1949.11.00.De Roger Mennevée.Les Documents de l'AIII.Article

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Les Documents de l'Agence indépendante d'informations internationales

Novembre 1949

La Banque Worms et Cie
Histoire générale (suite[1])
3ème partie
Filiales et participations
Chapitre 3
De 1925 à 1940 (suite)

Au début de 1931, le groupe Bauer-Marchal et Cie abandonna le contrôle de la Société immobilière du boulevard Haussmann, qui passa sous celui de la banque Lazard Frères et de Worms et Cie.
A la suite de cette modification, le conseil d'administration de cette société comprit :
M. Guillaume de Tarde, président, (Lazard Frères et Cie),
M. Eugène Gravelotte, entrepreneur de travaux publics, du groupe fondateur de la société,
M. Gabriel Le Roy Ladurie,
M. Charles Milliot, appartenant tous deux au groupe Worms et Cie,
et M. Roger Moutet, ingénieur civil des mines (Banque de Paris et des Pays-Bas).
La société avait été créée en 1913 sous les auspices de la banque Bauer-Marchal et Cie, elle avait pour objet la réalisation du prolongement du boulevard Haussmann et toutes opérations immobilières, mobilières et financières, conformément à l'adjudication prononcée le 24 avril 1913, en faveur de MM. Rivaud, Hess et Gravelotte, et devenue définitive par suite des décisions du conseil d'État du 24 juillet 1913.
MM. Georges Rivaud, Émile Hess et Eugène Gravelotte firent apport à titre gratuit à la société du bénéfice de l'adjudication précitée, et la société fut constituée au capital de 3 millions en 6.000 actions de 500 F chacune.
Il fut créé 30.000 parts bénéficiaires remises à l'Omnium d'entreprises (groupe Bauer-Marchal) en rémunération de ses études, devis, plans, démarches et tractations diverses en vue de la constitution de la société dont les statuts furent publiés dans La Loi du 28 novembre 1913, le siège social étant fixé au 59, rue de Provence à Paris, adresse du groupe Bauer-Marchal.
Les conditions de l'adjudication et de la constitution de la société ne furent pas sans soulever des critiques et des suspicions extrêmement sévères, dont on trouvera l'exposé au moins partiel, dans la Revue de la bourse des 2 et 9 juillet 1914[2] à l'occasion d'une émission de 21 millions de francs de bons 5% émis sous les auspices de la banque Bauer-Marchal, de l'Omnium d'entreprises et de la Banque Renauld (de Nancy), associée, avec différents maîtres de forges de l'est à la banque Bauer-Marchal.
La guerre vint, heureusement pour ces groupes, mettre une censure aux critiques de presse et la Société immobilière du boulevard Haussmann put poursuivre en paix son activité.
Au moment où les banques Lazard Frères et Worms en prirent le contrôle (début de 1931) et où, de ce fait, le siège social fut transféré, 47, boulevard Haussmann, dans l'immeuble de Worms et Cie, la société semblait avoir une marche normale. Ses bénéfices s'étaient élevés en 1928 à 2.080.775 F, puis en 1929 à 2.539.475 F et à 2.970.000 F en 1930. Entre temps, au début de 1929, l'objet social avait été étendu ; il comprenait, dès lors, la participation et l'intérêt sous toutes les formes et sous tous les modes de droits à toutes opérations immobilières en France, dans les colonies et pays de protectorat ainsi qu'à l'étranger, notamment aux fins d'achat, de vente, d'échange, de location, de constitution de sociétés ou associations, d'apports, etc., etc.
La société avait même conclu, à fin 1930, une convention avec le gouvernement hellénique pour la construction entre Athènes et Le Pirée de plusieurs centres de réfugiés. D'après cette convention, la société s'engageait à entreprendre les travaux dans les conditions suivantes : 1° - chaque immeuble ne serait mis en construction que lorsque le terrain aurait été intégralement payé par le propriétaire, et que celui-ci aurait déposé un quart de la valeur de la construction dans une banque ; 2° - les 75% restant du coût total de la construction devaient être avancés par la société qui devait se procurer des fonds par des émissions de bons 8% garantis par le gouvernement hellénique et, enfin, les propriétaires devaient se libérer envers la société au moyen de versements annuels d'égale valeur échelonnés sur une période de quinze ans.
La Société immobilière du boulevard Haussmann s'était réservée le droit de faire apport de la convention à une société filiale hellénique, mais, dès la fin de la même année 1931, cette filiale notifiait officiellement au ministère des Finances grec qu'en raison du nombre restreint des souscriptions pour la construction des habitations recueillies de beaucoup inférieur au nombre prévu par la convention, elle se trouvait dans l'impossibilité de continuer ses travaux, elle abandonnait l'option qui lui avait été accordée et dénonçait la convention, ce qui était confirmé, d'ailleurs, par une déclaration du conseil d'administration de la Société immobilière du boulevard Haussmann lors de l'assemblée générale du 14 juin 1932.
L'entrée du groupe Lazard-Worms à la Société immobilière du boulevard Haussmann avait, par ailleurs, coïncidé avec le développement de la crise économique qui toucha particulièrement les affaires immobilières, et bien que la société ait fait un nouvel appel à l'épargne par une émission de 40 millions de bons 5 ½%, les bénéfices de la société diminuèrent de près de 30% puisqu'ils n'atteignirent pour 1931 que 1.931.979 F contre 2.970.000 F en 1930. La crise s'aggrava en 1932, puis dans les exercices ultérieurs de telle sorte que ceux-ci se solderont jusqu'à la guerre par des pertes plus ou moins sensibles et le solde déficitaire qui atteignait déjà 603.000 F en 1934, s'éleva à 1.509.000 F en 1935, à 1.753.000 F en 1936, et même 2.500.000 F en 1938. Dès 1935, la société avait dû demander une réduction d'intérêt aux porteurs de ses bons et une prorogation des délais d'amortissement.
Au cours de l'exercice 1933, M. Gravelotte avait donné sa démission d'administrateur de la société ; il ne fut remplacé numériquement au conseil que le 15 juin 1936 par la nomination de M. François Laurent-Atthalin, alors secrétaire général de la Compagnie parisienne de distribution d'électricité et Cie, et lié à la Banque de Paris et des Pays-Bas.
Le 10 mars 1939, M. Gabriel Le Roy Ladurie donnait sa démission d'administrateur et y était remplacé au titre de représentant de Worms et Cie, par André Pierre Guex.
A la suite des événements de 1940, le groupe Lazard fut éliminé de la société, sa participation ayant été acquise par la Banque de Paris et des Pays-Bas.
Par décision du conseil d'administration du 29 octobre 1940, M. Raoul Cadiot, né à Melun le 10 mars 1877, fut appelé au conseil d'administration où il représenta la Banque de Paris et des Pays-Bas ; sa nomination fut ratifiée par l'assemblée du 19 décembre 1940 et le même jour, 19 décembre, il était nommé président du conseil d'administration en remplacement de M. Guillaume de Tarde (groupe Lazard Frères) démissionnaire.
Le conseil d'administration de la Société immobilière du boulevard Haussmann comprit alors :
MM. Raoul Marie Joseph Cadiot, président,
François Laurent-Atthalin, né à Paris (17e) le 7 février 1906, administrateur,
Roger Moutet, né à Avranches (Manche) le 14 février 1871, administrateur,
Charles Antoine Milliot, né à Saint-Gratien (S.&.O.) le 29 septembre 1875, administrateur,
et M. André Pierre Guex, né à Bordeaux, le 12 décembre 1889, administrateur,
M. Bernard Desplanques, né à Caen (Calvados) le 3 décembre 1898, étant directeur général, poste auquel il avait été appelé le 19 novembre 1941.
MM. Milliot et Guex représentaient le groupe Worms et Cie.
Au lendemain de la libération, le contrôle passa entre d'autres mains, tout le conseil d'administration ancien démissionna, y compris M. Desplanques, directeur général, le 23 mars 1945, et fut remplacé par les représentants des nouveaux groupes ; Worms et Cie céda tous ses intérêts, et le 11 juillet 1946, le siège social de la Société immobilière du boulevard Haussmann fut transféré 40, avenue de Villiers à Paris.
Depuis cette époque, il semble que la Société immobilière du boulevard Haussmann soit repassée sous le contrôle indirect de la Banque de Paris et des Pays-Bas puisqu'elle dépend actuellement de la Société de gérance et de gestion du 21, rue La Pérouse à Paris.
Il faut noter cependant que les services financiers continuent à en être assurés par la banque Worms et Cie ; c'est ainsi que le dépôt des titres à effectuer en vue des assemblées générales extraordinaires de fin novembre, doit l'être chez Worms et Cie.
Le 20 janvier 1932, M. Barnaud, associé-gérant de Worms et Cie, était nommé administrateur de la société :

