1916.02.18.De Worms et Cie Bayonne

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Worms & Cie
Armateurs
Charbons anglais - cokes & fontes - anthracites - briquettes
Lignes de vapeurs entre Bayonne, Bordeaux, Nantes, Rouen, Paris, Le Havre, et vice versa

Bayonne, 8, allées Boufflers, le 18 février 1916
Messieurs Worms & Cie - Paris

Messieurs,
Nous vous confirmons notre lettre du 16 courant et nous accusons réception de la vôtre du même jour.
Charbonniers. La situation est toujours aussi mauvaise. "Jessie" est à Saint-Jean-de-Luz, et les nouvelles météorologiques du dehors annoncent ailleurs du mauvais temps, qui ne peut que se répercuter sur notre région.
Il n'est pas douteux que cette situation va rendre plus difficile pendant quelques temps les affrètements pour notre port.
Gaz de Pau. Nous vous remercions des avis détaillés que vous nous donnez et nous paraphrasons purement et simplement votre lettre dans la réponse que nous faisons à notre agent de Pau, pour qu'il la transmette par la même voie à l'adjoint au maire de cette ville.
Nous lui expédions aujourd'hui 100 tonnes de notre vieux stock en magasin puisque la Maison de Bordeaux, faute de wagons vides, n'a pu rien faire hier. Elle vient de nous téléphoner qu'elle avait chargé 60 tonnes ce matin et qu'elle espérait faire quelques wagons de plus.
Affaire Plisson. L'agitation autour des agissements préfectoraux ne fait que s'accroître, et nous constatons avec plaisir que l'ensemble du public finit par comprendre que les mercuriales préfectorales ne sont pas sérieuses.
Nous vous envoyons sous ce pli le numéro, paru hier soir, du "Courrier de Bayonne" qui contient la protestation des marchands au détail de Biarritz, qui a fait plus contre le préfet que tout ce qui a été écrit auparavant.
Nous y joignons un numéro de "La Gazette de Biarritz" d'hier, qui vient à la rescousse avec une lettre du docteur Boléris, maire de Lembeye, chef-lieu de canton des Basses-Pyrénées, et dont la lecture ne manquera pas de vous édifier sur la mentalité des gens de ce milieu, puisqu'il y affirme gravement que la crise des frets n'existe pas, que les marchands de charbons sont des forbans, et le reste à l'avenant.
La personnalité de M. Boléris, membre de l'Académie de médecine, et politicien aigri (il s'est présenté 5 ou 6 fois en vain à la députation et au sénat), est surtout connue ici par un procès scandaleux dans lequel étaient inculpés, il y a quelques années, les amis politiques de la "Gazette" et les gens même qui rédigent ce journal. Ceci vous explique les rapports qui existent entre eux.
Nous avons répondu à M. Boléris, qui nous a mis en cause dans sa lettre au préfet du 14 janvier (c'est-à-dire après l'envoi du procès-verbal et de la note préfectorale, et avant que ces documents ne fussent connus du public) par une lettre dont nous vous remettons copie. Nous avons tenu à nous montrer aussi courtois que dédaigneux dans notre réponse. Nous vous demanderons même d'en requérir l'insertion dans "La Gazette de Biarritz". Cette publication nous paraît utile en raison de ce que notre nom a été mis en avant, au milieu des divagations de M. Doléris, de la façon la plus désobligeante, et nous sommes persuadés que rien ne sera plus désagréable que cette publication pour "La Gazette" et ses amis de la préfecture, car on y prend sur le fait le caractère inexact et tendancieux du document préfectoral au point de vue même des administrations municipales.
Nous ne pouvons nous expliquer l'insistance des amis de la préfecture à vouloir démontrer qu'ils ont raison, chose qui leur est impossible. Il faut toute l'ignorance et la suffisance de ce monde-là et l'habitude qu'ils ont d'en imposer au public par des manœuvres de presse, pour se figurer qu'ils pourront avoir le dernier mot. Nous croyons que nous avons tout intérêt à voir la discussion se prolonger, afin que l'administration supérieure finisse par s'en émouvoir.
Agréez, Messieurs, nos sincères salutations.

[Pierre Le Roy]

PS. Nous venons de recevoir votre lettre du 17 courant.
Gaz. Après les 100 tonnes que nous venons d'expédier à Pau aujourd'hui, il nous reste encore environ 80 tonnes du même charbon disponible.
"Faincy". Ce vapeur est actuellement à Saint-Jean-de-Luz comme le "Jessie". Il est destiné pour les Forges de l'Adour. S'il n'entre que dans 4 ou 5 jours, il n'est pas prêt de repartir de Bayonne, à moins que les Forges ne le prennent pour décharger dès son arrivée, parce que cet établissement, qui ne peut décharger que 2 vapeurs au plus à la fois à ses appontements, a 9 vapeurs de charbon et de minerai à Saint-Jean-de-Luz. Nous devons ajouter d'ailleurs que l'usine va s'arrêter demain faute de charbon.


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