1944.05.00.Rapport d'enquête sur le groupe Worms

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NB : Certaines informations données dans ce document, reproduit en pages 15 à 37, recoupent celles fournies dans une note datée du 2 février 1945.

Note sur le Groupe Worms

Origine
Ce que l'on appelle couramment le groupe Worms est en réalité une société en nom collectif et en commandite simple dont nous examinons plus bas la constitution exacte.
Les origines de la société Worms remontent à 1848, date à laquelle M. Hypolite Worms, grand-père de l'associé-gérant actuel, a créé une maison de commerce ayant pour but le négoce de charbons, et en 1858, un service des transports maritimes. Nous examinerons lors de l'étude des différents départements de cette société la création et le fonctionnement de ces diverses branches.
Le 1er janvier 1874 fut constituée la société Worms & Cie qui continuait les opérations de la maison de commerce précédente.
Ses statuts actuels découlent d'un acte en date du 11 janvier 1940.
Forme actuelle
La forme actuelle de la société Worms & Cie est celle d'une société en nom collectif et en commandite simple au capital de 40.000.000 de francs dont le siège social est à Paris, 45 boulevard Haussmann. Le pacte social fait l'objet d'un acte en date du 11 janvier 1940, reçu par Me Delarue, notaire à Paris, et publié dans la Gazette des tribunaux du 21-27 janvier 1940.
Une modification fut apportée le 18 octobre 1940 (acte reçu par Me Rivière, notaire à Paris) et publiée dans la Gazette des tribunaux n°55 24-28 octobre 1940, modification résultant de la démission d'un des trois gérants.

Répartition du capital social
Lors de la constitution actuelle de la société, soit au 11 janvier 1940, le capital était réparti comme suit :
Associés-gérants

M. Hypolite Worms

12.307.692

30.77%

M. Michel Goudchaux

7.076.924

17.69%

M. Jacques Barnaud

1.846.153

4.62%


21.230.769

53.08%

Associés-commanditaires

Mme E. Fauchier Delavigne

3.076.923

7.69%

Mme A. Fauchier Magnan

3.076.923

7.69%

Mme J. Lebel

3.076.923

7.69%

Mme Jean Labbé

4.000.000

10.00%

Mme Marcel Razsovich

2.769.231

6.92%

M. Roger Leroy

822.601

2.06%

M. Raymond Leroy

822.601

2.06%

M. Michel Leroy

822.601

2.06%

Consorts Leroy, M. Paul Leroy, usufruitier

301.428

0.75%


18.769.231

46.92%


40.000.000

100.00%

Après la démission de M. Michel Goudchaux et après certaines modifications résultant de diverses donations, le capital social se trouve réparti comme suit :
Associés-gérants