Le Portefeuille industriel

société fondée en décembre 1924 pour l'achat et la souscription de tous titres, parts d'intérêts ou droits sociaux quels qu'ils soient, dans toutes les sociétés françaises ou étrangères. En réalité, il s'agissait d'une sorte de holding ayant comme principal objet la gestion du portefeuille de la famille Petsche, l'un des magnats de l'électricité, et à laquelle appartenait M. Maurice Petsche, l'actuel homme d'État français (statuts : Gazette des tribunaux du 26 décembre 1924).
Le capital d'origine était d'un million en 1.000 actions de 1.000 F souscrites en espèces par sept personnes et libérées du quart.
Le premier conseil d'administration comprenait :
M. Albert Petsche, président, né le 17 avril 1860 à Metz,
M. Henri Albert Frédéric Petsche, né le 1er janvier 1890 à Paris, secrétaire général de l'Union d'électricité dont M. Albert Petsche était président,
M. Maurice Eugène Jean Petsche, né le 1er décembre 1895 à Paris.
Le siège social était 73, boulevard Haussmann à Paris dans les locaux de la Société lyonnaise des eaux et de l'éclairage dont M. Albert Petsche était président.
Le capital fut porté à 4 millions en février 1925, puis à 4.500.000 F en avril suivant, à 5 millions en mai 1926 et à 6 millions en 1928.
En août 1928, le siège social avait été transféré au 3, rue de Messine au siège de l'Union d'électricité, puis le capital fut à nouveau augmenté ; il fut porté à 7 millions en avril 1929, à 8 millions en février 1930, à 9 millions en décembre 1930 et à 10 millions en avril 1931.
Entre-temps, le conseil s'était adjoint M. Maurice Évesque né le 22 décembre 1892 à Alais (octobre 1928), puis M. Barnaud, en janvier 1932, celui-ci en tant que représentant du groupe Worms qui était intervenu dans la dernière augmentation du capital.
M. Albert Petsche étant décédé le 30 juillet 1933, ses intérêts furent partiellement repris par diverses personnalités, et c'est ainsi que furent nommés administrateurs du Portefeuille industriel, M. Paul Baudouin (de la Banque de l'Indochine), M. Ernest Mercier qui avait succédé à M. Petsche à la présidence de l'Union d'électricité, et M. Henry de Peyster, ancien inspecteur des finances et chef du service des prestations au ministère des Finances, gendre de M. Albert Petsche dont il avait épousé la fille, Melle Valérie Petsche.
Peut-être n'est-il pas sans intérêt de signaler qu'à cette même époque M. de Peyster était lié aux milieux synarchiques du groupe Coutrot, par l'intermédiaire du centre polytechnicien d'études économiques.
M. Évesque remplissait alors les fonctions d'administrateur délégué du Portefeuille industriel.
En avril 1935, M. Paul Baudouin donna sa démission d'administrateur ; il avait rétrocédé ses intérêts à la banque Worms et Cie qui paraît avoir acquis ainsi le contrôle partiel de l'affaire, d'où l'année suivante le transfert du siège social 45, bd Haussmann dans l'immeuble de Worms et Cie.
MM. Mercier, Évesque et Barnaud donnaient en même temps leur démission d'administrateurs, mais M. Barnaud était remplacé par un autre représentant de Worms et Cie, M. Gabriel Le Roy Ladurie et le conseil se complétait par la nomination de M. Pierre Courtot, né le 16 octobre 1890 à Dôle (jura) (26 novembre 1936).
M. Courtot assurait la présidence du conseil d'administration.
Le 24 mai 1939, l'assemblée générale extraordinaire décida la réduction du capital de 10 millions à 2.500.000 F en 10.000 actions de 250 F par remboursement de 75% du capital à la suite de la réalisation de certains éléments d'actif.
Le 14 octobre 1940, M. Courtot démissionnait de ses fonctions de président et d'administrateur ; il fut remplacé dans ces deux qualités par M. Georges Baudenon, né le 29 avril 1888, à Corquilleroy (Loiret), fondé de pouvoirs de Worms et Cie.
A l'époque, le conseil comprenait donc :
M. Georges Baudenon, président et directeur général à partir du 30 décembre 1940,
M. Gabriel Le Roy Ladurie,
M. Henri Petsche,
M. Henry de Peyster.
En juin 1946, M. Baudenon fut remplacé par M. Joseph Ducoulombier, né le 10 janvier 1913 à Neuilly-sur-Seine, fondé de pouvoirs de Worms et Cie. Et M. Michel Lefébure, né le 28 mai 1910 à Paris, autre fondé de pouvoirs de Worms et Cie fut nommé au conseil d'administration.
Nous ne connaissons pas d'autres modifications depuis cette époque.
Au cours de l'année 1932, la banque Worms et Cie participa à l'augmentation du capital de la :

compagnie Air-Orient

Fondée en avril 1927, avec le concours de la Compagnie universelle du canal de Suez, des chemins de fer du PLM, des Messageries maritimes, de la Banque de l'Indochine et du gouvernement général de l'Indochine, sous le titre "Air union lignes d'Orient", pour assurer la liaison aérienne entre la France, les pays de la Méditerranée orientale, elle avait particulièrement pour premier objet l'établissement d'une ligne aérienne reliant la France et la Syrie par la Grèce et pouvant être éventuellement prolongée en Extrême-Orient.
Par ailleurs, il existait une autre société Air-Asie qui envisageait d'établir la liaison avec l'Extrême-Orient et la création d'exploitations aéronautiques dans ces régions, créée en juillet 1928 par la Banque franco-chinoise, la Compagnie générale des colonies (groupe Banque de Paris et des Pays-Bas), les Établissements d'aviation Lioré-Olivier, mais dans laquelle intervinrent dès 1929, les groupes contrôlant la société précédente, de telle sorte que, conformément d'ailleurs aux programmes ministériels, alors en cours, de regroupement des réseaux aériens français, les deux sociétés "Air-union lignes d'Orient" et "Air Asie" fusionnèrent au milieu de 1930 en une seule société qui prit le nom de "Air-Orient".
Le capital de cette dernière était de 22.400.000 F ; il fut porté en 1932 à 50 millions de francs, opération à laquelle participa la banque Worms et Cie, et M. Jacques Barnaud, un de ses associés gérants, devint ainsi administrateur d'Air-Orient, poste qu'il occupa jusqu'à l'année suivante, date à laquelle le gouvernement intégra toutes les compagnies françaises subventionnées de navigation aérienne dans Air-France dont nous parlerons plus loin.
A la fin de la même année - 1932 - Worms et Cie participa également à l'augmentation du capital de la société mère d'une des affaires que nous venons de citer ;

