1859.11.05.A Léon Talabot - Mines de la Grand Combe.Paris

Origine : Collection de lettres reçues n°139 - du 21 octobre 1859 au 15 novembre 1859

Paris, le 5 novembre 1859
Monsieur Talabot,
Président du Conseil d'administration de la Société des mines de la Grand Combe - Paris

J'ai reçu, Monsieur, la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'adresser le 4 courant. Je suis heureux d'y voir que vos dispositions personnelles et celles de la Société de la Grand Combe sont tout à fait favorables aux idées que je vous soumettais dans ma lettre du 2 courant.
Lors de mes premières ouvertures, j'ai dû me borner à soumettre sommairement mes idées à votre appréciation. Veuillez bien me permettre aujourd'hui d'en compléter l'exposé par quelques développements indispensables.
L'entreprise projetée n'est pas une affaire ordinaire ; elle s'adresse plus à l'avenir qu'au présent. On doit donc, si l'on veut y donner suite, prendre dès le début toutes les mesures qui en puissent assurer la réussite.
Vous avez dû remarquer, dans ma première lettre, que je me réserve de n'enlever les charbons, mis à ma disposition, que lorsque les occasions de fret me permettraient l'exportation. Ce serait donc restreindre à des éventualités un débouché que votre Société doit désirer aussi large que possible, et qui ne peut être avantageux qu'à condition de régularité.
Le seul moyen d'assurer ces avantages à la société est l'emploi de la vapeur ou des screw colliers. En effet, les principaux débouchés qui se présentent tout d'abord sont l'approvisionnement de l'Espagne et de l'Italie, or, si nous devons attendre les occasions de fret, l'exportation sera forcément restreinte et irrégulière. Les consommateurs étrangers, ne pouvant pas compter sur un approvisionnement suivi, se dégoûteront de ce mode et continueront leurs demandes en Angleterre, et nous nous découragerons nous-mêmes.
Si, au contraire, les mesures que je vais indiquer sont prises dès le début, l'emploi des screw colliers devient facile comme il est indispensable, et en quelques heures, nous pourrons satisfaire aux besoins de Gênes, Barcelone, Alicante et de l'Algérie, sans porter plus loin dès aujourd'hui nos visées.
Mais, comme votre expérience personnelle vous l'a démontré, Monsieur, les steamers, appliqués aux transports charbon, ne peuvent l'être avantageusement qu'à condition de promptes évolutions. Il faut donc de toute nécessité que la Société prenne, dès le premier jour, toutes les mesures voulues pour procurer toute économie de temps.
Dans ce but, il faut que le charbon puisse passer du wagon dans le navire sans frais, successivement, wagon par wagon. Il faut en un mot que la Société établisse au lieu d'arrivée et d'embarquement le nombre de spouts nécessaires. Vous savez du reste comment s'embarquent les charbons dans les ports d'Angleterre.
Cette mesure est d'exécution facile et si la Société veut faire le nécessaire, je m'engage à affecter à ces transports de charbon un ou plusieurs steamers propres à ce service.
J'ai la conviction que, facilitée par les moyens que j'indique, l'entreprise doit dès ses débuts réussir et assurer à la Société des débouchés importants. Cette conviction est basée par moi sur l'expérience de faits analogues qui se sont produits en Angleterre.
Veuillez agréer...

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