M. Hypolite Worms

12.307.692

30.77%

M. Jacques Barnaud

1.846.153

4.62%


14.153.845

35.39%

Associés-commanditaires

Mme A. Fauchier Magnan

3.076.923

7.69%

Mme E. Fauchier Delavigne

3.076.923

7.69%

Mme J. Lebel

3.076.923

7.69%

Mme Marcel Razsovich

2.769.231

6.92%

M. Robert Labbé

2.600.000

6.50%

M. Léon Labbé

1.400.000

3.50%

M. Roger Leroy

822.601

2.06%

M. Raymond Leroy

822.601

2.06%

M. Michel Leroy

822.601

2.06%

Consorts Leroy, M. Paul Leroy, usufruitier

301.428

0.75%

Mme Patrick Blanchy

2.358.975

5.90%

Mme Jacques Desforges

2.358.975

5.90%

Mme Christian Boccon Gibod

2.358.974

5.90%


25.846.155

64.61%


40.000.000

100.00%

De ce qui précède, il résulte que deux sortes d'associés composent la société Worms, ainsi que, d'ailleurs, il en est pour toutes les sociétés en nom collectif et en commandite simple. Dans cette forme de société, les associés-gérants sont les dirigeants absolus de la société, un peu comme si ils en étaient les seuls participants. Ils ont des pouvoirs très étendus, beaucoup plus grands que ceux des dirigeants (président du conseil et directeurs général) d'une société anonyme.
Quant aux associés-commanditaires, ils n'ont droit à aucune part dans la direction de l'entreprise. Leur rôle se borne à l'encaissement de leur part dans les répartitions lorsque les associés-gérants le décident. Ils n'ont pas Ie droit de discuter les comptes sociaux et ils n'ont pas à renouveler les pouvoirs des gérants qui en sont détenteurs jusqu'à leur décès ou leur démission.
Parmi les associés-commanditaires de la Maison Worms, nous n'avons pu en trouver que deux, MM. Robert Labbé et Michel Leroy - qui font partie des éléments de direction du groupe, le premier en tant que fondé de pouvoirs du siège social le second en tant que fondé de pouvoirs des services charbons.
Par contre, M. Gabriel Le Roy Ladurie, directeur des services bancaires, n'a, contrairement à ce que nous avions pensé, aucune participation dans la Maison, que ce soit à titre d'associé-gérant ou d'associé-commanditaire. De même, on ne le retrouve dans aucun conseil d'administration des entreprises contrôlées par le groupe Worms ou même de celles dans lesquelles il a des participations non majoritaires.

Question juive
On s'est souvent étonné de la continuation de l'activité du groupe Worms que l'on considérait comme juif.
Une entreprise économique est définie comme juive par les autorités d'occupation lorsqu'elle se trouve dans les conditions prévues par la deuxième ordonnance du 18 octobre 1940 concernant les mesures contre les juifs (publication 20 octobre 1940, [...] page 112). Dans cette ordonnance, une société en nom collectif est considérée comme entreprise juive si un des associés est juif (paragraphe 1er). Toutes les entreprises qui se trouvaient dans ce cas après la date du 23 mai 1940 devaient en faire la déclaration auprès du préfet de police, à Paris. Cette déclaration devait faire ressortir, entre autre, les faits sur la base desquels l'entreprise était ou avait été juive après le 23 mai 1940 et lorsqu'une modification ayant amené la disparition du caractère de cette entreprise s'était produite, l'exposé des faits ayant fait disparaître ces présomption (paragraphe 2 de l'ordonnance précitée).
Le 29 octobre 1940, la société Worms & Cie a fait une déclaration reçue sous le n°45 par le commissaire de police du quartier de la Chaussée d'Antin, déclaration par laquelle elle précisait les faits suivants :
Au 23 mai 1940, la société Worms & Cie comportait trois associés en nom collectif :
MM. Hypolite Worms, Michel Goudchaux, Jacques Barnaud.
M. Michel Goudchaux était le seul des trois associés qui devait être considéré comme israélite au sens des dispositions de l'ordonnance du 27 septembre 1940. Toutefois, ce dernier avait donné sa démission le 15 octobre 1940, acte reçu par Me Rivière, notaire à Paris, le 18 octobre 1940 (publication Gazette des tribunaux n°55 des 24-28 octobre 1940).
De plus, M. Goudchaux cessait même d'être simple commanditaire ayant fait, en date du 25 octobre 1940, une donation de l'intégralité de ses droits dans la société Worms & Cie à ses trois filles qui sont aryennes tant dans le sens des ordonnances allemandes que de la législation française. II semble d'ailleurs que depuis cette époque il n'ait plus eu aucune relation avec le groupe.
La Maison Worms & Cie n'était donc plus, suivant la définition retenue par l'ordonnance du 18 octobre 1940, une entreprise juive.
Néanmoins, le paragraphe 4 de l'ordonnance du 18 octobre 1940 prévoyait que toutes opérations juridiques effectuées après le 23 mai 1940 et disposant des biens d'israélites pouvaient être déclarées nulles par le chef de l'administration militaire en France. Deux commissaires furent désignés par le Militärbefehleshaber in Frankreich : ce furent M. von Ziegesar puis M. von Falkenhausen.
L'ordonnance du 20 mai 1940 de laquelle découlaient les pouvoirs des commissaires (articles 2 et 3) leur donnait les pouvoirs les plus étendus, entre autres : tous paiements d'une somme égale ou supérieure à 100.000 francs doivent être soumis à l'agrément des commissaires, cet agrément étant constaté par un visa sur le double du document ; tout changement affectant la nationalité d'un navire appartenant à l'entreprise, tous marchés ou transactions sur les charbons d'une valeur de plus de 1.000.000 de francs devaient être soumis à l'agrément des commissaires ; de plus, il devait être fourni à ces derniers la liste des avoirs bloqués à l'étranger, la liste des avoirs en France et des avoirs libres à l'étranger ; la balance mensuelle devait leur être soumise dès son établissement, etc. etc.
Les commissaires ont notamment eu à s'assurer de l'aryanisation régulière de la participation de M. Michel Goudchaux dans la société comme aussi, mais subsidiairement, de celle de Mme Jean Labbé, née Goudchaux (transmise par acte du 19 octobre 1940 à ses deux fils aryens au sens des ordonnances allemandes et de la législation française) bien que le caractère racial de Mme Labbé, simple commanditaire, n'ait pas à être retenu pour la qualification de la société elle-même. De ce qui précède, il semble donc découler que plus aucun membre de la société, qu'il soit associé-gérant ou associé-commanditaire, n'est juif au regard des deux législations d'occupation et française. II semble peu probable qu'une aryanisation irrégulière ait pu être faite étant donné la présence des deux commissaires allemands sus-visés.
Par ailleurs, de l'ensemble des renseignements que nous avons pu recueillir, il résulte que déjà depuis de longues années avant la guerre aucun titulaire de procuration de la société ni même aucun employé a un titre quelconque que ce soit au siège ou dans les succursales et établissements ne se trouvait être de race juive.

