1941.00.De Worms et Cie.Notes (non datées) sur la Société tunisienne de l'hyperphosphate Réno

Copies de notes

Le PDF est consultable à la fin du texte.

NB : Ce document, non daté, est classé après la note sur la Manufacture centrale de machines agricoles C. Puzenat, datée du 17 juin 1941.

Société tunisienne de l'hyperphosphate Réno

Formation
La Société tunisienne de l'hyperphosphate Réno a été constituée le 4 février 1929, sous la forme anonyme, pour une durée de 33 années (1962).
Elle avait pour objet la fabrication, la vente et l'exportation ou l'importation de tous produits destinés à l'agriculture, notamment : le traitement des phosphates de chaux pour l'emploi direct à l'agriculture, la fabrication et la vente de l'hyperphosphate Réno (monture des phosphates et fabrication des engrais composés).
Son siège social était à Tunis, 160, avenue de Paris, puis fut transporté à Sfax (Tunisie), quai des Phosphates. Ses bureaux : 47, rue de Liège à Paris.
Le capital social était de F 2.600.000, divisé en 2.600 actions de F 1.000 dont 1.000 entièrement libérées, ont été attribuées en rémunération d'apports à Messieurs Auguste Raynaud, Walter Raynaud et Gabriel Datcharry.
L'exercice social allait du 1er janvier au 31 décembre.
Pour le conseil d'administration et les assemblées générales, clauses habituelles.
Les fondateurs étaient : MM. Auguste Raynaud, Walter Raynaud, Gabriel Datcharry.

Évolution

I - 1929-1936
Fondée en 1929, la société a été fortement concurrencée par les entreprises d'exploitation classique du phosphate : les superphosphaties. Cette concurrence amenait la société à contracter une première augmentation de capital de F 500.000 en 1931, par l'émission au pair de 500 actions de numéraire de F 1.000 chacune. Le capital fut ainsi porté à F 3.100.000.
La crise atteignit son point culminant en 1936. Les pertes dépassaient la moitié du capital social. La société se trouvait donc en état de faillite virtuelle.
C'est à ce moment que se produit l'intervention de Worms, lequel avait, dès le 4 juin 1935, consenti à la société l'ouverture d'un compte-courant.

II - 1936-1937
Le 25 mai 1936, le capital social est réduit de F 3.100.000 à F 775.000 par la réduction de 1.000 à F 250 du nominal de chaque action.
Worms garantissait peu après une augmentation de capital de F 775.000 à F 1.000.000 par l'émission de 900 actions de numéraire de F 250 chacune.
La société créait également 8.000 parts bénéficiaires sans valeur nominale, donnant droit chacune à 1/8.000ème du pourcentage de 25% du disponible des bénéfices nets, après prélèvement de 5% pour la réserve légale, 5% pour son premier dividende aux actions et 10% pour les tantièmes du conseil. Ces parts, groupées en une association de porteurs de parts, pouvaient être rachetées par voie de mesure générale.
Elles furent attribuées :
- 4.000 à Worms,
- 4.000 à tous les actionnaires tant anciens que nouveaux,
à raison d'une part par action ancienne ou par action nouvelle.
En conséquence de ces opérations, les statuts furent modifiés. La répartition des bénéfices fut fixée de la façon suivante : 5% à la réserve légale, 5% aux actions, à titre de premier dividende. Sur le surplus : 10% au conseil. Et le solde, sauf prélèvements en faveur des fonds de prévoyance et de réserve : 75% aux actions et 25% aux parts.
La liquidation prévoyait l'amortissement complet du capital actions et la répartition du surplus (après prélèvement et répartition aux actionnaire du montant du fonds de réserve spécial qui aurait pu être constitué sur leur part dans les bénéfices) : 75% aux actions et 25% aux parts.

III - 1937-1939
A partir de cette date, la société commence à remonter la pente. L'exercice 1936 s'était soldé par une perte de F 392.351,21. L'exercice 1937 laisse au contraire un bénéfice de F 566.810,61. En 1938, les bénéfices montent à F 967.211,18 et, en 1939, à F 1.420.153,87.
Ce développement conduit la société à augmenter son capital, qui est porté à F 2.000.000 le 13 mai 1937 par l'émission de 4.000 actions de numéraire de F 250 chacune et à F 4.000.000 le 29 avril 1939 par l'émission de 8.000 actions nouvelles au même nominal de F 250.
La société est donc, en 1939, en plein développement. Sa production atteint 160.000 tonnes, dont 50.000 sont vendues sur le marché européen et 110.000 à l'exportation lointaine (au-delà de Suez et de Gibraltar). Elle a une usine à Sfax (Tunisie) et 4 usines en France dont une en construction à Sète.
C'est à ce moment que la frappent la guerre et la débâcle de juin 1940.

