1850.07.19.De Frédéric Mallet.Le Havre.A Edouard Rosseeuw.Extrait

Origine : Collection de lettres reçues - liasse 1848-1854

Havre, 19 juillet 1850
Monsieur Rosseeuw
Paris

Mon cher Monsieur,
Quelques jours de repos me retremperaient et me mettraient à même de tailler des croupières à ce bon Monsieur Hantier, pour cette fin d'année qui sera rude comme je le prévoyais.
D'après ce que m'a dit Bowes, Hantier serait assez disposé à s'entendre avec lui et nous, mais son amour propre répugne à faire les premières démarches. Comme en affaires je n'ai pas d'amour-propre, il ne me coûterait nullement d'aller trouver M. Hantier, si vous le jugez convenable. Mais voici le raisonnement que je fais : nous commençons, il est vrai, à avoir des relations sur lesquelles nous pouvons compter jusqu'à un certain point, mais Hantier a encore plus de gens qui lui accorderont la préférence, les prix étant les mêmes. Ne vaut-il pas mieux alors nous créer de nouvelles relations, nous faire connaître partout, afin d'avoir plus de débouchés si on s'entendait plus tard pour remonter les prix ?
De plus si nous sommes trois à partager la poire, est-ce qu'il y en aura assez pour nous ?
Je considère la position actuelle comme belle. En continuant de la sorte quelques années, nous finirions pour être seuls maîtres de la place, mais pour cela il nous faudrait des contre frets...

F. Mallet

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