Activité de la société
Si, comme nous l'avons indiqué au début de cette note, à l'origine la Maison Worms ne s'était occupée que du négoce de charbons, depuis sa création, elle a constitué d'autres branches tout aussi importantes.
L'ensemble de ces branches ou services est dirigé par le :
Siège social
composé, en ce qui concerne les éléments dirigeants de :
- deux associés-gérants : MM. Hypolite Worms et Jacques Barnaud
- un fondé de pouvoirs : M. Robert Labbé
Secrétariat général
Le secrétariat général est adjoint à la direction. Il est dirigé par :
- un secrétaire général : M. Philippe Simoni
(qui a pris la succession de M. Joseph Denis, décédé en février 1943)
- deux fondés de pouvoirs : MM. Jean Borie et André Hurpy.

Services charbons
Comme nous l'avons indiqué plus haut, le négoce des charbons fut à l'origine de la Maison Worms et a donc été créé en 1848.
Le but de ce service était l'achat à l'étranger du charbon, le transport maritime et la vente en gros, demi-gros et détail de ce charbon.
La Maison n'a jamais eu aucune participation dans aucune mine, ceci semblant être une décision de principe, la politique de la société se bornant à faire uniquement du négoce et du transport.
Autant que nous avons pu le reconstituer, la vente en France était assurée tant par la direction de Paris que par les nombreuses succursales de la société.
Des succursales existaient également à l'étranger pour l'achat des charbons, entre autres à Duisburg, Dantzig, Cardiff, Newcastle, Swansea.
Worms se ravitaillait surtout à l'étranger : Allemagne, Grande-Bretagne, Pologne, Belgique, Hollande. Il s'était assuré la distribution en France des charbons de l'État turc, par l'intermédiaire et pour le compte de la société commerciale franco-turque. Il était également l'importateur des anthracites de la Société française des charbonnages du Tonkin.
Il ne semble pas que Worms travaillait beaucoup avec les mines françaises. Nous avons juste pu trouver qu'il était agent général pour le sud-ouest des mines de Blanzy.
Il semble que les transactions faites par Worms étaient assez importantes puisqu'en 1937 et 1938 les Services charbons ont vendu environ 1.500.000 tonnes. Toutefois, par rapport au chiffre total de l'importation des combustibles minéraux en France, cela représente un pourcentage assez peu élevé, c'est-à-dire 5 à 6% environ. Le département Worms charbons contrôlait en plus un certain nombre de sociétés, à savoir : la Société d'approvisionnement pour le chauffage central à Paris, la Compagnie charbonnière du Midi à Antibes, Cannes et Golfe-Juan, les Combustibles montois à Mont-de-Marsan et les Charbonnages de Provence à Toulon. Nous indiquons ces participations pour la bonne règle car il s'agit de sociétés sans grande importance commerciale.
Depuis les hostilités et surtout la fin des hostilités, l'activité de Worms charbons a entièrement cessé. Par contre, afin d'assurer du travail à son nombreux personnel et maintenir une activité à ce département, Worms a ouvert des exploitations forestières et des chantiers pour la carbonisation du bois. Il a également mis en exploitation des tourbières dans le Finistère, la Loire-inférieure, le Maine-et-Loire, l'Indre-et-Loire, la Charente et les Basses-Pyrénées. Nous n'avons aucun renseignement sur le fonctionnement de ces exploitations.
La direction de ce service est assurée par :
M. Louis Vignet, directeur général
et par :
MM. Paul Dufour, Gérard Grédy, Michel Leroy, Edmond Le Roy, Jean Lecreux, Jacques Révoil, Francis Bedel.