lV - Situation actuelle (avril 1940)
A - Exportation
La défaite française a pour résultat l'arrêt complet des exportations lointaines et l'impossibilité d'intensifier la vente sur le marché français, la flotte française, sous le contrôle de l'État, ne transportant plus que 75% du tonnage d'avant-guerre. La seule possibilité d'exploitation demeure l'Italie (15.000 tonnes par an) et la Belgique (quelques milliers de tonnes).
Un palliatif de cette situation très grave a été heureusement procuré par les anciens concurrents de l'hyperphosphate, les superphosphates. Ceux-ci, en raison de leurs droits acquis, reçoivent la majorité du transport autorisé, mais ils sont incapables de traiter leurs phosphates selon le procédé des superphosphates, par suite du manque d'acide sulfurique. Ils ont donc été amenés à reconnaître l'excellence du procédé de l'hyperphosphate Réno et à demander à cette société, seule possesseur d'installation de broyage, de broyer pour eux. Dans ce but, un premier contrat a été passé avec Saint-Gobain, assurant à ce dernier l'exclusivité du broyage pour une première tranche de 50.000 tonnes.
En outre, l'usine de Sète était mise en route au début d'octobre avec un groupe de pulvérisateur. Un deuxième groupe a été mis en route fin novembre.
B - Situation financière
La situation financière à la fin de 1940 était approximativement la suivante :

- Compte débiteur chez Worms & Cie

13.800.000

- Amorti par la cession des actions Sétoise

2.200.000

Reste

11.600.000

Les seules rentrées importantes sur lesquelles pouvait
compter la société dans un délai assez rapproché étaient :

environ 80% sur créances algériennes

1.600.000


liquidation partielle stock du Tréport

2.000.000


Reste

3.600.000

ce qui ramenait la créance de Worms à

8.000.000

La contrepartie de ce chiffre se trouve, à 250.000 francs près, immobilisée dans :

trop-plein stock Sfax

4.000.000

net réalisable sur cargaison du Njegos

3.000.000

stocks Antilles Conakry

750.000


7.750.000

II semble donc, à la fois, que les capitaux avancés par Worms ne sont pas en péril, mais qu'un secours financier important devra être maintenu à la société pendant une durée encore assez longue.
Cependant, la société a marqué depuis 1936 un redressement remarquable, et les dispositions qu'elle a prises pour parer à la crise semblent lui permettre de réaliser, malgré les difficultés actuelles, des bénéfices substantiels.
En ce qui concerne l'avenir, une inconnue subsiste, qui est la valeur même du procédé hyperphosphate : de nombreuses années d'exploitation suivie pourront seules révéler, en effet, si les terres supportent bien cet engrais, ou si elles en sont lentement empoisonnées.

C - Administration de la société
Le conseil d'administration comprend actuellement :
MM. Arrighi, président
Joseph Camman, administrateur
Fernand Lavit, administrateur
Jean Nelson-Pautier, administrateur
René Chaplain, administrateur
Pierre Valla, administrateur
J.B. Datcharry, administrateur.
Le directeur général est Monsieur Gabriel Datcharry.
Commissaires aux comptes : Marcel Chatelain et la Compagnie fiduciaire maritime et coloniale.
La société est en règle avec la loi du 16 novembre 1940. En vertu de cette loi, elle a conféré une délégation de pouvoirs à Monsieur Nelson-Pautier, une délégation spéciale à Monsieur Pierre Valla pour l'usine de Sfax, et elle a créé un Comité de délégation comprenant :
MM. Arrighi (président), Lavit (administrateur), Datcharry (directeur général), Caillard (directeur technique).

[Voir PDF, note relative à la place de la STHR sur le marché des engrais.]

Société tunisienne de l'hyperphosphate Réno
État des actionnaires de la Société tunisienne de l'Hyperphosphate Réno

Worms & Cie

8.805

A. Datcharry

3.137

Camman

1.066

De Tristan

300

Valla

291

Van des Bergh

250

H. Datcharry

215

Arland

200

Lonel & Cie

180

Lavit

125

Arrighi

125

Nelson-Pautier

125

Vve Datcharry

125

R. Datcharry

120

Candelier

120

Verrier

100

Netter

100

Lefébure

100

71 divers

516

89 actionnaires

16.000 actions

[Pièces jointes :] Plaquettes des assemblées du 25 mai 1938, 23 mars 1939 et 9 mai 1940 [qui n'ont pas été numérisées].


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