note datée du 5 septembre 1944, d'un historique non daté, classé en 1944 et du rapport n°1 de Gaston Bernard au juge Thirion en date du 13 octobre 1944.] Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime. L'amirauté française délivre aux Chantiers une licence confidentielle dérogatoire à l'interdiction de fabriquer du matériel de guerre. [Voir 3 octobre 1941.]

29 novembre 1940
De Jean Sardou, du journal "La France au Travail" : Article intitulé "La mer est-elle monopolisée ?". « Tous les fils conducteurs qui, en France, passaient d'abord par les banques, les ministères dits techniques (marine marchande, travaux publics et colonies), le comité des armateurs, les compagnies de navigation, etc. pour aboutir dans tous nos ports coloniaux et métropolitains, sur nos bateaux, nos remorqueurs et jusque sur nos péniches fluviales, partaient tous du "Balltic de Londres". Le "Balltic" était et est encore pour peu de temps l'unique bourse maritime mondiale. Sa porte, interdite au commun des mortels, ne peut s'ouvrir, en dehors de ses habitués attitrés, que devant des étrangers qualifiés, lesquels, même pour une courte visite, doivent être présentés par deux parrains, et dont les noms et qualités justifient leur admission temporaire... Bien entendu, il est inutile de souligner les attaches très étroites du "Balltic", où l'influence juive est si grande, avec la finance internationale. »
Du journal "Au Pilori" : Article intitulé "Les nouveaux "messieurs" de la répartition du charbon et du pétrole" et consacré au Comité des répartitions charbonnières « où figurent MM. Louis Vignet, R. Fossorier, etc [qui] vont avoir la haute main sur la totalité du commerce charbonnier pour l'État français. Louis Vignet est directeur de la Maison Hypolite Worms & Cie, adjoint de MM. Blum-Picard, Weill et J. Thibault (ce dernier affecté, durant la guerre, à la mission française à Londres !). Tandis que des Français de bonne race se faisaient casser la figure, Louis Vignet soignait les affaires de ses maîtres juifs ; il était détaché à la direction des Travaux publics de la République judéo-maçonne et il favorisait scandaleusement ses "saigneurs" et maîtres juifs. Rien que pour le port de Bordeaux, iI fut attribué pour un mois, environ 55.000 tonnes. Worms se vit attribuer 40% du tonnage, soit 22.000 tonnes environ, les 10 ou 12 autres firmes (Moulinié, Manningue, Personnaz, etc.), eurent droit aux restes !!! Nous pourrions citer des chiffres analogues pour d'autres régions. Ainsi, la firme juive Worms (directeur Vignet, ne l'oublions pas) faisait le plus grand tort, grâce à ses appuis, à des firmes sans protecteurs ! Louis Vignet est-il bien désigné pour répartir le charbon ? »
Note [sans émetteur ni destinataire] : Charbons belges. Coefficient de répartition des 150.000 tonnes destinées à la France. « Ces charbons seront attribués directement aux sociétés allemandes qui exportaient précédemment en France... suivant les indications qui leur seront fournies et suivant une liste qui a déjà [été] dressée d'accord entre les services de l'Hôtel Majestic et M. Thibaut. »