Services maritimes
Autant que nous avons pu le savoir c'est vers 1854 que naquit chez M. Worms l'idée de créer un service maritime.
En effet, à cette époque, la Maison avait été chargée par le gouvernement français du ravitaillement en charbon des deux flottes françaises qui participaient à la guerre dite de Crimée, en Méditerranée et en Baltique.
Ce n'est toutefois qu'en 1857 qu'on trouve les premières traces de Worms armateur par la prise de contrôle de l'armement havrais Hantier Mallet & Cie.
D'après les renseignements que nous avons, les débuts de l'activité maritime de la Maison Worms se sont presque intégralement cantonnés dans un trafic avec l'Allemagne. Ainsi en 1857, la Maison traite des cargaisons de charbon avec la Compagnie du gaz de Hambourg et avec la Compagnie des vapeurs Hambourg-Brésil.
En décembre 1858, est organisé un service régulier de transport de marchandises entre Bordeaux et Hambourg avec le vapeur "Séphora".
En 1870, les hostilités interrompent cette ligne qui reprend aussitôt la conclusion de la paix. Il y a quatre départs par mois avec des bateaux plus gros. Certains comme "Michel" avaient une portée en lourd de plus de 3.000 tonnes.
Comme en 1870, la guerre 1914-1918 a amené l'interruption du trafic mais, dès 1919, la ligne fut reprise et la Maison Worms estimant que l'activité allait être suffisamment importante, créait une succursale à Hambourg.
En 1928, M. Hypolite Worms met sur pied une formule de pool avec le Norddeutscher Lloyd et la filiale de ce dernier, la Roland Line.
En 1934, l'accord est renouvelé avec quelques modifications sans importance.
En dehors de cet accord particulier, la flotte de MM. Worms & Cie se composait, au 1er septembre 1939, de 24 navires représentant 31.235 tx de jauge brute :

"Barsac"

"Château-Yquem"

"Margaux"

"Bidassoa"

"Fronsac"

"Médoc"

"Caudebec"

"Jumièges"

"Mérignac"

"Cérons"

"La-Mailleraye"

"Normanville"

"Château-Larose"

"Le-Trait"

"Pessac"

"Château-Latour"

"Léoville"

"Pomerol"

"Château-Palmer"

"Listrac"

"Pontet-Canet"

"Château-Pavie"

"Lussac"

"Sauternes"

Cette flotte ne représentait d'ailleurs qu'un très petit pourcentage de la flotte française : 1.03%.

Elle assurait les services suivants :

A/ Cabotage national
I - Lignes de cabotage desservant tous les ports français de la mer du Nord, de la Manche et de l'Atlantique entre Bayonne et Dunkerque.
II - Lignes entre les mêmes ports et Marseille, et vice-versa (escales éventuelles dans les ports portugais et espagnols).
III - Lignes entre Le Havre, éventuellement Cherbourg, et les ports algériens et tunisiens.

B/ Cabotage international
I - Lignes entre les ports français de l'Atlantique, de la Manche et de la mer du Nord, d'une part, et Brème et Hambourg, de l'autre, avec prolongements éventuels sur les ports de la Baltique.
II - Lignes entre les ports français de la Manche et de la mer du Nord, et les ports insulaires et continentaux des mêmes mers.
III - Escales éventuelles dans les ports espagnols et portugais des navires des lignes de grand cabotage qui unissent Marseille et les ports d'Algérie et de Tunisie aux ports français de l'Ouest.
IV - Lignes des ports français de l'ouest sur les ports du nord de l'Espagne, et vice-versa.
Bien entendu, et en dehors des succursales françaises, MM. Worms & Cie avaient des succursales à l'étranger, entre autres, Dantzig, Hambourg, Rotterdam, Anvers, Newcastle, Grimsby, Swansea, Cardiff.
La direction des Services maritimes de MM. Worms & Cie est assurée par :
M. Lucien Émo, directeur général,
Et par MM. Robert Malingre, Louis Péquignot, Edmond Le Roy, Achille Ribeyre, Raymond Delteil, Raymond Bouterre, Jean Destouches, Henri Bouteloup.

