1944.12.04.De Jules Simon.Au juge Georges Thirion.Déposition

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Déposition de M. Simon

4 décembre 1944

L'an 1944, le 4 décembre, devant nous Thirion, juge d'instruction au tribunal de première instance du département de la Seine, assisté de Lombard, greffier, a comparu :
- Monsieur Simon, Jules, 46 ans, capitaine de corvette, contrôleur de la Marine au ministère de la Marine - témoin qui, serment prêté conformément à la loi,
dépose :
En ma qualité de délégué de la direction du Blocus à Alger, j'ai eu à connaître de la livraison par la société Le Molybdène, de 25 tonnes de molybdènite aux Allemands.
Notre attention avait été appelée sur cette affaire par une lettre échangée entre un nommé Fourne, homme d'affaires du Maroc, et un Allemand nommé Kuhler, laquelle avait été interceptée et qui concernait des projets de fourniture de molybdène et à laquelle étaient jointes des précisions techniques.
Dans cette lettre, Monsieur Guernier, président du conseil d'administration de la société, était mis en cause comme ami de Monsieur Fourne.
Etant donné la fourniture des 25 tonnes, et ce projet d'autres fournitures, nous avons constitué un dossier. Avant que nous ayons pu tirer nos conclusions, nous avons reçu l'ordre de la direction du Blocus d'inscrire sur la liste officielle des ennemis la société Le Molybdène, et de la placer sous séquestre. Nous avons demandé que cette mesure soit différée, en faisant valoir que la direction de la société au Maroc nous paraissait étrangère aux tractations qui avaient abouti en France à la livraison du molybdène, finalement, la société a été mise sous séquestre, mais le directeur général, Monsieur Dolisie, a été nommé, sur ma proposition administrateur provisoire. Nous entendions réserver la responsabilité éventuelle de l'administration de la société à Paris, sans nuire au bon fonctionnement de celle-ci au Maroc.
A une époque que je ne puis préciser, la société Le Molybdène a abandonné la production de ses minerais, pour se consacrer à l'exploitation de gisements de cuivre en vue de la fabrication de sulfate de cuivre destiné à la viticulture. Pour aboutir à ce résultat, elle a eu recours à la banque Worms qui lui a accordé des crédits. J'ai su, par Monsieur Dolisie, que ces crédits avaient été accordés sur l'impulsion de Monsieur Meynial, représentant la Banque Worms. J'ai su également que Monsieur Dolisie avait accepté de cacher des armes dans certaines galeries des mines.
Au cours de l'étude que j'ai faite de cette affaire, mon attention n'a été attirée par aucun indice sur une intervention quelconque, directe, de la Banque Worms sur la fourniture de molybdène Aux allemands.
Et signe après lecture.


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