1940.01.01.De Jacques Barnaud.Noisy.A Hypolite Worms.Londres.Original

Document original

Noisy

1er janvier 1940

Mon cher Hypolite,
La Maison est calme, je parle du bd Haussmann ; chacun met beaucoup de bonne volonté ; la période actuelle soulève beaucoup de papiers et de petites difficultés journalières, mais en somme peu de grandes questions et nous n'avons la plupart du temps qu'à exécuter les ordres du maître tout puissant.
J'ai fini hier de mettre au point notre fameux projet de statuts ; je le ferai taper demain au bureau et vous l'adresserez aussitôt. C'est naturellement un compromis mais je pense que c'est le meilleur. Vous avez très bien fait d'adresser votre procuration à Michel, cela a simplifié bien des choses.
La Suède m'occupe toujours un peu trop, parce que je n'ai pas véritablement un adjoint de valeur qui puisse me remplacer entièrement. Mais c'est naturellement le ministre des Finances qui trouble le plus mon emploi du temps ; et là aussi tout serait naturellement plus simple si tout le monde voulait travailler du même cœur et dans le même sens...
Mais ce qui me trouble le plus, naturellement, c'est votre bureau vide à mes côtés. Depuis treize ans maintenant j'avais si bien pris l'habitude de tout vous raconter, de cette collaboration si intime et j'ai la conviction profonde que c'est la plus grande joie du travail - mais c'est une réussite bien difficile à réussir au point où nous l'avons réussie -. C'est pourquoi, vous le savez, je suis si heureux de la destinée qui m'a placée près de vous.
Affectueusement, de nous deux à vous deux.

[Signature illisible]


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