la compagnie Air-Union

fondée le 6 avril 1919, sous le titre de Compagnie des messageries aériennes (statuts : Petites Affiches du 12 avril 1919) par diverses sociétés de constructions aéronautiques : Bréguet, Blériot, Caudron, Morane-Saulnier, appuyées par la Banque nationale de crédit, etc., au capital d'un million de francs.
Elle visait à assurer divers services français et continentaux : Paris-Lyon, Lyon-Cannes, Paris-Londres, Paris-Bruxelles, puis Amsterdam, etc.
Par suite de l'absorption d'autres compagnies, la société prit successivement les titres de Compagnie des messageries aériennes et des grands express aériens (Air-Union), puis de Compagnie Air-Union, Compagnie des messageries aériennes et aéronavales réunies, pendant que, soit en raison de ces opérations, soit par des émissions en espèces, le capital était porté à 14 millions.
Conformément aux décisions des assemblées générales du 13 septembre 1928 et du 19 novembre 1930, le conseil d'administration d'Air-Union décida dans sa séance du 25 novembre 1932, de procéder à une augmentation de capital de 11 millions de francs par l'émission de 22.000 actions nouvelles de 500 F, opération dans laquelle la banque Worms et Cie souscrivit 1.338 actions, ensuite de quoi, M. Pierre Edmond Rialan fut appelé au conseil d'administration comme représentant des intérêts Worms et Cie.
Comme sa filiale Air-Orient, Air-Union devait être absorbée en 1933 par Air-France.
En effet, le ministère de l'Air poursuivait sa politique de concentration des sociétés de navigation aérienne, et particulièrement depuis l'arrivée au ministère de M. Pierre Cot, envisageait d'établir le système de la compagnie unique, avec participation de l'État dans la gestion et dans le contrôle, en opposition d'ailleurs avec la solution socialiste préconisée par M. Jules Moch qui préconisait le monopole d'État.
Une première formule fut envisagée par les anciennes compagnies elles-mêmes qui constituèrent en mai 1933 :

la Société centrale pour l'exploitation des lignes aériennes,

avec comme objet social l'organisation et l'exploitation des services de transport de voyageurs, messageries et postes, au moyen de tous appareils aériens, le rachat du matériel et des installations d'exploitation de toutes compagnies actuellement concessionnaires d'exploitations de lignes aériennes, ainsi centralisée, elle visait à prendre part à un concours ouvert par le ministère de l'Air pour l'exploitation des lignes aériennes et en être déclarée adjudicataire.
Le caractère de société d'études de la compagnie se révélait à la modestie de son capital 75.000 F en actions nominatives de 100 F, et le conseil d'administration comprenait les représentants des groupes associés et, à ce titre, M. Jacques Barnaud, associé-gérant de Worms et Cie.
Puis, la "compagnie unique" ayant été créée, la Société centrale pour l'exploitation des lignes aériennes était dissoute trois mois après sa constitution.
En fin de compte, l'accord intervenu entre les compagnies et le gouvernement, et à fin août 1933, avait lieu la constitution définitive de la société :

Air-France

placée sous le régime de la loi du 11 décembre 1932 fixant le statut de l'aviation marchande.
Avaient ainsi fusionné Air-Union, Air-Orient, Compagnie internationale de navigation aérienne, Société générale des transports aériens et la Société centrale pour l'exploitation des lignes aériennes. Participaient également à l'affaire les anciens groupes industriels ou commerciaux mêlés aux affaires absorbées. La société racheta, en outre, les biens de l'ancienne compagnie générale aéropostale alors en liquidation.
Le capital était de 120 millions en 240.000 actions nominatives de 500 F, dont les souscripteurs puis les acquéreurs éventuels devaient être agréés par le ministre chargé de l'aviation civile. Il avait été créé, en outre, 80.000 actions de jouissance sans valeur nominale attribuées à l'État français conformément à l'article 11 de la loi du 11 décembre 1932.
Le conseil d'administration était composé de 36 membres dont 9 nommés par l'État français, ceux autres que les représentants de l'État devaient être possesseurs de 100 actions et agréés par le ministre compétent.
M. Jacques Barnaud était parmi les administrateurs comme l'un des représentants de l'ancien groupe Air Union auquel, on l'a vu, la banque Worms et Cie était intéressée ; il resta administrateur jusqu'en 1941.
« M. Barnaud - dit le rapport du conseil d'administration à l'assemblée de décembre 1942 - qui participait au conseil depuis la fondation d'Air-France, a estimé que les importantes fonctions officielles auxquelles l'a appelé le gouvernement, ne lui laissaient pas la liberté nécessaire pour participer directement à l'administration de la compagnie ; il a, en conséquence, donné sa démission d'administrateur ; votre conseil, malgré les vifs regrets qu'il en a éprouvés n'a pu qu'accepter cette démission, en raison des motifs sur lesquels elle se fondait. »
Mais, lorsque, l'année suivante, M. Barnaud cessa d'appartenir au gouvernement, il reprit sa place au conseil d'administration d'Air-France, et l'assemblée générale du 17 décembre 1943 ratifia ce retour.
M. Barnaud était encore administrateur d'Air-France lorsque cette société fut nationalisée en 1945.
Pour ne pas quitter les affaires d'aviation, anticipons un peu sur les événements, et signalons que, au titre d'administrateur d'Air-France, Monsieur Barnaud fut nommé, en juin 1937, membre du premier conseil d'administration de la :

