1944.10.27.De Paris.Note (sans émetteur ni destinataire)

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[Annexe n°3 à la note du 13 novembre 1944.]

Paris, le 27 octobre 1944

Note
Entretien de M. Francis Fabre avec M. Robert Labbé, le mercredi 25 octobre 1944

1er - Questions générales - Les nouvelles qui parviennent, petit à petit, sur la manière dont a été gérée la flotte française par le Comité de libération, montrent que sans qu'on puisse être taxé de partialité, les négociateurs français se sont révélés très au-dessous de leur tâche.
II n'est que de lire les conditions de la charte-partie (Gross Time), ainsi que le "Management Agreement", qui fixe les rapports des armateurs français avec les organismes interalliés pour se rendre compte que les intérêts des premiers ont été largement sacrifiés mais moins encore que les intérêts de l'État.
Dans ces conditions, il importerait que les armateurs qui ont leur siège dans la métropole se réveillent et se concertent sur une action à mener en vue de substituer, dans toute la mesure du possible, leur compétence à l'insuffisance qui n'a été que trop de règle jusqu'ici.
Comme il est question de désigner une nouvelle mission pour aller à Londres qui, cette fois, serait composée, non plus des ingénieurs mais des chefs de maisons, M. Francis Fabre insiste pour que ce soient les éléments les plus représentatifs de l'armement et les plus capables qui soient désignés pour en faire partie.

2° - Questions particulières - II s'agit ici des rapports Chargeurs réunis avec notre Maison et du renforcement de la bonne entente qui a toujours régné jusqu'ici entre les deux armements.
a) Question d'agence de Marseille - M. Francis Fabre apporte l'assurance que la succursale de Marseille continuera à représenter les Chargeurs réunis sans qu'il y ait à craindre de voir la question se reposer à nouveau, comme cela avait eu lieu plus ou moins ouvertement au cours de ces dernières années.
Toutefois, deux réserves ont été demandées pour ce maintien : la première, tout à fait formelle, est l'acceptation par nous d'un subrécargue des Chargeurs qui, sous notre contrôle et sous notre direction, tiendrait le contact avec les bords et serait habilité à visiter la clientèle ; la seconde, formulée avec toutes les précautions voulues a trait à la personne de notre sous-directeur.
b) Bordeaux - M. Francis Fabre lie d'ailleurs la question de Marseille à celle de l'agence de Bordeaux et demande à son tour qu'eu égard à la bonne manière qu'il nous fait en Méditerranée, nous renoncions, à Bordeaux, à l'agence des Messageries maritimes, en faveur de sa succursale, étant donné le contrôle qu'exercent maintenant les Chargeurs réunis sur les Messageries maritimes.
Cette demande est naturellement ennuyeuse mais il est compréhensible qu'elle ait été formulée et, d'autre part, il paraît bien difficile de garder à la fois à Marseille et à Bordeaux une position qui, il faut bien le reconnaître, est peu conforme à la logique.
Toutefois, il est bon d'apprécier exactement ce que l'on peut perdre à Bordeaux et des statistiques vont être mises au point pour fixer l'importance du trafic que nous avons eu à assurer pour le compte des Messageries maritimes.
c) Rouen - En compensation de ce qui nous est demandé, M. Francis Fabre nous fait savoir que, naturellement, à Rouen, nous bénéficierions de l'agence des Chargeurs réunis et des Messageries maritimes, à la suite de la liquidation de la Maison Lafresnée. Il s'agit là cependant d'une bonne manière mais sans grande portée pratique.
d) Alger et Port-Saïd - M. Francis Fabre en profite également pour dire qu'à Alger et à Port-Saïd, à la suite des événements, certaines mesures avaient été prises par les Chargeurs, à notre détriment mais que tout allait rentrer dans l'ordre et, dans ces deux ports, les intérêts des Chargeurs réunis nous seraient toujours confiés.
e) Madagascar - Le point noir que constitue le désir que peuvent éprouver les Chargeurs réunis de s'intéresser à Madagascar, par le biais des Messageries maritimes n'a pas été évoqué au cours de cet entretien.
Toutefois, M. R. Labbé serait assez désireux de ne pas négliger ce facteur pour définir la politique de la Maison et son intention serait également, en donnant son accord sur les propositions de M. Francis Fabre, d'obtenir des garanties en ce qui concerne l'exploitation des services côtiers de la Grande Île par "Château-Pavie" qui, pendant cette guerre, s'est substituée à l'annexe des Messageries maritimes, substitution qui, aux dires de M. Anduze-Faris lui-même a eu comme contre-partie l'attribution de la gérance d'un navire danois mis sur la ligne de Madagascar au bénéfice des Chargeurs réunis qui, normalement, n'avait aucune qualité pour être intéressés à ce trafic.


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