1941.07.16.De Haguet.A Vignet Worms & Cie services charbons

Le PDF est consultable à la fin du texte.

Angers, le 16 juillet 1941

10, rue Béclard
Angers

Monsieur Vignet
Directeur général du service des charbons de la société Worms
45 boulevard Haussmann

Monsieur le directeur général,
Depuis votre passage à Angers, j’ai poursuivi mes affaires dans le sens que vous avez fixé, et je viens vous mettre au courant de la situation à ce jour.
Tourbières. Les 5 chantiers de la région de Baugé sont maintenant en exploitation. Nous avons profité des expériences passées, et je trouve que vraiment les chantiers se présentent maintenant tout à fait bien : le synchronisme entre le décapage, l’extraction et le séchage est réalisé : cette semaine nous avons débuté sur une extraction supérieure à 100 m3 par jour ; et si le temps s’y prête, nous devrions probablement passer au début de la semaine prochaine à 200 m3 par jour, pour nous y maintenir.
Deux employés de vos services maritimes sont arrivés hier, pour faire un stage d’une semaine : monsieur David très flatté que vous ayez bien voulu le choisir pour les éduquer les a pris immédiatement en main, et je pense qu’à la fin de la semaine lorsqu’ils regagneront Paris, ils seront en mesure de vous donner satisfaction sur les chantiers de la région parisienne.
Vous savez sans doute que nous avons envoyé à Bessonneau à Angers à Richard à Cholet des échantillons de tourbe crue : en fait c’était surtout de la tourbe extraite au début d’exploitation et d’une qualité certainement inférieure à ce que nous produisons maintenant.
Les analyses faites par Bessonneau ont donné des résultats variables en teneur en cendre : 19 %, 22 % et 50 % ce dernier chiffre n’est pas étonnant, étant donné la provenance de la tourbe et la façon dont elle avait été extraite ; il y avait certainement de la terre mélangée.
Ceci d’ailleurs avait été fait d’accord avec M. Fromet pour qu’il puisse précisément faire l’essai sur ce qu’il y avait de plus mauvais.
Il en avait été de même pour Richard.
L’ensemble des lots expédiés contenait environ 70 % d’eau.
Chez Richard les essais sont terminés, ils ont trouvé la tourbe un peu humide, (je comprends cela) mais estiment les résultats satisfaisants. Avec un pareil degré d’humidité, ils l’emploient en mélange avec du charbon, plus sèche, ils l’emploieront seule et m’ont demandé, une nouvelle expédition de 100 tonnes.
Monsieur Richard actuellement absent doit venir me voir dans une huitaine de jours.
Chez Bessonneau, les essais dureront jusqu’au 20, mais les résultats obtenus dès maintenant sont favorables.
Nous pourrons même continuer à leur envoyer de la tour-crue, ils ont fait aménager au-dessus de leurs chaudières un séchoir permettant de sécher 60 ù3 de tourbe qui une fois sèche glisse dans la chaudière. D’après ce que m’a dit M. Fromet ils obtiennent avec 3 chaudières alimentées à la tourbe, le même résultat qu’avec 2 chaudières alimentées au charbon, ce qui leur paraît très satisfaisant.
Lignite. J’ai revu hier comme convenu, les deux puisatiers que nous avions rencontré avec M. Millot, les forages commenceront dans la région de Beaufort et de Mazé, mercredi prochain 23 courant. Si donc M. Millot ou un de vos ingénieurs peut être là à ce moment, ce pourrait être intéressant.
Entre temps, je serais heureux si il vous est possible de me faire envoyer deux ou trois échantillons de lignite, que je voudrais mettre sous les yeux des deux puisatiers, afin qu’ils se rendent mieux compte de ce que nous cherchons, cela pourrait nous orienter mieux dans les forages à faire, car étant donné le nombre considérable de puits qui ont été creusé dans la région ils doivent pouvoir nous guider ;
Il semble résulter de nos conversations avec eux, que le niveau hydrostatique de la région de Beaufort est nettement plus bas que dans la région de Mazé, et que c’est de ce côté, que nous avons le plus de chance de trouver la lignite au-dessus de l’eau.
Guillermet. Je n’ai pas eu l’occasion depuis le départ de M. Millot de reparler de Worms à M. Guillermet, avant de le faire, je voudrais savoir si vous lui avez écrit.
Charbonnage – Bessonneau, Richard. Vous savez que les Établissements Bessonneau avaient voté un crédit de 350.000 F environ pour reprendre certaines recherches de charbons dans la région de Chalonnes, où les gisements se présentent en chapelets et souvent à fleur de sol, et leur intention était de reprendre le forage de certains puits dans lesquels ils savaient trouver encore quelques centaines de tonnes de charbon et de lancer au hasard des travers bancs.
Leur intention était de prendre pour entrepreneur la société des ardoisières de l’Anjou qui fournirait son personnel technique et d’exploitation.
Je crois savoir que Bessonneau ne rencontre pas du côté de cette société le concours qu’il en attendait, ni surtout l’état d’esprit qu’il convient d’apporter à l’exécution de pareils travaux.
J’ai rencontré ce matin M. Delamare chef de service commercial de Bessonneau, adjoint de M. Moreau directeur général.
Il résulte de notre conversation que Bessonneau est ouvert à toutes les combinaisons possibles avec vous et serait notamment disposé à vous confier les travaux qu’il avait décidé d’entreprendre à Chalonnes, dans les limites du crédit de 350.000 F, ou bien de constituer avec vous et Richard une entreprise ayant pour objet de fournir du combustible à ces deux grandes industries.
L’accord de principe de Bessonneau étant acquis, je vais tâter Richard dès son retour et je ne manquerai pas de vous faire part aussitôt de mes impressions.
Si M. Millot vient lui-même, la semaine prochaine pour les forages de lignite, comme à ce moment Richard sera rentré, nous pourrions le voir ensemble, et étant donné les relations personnelles existants entre eux, ce serait probablement la meilleure solution.
Je pense voir M. Borotra ces jours-ci, nous sommes maintenant en mesure de lui fournir les éléments des prix de revient permettant de déterminer les prix de vente, mais je crois que nous avons bien fait d’attendre un peu avant de le faire, car les statistiques qui m’ont été montré font apparaître en comparant les cubages payés et les cubages expédiés un déchet relativement considérable (environ 30 à 35 %), malgré que nous ayons expédié à Bessonneau et à Richard du tout-venant.
J’aimerais savoir dans le cas où l’on vendrait à la tonne et non pas au mètre cube, à quel poids vous estimez 1 m3 de tourbe. Ce que nous appelons tourbe sèche pèse environ 550 kgs au m3, mais nous en avons expédié dans un état de sécheresse suffisant pour qu’elle ne soit pas détériorée à la manutention pesant environ 700 à 750 kgs.
Comme nous avons tout intérêt à ne pas laisser la tourbe sécher trop longtemps pour dégager nos terrains d’étente, je voudrais savoir quel est le poids moyen de la tourbe à 40 % d’eau, et je n’ai pas facilement rassemblé sous la main les éléments nécessaires pour le déterminer.
Je vous prie d’agréer, monsieur le directeur, l’assurance de mes sentiments bien dévoués.

 

Back to archives from 1941