1876.01.20.De F. Mallet et Cie.Le Havre.A Bernard (Whde).Hambourg

Retranscription

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Le Havre, le 20 janvier 1876
Monsieur Bernard [Whde]
Hambourg

Notre correspondant de Hambourg, M. Eugène Cellier nous a envoyé, en communication, la lettre que vous leur avez adressée à la date du 15 courant.
Cette lettre a trait aux offres qui vous sont faites par la Compagnie générale et aux conséquences que vous en tirez.
Tout d'abord, nous nous étonnons qu'avec votre expérience des transports maritimes et en particulier de ceux qui concernent les sucres en pains, vous puissiez supposer un instant que la Compagnie générale ait un service qui puisse répondre aux différentes conditions indispensables pour vous.
Cette Compagnie ne vous offre aucune garantie comme régularité, elle a entrepris son service de cabotage avec un matériel complètement insuffisant, elle fait de nombreuses escales qui sont une cause de retard et de risques. De plus, les navires qu'elle emploie n'ont pas été construits comme les nôtres d'après les exigences particulières de notre service et la casse qui se produirait dans vos pains de sucre chargés sur les bateaux de la Compagnie générale transatlantique, représenterait probablement une perte de beaucoup supérieure à la différence du fret.
Nous ne pouvons donc pas admettre que vous puissiez même si vous n'aviez aucun engagement avec nous, trouver un avantage à charger vos pains de sucres sur les steamers de la Compagnie générale. Tel n'est pas le cas du reste et nous considérons que le marché qui nous lie réciproquement vous oblige en droit comme en équité à faire charger tous vos sucres sur nos steamers sans qu'il vous soit permis de modifier votre mode d'achat pour vous soustraire à cette obligation sous peine de manquer à vos engagements.
Vous avez eu le bénéfice de ce marché en chargeant à un fret inférieur à celui qui était appliqué à vos concurrents et il ne nous est pas venu à l'esprit de profiter des avantages que nous faisaient les circonstances pour vous demander un prix plus élevé.
N'est-il donc pas juste que nous exigions que de votre côté vous exécutiez ce marché avec la même rigueur.
Malgré le mauvais temps et les glaces, nous avons, au prix de sérieux sacrifices, donné des départs réguliers alors qu'aucune autre compagnie n'aurait agi de même. II ne nous semble pas équitable de comparer d'autres services aux nôtres.
Remarquez que malgré les prix relativement réduits, faits par MM. Perlbach & Cie, il n'est pas chargé de sucres sur leurs steamers. Cela provient de ce que leur irrégularité ainsi que le manque de soins qu'ils ont pour les marchandises, rendent ce genre de transport impossible par leurs steamers.
Pour la Compagnie générale, il en sera de même et davantage encore, croyons-nous. Le fret réduit que nous vous avons fait et que nous faisons à vous seul, nous constitue un avantage indiscutable sur nos concurrents qui ne pourront pas charger dans de bonnes conditions sur d'autres steamers que Ies nôtres.
Nous maintenons donc notre marché en son entier.
Recevez, Monsieur, nos sincères salutations.

Mallet


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