1944.10.31.De Hypolite Worms.Fresnes.Original.01

Original

31 octobre 1944

Voici les remarques supplémentaires que je voulais vous faire au sujet du règlement des comptes avec Michel G.
Pendant 10 ans et plus, M. G. a passé son temps à vomir sur l'activité bancaire de notre Maison et racontait dans tout Paris qu'elle allait à la faillite. Cela n'avait du reste qu'une importance limitée car son opinion ne comptait guère. Depuis 4 ans, il continue, mais sur un autre thème, à savoir que nos services bancaires ont travaillé avec les Allemands et il se répand, auprès de tous ceux qui le rencontrent, en propos injurieux sur certains collaborateurs, un plus particulièrement, de notre Maison.
Or, en exécution des promesses que j'ai faites en octobre 1940 vous allez lui verser une somme considérable en représentation de sa part de gérant pour la période 1940-1944, pendant laquelle, du reste, il n'était plus gérant, et partant, plus responsable civilement. De plus cette part dans les bénéfices distribués a été fournie exclusivement par les bénéfices procurés par le département bancaire qui, à lui seul, a permis non seulement d'amortir les pertes considérables des départements charbons et constructions navales, mais encore de distribuer largement des dividendes.
Je ne cherche pas du tout à revenir en arrière sur mes promesses qui doivent être exécutées mais il y a quelque chose qui ne va pas : d'une part il demande à toucher son fric et d'autre part il accuse la Maison de devoir ses bénéfices à des trafics avec l'ennemi ; il accepte donc sciemment d'être le bénéficiaire de ces opérations illicites ! ! !
J'ai encore eu les échos d'une explosion toute récente de sa colère, en présence de tiers, au restaurant Fouquets'.
Ne peut-on pas en réglant les comptes mettre les choses au point par écrit, sur ce plan là aussi ?
Et pour libérer sa conscience, qui ne peut pas ne pas être outragée (! !) ne serait-il pas équitable que cette part de gérance, qui lui a été promise, mais qui, ni en droit, ni en fait, ne lui est légitimement due, soit répartie, jusqu'au dernier centime naturellement, et avec son accord, entre ses héritiers, associés commanditaires, à charge pour eux d'en faire ce qu'ils voudront.
Je soumets les considérations qui précèdent à votre examen attentif.
En tout cas je précise - et j'insiste sur ce point - que tout devra se faire par écrit avec tous les points sur les i désirables car je tiens essentiellement à ce que ce règlement, que vous ferez certainement avec l'aide de notre contentieux, soit définitif et final.
Je crains fort, en effet, que, quoiqu'on fasse, il n'essaie dans l'avenir de créer de nouvelles difficultés s'il en avait le moins du monde l'occasion.


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