Décembre 1940
De Worms & Cie - Gabriel Le Roy Ladurie : [Extraits de son interrogatoire par le juge Georges Thirion en date du 27 septembre 1944 et d'une note du 6 décembre 1944.] Gabriel Le Roy Ladurie reçoit la visite du Dr Hettlage, principal membre du Vorstand de la Commerzbank. Homme d'une quarantaine d'années, ancien professeur d'économie politique à Bonn, ancien député du Centre catholique au Reichstag, le Dr Hettlage est d'une vive intelligence et d'une vaste culture. Entré seulement en 1936 dans le parti ou plutôt appelé par lui, celui-ci lui confie immédiatement des tâches importantes : direction des finances de la ville de Berlin, contrôle de la Commerzbank, coordination de toutes les entreprises électriques du Reich ; il a accès auprès de Goering et parfois d'Hitler. Dès les premiers entretiens avec Gabriel Le Roy Ladurie, il se montre très au courant du dossier Worms et exprime son désir de voir se nouer des liens étroits avec la Commerzbank. Il ne veut pas user de moyens de coercition, mais il est convaincu que Gabriel Le Roy Ladurie, de lui-même, se rendra compte que le maintien en vie d'une maison comme Worms, d'étiquette israélite, imprégnée de traditions anglophiles, ne peut être longtemps toléré par les autorités d'occupation - à moins que la création de liens très étroits avec un grand établissement comme celui qu'il dirige n'apporte tous apaisements au Reich - ces liens ne comporteraient aucune sujétion - les dirigeants de Worms & Cie resteraient seuls maîtres. A ce moment, la donation faite par M. Goudchaux à ses enfants de sa part sociale n'étant pas homologuée, le Dr Hettlag demande à devenir associé-gérant en lieu et place de M. Goudchaux. Réponse de Gabriel Le Roy Ladurie : une telle association est inconcevable. La Maison Worms sera ce qu'elle est ou elle ne sera pas. Pour adoucir ce refus, il offre au Dr Hettlag d'établir entre les deux maisons des liens normaux de correspondants. Le Dr Hettlage accepte cette proposition. « Devant notre attitude, le Dr Hettlage diminue en pression, mais nous impose, par le truchement du commissaire, l'obligation de servir de correspondant bancaire ordinaire à la Commerzbank, pour toutes les opérations courantes qu'autorisent les usages professionnels de la place, les lois, règlements et directives des autorités financières françaises... Nous devînmes ainsi le correspondant principal - mais non l'unique - de la Commerzbank. Je pense vraiment qu'aucun établissement bancaire français - même sans commissaire-gérant et sans pression politique et policière - ne refuserait ses guichets et ses services à une banque étrangère... La Commerzbank me demanda la réciprocité de nos transactions en Allemagne. Je la lui accordai d'autant plus volontiers que nous étions bien décidés à ne faire aucune opération outre-Rhin, disposés tout au plus à y faire exécuter les ordres courants de nos clients habituels. Un examen de nos comptes en Reichsmark serait édifiant à cet égard. » Compte de la Commerzbank dans les livres des Services bancaires. [Voir sur les rapports commerciaux avec la Commerzbank, la note de l'expert Gaston Bernard au juge Thirion en date du 7 novembre 1944.]
[Extraits de l'interrogatoire de Gabriel Le Roy Ladurie par le juge Georges Thirion en date du 18 octobre 1944, d'une note du 22 novembre 1944, et de l'interrogatoire d'Hypolite Worms et de Gabriel Le Roy Ladurie par G. Thirion en date du 25 novembre 1944, d'une note du 28 novembre 1944.] Établissements Japy Frères. Dans le courant de l'année 1940, il apparaît que la société va manquer de trésorerie, en raison de son développement et devant d'urgentes nécessités de renouvellement d'outillage. Le conseil d'administration décide alors de doubler le capital. Comme, à ce moment, la famille [Japy] ne désire pas élever sa propre participation, la Maison Worms accepte, malgré la guerre, de garantir l'augmentation de capital, ce qui lui laisse un solde d'environ 125.000 actions, pour un chiffre d'investissement de l'ordre de F 18.500.000 sur un capital porté à 40.000.200, soit une participation de 45%. Les autres actionnaires importants sont principalement Vernes et Cie, les Forges de Beautor, la famille Japy, etc. [Voir fin 1940.]
De Roger Mennevée : [Extrait de l'article intitulé "La Banque Worms - Histoire générale - Troisième partie - Filiales et participations - Chapitre 3. De 1925 à 1940 (suite)", paru dans Les Documents de l'agence indépendante d'informations internationales en décembre 1949.] Établissements Japy Frères. « Au début [?] de 1940, le capital fut doublé par l'émission au pair de 133.364 actions nouvelles de priorité de 150 F chacune, sur lesquelles la banque Worms et Cie souscrivit 107.138 actions, La Préservatrice 7.000 et les Machines automatiques Bardet - société passée sous le contrôle de Worms et Cie - 16.670 actions. »
De Roger Mennevée : [Extrait d'un article intitulé "La Banque Worms - Histoire générale - Suite - Ses opérations pendant l'occupation de 1940 à 1944", paru dans Les Documents de l'agence indépendante d'informations internationales, en avril 1952.] « À la fin de 1940, Gérard Bardet étant devenu administrateur des Établissements Japy Frères, en remplacement de Pierre Pucheu, la Banque Worms et Cie commença à s'intéresser aux affaires de M. Bardet et particulièrement aux Machines automatiques Bardet. A la même époque, la presse technique signalait que la Banque Worms et Cie envisageait de s'intéresser aux lignites du sud-ouest, en association avec le groupe Stein, dont l'animateur Charles Stein était directeur de la Société de distillation de combustibles et de constructions de fours à coke, dite Disticoke. » [Voir Roger Mennevée, article intitulé "La Banque Worms en 1951 et les appels aux capitaux de son groupe d'affaires" - paru dans Les Documents de l'agence indépendante d'informations internationales, en janvier 1952.]
De Roger Mennevée : [Extrait d'un article intitulé "La Banque Worms - Histoire générale - Suite - Ses opérations pendant l'occupation de 1940 à 1944 (suite)", paru dans Les Documents de l'agence indépendante d'informations internationales, en juin 1952.] Kilian Hennessy, administrateur de l'Union d'exportateurs français pour l'Europe du Nord, depuis sa création en juin 1939, est nommé président en remplacement de François Lehideux, appelé dans les conseils du gouvernement. Le siège social est transféré au 43, boul. Haussmann, Paris.

