1962.02.00.De Jacques Barnaud.Au conseil de la NCHP.Allocution à la mémoire d'Hypolite Worms

La copie-image de ce document, établi sur traitement de texte, n'a pas été conservée.

Vous savez avec quelle poignante angoisse j'ouvre notre réunion d'aujourd'hui et m'assois pour quelques instants à la place qu'a très longtemps occupée notre cher président Monsieur Hypolite Worms.
Je ne doute pas de votre peine à tous. Pour tous il était le président prestigieux et vénéré et pour quelques-uns même, il était l'ami.
Je ne veux pas vous dire aujourd'hui son oeuvre comme président de la Havraise. Les plus anciens d'entre nous, les ouvriers de la première heure, ont vécu à ses côtés la construction de cette oeuvre ; les autres ont souvent entendu raconter cette histoire et comment, ayant accepté de reprendre un armement médiocre et en déconfiture M. Worms en a fait une des plus belles et des plus saines compagnies maritimes françaises.
Voyez-vous, nous perdons tous un grand chef. Moi, je perds un ami de 35 ans. Le plus cher de mes amis et, ce qui est rare, un ami de chaque jour. Nos bureaux étaient contigus, la porte presque toujours ouverte.
Je connaissais ses plus intimes pensées et je puis donc vous faire cette confidence.
M. Worms s'est entièrement dévoué à sa Maison pendant plus de 50 ans. Il a été le chef pendant plus de 45 ans. Sa haute intelligence, son travail, sa droiture son caractère lui ont permis de la développer de façon prodigieuse dans les domaines les plus divers et d'en faire la grande Maison qu'il vient de quitter.
Mais la vérité est que Monsieur Worms, au fond de lui-même, par tempérament, par tradition, par passion du métier a toujours été avant tout un armateur. Je me souviendrai toujours des premières conversations que j'ai eues avec lui il y a 35 ans au cours desquelles il me parlait de la Maison, de ce qu'elle était, de son avenir, de création éventuelle d'une banque, toujours il en revenait à me parler de l'armement de ses beautés, de ses difficultés, de ses problèmes, de sa grandeur. Et dans tout l'armement français, chacun s'inclinait devant sa compétence et son autorité.
Mais ce que je veux surtout vous dire c'est que peu à peu et surtout ces dernières années, depuis 15 ans, l'enfant chéri de M. Worms était devenu la Havraise y consacrait une grande partie de son intelligence et de son activité, mais aussi beaucoup de son coeur. M. Bucquet ou mon fils peuvent vous dire qu'il ne passait pas de jour sans qu'il leur téléphonât, peu de jours sans qu'il les vît.
Et c'est ainsi qu'en donnant le meilleur de lui-même, il a fait de la Havraise ce qu'elle est aujourd'hui.
Ce qu'il nous demande, c'est de continuer son oeuvre. Nous savons que la tâche n'est pas facile. Les difficultés se présentent nombreuses, en pensant à lui, à ce qu'il aurait fait à notre place, nous les surmonterons.
Notre première tâche aujourd'hui est de choisir un nouveau pilote, de nommer un nouveau président. Je vous propose d'élire mon associé M. Robert Labbé.

Retour aux archives de 1962