1970.07.17.De la Société marseillaise de crédit.A Worms & Cie

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Société marseillaise de crédit
Société anonyme au capital de 35.000.000 de francs
Agence de Marseille 75 R. Paradis 6e
Direction (SB) sp

Marseille, le 17 juillet 1970
Objet : Groupe Provence

Messieurs,
À la suite d’une entrevue que nous avons eue avec M. Vicaire, celui-ci nous a remis un état des réalisations actuellement en cours en ce qui concerne les Chantiers & Ateliers de Provence et les Ateliers de Provence, ainsi qu’un état des prévisions de réalisations.
En supposant que toutes ces prévisions se réalisent, il ressort de ces documents :
- que notre créance sur Ateliers de Provence serait entièrement réglée,
- que nous pourrions prétendre encaisser 20 % du montant de notre créance chirographaire sur Chantiers & Ateliers de Provence ; le CMT bénéficiant d’une hypothèque étant pour sa part complètement remboursé.
Par ailleurs, vous savez que Me Castellan, syndic du règlement judiciaire Provence-Industrie a demandé, et risque d’obtenir se septembre/octobre à la rentrée des vacances judiciaires, la confusion des patrimoines des 3 sociétés, ce qui évidemment remettrait totalement en cause les prévisions mentionnées sur l’état ci-joint.
Pour éviter cette situation, M. Vicaire serait désireux de pouvoir proposer un concordat pour Provence-Industrie ; mais pour ce faire, il lui serait indispensable, en dehors des réalisations d’actif de Provence-Industrie, de trouver une somme de F 2.500.000 environ qui lui permettrait d’honorer ce concordat sur 5/7 ans.
Pour arriver à ce résultat, M. Vicaire va, d’une part, effectuer des démarches pressantes auprès de la direction des impôts pour obtenir une remise de patente de l’ordre de F 1.500.000.
D’autre part, étant donné que notre créance chirographaire sur Provence-Industrie est très sérieusement compromise, il nous demande de faire abandon de celle-ci, de manière à réduire sensiblement les prélèvements qu’il sera amené à faire sur les réalisations des Chantiers & Ateliers de Provence, prélèvements qui ne pourraient avoir lieu qu’après accord des garants du crédit de 14 millions, devenus créanciers chirographaires et qui, avec les banquiers, constituent les seuls créanciers des Chantiers & Ateliers de Provence, en dehors des privilégiés.
Nous ignorons encore si ces opérations pourront être menées à bonne fin, mais il est bien évident que nous aurions tout intérêt à ce que le concordat de Provence-Industrie puisse être mis en place, afin de sauvegarder les biens des Chantiers & Ateliers de Provence et des Ateliers de Provence qui constituent pour nous les éléments majeurs du remboursement de notre créance. Car il ne faut pas nous dissimuler que, s’il y avait confusion des patrimoines des 3 sociétés, les Ateliers de Provence, qui tournent dans des conditions à peu près normales, seraient arrêtés et les indemnités de licenciements qui devraient être versées grèveraient très lourdement les éléments d’actif, sans parler de la mise en règlement judiciaire qui interviendrait inéluctablement tant pour les Ateliers de Provence que pour les Chantiers & Ateliers de Provence et qui entraînerait des réalisations d’actif dans les plus mauvaises conditions.
Il reste bien entendu que notre abandon de créance ne pourrait avoir lieu qu’après que les dirigeants de Provence-Industrie aient pu obtenir la remise de patentes de F 1.500.000 dont il est question ci-dessus.
Nous pensons qu’il y aurait peut-être intérêt dans ces conditions à donner notre acceptation conditionnelle au désir exprimé par M. Vicaire et aimerions connaître votre sentiment à ce sujet.
Nous vous remercions par avance de votre réponse et vous prions d’agréer, Messieurs, l’expression de nos sentiments distingués.

Société marseillaise de crédit
Le directeur
 

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