4 décembre 1940
A M. Bureau : Note [sans émetteur. Sans doute s'agit-il du document auquel Paul Gamelin se réfère dans sa lettre du 6 décembre 1940.] Répartition des ventes en France des charbons belges.

6 décembre 1940
De Paul Gamelin, Paris, à Louis Vignet : Répartition des ventes en France des charbons belges.

7 décembre 1940
De Worms & Cie : Note [sans destinataire] relative à "l'entretien que nous avons eu le 6 décembre 1940 avec M. Arnold de la Maison Klöckner". « La solution permettant d'assurer une place à notre Maison dans l'importation des charbons belges sera difficile à trouver, car le Bergrat Röver a déclaré la veille, 5 décembre, que les charbons belges mis à la disposition des maisons allemandes constituaient une indemnité qui devait rester la propriété des maisons allemandes, de leurs succursales en France ou de leurs agents français avec lesquels [elles] avaient des contrats avant guerre... Nous nous trouverions placés sur le même pied que d'autres maisons françaises (ou même de filiales de sociétés anglaises) qui n'ont pas importé avant guerre de charbons allemands et étaient uniquement tournées vers les mines anglaises... Il serait à craindre que n'étant pas dans le circuit, même pour un wagon de 20 tonnes, nous en restions exclus par la suite, non seulement pour les charbons belges, mais peut être un jour pour les charbons allemands et que nous perdions ainsi le fruit de vingt années d'une politique active des charbons allemands. » [Voir le 15 décembre 1944. A cette date, les agents en France des sociétés minières des charbonnages belges ont assigné devant le tribunal de commerce de la Seine, les représentants en France des sociétés charbonnières allemandes, au rang desquels Worms & Cie ne figure pas. Les attendus reprennent l'historique des ventes de charbons belges entre août 1940 et août 1944, période durant laquelle 2.709.859 tonnes ont été importées au total dans l'Hexagone, importations auxquelles la Maison n'a pris part.]

8 décembre 1940
De Worms & Cie : [Extrait d'une note du 24 octobre 1944.] "Lussac" subit de graves avaries au cours du bombardement du 8 décembre 1940 à Bordeaux.

13 décembre 1940
Destitution et arrestation de Pierre Laval.
De Gabriel Le Roy Ladurie : [Extrait d'une note datée du 13 octobre 1944.] Pierre Laval. « L'on me raconta qu'il crut ou fit semblant de croire que je n'étais pas entièrement étranger aux événements du 13 décembre. C'était là une supposition absurde. »
[Extrait d'une note, sans émetteur ni destinataire, intitulée "Extrait d'un rapport en date du 19 août 1943".] Le 10 août 1943 environ, devant les cadres de la légion des anciens combattants, M. Laval expliquera que, s'il avait fait arrêter Hypolite Worms comme il en avait eu l'intention début novembre 1940, « le 13 décembre n'aurait jamais eu lieu ». [Cette allégation sera reprise par divers articles de journaux, tel celui intitulé "Et le reste", paru dans le "National Populaire" du 1er avril 1944, dans lequel il est écrit : « La Banque Worms et des hommes comme du Moulin de Labarthète, Baudouin et Bouthillier furent à la base du 13 décembre [1940.] Les puissances de l'argent jouaient la collaboration au comptant et la victoire américaine à terme. »
De Jacques Barnaud : [Extrait d'un document non daté, classé en 1945.] « La position de défense énergique et ouverte de l'économie française que j'avais adoptée dès cette époque, les remous causés dans les milieux allemands et dans certains milieux français par l'affaire du 13 décembre 1940, à laquelle d'ailleurs je n'étais nullement mêlé, amenèrent de vives campagnes dans la presse franco-allemande de la zone occupée. Je fus violemment pris à partie, accusé de servir au poste que j'occupais soit des intérêts anglais, soit des intérêts israélites, soit des intérêts de trusts internationaux et j'offris en décembre ma démission à M. Belin. Celui-ci ne voulut pas l'accepter et me demanda instamment de continuer auprès de lui la tâche ingrate et pénible que nous avions entreprise. »

