1939.08.11.De Hypolite Worms.A Laurent Schiaffino.Deauville

Copie de lettre

Lettre dictée par Monsieur H. Worms

11 août 1939
M. Laurent Schiaffino
Hôtel du Golfe - Deauville

Cher Monsieur Schiaffino,
C'est du cap Ferrat où je me trouve en vacances que je dicte ce mot pour vous.
Je veux en effet vous entretenir moi-même de la question de la manutention à Tunis des bateaux consignés à M. Schision, c'est-à-dire de France Navigation.
Le Consortium maritime tunisien me demande un avis précis : je ne veux pas le donner sans vous. Je sais qu'on vous a fait interroger par Alger et la réponse n'a pas été concluante. Or, j'estime qu'étant donné la confiance que vous avez bien voulu témoigner au Consortium maritime tunisien en lui accordant vos manutentions et étant donné les projets d'avenir que j'ai toujours en pensée, il faut savoir si vous pensez qu'il y a intérêt ou non à ce que le Consortium maritime tunisien fasse le manutention des bateaux de France Navigation par l'intermédiaire de Schision.
À mon avis, l'affaire présente des inconvénients et des avantages.
D'abord les inconvénients. D'ordre sentimental et psychologique : manutentionner les bateaux de France Navigation n'est pas très reluisant même lorsque le contrat passe par l'intermédiaire de Tunis qu'on me dit fort honorable.
Les avantages sont de plusieurs ordres :
1. Accroître considérablement le volume des affaires du Consortium et trouver ainsi les ressources permettant d'étoffer ses cadres avec du personnel français de qualité.
2. Renforcer d'une façon générale la situation du Consortium en Tunisie et en particulier, vis-à-vis de la Société commerciale tunisienne.
3. Mettre la main sur les opérations de France Navigation et permettre ainsi de les surveiller et de les contrôler pour compte de compagnie amies à nous et concurrentes à France Navigation, c'est-à-dire plus particulièrement vous-même.
4. Par cela, empêcher l'installation d'une nouvelle entreprise d'acconage venant mettre encore plus de confusion dans les affaires tunisiennes.
Voulez-vous avoir la gentillesse de me donner votre avis, qui me sera précieux pour prendre une position.
Je m'excuse de vous importuner pendant vos vacances, mais j'ai besoin d'un conseil de vous sur cette question qui vous intéresse quelque peu.
Il suffira que vous m'adressiez quelques lignes à Paris.
Croyez, cher Monsieur, à l'expression de mes sentiments très cordiaux.

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