Société française de transports pétroliers - SFTP

Cette société fut constituée en septembre 1938 sous forme de société anonyme au capital de 30.000.000 de francs -statuts déposés chez Me Rivière, notaire à Paris.
Siège social : 41, boulevard Haussmann à Paris.
Objet social
Toutes les opérations d'achat, d'armement et d'exploitation de navires-citernes.
Toutes les opérations de navigation, d'armement, d'affrètement, de consignation et de commission et généralement toutes les opérations maritimes, commerciales et industrielles ainsi que toutes prises d'intérêts par voies de participation ou autrement dans des opérations ayant traité directement ou indirectement à l'industrie des transports et de la navigation.
La construction, l'acquisition, la location, la vente de tous immeubles, chantiers et usines nécessaires à la bonne marche de la société.
D'après les renseignements que nous avons, la constitution de cette société a été effectuée sur une mission du gouvernement français. En effet, dès 1938, les autorités compétentes s'étaient penchées sur le problème du ravitaillement de la France au point de vue des essences et du pétrole. A la suite de divers travaux préparatoires et des enquêtes faites à ce sujet, le projet présente par la Maison Worms au gouvernement reçut l'approbation de ce dernier. MM. Worms & Cie eurent mission de constituer la société en question.
Capital social
A l'origine, le capital était de 30.000.000 de francs répartis de la façon suivante :

État français (ONCL)

18.000 actions

soit F 9.000.000

Messieurs Worms & Cie

13.000 actions

soit F 6.500.000

Messieurs Desmarais Frères

7.000 actions

soit F 3.500.000

Messieurs Louis Dreyfus & Cie

7.000 actions

soit F 3.500.000

La Compagnie auxiliaire de navigation

5.500 actions

soit F 2.750.000

la Compagnie navale des pétroles
(filiale de la Compagnie français des pétroles)

5.500 actions

soit F 2.750.000

Saint Gobain, Chauny & Cirey

4.000 actions

 


60.000 actions

Soit F 30.000.000

La part de MM. Louis Dreyfus & Cie fut répartie en 1940 par les soins de l'État.
Au moment de la création de la société, comme on peut le voir d'après les chiffres indiqués ci-dessus, elle avait pour actionnaires : l'État pour 30%, les intérêts privés pour 70%. Quant à la Maison Worms, elle détenait, avec sa participation de 13.000 actions, 21,66% du capital.
Deux administrateurs nommés par l'État représentent le secrétaire d'État à la Marine au sein du conseil d'administration ; en outre, l'État a désigné deux commissaires du gouvernement ayant rang et prérogatives d'administrateurs et qui possèdent un rôle de contrôle et d'inspection des plus étendus.
En raison du rôle de l'État dans la constitution et le fonctionnement de la société, il lui a été attribué 12.000 parts bénéficiaires sans valeur nominale, qui ont droit à 25% des super bénéfices.
En exécution du programme fixé, la société a acheté, entre le mois de septembre 1938 et le mois d'avril 1939, huit navires-citernes :
- "Bourgogne" 14.850 tonnes de port en lourd
- "Champagne" 14.883 tonnes de port en lourd
- "Languedoc" 15.250 tonnes de port en lourd
- "Lorraine" 15.250 tonnes de port en lourd
- "Roussillon".15.055 tonnes de port en lourd
- "Franche-Comté" 14.850 tonnes de port en lourd
- "Saintonge" 14.850 tonnes de port en lourd
- "Touraine" 10.027 tonnes de port en lourd.
En juin 1942, la société a procédé à une émission de 40.000 obligations de 5.000 francs (autorisation de M. le ministre secrétaire d'État aux Finances en date du 7 juillet 1942). A notre connaissance, cette émission a été couverte mais nous n'en connaissons pas la répartition exacte.
Conseil d'administration
Composé actuellement de :
Président : Monsieur Hypolite Worms
Représentants de l'État :
Commissaires du gouvernement : Monsieur François Ollive, Monsieur Henri Zaffreya, directeur de l'Économie générale
Représentants de l'État :
Marine marchande : Monsieur Letourmy, directeur de la flotte de commerce,
Marine nationale : Monsieur le commissaire général Gagin, directeur central de l'intendance maritime.
Représentants du groupe privé :
Messieurs Worms & Cie, Monsieur Jacques Barnaud, de la Maison Worms & Cie
Messieurs Desmarais Frères, Monsieur Robert Cayrol, Directeur général
Compagnie auxiliaire de navigation, Monsieur Yves Desprez, Directeur général
Compagnie navale des pétroles, Monsieur Roger Gasquet, Directeur général
Manufacture des glaces et produits chimiques de Saint-Gobain, Chauny & Cirey, Monsieur E. Angot, président de la raffinerie de Berre
Activités industrielles
Les renseignements qui nous ont été fournis, nous indiquent qu'à fin 1938, la flotte de la société avait accompli 10 voyages complets. Les importations de combustibles par les soins de ladite flotte étaient de l'ordre de 135.000 tonnes environ.
A fin 1939, malgré l'état de guerre, 62 voyages complets avaient été effectués et environ 825.000 tonnes de combustibles liquides avaient été importées.
Au 1er mai 1940, la flotte de la société était composée de huit navires.
Depuis cette date, la SFTP, comme d'ailleurs toutes les sociétés d'armement françaises, se trouve en veilleuse et semble même avoir perdu la totalité de sa flotte, tant du fait des torpillages que des confiscations, soit par les alliés, soit par les Allemands.
II est à noter que la totalité des flottes, tant du groupe Worms que des sociétés contrôlées ou amies, est, soit coulée (ceci en plus grosse partie), soit confisquée tant par les puissances anglo-saxonnes que par la Kriegsmarine, ce qui fait qu'à l'heure actuelle l'activité de cette branche du groupe Worms est absolument nulle, ce groupe ne possédant plus aucun navire.

