1941.07.26.De Maurice Delaunay - journal La Tempête.Article

NB : Cet article provient d'un recueil de coupures de presse datées du 17 octobre 1940 au 21 décembre 1941, qui est classé en octobre 1940.

La Tempête - 26 juillet 1941

Encore une fois !
par Maurice Delaunay, maître du "Feu".

Avant que ce journal ne soit devenu l'hebdomadaire de qualité que mes collaborateurs en ont fait, j'ai écrit dans le n°4 de la "Tempête" de propagande qui l'a précédé un article intitulé : "Worms au pouvoir".
J'ai dit à l'époque (28.2.41) l'erreur commise.
J'ai dit le crime commis contre la nation.
J'ai redit depuis, dans le n°2 de la "Tempête" hebdomadaire sous le titre "Manoeuvres bancaires" comme dans le n°4 sous le titre "La Conjuration" la faute impardonnable commise envers le passé, envers la France d'aujourd'hui et envers son avenir.
Je confirme aujourd'hui ces écrits dont je n'ai à retirer aucun mot ni aucune ligne.
Devant les faits actuels, j'ajouterai simplement que la conjuration travaille avec un acharnement diabolique à conquérir et à occuper tous les postes. Chaque fois qu'elle en a l'occasion, un nouvel agent est poussé à un nouveau poste.
C'est ainsi que depuis dimanche, le ministère de l'Intérieur est occupé par un salarié de la Banque Worms.
Jamais, même au temps du triomphe de la Banque Lazard la canaillerie bancaire n'avait eu à la fois autant d'audace et autant de cynisme.
La Banque Worms qui occupait déjà sept ministères en occupe un huitième - celui de l'Intérieur -. On peut maintenant tout en attendre. On peut maintenant s'attendre à tout.
Demain sans doute, les Affaires étrangères seront-elles aussi occupées, bien qu'elles n'aient plus guère d'intérêt, comme je le démontre par ailleurs.
Après-demain, l'Agriculture le sera aussi, à en juger par les manoeuvres faites depuis des mois pour s'assurer à la fois le poste qui est important et le titulaire qui a dû, au préalable, subir les épreuves de dressage nécessaires, en même temps que fournir les gages indispensables.
Chaque jour le travail se poursuit.
C'est une occupation massive par une Mafia nouvellement créée, composée d'éléments actifs, de salariés, d'employés entièrement dévoués à l'orthodoxie capitaliste.
L'action de la Banque Worms a de beaucoup débordé l'action gouvernementale.
Je ne parlerai pas du domaine militaire, où les circonstances ne permettent pas de pénétrer, mais je dirai que cette action est vigoureuse dans le domaine politique. Le noyautage est amorcé partout.
En 1936, la Banque Worms a pris à sa solde l'ancien conseiller d'Âbd-el-Krim, le traître qui fit la guerre contre la France, contre l'armée française, contre les soldats français. Le renégat qui s'est mis à la solde de la Banque Worms en 1936. De ce renégat, de son équipe de talents à gages, elle essaya vainement de faire un grand parti. L'entreprise échouera pitoyablement malgré l'argent dépensé sans compter.
Malgré cet échec, le jeu a repris. La Banque méprise assez le peuple français pour le croire capable de suivre cet homme aussi odieux qu'abject, cet homme qui a toujours trahi, cet homme dont le seul métier est de vendre la peau des Français, payable d'avance. Tous les Français se souviennent de la guerre du Riff, tous les Français vomissent le traître du Riff. Ce traître est le salarié de la Banque Worms. La France, un jour, s'en souviendra. L'imposture d'aujourd'hui dépasse vraiment les bornes.
C'est cette banque qui, ayant échoué avec un aussi ignoble prétendant en 1938, a créé de toutes pièces Paul Reynaud. C'est elle qui a acheté tous les rouages financiers et parlementaires nécessaires pour faire de ce petit bonhomme vénal, sans parti, sans honneur et sans foi un Président du Conseil français, domestique de la finance internationale.
Son échec a été retentissant.
Elle a limité les dégâts au maximum.
Malgré la défaite, elle a continué à occuper les Finances et les Affaires étrangères le plus longtemps possible.
Aujourd'hui, plus puissante que jamais, contrôlant 8 ministères et bientôt deux de plus, la banque croit avoir gagné la partie ; elle croit pouvoir exploiter la France sans entraves car elle a atteint une force telle que personne n'osera plus lui résister.
Au feu nous disons non !
Je dis encore aujourd'hui que cette conjuration diabolique et puissante trahit la France entière.
Je dis aujourd'hui qu'elle trahit le Peuple de France qui, depuis vingt années, cherche sa Révolution, en venant encore une fois la faire avorter, alors que la guerre permettait de la faire rapide, profonde, totale et calme.
Je dis enfin qu'elle trahit l'Europe entière parce que, en faisant échouer la Révolution française, elle risque de faire échouer la Révolution européenne contre laquelle elle s'était organisée avant guerre, car elle ne veut pas voir l'Europe libre, forte, unie dans un nouvel ordre social où les banques n'auront aucune place.
Je dis surtout qu'elle trahit parce que son chef sait que son geste d'aujourd'hui est voué à l'échec en tant que construction, parce que son geste n'a qu'une intention de destruction, parce que son chef n'ignore pas qu'en construisant ainsi aujourd'hui, il mène la France à la ruine par la perte totale de son Empire, qu'elle laissera prendre en ayant l'air de la défendre, par la perte totale de l'ardeur révolutionnaire du Peuple français qu'il veut annihiler complètement, alors que cette ardeur aurait fait surgir en France un régime digne de notre grande époque, par la perte totale de l'Europe que l'Idéal français aurait pu guider, tandis que d'autres peuples auraient fourni à cet ordre, attendu depuis des décades, la force nécessaire qui l'aurait garanti. Ainsi les uns et les autres auraient construit la Paix.
Je dis que tout, cela est actuellement l'oeuvre d'un homme devenu le principal ennemi public, comme l'oeuvre d'une conjuration devenue le plus grand danger public.
Cette conjuration, il est nécessaire de la supprimer.
Dans quelques mois, il sera trop tard !

Back to archives from 1941