1918.11.16.Aux importateurs de houilles du port de Marseille

Projet

Marseille, le 16 novembre 1918
Les Importateurs de houilles du port de Marseille à
M. le directeur du Bureau national des charbons
107, bd Raspail - Paris

Depuis longtemps déjà l'importation des houilles a été suspendue par les ports français de la Méditerranée. Pendant la durée des hostilités industriels et consommateurs ont, sans murmurer, accepté les restrictions qu'ils ont eu à subir.
Mais après l'éclatante victoire de nos armées et la paix prochaine, il convient sans tarder de faire revivre nos industries et d'alimenter les foyers domestiques.
Or notre région a été en ces derniers temps non seulement desservie d'une façon insuffisante mais elle n'a reçu que des qualités inférieures et à des prix très élevés.
Cette situation ne saurait se prolonger sans de sérieux inconvénients, car non seulement le réveil de notre industrie est une des premières conditions de notre relèvement national - car c'est notre région qui doit approvisionner les départements libérés - mais encore ne faut-il pas perdre de vue que la remise en marche de nos usines pourra seule permettre de solutionner le problème ouvrier, l'un des plus angoissants de l'après-guerre.
Enfin nous devons être en mesure de charbonner les navires alliés et neutres qui ne sauraient tarder à visiter notre port.
Les groupements qui ont pour mission d'alimenter les usines et les foyers domestiques vous auront sans doute déjà saisi de leurs desiderata mais nous croyons être, nous aussi, autorisés à faire entendre notre voix et venons vous demander de vouloir bien lever sans retard l'interdiction qui frappe actuellement nos importations en Méditerranée.
Comprenant qu'il est difficile de rendre à chaque branche de l'activité commerciale sa liberté avant un certain délai nous sommes à votre disposition pour vous faire connaître les conditions auxquelles nous pourrons fournir avec votre concours, à votre collectivité les houilles dont nous vous ferez connaître la répartition entre les divers groupements.
Mais nous tenons d'ores et déjà à vous indiquer que nous estimons que la paix une fois faite, nous devons redevenir importateurs de charbons à l'exclusion de tout groupement ou organisme créé en vue et pour la guerre.
Veuillez agréer, M. le directeur, l'assurance de notre considération distinguée.


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