Société nantaise de consignation et de gérance

Il s'agit d'une société au capital de 800.000 francs, réparti en 16.000 actions de 500 francs, dont la moitié est détenue par la Maison Worms & Cie, l'autre moitié par la Compagnie nantaise des chargeurs de l'Ouest.
Il s'agit d'une affaire sans grande envergure et sans grand intérêt que nous ne mentionnons que pour bon ordre.
Cette société fut constituée en février 1939 par MM. Worms & Cie et la Compagnie nantaise des chargeurs de l'Ouest, les deux maisons ayant depuis longtemps des relations d'affaires.
Conseil d'administration, composé de :
Monsieur Anatole Bucquet, président, représentant la Nochap
Monsieur Henri Lecour Grandmaison, vice-président, représentant la Compagnie nantaise des chargeurs de l'Ouest.
Monsieur Lucien Émo, représentant la Maison Worms & Cie,
Monsieur Léon Jamin.
Son siège social se trouve 10, quai de la Fosse à Nantes.

Nouvelle compagnie havraise péninsulaire de navigation - Nochap

Objet social
Le but de la société, tel qu'il est défini par le prospectus d'émission de 220.000 actions nouvelles en janvier 1944, est le suivant :
La société a pour objet, directement ou indirectement, en France, dans les colonies, pays de protectorat ou sous mandat français et à l'étranger :
- l'exploitation de différentes lignes ayant appartenu à la Compagnie havraise péninsulaire de navigation à vapeur (en liquidation)
- l'armement et l'exploitation, la mise en construction, l'achat, la vente, la location et l'échange de tous navires, bateaux, pontons ou gabares.
D'après nos renseignements, cette société fut créée en 1932 et 1933 sur les instances des Pouvoirs publics de l'époque. En effet, le gouvernement ne tenait pas à voir disparaître, même momentanément, la liaison avec l'océan Indien qu'assurait la Compagnie havraise péninsulaire de navigation à vapeur qui se trouvait être au bord de la faillite et dont la disparition aurait entraîné la suppression de ce service. C'est ainsi que la Maison Worms et plusieurs sociétés procédèrent à la création de la Nochap, évitant ainsi la faillite de l'ancienne société.
Capital social
Le capital social à la création était de 22.000.000 de francs entièrement libérés. Il était représenté par 29.600 actions "A" de 500 francs et 72.000 actions "B" de 100 francs. Existent également 72.000 bons de récupération remboursables à 400 francs sur les excédents de bénéfices et 100.000 parts bénéficiaires participant aux résultats à partir d'un niveau déterminé.
MM. Worms & Cie détenaient 23.714 actions "A" et 1.395 actions "B", soit environ 55% du capital social.
Par ailleurs, en janvier 1944, la Nochap a procédé à une émission de 220.000 actions nouvelles de 100 francs à souscrire contre espèces au prix de 120 francs par action.
Activité sociale
La flotte de la Société se composait, au 1er septembre 1939 de neuf navires : "Bourdonnais", "Condé", "Ville-d'Oran", "Ville-de-Majunga", "Ville-de-Metz", "Ville-de-Reims", "Ville-de-Rouen", "Ville-de-Tamatave", "Ville-du-Havre" - jaugeant au total 48.302 tonneaux, ce qui représente 1,60% de la flotte française. L'État lui avait, en outre, confié la gérance d'un navire à moteur, "Le-Malgache".
Outre son activité sur l'océan Indien, la Nochap exploite une ligne Le Havre/Algérie et vice-versa.