Compagnie Air-France transatlantique

constituée par Air-France et la Compagnie générale transatlantique, dans le cadre général qui assurait l'unité de l'aviation commerciale française, avec l'appui de l'État, conformément à une convention intervenue le 26 mai 1937, entre l'État et les deux sociétés fondatrices.
Cette nouvelle société devait entreprendre les études et essais de la ligne France-Amérique du Nord conformément aux directives données par le ministre de l'Air ; elle était seule chargée par l'État d'exécuter tous les vols d'études et essais, d'assurer l'organisation météorologique et de préparer l'infrastructure dans les mesures utiles d'entreprendre toutes négociations avec les entreprises et les administrations étrangères - réserve faite des négociations officielles. L'État s'interdisait de faire bénéficier aucune autre personne morale ou physique des dispositions prévues à la convention.
L'assemblée générale constitutive du 9 juin 1937 avait nommé comme premiers administrateurs :
- pour Air-France, MM. Allègre, Barnaud, Bonnet, René Mayer et Parquet,
- pour la Compagnie générale transatlantique; le gouverneur général Olivier, MM. Cangardel, Laure, Marie et Fabre.
Le gouvernement avait désigné pour le représenter : M. Couhé, directeur général honoraire au ministère de l'Air, M. Volpert, directeur des constructions aériennes, M. Bourgier, directeur au ministère des Finances et M. Guenot, directeur de l'exploitation postale.
Nous attirons l'attention sur le nom de M. Volpert qui, par la suite, est devenu fondé de pouvoirs des Établissements Japy Frères, contrôlés par Worms et Cie, de telle sorte que l'on peut se demander si, après les démissions de M. Barnaud en 1941/42, M. Volpert ne représentait pas Worms et Cie au conseil d'Air-France transatlantique.
Fin 1932, la crise diamantaire et boursière obligea les Établissements Marret-Bonnin Lebel et Guieu, qui exploitaient un fonds de fondeur et apprêteur d'or, d'argent, de platine et, en général, de métaux précieux, avec un compartiment bancaire et cambiste avec siège social 220, rue Saint-Martin à Paris et au capital de 50 millions, à conclure avec ses banquiers un accord intervenu le 22 novembre - et ratifié par l'assemblée générale extraordinaire du 28 février 1933 - qui a décidé, en outre, la fermeture, à dater du 1er mars 1933, du département bancaire et la suspension des opérations de change et de bourse.
Le montant des créances sur les diamantaires s'élevait à fin 1932 à 53.880.000 F, dépassant ainsi le capital social. L'accord conclut à un délai de 5 ans pour l'apurement définitif des engagements. M. Marin fut désigné comme administrateur-délégué et la maison Worms et Cie intervint dans la réorganisation et la nouvelle gestion dont elle chargea son associé-gérant, M. Barnaud.
A l'assemblée générale de 1938, le premier scrutateur (plus fort actionnaire présent ou représenté) était M. Guex, au titre de Worms et Cie.
Une note de l'hebdomadaire financier Commentaires du 30 janvier 1938, extraite d'une lettre adressée à ce journal, apportait cette précision sur le rôle de la banque Worms dans la réorganisation de l'affaire :
« Deux hommes - dit-elle - sont les principaux artisans de ce courageux redressement : M. Bonnin, président du conseil d'administration, ancien président du tribunal de commerce de la Seine, et M. J. Barnaud, ancien inspecteur des finances. »
De même à l'assemblée générale extraordinaire du 7 février 1938, M. André Bonnin, président, déclara :
« Aussi dois-je adresser mes remerciements sincères à ceux qui en furent les artisans (du redressement de la société) tenances et confiants ; j'ai nommé la maison Worms et Cie et notre administrateur-délégué M. Marin. »
La maison Worms et Cie présida à la réorganisation définitive de 1938 - la société ayant tenu tous les engagements pris en 1933 - et au cours de laquelle le capital fut ramené de 50 à 20 millions, par réduction du nominal des actions de 250 F à 100 F, puis augmenté de 5.500.000 F en actions de priorité acceptées par Worms et Cie et les autres banques en remboursement de leurs créances.
M. Rialan (de Worms et Cie) fut nommé administrateur en remplacement de M. Guieu décédé (nomination ratifiée par l'assemblée du 2 mai 1938), en même temps d'ailleurs que M. Guy de Feuilhade de Chauvin, que les documents publiés ultérieurement sur la synarchie ont prétendu ne pas être, lui non plus, sans liens étroits avec Worms et Cie.
D'autre part, nous constatons que M. Guy Erwyn Marin, nommé président et directeur général de la société à la suite des dispositions légales de 1940-1941, est domicilié sur divers annuaires au 45, boul. Haussmann qui est l'adresse de la banque Worms et Cie.
Presque au lendemain de la libération, les Établissements Marret Bonnin Lebel et Guieu envisagèrent de scinder les diverses branches de leur activité et d'abandonner leurs affaires de métaux précieux, en même temps que de se réserver les affaires financières - auxquelles la société s'était à nouveau intéressée depuis 1938 - sous une dénomination nouvelle.
Des pourparlers intervinrent avec le comptoir Lyon Alemand spécialisé lui aussi dans les affaires de métaux précieux - et l'accord ayant été conclu, les Établissements Marret Bonnin Lebel et Guieu firent apport à la Société nouvelle du comptoir Lyon Alemand, par acte du 28 juin 1948, de leur fonds de commerce et d'industrie pour métaux précieux avec ses dépendances, et le titre de cette dernière société devenait Comptoir Lyon-Alemand et Marret Bonnin Lebel et Guieu réunis, pendant que la société des Établissements Marret, Bonnin, Lebel et Guieu dont l'objet social ne comportait plus que les opérations de banque, de change et de bourse, prenait le nouveau titre de :

Société de financement, participation et gestion

(Petites Affiches du 3 février 1949).
Bien entendu, c'est la banque Worms et Cie qui a présidé à la réalisation de ces diverses opérations.
Il n'est pas sans intérêt, croyons-nous, de signaler certaines interventions étrangères qui se sont manifestées à l'occasion de ces opérations, et qui ont été concrétisées par les nominations comme administrateurs du Comptoir Lyon-Alemand de l'honorable Sir Duff Cooper, ancien ambassadeur d'Angleterre en France, et d'une autre personnalité "anglaise" moins connue, mais également de certaine importance M. H. N. Sporborg, qui se domicilie 10, Grosvenor Street, à Londres.
Nous aurons vraisemblablement à revenir ultérieurement sur cette question particulière.
Au début de 1934, la banque Worms et Cie devenait associée du :

Comptoir européen de crédit

affaire fondée en octobre 1933 par M. Léon Wenger au nom d'un syndicat d'affaires françaises, à la tête duquel était la Pétrofina française pour veiller à la compensation effective des règlements d'affaires intervenues entre le gouvernement soviétique et les milieux intéressés, les soviets donnant le pétrole qu'ils vendaient en France à la Pétrofina française en garantie de commandes qu'ils passaient à nos industriels.
Nous avons publié dans notre précédent n°[3] une étude assez approfondie du Comptoir européen de crédit qui nous dispense d'y revenir aujourd'hui.
L'intervention de la maison Worms et Cie dans cette affaire a été consacrée par sa nomination comme administrateur du Comptoir européen de crédit, nomination ratifiée par l'assemblée du 9 février 1934.
L'affaire n'ayant pas eu l'activité qu'on en attendait, la plupart des sociétés industrielles et commerciales qui s'y étaient associées s'en désintéressèrent peu après. La banque Worms et Cie fut de celles-là.
Quelques mois après, août 1934, Worms et Cie participait à la constitution de la :

Compagnie minière coloniale

filiale de la Banque de l'Indochine, dans l'immeuble de qui la nouvelle société avait son siège social.
Créée par acte du 1er août 1934, la Compagnie minière coloniale avait pour objet l'étude, la recherche, la déclaration, la demande en concession et l'acquisition par concession directe, achat, amodiation, location, participation ou sous toutes autres formes, de toutes mines, minières, carrières de toute nature, dans les colonies françaises, les pays sous protectorat français ou territoires sous mandat français d'Asie, d'Afrique et d'Océanie, la vente et le traitement des produits des dites mines, etc.
Le capital était de 250.000. F en 500 actions de 500 francs à souscrire et libérées en espèces.
Le premier conseil d'administration comprenait les représentants des groupes fondateurs.
M. Jacques Barnaud (Worms et Cie)
M. Paul Baudouin (Banque de l'Indochine)
M. François de Flers (Banque de l'Indochine)
M. Georges de Klapka (Société parisienne de banque)
M. Édouard Benedic (Groupe Fondère)
et M. Hippolyte Duvergey, animateur d'un groupe minier, en liaison étroite avec Worms et Cie.
M. Paul Baudouin était président de la Compagnie minière coloniale. Il fut remplacé ultérieurement en cette qualité par M. Duvergey (statuts : Journal des sociétés par actions du 10 août 1934).
En 1934, le capital fut porté de 250.000 F à 2 millions (assemblée du 30 octobre 1934), puis à 3 millions (assemblée du 7 décembre 1936).
Entre-temps, M. Duvergey étant décédé le 15 mars 1937, il fut remplacé comme administrateur par M. Raoul Plouin, né le 27 novembre 1878 à Pacy-sur-Eure.
Un peu plus tard, M. Baudouin donnait sa démission d'administrateur (30 septembre 1937) et il était remplacé au conseil par M. Jean Bouyssou, né à Monestier (Dordogne) le 26 mai 1877, demeurant dans la Côte d'Ivoire française.
M. Georges de Klapka démissionna à son tour le 20 mai 1938. M. Pierre Charles Bastid, né à Aurillac le 5 août 1898, fut appelé au conseil en son remplacement (30 mai 1938).
Au début de 1939, M. Bouyssou ayant démissionné (6 janvier 1939) fut remplacé par M. Henri Rolloy né à Chaumont le 11 septembre 1903 (10 février 1939), ce dernier toujours au titre de la Banque de l'Indochine.
Vers la même époque, le capital fut porté à 6 millions par l'émission de 6.000 actions nouvelles de 500 F souscrites en espèces (assemblée du 31 mars 1939).
Par délibération du conseil d'administration en date du 8 novembre 1940, M. Édouard Catalogne, né à Pau le 26 novembre 1898, directeur à la Banque de l'Indochine, fut nommé administrateur en remplacement de M. Bastid démissionnaire, et M. Robert Labbé, associé de Worms et Cie en remplacement de M. Barnaud qui avait démissionné à l'occasion de son entrée dans les conseils du gouvernement.
Par décision de l'assemblée du 18 juillet 1941, le capital fut porté à 10 millions, puis en juin 1943, la banque Worms et Cie abandonne l'affaire et M. Labbé quitte le conseil d'administration.
La constitution de la Compagnie minière et coloniale complétait, en un certain sens, un aspect de l'activité de Worms et Cie - ou plus exactement, d'un groupe financier auquel participait Worms et Cie et portant sur un certain nombre d'entreprises minières coloniales et étrangères.
C'est ainsi qu'en 1933, ce groupe était intervenu dans la :

