1940.12.29.De Charles Dieudonné - La France au Travail.Article

NB : Cet article provient d'un recueil de coupures de presse datées du 17 octobre 1940 au 21 décembre 1941, qui est classé au 17 octobre 1940.

La France au Travail
29 décembre 1940

Un exemple ! Qu'on fasse un exemple !

Nous avons été les premiers, ici, dans ce journal qui est le journal du peuple de France, à parler en faveur de l'esprit communautaire.
Mais la solidarité ne doit pas être un vain mot, une simple formule, un "slogan" pareil aux slogans d'une guerre imbécile.
On a pu dire : "Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts". Laisserons-nous dire aujourd'hui "Nous sommes unis dans le malheur parce que nous ne pouvons faire autrement ?".
Les malins espèrent encore échapper à la règle générale.
Qu'on ne s'y trompe pas : ce sont les combinards, les resquilleurs, les profiteurs, les exploiteurs qui empoisonnent l'atmosphère parisienne.
Chacun accepterait de meilleur gré privations et sacrifices, si les uns ne pensaient pas à gagner de l'argent et à s'empiffrer pendant que les autres se serrent la ceinture.
Ce qui décourage les antisémites convaincus, c'est de savoir qu'un Worms ou un Lazard garde du crédit auprès du gouvernement.
Ce qui décourage les adversaires de la franc-maçonnerie, c'est d'apprendre que les frères ont continué leur sales besognes, leurs sales petits complots après la fermeture des Loges.
Ce qui décourage la masse des travailleurs, c'est de voir que la haute finance n'a rien abandonné de ses privilèges.
Ce qui décourage les pauvres, c'est d'être volés. Ils n'admettent pas qu'on accorde des passe-droits aux derniers souteneurs d'un régime de pourriture et de défaite et qu'on laisse à la masse l'unique joie de payer ses impôts.
Le rationnement équitable des vivres marquerait sans doute un progrès de la justice sociale s'il n'y avait pas les accapareurs de tickets et tout le monde se soumettrait sans trop rechigner aux rigueurs d'un régime de [crise] si, sur les longues files de ménagères devant les boutiques, ne s'étendait pas l'ombre du marché noir. Le redressement national sera saboté aussi longtemps qu'on hésitera à châtier les coupables.
Que l'on commence par les Daladier, les Blum, les Reynaud. Soyons des empêcheurs  de danser en Riom !
Et qu'on se décide à faire un exemple ! Un exemple ! L'exécution prompte et soignée d'une vingtaine de mercantis épouvanterait la crapule et réconforterait les honnêtes gens.
Un exemple, ce n'est pas une condamnation à l'eau de rose, un nouveau décret, une réglementation vague et inopérante.
Savez-vous ce que c'est qu'un exemple, dans un pays qui veut revivre et reconquérir l'estime de l'univers ?
Des coquins collés au mur et douze balles qui crépitent.

Charles Dieudonné


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