16 décembre 1940
De Charles Dieudonné, du journal "La France au Travail" : Article intitulé "Qui trompe-t-on ici ?". « On aurait tort de croire aussi que le juif est mis hors d'état de nuire. Il n'a pas de mal à trouver des hommes de paille pourvus de quatre grands-parents aryens. On est plein d'indulgence envers Israël. Quand il s'agit de sauver la mise aux complices d'un Nathan ou de répondre aux désirs d'un Pereire ou d'un Goudchaux, certain président mi-chaud, mi-froid, rend des arrêts qui ne lèsent que les intérêts des actionnaires chrétiens... Un complet nettoyage s'impose. »

17 décembre 1940
Eastern Provinces. Note de recommandations. « It's to no advantage to have the Cy's holdings on behalf of its clients under the control of both the American and the Canadian governments. As Eastern Provinces Administration is a Canadian Corporation. It's in any event under Canadian Control and, therfore, our object should be to free the Cy from the american control... » Par rapport à Imafiza. « Apparently a considerable amont of money had been lost by investments in France and Holland made in disregard of the war risk. »
[Extrait d'un dossier sur le développement de la Banque Worms, daté du 22 mars 1941.] La « Nouvelle Compagnie havraise péninsulaire a pour président M. Hypolite Worms, demeurant 4, rue Émile Deschanel, à Paris - et pour directeur général M. Anatole Bucquet demeurant 28, avenue d'Eylau, à Paris, et ce suivant délibération prise par le conseil dans sa réunion du 17 décembre 1940 ».
De Roger Mennevée : [Extrait de l'article intitulé "La Banque Worms - Histoire générale - Troisième partie - Filiales et participations - Chapitre 3. De 1925 à 1940 (suite)", paru dans Les Documents de l'agence indépendante d'informations internationales en novembre 1949.] Société d'entreprises de grands travaux hydrauliques - EGTH « A la suite des événements de 1940 et de la nouvelle législation sur les sociétés, Guy Brocard (Worms et Cie) et M. Berryer furent nommés administrateurs par l'assemblée du 17 décembre 1940, et Jean Rigal élu président en remplacement de Georges Lauret alors prisonnier en Allemagne.
De Roger Mennevée : [Extrait de l'article intitulé "La Banque Worms - Histoire générale - Troisième partie - Filiales et participations - Chapitre 3. De 1925 à 1940 (suite)", paru dans Les Documents de l'agence indépendante d'informations internationales en décembre 1949.] Société des alliages, métaux et matières premières. « Après les événements de 1940, MM. Rialan et Desplats-Pilter donnèrent leurs démissions qui furent ratifiées par l'assemblée ordinaire du 17 décembre 1940. Depuis cette époque, Worms et Cie s'est désintéressée de l'affaire. »

18 décembre 1940
De Gabriel Le Roy Ladurie, [Marseille], à Georges F. Doriot, Boston : « Comme suite à la demande qui t'a été faite par notre ami Martorell, il me serait très agréable que tu acceptes la gérance de la société Planavalda et de la Western Development Co. Ltd... Etant donné les difficultés de communication, je te demande d'avoir, en toute circonstance, entière confiance en Monsieur Martorell, et de tenir le plus grand compte des indications qu'il pourra te transmettre. »
De Worms & Cie : [Extrait d'une note sur les Établissements Marret Bonnin Lebel & Guieu classée en 1941.] Assemblée du 18 décembre 1940. Bilan de l'exercice 1939.