Estrellas Mining and Finance Corporation 1927

société anonyme canadienne constituée en décembre 1927 pour la recherche, l'étude, la prospection et l'exploitation de tous gisements miniers, ventes de tous minerais et métaux. La société était, en outre, une sorte de holding possédant des intérêts dans des affaires de chemins de fer, d'électricité, etc. et surtout dans des affaires minières et agricoles. Elle était en relations particulièrement étroites avec la Compagnie minière las dos Estrellas, société mexicaine qui lui avait apporté - au moment de sa constitution - son actif non mexicain.
Les animateurs du groupe étaient à Paris, MM. Duvergey, Calvayrat, Poupet.
Le conseil de l'Estrellas Mining comprenait diverses autres personnalités dont M. Jacques Barnaud, associé-gérant de Worms et Cie, remplaça l'une d'elles (M. P. J. Fournier) et M. Paul Baudouin (de la Banque de l'Indochine) remplaça une autre (M. G. Angoulvant, ancien gouverneur des colonies). M. Raoul Plouin fut, à la même époque, appelé également au conseil d'administration.
M. Duvergey décéda, on l'a vu, le 15 mars 1937 et M. Baudouin ayant donné sa démission, ils furent remplacés au conseil par M. J. Henderson représentant de banque étrangère et Louis de l'Harpe, puis M. Barnaud fut appelé à la présidence de la société.
Après la guerre, l'Estrellas Mining and Finance Corporation reprit son activité en France et dans les colonies françaises.
Diverses modifications survinrent dans les groupes qui s'y étaient intéressés ainsi que dans la composition du conseil d'administration.
Il semble, en particulier, que la Banque de l'Indochine l'ait abandonnée.
D'après les derniers annuaires financiers, le conseil d'administration serait actuellement composé de :
M. Henry Dewez, président,
et MM. Kenneth-Archibald, le général Doriot,
M. A de Launoit et M. Raymond Meynial.
MM. Dewez et de Launoit représentaient une banque à caractère international, l'Union métropolitaine et coloniale, suite de la Banque française commerciale et financière, elle-même ex-Banque franco-belge Buurmans et Cie.
M. Raymond Meynial est, on le sait, le gérant statutaire de Worms et Cie depuis la libération.
Fin 1946, l'Estrellas Mining a, par l'intermédiaire de la banque Worms et Cie participé à la création à Paris de la Société France Estrellas sur laquelle nous avons publié une étude et diverses informations dans nos n° de février, mars et juin 1947 et sur laquelle nous reviendrons lorsque nous étudierons les affaires Worms d'après guerre. Signalons déjà, toutefois, que France Estrellas vient d'absorber l'Union métropolitaine et coloniale et est devenue une banque sous le titre de France-Estrellas Union métropolitaine et d'outre-mer.
Le même groupe français s'est intéressé également vers la même époque à la :
Société indochinoise d'exploitations minières et agricoles
fondée à Hanoï (Tonkin) le 27 février 1929 où elle avait son siège social et bureaux 19, boul. Malesherbes à Paris dans les locaux du groupe Estrellas.
Le capital d'origine était de 1.300.000 piastres en 13.000 actions de 100 piastres, dont 410 attribuées aux époux Leroy et 1.400 à M. Duvergey en rémunération de leurs apports.
La société avait pour objet l'exploitation du domaine minier dit "mines d'or de Bong-Miu" en Annam.
Le premier conseil d'administration comprenait :
MM. Bourdariat, par ailleurs, président de l'Union minière et industrielle à Paris, administrateur de la Banque de Madagascar et du Crédit foncier de Madagascar,
Calvayrac (du groupe Estrellas),
Duvergey, Fournier, Poupet (eux aussi du même groupe ) et M. Herbette François.
A la suite de l'intervention du groupe Worms-Banque de l'Indochine, le conseil fut composé de :
MM. Hippolyte Duvergey, président,
Ch. I. Poupet, vice-président,
et de MM. Paul Baudouin,
Jacques Barnaud (Worms et Cie),
Alexandre Bourdariat,
Émile Calvayrac,
et la Banque de l'Indochine.
Les mêmes modifications survinrent que dans les sociétés citées précédemment à la suite du décès de M. Duvergey et de la démission de M. Paul Baudouin.
Il ne nous est malheureusement pas possible de suivre ces modifications en détail, la société, quoiqu'ayant un bureau administratif à Paris, n'ayant pas, contrairement aux prescriptions légales, fait d'inscription au registre du commerce.
Nous citerons cependant sur un autre terrain, que par décret du 14 octobre 1940 du maréchal Pétain, chef de l'État, contresigné par l'amiral Platon, sous-secrétaire d'État aux colonies - et publié au Journal officiel du 16 octobre 1940 - la Société indochinoise d'exploitations minières et agricoles obtenait le droit exclusif d'exploitation de mines de toutes substances - sauf hydrocarbures, potasse et sels connexes - en Indochine, dans un périmètre d'une surface de 1.475 hectares dont les limites étaient précisées audit décret. Ce droit ne lui était, toutefois, accordé que sous réserve de renonciation par la société à d'autres concessions également précisées par le décret.
Vers la fin de 1934, la banque Worms et Cie intervint dans la :
Société d'entreprises de grands travaux hydrauliques
société fondée en 1920 pour l'exploitation en France, dans les colonies et pays de protectorat de tous travaux hydrauliques. Le capital était à l'origine de 5 millions de francs en 20.000 actions de 250 F dont 8.500 remises à la société suisse Conrad Zschokke en rémunération partielle de ses apports, le surplus en était rétribué par une part bénéficiaire donnant droit à 20% des bénéfices après attribution aux actions d'un premier dividende de 6%, le siège social était 39, rue La Boétie, à Paris.
Le premier conseil d'administration comprenait :
M. Henri Blazeix et M. Edmond Ledoux, administrateurs de la société Entreprises du nord et d'est, elle-même administrateur,
MM. Charles de Haller, Frédéric Dominice, James de Reynier, appartenant au groupe suisse.
M. Charles de Haller était administrateur de la Société financière italo-suisse ainsi que M. Dominice qui était également administrateur de la Société financière franco-suisse, de la Banque d'escompte suisse et de l'Union financière suisse.
Il serait trop long de suivre l'évolution et les modifications de la société jusqu'au moment où elle dut procéder à une réorganisation financière qui fut effectuée par un groupe comprenant Worms et Cie, la Banque de l'Indochine et le Crédit foncier d'Algérie et de Tunisie.
La banque Worms et Cie était, d'ailleurs, déjà intervenue antérieurement et c'est ce qui avait entraîné la nomination au conseil d'administration de M. Pierre Edmond Rialan à fin 1934.
Puis, par décision de l'assemblée générale du 24 novembre 1936, le capital de 20 millions avait été réduit à 1 million par échange de 20 actions nouvelles de 250 F contre une nouvelle de même nominal, puis porté immédiatement à 18 millions par l'émission au pair de 17.360 actions ordinaires nouvelles et de 50.640 actions privilégiées de 250 F chacune. Les actions ordinaires devant être souscrites, dans leur généralité par compensation.
Un nouveau conseil d'administration fut, en même temps nommé, composé de :
M. Paul Baudouin, président (Banque de l'Indochine),
M. Jean Rigal, administrateur délégué (Worms et Cie),
M. Édouard Gendre, administrateur (Crédit foncier d'Algérie et de Tunisie),
M. Ernest Gouin (Batignolles Châtillon),
M. Charles de Haller,
M. Georges Lauret (Worms et Cie),
M. Edmond Rialan (Worms et Cie),
M. Jean Sillard.
MM. Baudouin, Rigal et Sillard représentaient plus précisément la Société française d'entreprises de dragages et de travaux publics, que nous avons étudiée dans un fascicule précédent.
Le siège social fut transféré en août 1937 au 29, rue de Miromesnil à Paris.