Ateliers et Chantiers de la Seine maritime (Worms & Cie)

Date de constitution :
Entre 1917 et 1921.
Lieu :
Le Trait (Seine inférieure)
Description :
Ils couvrent une superficie est de 24 hectares et comportent 8 cales de construction. Lors de leur établissement, ils ont été équipés avec un outillage très moderne. Il était possible de construire dans leurs ateliers des navires ayant jusqu'à 18.000 tonnes de port en lourd et 180 mètres de longueur.
Les ateliers comprenaient :
un atelier de coques
un atelier de chaudières marines
un atelier de machines marines
une tuyauterie
un atelier d'ajustage d'entretien et une grosse forge
des ateliers de menuiserie et de modelage et une scierie
un atelier de soudure
des stations centrales électrique, hydraulique et pneumatique.
Les cales étaient équipées de grues Titan de quatre et huit tonnes.
Les chantiers possédaient également un grand appontement et une station de sous-marins.
En plus des constructions navales proprement dites, ces Chantiers étaient également spécialisés dans le stockage des combustibles liquides. Ils s'étaient également assuré le monopole pour la France, les colonies, protectorats et pays sous mandats, des différents brevets de la firme américaine Chicago Bridge & Iron Company (toits flottants, respirants et ballons Wiggins, sphères et sphéroïdes Horton).
Personnel
En janvier 1941, près de 1.100 personnes étaient employés sur le Chantier.
Œuvres sociales
Une cité-jardin avait été créée sur une longueur de 4 kilomètres et avec 595 logements.
De nombreuses autres œuvres sociales, entre autres des cours professionnels et d'apprentissage, fonctionnaient depuis 1921.
Il est à noter que les Ateliers et Chantiers de la Seine maritime furent bombardés par les Anglo-saxons dès 1941. Ce furent même les premières destructions industrielles sérieuses effectuées en France. Depuis et au cours d'une dizaine de bombardements, ces ateliers furent intégralement détruits.
Le peu de personnel qui y est conservé travaille au déblaiement des décombres mais aucune activité industrielle réelle n'existe et l'on peut dire que cette branche se trouve entièrement en sommeil.

Services bancaires

La multiplicité des services du groupe Worms les a amenés à constater la nécessité d'un service bancaire propre à la Maison, lequel fut créé en 1929.
Ce service avait pour but principal d'assurer la trésorerie des différents départements de la Maison Worms et des maisons amies avec toute l'activité qui en découlait.
Deux filiales furent créées à Marseille et à Alger.
Depuis 1936, la direction de ce service est assurée par Gabriel Le Roy Ladurie dont il semble bien que ce soit la seule activité dans la Maison puisqu'ainsi que nous l'avons indiqué plus haut, nous ne trouvons aucune trace de sa participation, soit à la Maison Worms & Cie, soit à une société filiale ou amie quelconque.
Dirigeants du service
Directeur - M. Gabriel Le Roy Ladurie
Directeur-adjoint - M. Raymond Meynial
Sous-directeur - M. Guy Brocard
Fondés de pouvoirs - (1er rang) MM. Georges Baudenon, André Bellenger, Maurice Desoubry, Joseph Ducoulombier, Élie Enquebec, André Guex, Michel Lefébure, Jean Ragaine, Victor Verdier, Albert Vienney
Fondés de pouvoirs - (2ème rang) MM. Jehan de Cargouet, Ernest Rameix, Edmond Sansot.

Mai 1944


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