1906.08.30.De Worms et Cie Le Havre.Au Det Forenede Dampskibs-Selskab.Copenhague.Extrait

Courrier retranscrit sur une fiche manuscrite

Le Havre, le 30 août 1906
Messieurs les directeurs
du Det Forenede Dampskibs-Selskab
Copenhague

Messieurs,
[...]
Accuse réception lettre du 2 courant, avons revu toute la correspondance échangée avec vous jusqu'en 1894.
Dans toutes ces lettres nous n'avons pas cessé de témoigner notre désir de ne pas marcher sur vos brisées ; nous vous avons signalé nous-mêmes la nécessité d'augmenter la fréquence et la régularité des départs pour la Baltique en vue de répondre aux plaintes de la clientèle ; nous avons renoncé à deux reprises, sur votre affirmation que vous pouviez entièrement suffire à assurer les besoins du trafic, soit entreprendre par le canal de Kiel une ligne directe sur la Baltique, dont vous aviez d'ailleurs accueilli l'annonce sans songer à revendiquer un monopole quelconque de ce trafic, soit à établir d'accord avec vous un service combiné tantôt via Copenhague, tantôt via Hambourg. Mais en même temps nous vous avons toujours manifesté l'absolue nécessité pour nous de surveiller le courant nouveau de trafic que l'ouverture du canal de Kiel pouvait créer pour la Baltique via Hambourg et de ne pas vous en désintéresser complètement malgré votre optimisme à l'égard de la préférence que vous pensiez pouvoir toujours retenir à la voie de Copenhague, ce que nous avions prévu est arrivé dans une certaine mesure, la voie de Hambourg a été recherchée, et il s'est établi un petit courant de trafic, beaucoup moins considérable que vous ne le dites mais indéniable cependant. Nous ne vous I'avons jamais caché et toute notre correspondance depuis 1900 montre que nous vous avons tenus au courant de cette situation, que vous avez considérée comme naturelle et inévitable.
D'ailleurs il s'est créé également pour Hambourg, et sans aucun effort de notre part, un petit trafic à destination de ports de la Scandinavie non desservis par vous au départ de France, malgré l'existence de lignes directes dont les départs ne sont pas assez fréquents et réguliers.
Or, nous contestons formellement qu'il ait été jamais coté des frets inférieurs aux vôtres ; chaque fois que vous l'avez cru, nous vous avons prouvé qu'il n'en était rien et vous vous êtes toujours déclarés satisfaits de nos explications.
Mais nous vous demandons s'il est raisonnable, étant donnée notre situation bien connue dans le grand port de l'Elbe de vouloir que nous nous apprêtions à détourner de lui en le refusant désormais au profit de Copenhague, un trafic qui lui est venu tout seul et sans que nous courions après, grâce aux facilité qu'il a su offrir le premier !?
En ce qui concerne Dunkerque, nous n'avons attaché aucune importance à la mention dans quelques annonces parmi les ports desservis, que nous avons indiqués aussi nombreux que possible pour attirer l'attention sur notre nouveau service pour Hambourg, des ports allemands de la Baltique. Comme nos agents dans ce port ont reçu instructions de ne jamais coter de prix inférieurs à ceux de M. Ferron et de Clebsattel et que nos départs n'ont lieu que tous les 14 jours tandis que les vôtres sont hebdomadaires, il est bien certain que nous n'y récolterons rien, à moins de cas exceptionnels peu probables où les chargeurs auraient des raisons spéciales d'expédier par Hambourg, et vous n'avez donc nullement à craindre que votre terrain soit atteint.
C'est pourquoi et malgré ces termes absolument formels de votre part, nous nous permettrons de vous faire remarquer que nous ne vous avons jamais demandé de refuser par Copenhague le fret qui peut vous être donné à prix égal pour aucuns des ports ou villes d'Allemagne que nous desservons, trouvant très légitime que si les chargeurs y voient plus de commodités, vous ne les en priviez pas. Cette politique qui consiste uniquement à ne pas imposer au commerce une voie autre que celle qu'il préfère, nous semble la seule raisonnable si l'on ne veut pas amener de mécontentements justifiés. Réciproquement et loyalement appliquée, elle nous semble la seule praticable entre nous, tout au moins jusqu'au jour où se découvrirait la possibilité d'établir entre nous un service combiné d'une façon plus étroite et de réaliser des économies d'exploitation dont nous pourrions partager le profit.
Veuillez agréer...

P. Pon Worms & Cie
H. Follin

[Au sujet d'une conférence.] Nous serons très heureux d'aller vous rendre visite à Copenhague la prochaine fois que quelqu'un de nos associés ou de la direction aura l'occasion de se rendre à Hambourg mais nous ne pouvons prévoir à quelle époque ce serait.

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