Au début de 1939, M. Paul Baudouin donnait sa démission de président et d'administrateur. Il était remplacé à la présidence par M. Georges Lauret, et comme administrateur par M. Gaston Leroy, né le 20 décembre 1883 à Lille (Nord) déjà directeur général de la Société française d'entreprises de dragages et de travaux publics.
M. Charles de Haller était, entre temps, décédé le 10 septembre 1938.
A la suite des événements de 1940 et de la nouvelle législation sur les sociétés, M. Guy Brocard (Worms et Cie) et Berryer furent nommés administrateurs par l'assemblée du 17 décembre 1940, et M. Rigal Jean élu président en remplacement de M. Georges Lauret alors prisonnier en Allemagne. M. Sillard donna à la même époque (décembre 1940) sa démission d'administrateur.
Puis, par suite du retour des administrateurs prisonniers de guerre, l'assemblée du 30 septembre 1941 approuva la nouvelle composition du conseil, comprenant :
M. Georges Lauret, président,
M. Édouard Gendre (antérieurement prisonnier),
M. Gaston Leroy,
M. Jean Rigal,
M. Pierre-Edmond Rialan,
M. Guy Brocard.
On le voit, le groupe Worms prédominait assez nettement.
Par décision de l'assemblée du 30 septembre 1941, le capital avait été porté à 30 millions (Journal spécial des sociétés des 29 octobre et 24 novembre), et toutes les actions furent unifiées à partir du 1er janvier 1942.
Au début de 1943 M. Jean Rigal, nommé directeur général, cessa d'appartenir au conseil d'administration, en même temps que MM. Rialan, Gouin et Berryer donnaient leurs démissions d'administrateurs.
Ils étaient remplacés par M. Guillaume de Tarde (précédemment directeur chez Lazard Frères et Cie), Jean Laurent et Edwin Poilay, tous trois représentant la Société française d'entreprises de dragages et de travaux publics - et plus spécialement la Banque de l'Indochine - qui avait ainsi la majorité au conseil.
En janvier 1945, le capital a été porté à 60 millions.
M. Jean Rigal fut rappelé au conseil d'administration et sa nomination ratifiée par l'assemblée du 12 novembre 1945 ; puis M. Jean Laurent démissionna et fut remplacé par la Société française d'entreprises de dragages et de travaux publics elle-même (assemblée du 29 octobre 1946).
Le capital a été, depuis, porté à 100 millions (assemblée du 8 juillet 1947 - Journal spécial des sociétés par actions du 7 octobre 1947) puis à 125 millions (assemblée du 22 octobre 1947 - même journal du 21 novembre 1947).
Les titres de la Société d'entreprises de grands travaux hydrauliques ont été introduits au marché officiel de la bourse de Paris, le 5 novembre 1948. C'est la banque Worms et Cie qui a présidé à cette opération.
C'est en octobre 1934 qu'on trouve Worms et Cie intéressés officiellement à la société dite :
Entreprises Albert Cochery
Cette société, qui avait pour objet la fabrication et la vente des goudrons pour la route et de tarmacadam, y compris la transformation complète des sous-produits en découlant, ainsi que leur industrialisation, avait été fondée en juin 1926, sous forme de société à responsabilité limitée sous le titre Albert Cochery et Cie, société française des goudrons pour la route SFGR.
Elle avait été transformée en société anonyme, avec sa nouvelle dénomination, en février 1928.
Le siège social était à Ebange (Moselle), mais, par suite de l'entrée dans la société de nouveaux groupes, et particulièrement de la Compagnie générale du gaz pour la France et l'étranger, le conseil d'administration décida, dans sa séance du 25 mai 1932, de créer à Paris un siège de direction qui fut installé 6, rue de Rome.
Le conseil d'administration comprenait à cette époque :
M. Edmond Dax, industriel à nancy, président,
M. Albert Cochery, à Thionville, administrateur délégué,
MM. Raymond Casaubon à Paris, directeur de la Compagnie générale du gaz pour la France et l'étranger,
M. Léon Carpentier, à Paris (Gaz pour la France et l'étranger),
M. Delbecque, directeur général de la Fusion des gaz à Montereau (S.&.O.),
M. Charles Ditandy, à Paris, (Gaz pour la France et l'étranger),
M. André Estivant, agent général des Houillères de la Moselle à Metz,
M. Hubert de Richemont, administrateur de la Compagnie continentale du gaz,
M. Trampont, à Valenciennes,
M. André Mineur, directeur de l'usine à gaz à Tours,
M. Louis Naude, même qualité, à Pau,
M. Michel Vilmin, ingénieur civil des mines à Metz,
M. René Worms, industriel à Nancy,
(M. René Worms n'appartient pas à la maison Worms et Cie).
C'est à la suite de leur installation à Paris que les entreprises Albert Cochery entrèrent en relations avec Worms et Cie.
Le capital de la société qui était à l'origine de 200.000 F était lors de la transformation en société anonyme en 1928 de 360.000 francs. Il fut porté à 1 million à cette occasion, puis à 2 millions à la fin d'octobre 1928, à 4 millions en janvier 1929, à 8 millions en juin 1932 et à 12 millions en août 1931, le tout en actions de diverses catégories - qui furent d'ailleurs unifiées dès 1930 - et avec ou sans remise de parts bénéficiaires aux souscripteurs.
En 1932, au moment de l'arrivée de la société à Paris le capital était de 12 millions en 24.000 actions de 500 F et il existait 2.000 parts bénéficiaires.
Par décision du conseil d'administration du 25 octobre 1934, le capital fut porté à 14 millions par l'émission de 4.000 actions nouvelles de 500 F, émises au pair.
La banque Worms et Cie qui y avait prêté ses guichets participa à la souscription pour 260 actions, et parmi les nouveaux actionnaires on trouvait également les petits-fils de François de Wendel pour 167 actions.
A l'époque de la réalisation de cette opération, M. Trampont ne figurait plus au conseil qui, par contre, comprenait, en outre, M. de Villepin, directeur général de Pont-à-Mousson à Paris.
Depuis cette date, c'est la banque Worms et Cie qui a assuré les opérations financières de la société des entreprises Albert Cochery.
En octobre 1933, le capital fut porté à 15 millions, les deux mille actions nouvelles souscrites en espèces ou par compensation de créances par la Compagnie générale du gaz pour la France et l'étranger et par la Compagnie du bourbonnais, MM. de la Chomette Villiers et Cie, chacune pour moitié, puis à 20 millions en 1940, à 30 millions en 1941, à 60 millions en décembre 1945, à 120 millions en septembre 1947, à 124 millions en mars 1948, à 186 millions en mai 1948 et enfin à 252.500.000 F en février 1949, d'une part par rachat des parts bénéficiaires contre remise de 16.000 actions nouvelles de 1.000 F, soit 16 millions prélevés sur la réserve appartenant aux actionnaires et par une augmentation du capital en espèces de 50.500.000 F en 50.500 actions nouvelles de 1.000 F, en même temps que les actions anciennes de 500 F étaient regroupées en titre de 1.000 francs.
Le capital actuel est donc de 252.500.000 F en 252.500 actions de 1.000 F.
Le conseil d'administration comprend : M. Albert Cochery, président directeur général, MM. Ed. Dax, H. Delebecque, Ch. Ditandy, H. de Richemont et F. de Villepin, déjà cités, et MM. Jean Fregeac, Pierre Germain, administrateur de Fusion des gaz, Étienne Noël, président directeur général de la Compagnie générale du gaz pour la France et l'étranger, société qui figure elle-même au conseil des Entreprises Albert Cochery, ainsi que la Société lyonnaise des eaux et de l'éclairage, et M. Gérard Monod, président directeur général de la Société de gérance, d'entreprises et exploitations.
Notons en passant que, depuis octobre 1949, le titre de la Compagnie générale du gaz pour la France et l'étranger est devenu Compagnie générale industrielle pour la France et l'étranger.
En août 1935, la banque Worms et Cie assurait personnellement l'augmentation de capital de la :