19 décembre 1940
De Me Paul Jullien : "Déclarations concernant la famille de Jean Labbé". [Les informations concernant Léon et Robert Labbé ont été insérées dans les recueils annuels concernés.]
De Jean Nelson-Pautier : [Extrait d'une note du 3 janvier 1945 sur la Compagnie sétoise de produits chimiques.] Composition du conseil d'administration de cette société.
De Roger Mennevée : [Extrait de l'article intitulé "La Banque Worms - Histoire générale - Troisième partie - Filiales et participations - Chapitre 3. De 1925 à 1940 (suite)", paru dans Les Documents de l'agence indépendante d'informations internationales en novembre 1949.] La nomination de Raoul Cadiot à la présidence de de la Société immobilière du boulevard Haussmann, en remplacement de Guillaume de Tarde (groupe Lazard Frères), démissionnaire, entérine le retrait du groupe Lazard au profit de la Banque de Paris et des Pays-Bas au sein de cette société où Worms & Cie compte deux représentants en la personne de MM. Milliot et Guex.

20 décembre 1940
De M. Beaujard, attaché commercial en Norvège : « Le ministre norvégien du Ravitaillement et de la Marine marchande, et le directeur des services de la Marine marchande norvégienne, demandent que le gouvernement français libère les nombreux navires marchands norvégiens actuellement retenus, notamment en Afrique du Nord. Au début de juin, il était dans l'intention du gouvernement norvégien de faire partir tous ces navires vers l'Amérique, mais le gouvernement britannique insista pour que ces bâtiments soient laissés, en Afrique du Nord, à la disposition de la France. » [Voir infra les listes établies par le service des affrètements-liquidation, Vichy, le 23 décembre 1940.]
De Roger Mennevée : [Extrait de l'article intitulé "La Banque Worms - Histoire générale - Troisième partie - Filiales et participations - Chapitre 3. De 1925 à 1940 (suite)", paru dans Les Documents de l'agence indépendante d'informations internationales en décembre 1949.] Société privée d'études et de banque. « Pierre Rosenstock, israëlite, ayant démissionné en septembre 1940, ne fut pas remplacé au conseil d'administration. Par contre, Guillaume de Tarde, démissionnaire le 20 décembre 1940, fut remplacé par Maurice Benoit Paul Desoubry, fondé de pouvoirs de Worms et Cie. »

22 décembre 1940
[Extraits d'une note datée du 5 septembre 1944, d'un historique non daté, classé en 1944 et du rapport n°1 de Gaston Bernard au juge Thirion en date du 13 octobre 1944.] Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime. Sous-marin "L'Africaine". Les Chantiers ne s'inclinant pas devant l'ordre donné le 26 novembre 1940 par l'amirauté française d'achever ce navire au profit de l'Allemagne, l'amirauté allemande revient à la charge. La lettre de l'amirauté allemande concerne également la reprise de la construction du ravitailleur d'escadre "Charente". [Voir 28 décembre 1940.]

23 décembre 1940
Du service des affrètements-liquidations, Vichy : Listes des navires norvégiens, grecs, polonais, yougoslaves, belges, hollandais et danois retenus dans les ports français (métropole et colonies).

27 décembre 1940
Du journal "Au Pilori" : [Extrait d'un article intitulé "Worms, Vichy, Aller et Retour" et publié le 17 janvier 1941.] « Est-il exact que le 27 décembre 1940 à 16 heures, M. Jacques Barnaud, secrétaire général au ministère du Travail, présidait un conseil d'administration en compagnie de son associé, M. Hypolite Worms, dans sa banque du 45, boulevard Haussmann ? Si c'est exact, comment se fait-il que l'on puisse être à la fois à la tête d'un trust dont les origines juives, pour ne pas dire plus, sont notoires et être secrétaire général au ministère du Travail ? »

28 décembre 1940
Des Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime : [Extrait d'un historique classé en 1944.] Sous-marin "L'Africaine". La Maison Worms s'abrite derrière une absence de licence régulière pour retarder la remise en chantier de cette unité - ce qui permet à l'amirauté française de porter l'affaire devant la Commission de Wiesbaden tout en en avisant les Chantiers du Trait. [Voir 4 mars 1941.]
De Roger Mennevée : [Extrait de l'article intitulé "La Banque Worms - Histoire générale - Troisième partie - Filiales et participations - Chapitre 4 - Fidei-commissaires et agents", paru dans Les Documents de l'agence indépendante d'informations internationales en décembre 1950.] Ratification par l'assemblée générale de Saint-Didier Automobiles de la nomination de Louis de Beauvoir en tant que président-directeur général de cette filiale de La Préservatrice. [Voir septembre 1942.]

