1944.10.23.Du colonel Michel François.Au juge Georges Thirion.Déposition

Copie de lettre

Audition du colonel Michel François

L'an mil neuf cent quarante quatre, le 23 octobre, devant nous, Georges Thirion, juge d'instruction au Tribunal de première instance de la Seine, assisté de Lombard, greffier, a comparu :
Monsieur Michel François, 54 ans, colonel, demeurant à Paris, 2, rue Buenos Ayres.
Lequel serment prêté, dépose :
J'ai connu M. Gabriel Le Roy Ladurie en 1928 en Silésie. Depuis lors j'ai entretenu avec lui des relations d'amitié. Lorsque j'ai appris son arrestation, je me suis fait un devoir de faire parvenir au ministère de l'Intérieur, une note dont je ne puis que confirmer les termes.
Ayant été arrêté en juin 1941 par la Gestapo, j'ai été libéré en 1942 grâce à l'intervention de Monsieur Le Roy Ladurie.
Par ailleurs, j'ai appris de Paul Bernard, chef de "l'Alliance" qu'il avait été hébergé par les soins de M. Le Roy Ladurie chez une personne amie, dans des conditions périlleuses.
Depuis la fin de 1943, au moment où j'ai repris mon activité dans la Résistance, j'ai pu obtenir de M. Le Roy Ladurie, soit spontanément, soit sur sa demande des renseignements d'ordre militaire et politique que je transmettais à Londres.
Dans le courant de l'année 1944, M. Le Roy Ladurie m'a remis en plusieurs fois une somme de 1.500.000 F destinée à l'Organisation clandestine de secours aux misères négligées par Vichy (familles de déportés, fusillés, etc.) que nous appelions "La Coopérative".
Je puis attester du souci constant que manifestait M. Le Roy Ladurie de venir en aide aux camarades de la Résistance en situation difficile.
Je dois enfin mentionner qu'en mai dernier, un de nos agents subalternes nous avait signalé qu'un sous-marin allait être lancé par les chantiers du Trait et l'intérêt qu'il y avait de provoquer un bombardement. Sachant que les chantiers du Trait appartenaient à la Maison Worms, je demandais à Le Roy Ladurie de se renseigner sur la vérité de cette indication. Renseignements pris, M. Le Roy Ladurie m'a garanti qu'il m'aviserait du lancement du sous-marin un mois et demi avant l'opération, ce qui laissait un large espoir de sauvegarder le bâtiment pour l'usage français en évitant un bombardement prématuré.
Je me porte garant des sentiments nationaux de M. Le Roy Ladurie.
Lecture faite, persiste et signe.


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