Société française de métrographie

en souscrivant la totalité des 600 actions de 100 F émises en espèces à l'époque, étant précisé qu'elle reçut, à ce titre, 1.500 parts bénéficiaires, à raison de 5 parts pour 2 actions nouvelles souscrites.
Cette société fondée en août 1934 par M. Georges Fox, administrateur de sociétés, avait pour objet la fabrication et le commerce d'appareils de mesure. Le capital d'origine était de 200.000 F en 2.000 actions de 100 F dont 1.700 remises aux fondateurs en rémunération de leurs apports et 300 souscrites en espèces.
Le premier conseil d'administration comprenait :
M. Laurent Millet, né le 12 mars 1863 à Lyon, président,
M. Édouard Lévy, né le 20 septembre 1885 à Oran,
Michel Lévy, né le 17 mai 1900 à Zemmorah (Algérie),
William Loth, né le 8 mai 1888 à Rennes,
Jacques Poidatz, né le 1er avril 1894 à Paris (16°).
M. Millet décédait l'année suivante et quitus de sa gestion était donné à sa succession par l'assemblée du 26 juin 1936.
Entre temps, MM. Marcel Adrien Lévy né le 5 juin 1904 à Zemmorah (Algérie) et Albert Ferraud, né le 30 août 1873 à Mazamet (Tarn) furent nommés administrateurs (nominations ratifiées par l'assemblée ordinaire du 27 juin 1935).
C'est alors que fut effectuée l'augmentation de capital prise par Worms et Cie, mais le capital fut porté de 200.000 à 300.000 F, car, conformément aux prescriptions statutaires, il fut alors remis 400 nouvelles actions d'apports à M. Marcel Lévy, de telle sorte que le nouveau capital était composé de 2.100 actions d'apports et de 900 souscrites en espèces.
A la suite de cette intervention de Worms et Cie, M. Pierre Edmond Rialan fut nommé administrateur de la Société française de métrographie (nomination ratifiée par l'assemblée du 28 juin 1937).
Par contre, M. William Loth avait donné sa démission le 28 juin 1936.
L'assemblée générale du 28 juin 1937, citée plus haut, avait, en même temps, décidé le transfert du siège social du 11 bis, rue d'Aguesseau à Paris aux 8 et 10, rue du Petit-Musc, même ville, puis, par délibération du conseil d'administration en date du 20 décembre 1939, le siège fut transféré 112, boul. Haussmann.
D'après les documents officiels, M. Rialan n'aurait plus été administrateur au début de 1940 ; par contre, aux assemblées générales du 2 avril et du 15 décembre 1941, il était le seul actionnaire présent en dehors des membres du conseil d'administration, et il fut, à ce titre, nommé secrétaire de ces assemblées.
A la suite de cette concentration des titres entre les mains de Worms et Cie, l'assemblée du 2 avril 1941 avait décidé la liquidation anticipée de la société, à compter du 10 mars 1941, M. Louis Roge fut nommé liquidateur, liquidation confirmée par l'assemblée du 15 décembre 1941.
En janvier 1936, diverses informations de presse annoncèrent qu'un groupe d'industriels français comprenant Schneider et Cie, Hotchkiss, les Usines Renault, les Chantiers de Bretagne Penhoët (Chantiers et Ateliers de Saint-Nazaire) et Worms et Cie, avait obtenu du ministère du Commerce la garantie de bonne fin de paiement pour 60% d'une commande de 400 millions de francs qui était sur le point d'être passée à ce groupe par le gouvernement turc pour des sous-marins, canons, tracteurs et mitrailleuses.
Cette affaire intéressait le département spécial de Worms et Cie, dit Ateliers et Chantiers de la Seine maritime, Worms et Cie sur lequel nous reviendrons ultérieurement.
A la même époque (janvier 1936) la banque Worms et Cie constituait, avec un groupe anglais auquel elle était liée, la :

Société de courtage et d'affrètement pétroliers

au capital de 500.000 F en actions nominatives de 1.000 F avec siège social 22, rue de l'Arcade à Paris.
Elle avait pour objet l'importation, le transit et le commerce des huiles minérales de pétrole et dérivés, affrètement de navires citernes, etc.
Le conseil d'administration comprenait :
MM. Claude Chapman Jacobs, courtier d'affrètement à Londres, Olivier James Curtis, de la même maison et M. Eugène Morisse, Étienne Ragot, représentant la maison Worms et Cie dont il était à l'époque, fondé de pouvoirs (statuts : Gazette des tribunaux du 15 février 1936).
Par la suite, le capital fut porté à 1 million de francs, puis, en raison des événements de 1940, la société fut dissoute par anticipation à partir du 31 octobre 1940 (Journal des sociétés par actions du 6 novembre 1940).
A l'époque, le conseil d'administration comprenait :
M. Michel Joseph Goudchaux, associé gérant de Worms et Cie,
Louis Vignet et Raymond Meynial, directeurs chez Worms et Cie et MM. Jacobs et Curtis précités.
Les fondés de pouvoirs étaient MM. Jean Nelson-Pautier et John Trévor Hamilton.
Le fonds commercial de la société a été repris par une autre filiale de Worms et Cie, créée dans ce but, la Société de courtage maritime et d'études dont nous parlerons dans un chapitre ultérieur.
En avril 1936[4], Worms et Cie participa à la réorganisation financière de la Société pour l'approvisionnement des consommateurs d'huiles combustibles, fondée le 30 janvier 1920 sous les auspices de la Société des forces motrices de la Vienne et la Compagnie parisienne de l'air comprimé, où elle avait depuis 1934 des intérêts importants qui avaient amené l'entrée au conseil de la société de M. Michel Goudchaux et de M. Hypolite Worms.
Au moment de cette réorganisation la société Worms et Cie avait une créance de 1.504.500 F dont elle fit remise moyennant 3.900 actions nouvelles de 500 F de :