29 décembre 1940
De Charles Dieudonné, du journal "La France au Travail" : Article intitulé "Un exemple ! Qu'on fasse un exemple !". « Ce qui décourage les antisémites convaincus, c'est de savoir qu'un Worms ou un Lazard garde du crédit auprès du gouvernement... Le redressement national sera saboté aussi longtemps qu'on hésitera à châtier les coupables. Que l'on commence par les Daladier, les Blum, les Reynaud ! Soyons des empêcheurs de danser en Riom ! Et qu'on se décide à faire un exemple ! Un exemple ! L'exécution prompte et soignée d'une vingtaine de mercantis épouvanterait la crapule et réconforterait les honnêtes gens. Un exemple, ce n'est pas une condamnation à l'eau de rose, un nouveau décret, une réglementation vague et inopérante. Savez-vous ce que c'est qu'un exemple, dans un pays qui veut revivre et reconquérir l'estime de l'univers ? Des coquins collés au mur et douze balles qui crépitent. »

31 décembre 1940
De Worms & Cie : [Extrait d'une note sur les Services charbons en date du 14 juin 1941.] Bilan de la Compagnie charbonnière des appontements de Bassens et de Lagrange.
De Worms & Cie : [Extrait d'une note sur Société privée d'études et de banque, en date du 16 juin 1941.] Bilan au 31 décembre 1940. [Voir une note de Gabriel Le Roy Ladurie en date du 26 septembre 1944 : « Dès la fin des hostilités en 40, nous avions arrêté l'exploitation [de la Société privée d'études et de banque. Elle se trouvait donc avoir uniquement en caisse son capital - pas d'autre actif, pas de passif, plus de clientèle. »]
De Worms & Cie : [Extrait d'une note sur la Compagnie de courtage d'assurances et de gestion en date du 13 juin 1941.] Bilan au 31 décembre 1940.
De Worms & Cie : [Extrait d'une note non datée sur Compagnie minière coloniale, classée en 1941.] Bilan au 31 décembre 1940.
De Worms & Cie : [Extrait d'une note non datée sur la Société française des sablières, classée en 1941.] Bilan au 31 décembre 1940.
D'Henri Nitot, Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime : [Extrait d'une note du 29 octobre 1945.] « Nous étions titulaires pour la France, les colonies et protectorats, en vertu d'accords passés avec la Chicago Bridge & Iron Cy, de Chicago, d'une part d'une licence de construction en France des toits flottants et respirants Wiggins, et d'autre part des sphéroïdes Horton. Mais la première de ces licences a expiré le 31 décembre 1941 et la seconde le 31 décembre 1940 et elles n'ont pas encore été renouvelées. »