Huilcombus, société française des huiles combustibles

nouveau titre pris par l'affaire à la suite de l'assemblée du 30 avril 1936 et en suite de la réorganisation qui réduisit le capital de 6 millions à 625.000 F et le reporta à six millions par apports et compensations, (Gazette du palais du 28 mai 1936).
Le conseil d'administration comprenait à l'époque :
MM. Ernest de Marchena, président (Forces motrices de la Vienne),
Alfred Bonafous, administrateur délégué (Omnium international des pétroles),
Maurice Amoriot,
Alphonse de la Bourdonnais (Omnium international des pétroles),
Jean Paraf (Forces motrices de la Vienne),
Raoul Ponchon (Forces motrices de la Vienne),
Michel Goudchaux
et Hypolite Worms.
Les forces motrices de la Vienne et la Compagnie parisienne de l'air comprimé ayant cédé leurs participations, les principaux groupes actionnaires furent la Steaua française (Omnium international des pétroles), la Société française des carburants (groupe Mirabaud).
MM. de Marchena et Paraf (Forces motrices de la Vienne) démissionnèrent au même moment, alors que André Risler, né le 14 mai 1881, était nommé administrateur, au titre de la Société française des carburants.
Après la défaite française de 1940, l'objet social fut étendu à l'acquisition et l'exploitation de toutes forêts ou coupes de forêts, à la carbonisation, la distribution et la vente du bois et du charbon de bois, en raison de la transformation de l'industrie et du commerce des carburants.
En même temps, MM. Worms et Goudchaux quittaient le conseil d'administration, mais les intérêts Worms continuaient d'y être représentés par la nomination de M. Louis Vignet, directeur chez Worms et Cie.
Un peu plus tard, M. André Debray était nommé administrateur au titre de la Steaua française, en même temps que de nouvelles modifications étaient apportées aux statuts, particulièrement en vue d'étendre l'objet social à tous les combustibles susceptibles d'être utilisés pour l'alimentation des moteurs fixes et mobiles et spécialement ceux équipant des véhicules à gazogène (Affiches parisiennes du 17 juillet 1941).
Après la libération de nouveaux groupes s'intéressèrent à l'affaire au conseil de laquelle les représentants de ces groupes furent appelés en novembre 1946 :
M. Jacques Coulon, né le 18 avril 1892 à Thoisy (Côte d'Or),
M. Maurice Leblanc, né le 20 octobre 1897 à Bergerac, président directeur général des Établissements Lellier-Leblanc (combustibles et agglomérés)
et la société anonyme Toufflin à Paris (charbons et combustibles).
Ces prises de participations s'étaient concrétisées par la délibération de l'assemblée extraordinaire du 14 novembre qui avait décidé une augmentation de capital de 2 millions par l'émission de 4.000 actions nouvelles de 500 F, émises avec 2.000 F de prime (soit 2.500 F) dont 1.600 étaient réservées aux nouveaux groupes (30 souscripteurs) (Petites Affiches du 26 février 1947).
Parmi les anciens actionnaires, la banque Worms et Cie n'avait souscrit que 554 actions.
Puis, au début de 1949, le capital fut porté de 8 à 16 millions par l'élévation de 500 F à 1.000 F des 16.000 actions composant le capital social, par prélèvement sur la réserve spéciale de réévaluation, puis à 32 millions par nouveau prélèvement sur la même réserve, par l'émission de 16.000 actions nouvelles de 1.000 F, puis encore à 96 millions par l'émission de 64.000 actions nouvelles de 1.000 F, cette fois à souscrire en espèces, et enfin à 100 millions par l'échange de parts bénéficiaires contre des actions à raison de deux actions nouvelles par part, (Petites Affiches du 10 mars 1949).
La banque Worms et Cie paraît toujours intéressée à cette affaire, mais il faut noter qu'elle n'a pas participé à l'augmentation de capital en espèces de janvier 1949.
En mai suivant (1936) la banque Worms et Cie participa à la constitution de la :

Société financière pour le commerce avec l'étranger

dont le but était de favoriser les opérations commerciales entre la France et l'étranger ainsi que leur financement.
Le siège social était à Paris, 3, rue de Bucarest.
Le capital d'origine était d'un million de francs en actions de 100 F toutes souscrites en numéraire ; statutairement il pouvait être porté à 5 millions.
Le premier conseil d'administration comprenait :
M. Pierre Dalbouze, président de la Fédération mécanique,
M. Paul Chaleil, président du Syndicat des industries mécaniques de France,
M. Albert Libert, président de l'Association des constructeurs de voitures de chemins de fer,
M. Auguste Detoeuf, vice-président délégué de Thomson-Houston et d'importantes autres sociétés d'électricité,
M. René Fould, président de la Chambre syndicale des constructeurs de navires et de machines marines,
M. Jacques Barnaud, associé de Worms et Cie,
M. François Michel, banquier à Paris, de la maison suivante,
MM. Seligman et Cie, banquiers à Paris,
M. Robert Lhomme, directeur général de la Société financière électrique. (Statuts : Quotidien juridique du 5 mai 1936).
Aucune modification ne figure au registre du commerce jusqu'en 1949 ce qui est incompréhensible puisque des modifications ont dû intervenir au sein du conseil ; retraite de M. Barnaud en 1940, décès de M. Detoeuf l'année dernière, etc., là encore nous constatons une liberté exagérée à l'égard des prescriptions légales.
Au début de 1949, le siège social a été transféré 45, boulevard Haussmann au siège de la banque Seligman et Cie, et c'est également cette banque qui, à la même époque, recevait les souscriptions à une augmentation de capital de 4 millions, devant porter celui-ci à 5 millions (Quotidien juridique du 8 janvier 1949).
Les 40.000 actions nouvelles de 100 F furent souscrites en espèces et libérées entièrement par 19 souscripteurs et la réalisation définitive de cette opération fut confirmée par l'insertion légale obligatoire faite dans le Journal spécial des sociétés par actions du 31 mai 1949.
On ne trouve plus trace de la banque Worms et Cie dans l'affaire.

(A suivre.)

R. Mennevée

[1] Voir l'année 1948 et nos fascicules de février, mars, mai, juin et juillet 1949.

[2] Voir aussi l'Agence nationale du 24 mars 1923, où la question des éléments étrangers qui furent à l'origine de l'affaire fut à nouveau soulevée.

[3] Le groupe des pétroles de Malopolska : M. Léon Wenger, p. 16 et 17.

[4] C'est par erreur que, dans notre fascicule de février 1949 il a été indiqué (p.15) que cette intervention de Worms et Cie avait eu lieu en 1926. Les statuts de la Société pour l'approvisionnement des consommateurs d'huiles combustibles ont été publiés dans les Petites Affiches du 27 février 1920 ; les modifications - premières réduction et augmentation du capital - dans les Affiches parisiennes du 6 avril 1929, augmentation du capital à 6 millions (Affiches parisiennes du 10 janvier 1933).


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