Fin 1940
De Roger Mennevée : [Extrait de l'article intitulé "La Banque Worms - Histoire générale - Troisième partie - Filiales et participations - Chapitre 3. De 1925 à 1940", paru dans Les Documents de l'agence indépendante d'informations internationales en juillet 1949.] Société lyonnaise des eaux et de l'éclairage. M. Barnaud cessa ses fonctions d'administrateur, fin décembre 1940, en raison des nouvelles dispositions légales sur les administrateurs de sociétés. Depuis, la maison Worms et Cie n'a plus de représentant au conseil d'administration de la Société lyonnaise des eaux et de l'éclairage.
De Worms & Cie : [Extrait d'une note sur les Établissements Japy Frères en date du 14 juin 1941.] « La fabrication des moteurs à essence a été abandonnée à la fin de l'année 1940 et les brevets, marques et autres éléments de fonds de commerce afférents à cette exploitation cédés à la société Bernard-Moteurs. Le produit de cette cession est destiné à de nouveaux investissements qui permettront d'augmenter la fabrication de l'horlogerie et des machines à écrire, pour répondre aux besoins nouveaux du marché... Le capital social, qui s'élève depuis l'augmentation de capital réalisée en décembre 1940 à la somme de 40.000.200 francs, est représenté par 266.668 actions de 150 francs chacune, dont 80.000 actions ordinaires et 186.668 actions de priorité. Les 80.000 actions ordinaires représentant le capital ancien sont détenues presque en totalité par la famille Japy. Sur les 186.668 actions de priorité, 53.334 représentent l'augmentation de capital réalisée en 1939, dès le début de la réorganisation de la société sous l'égide de Worms & Cie. Cette augmentation de capital a été couverte par les souscriptions conjuguées des anciens actionnaires, spécialement de la famille Japy, et de MM. Worms & Cie ; ces derniers figurent dans la liste des souscripteurs pour 17.679 actions. Le surplus des actions de priorité, soit 133.334, représente l'augmentation de capital réalisée en 1940 et souscrite pour la plus grosse partie par Worms & Cie (107.138 actions). Bilan au 31 décembre 1940. » [Voir 30 mai 1941.]
De Worms & Cie : [Extrait d'une note non datée sur la Société tunisienne de l'hyperphosphate Réno, classée en 1941.] « Un palliatif de cette situation très grave [l'arrêt des exportations de phosphates] est procuré par les anciens concurrents de l'hyperphosphate, les superphosphates. Ceux-ci, en raison de leurs droits acquis, reçoivent la majorité du transport autorisé, mais ils sont incapables de traiter leurs phosphates selon le procédé des superphosphates, par suite du manque d'acide sulfurique. Ils ont donc été amenés à reconnaître l'excellence du procédé de l'hyperphosphate Réno et à demander à cette société, seule possesseur d'installation de broyage, de broyer pour eux. Dans ce but, un premier contrat a été passé avec Saint-Gobain, assurant à ce dernier l'exclusivité du broyage pour une première tranche de 50.000 tonnes. En outre, l'usine de Sète était mise en route au début d'octobre avec un groupe de pulvérisateur. Un deuxième groupe a été mis en route fin novembre. Situation financière... II semble que les capitaux avancés par Worms ne sont pas en péril, mais qu'un secours financier important devra être maintenu à la société pendant une durée encore assez longue. Cependant, la société a marqué depuis 1936 un redressement remarquable, et les dispositions qu'elle a prises pour parer à la crise semblent lui permettre de réaliser, malgré les difficultés actuelles, des bénéfices substantiels. En ce qui concerne l'avenir, une inconnue subsiste, qui est la valeur même du procédé hyperphosphate : de nombreuses années d'exploitation suivie pourront seules révéler, en effet, si les terres supportent bien cet engrais, ou si elles en sont lentement empoisonnées. » [Voir 17 juin 1941.]

 

 

(1) Sir John Gilmour est le ministre de la Marine marchande britannique.

Conteneur

B-A

Informations portées sur les bordereaux d'archivage
(B-A = boîte archives)

W/186

923

Armement - Offres d'achat et vente de navires (1920-1952)

W/186

924

Armement - Vente de navires Worms & Cie (1925-1942)

W/186

927

Armement - Divers
Poste de pilotage de Concarneau.
[Voir mars 1940.]
[Voir 30 juin 1940.]

W/189

940

Messageries maritimes - MM (1929-1946) ; Société nantaise de consignation et de gérance - SNCG ; Compagnie nantaise de navigation à vapeur - CNNV
Services maritimes : SNCG. Échange de courriers avec Worms & Cie Anvers au sujet de l'opposition du ministère du Travail à l'immigration de la main d'oeuvre belge en France (Nantes).
[Voir 15 novembre 1940.]

W/209

1039

Armement - Demandes d'embarquement (1929-1949)
Matelots, timoniers, lieutenants, mécaniciens, officiers, élèves officiers, pilotins...

W/210

1045

Société française des transports pétroliers (SFTP) - Divers (1938-1962) - Position de la flotte [Dossiers désordonnés]
Personnel navigant. Demandes d'embarquement, d'emploi à bord des pétroliers. Certains postulants sont des anciens de la Compagnie générale transatlantique.
Position hebdomadaire des navires (novembre 1938-mai 1940).
Note à Jacques Barnaud, en date du 14 mars 1940, au sujet des agences de la SFTP.
[Voir mai 1940.]

W/222

1104

Services charbons - Divers (1924-1957)
Entente pour vente de gazogènes Suca dans le Morbihan.

W/222

1105

Services maritimes - Accords et ententes.

W/222

1106

Dakar : Documentation dont plusieurs publications.
Beyrouth : Publications. « Cinquantenaire du port de Beyrouth (1888-1938) ». Rapports d'assemblées de la Compagnie du port, des quais et des entrepôts de Beyrouth (S.A. française, 20, rue Bergère) de 1934-1935 et 1937 à 1941. Beyrouth, Porte de l'Asie.

 

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