1936.06.03-04.De M. Le Magnen.Note.Revendications ouvrières

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4 juin 1936

Confidentielle

Messieurs Worms & Cie
45, boulevard Haussmann - Paris

Messieurs,
Revendications ouvrières. Veuillez trouver sous ce pli, à titre documentaire, une note de notre ingénieur en chef, M. Le Magnen, établie à l'issue de le réunion de la chambre syndicale des constructeurs mécaniciens de l'arrondissement du Havre, à laquelle il a assisté le 2 juin.
A l'heure où nous vous écrivons la situation, à notre connaissance, reste très calme.
Veuillez agréer, Messieurs, nos salutations distinguées.

P. Pon Worms & Cie
Le directeur

Revendications ouvrières

Nous avons, assisté hier après-midi à une réunion de la chambre syndicale des constructeurs mécaniciens de l’arrondissement du Havre. Cette réunion était motivée par un incident qui s'était produit dans la matinée du même jour dans les usines de la Compagnie électromécanique.
Une délégation de 25 ouvriers s'était présentée au directeur de ces usines, M. Buss, et lui avait remis un cahier ou plutôt une courte note énonçant les revendications suivantes :
1° Reconnaissance des délégations permanentes d’ouvriers auprès de la direction
2° Maintien de l’effectif embauché
3° Congés annuels payés
4° Minimum des salaires garantis :

Ouvriers qualifiés 1ère catégorie

 6 F 50 l’heure

Ouvriers qualifiés 2ème catégorie

 6 F l’heure

Manœuvres et manœuvres qualifiés

 5 F 50 l’heure

Jeunes gens de 16 à 18 ans

 4 F l’heure

Jeunes gens de 18 à 20 ans

 5 F l’heure

La délégation demandait qu'il soit donné satisfaction à ses demandes dans le délai de 48 heures. M. Boss lui fit observer que la plupart des revendications formulées ne pouvait être résolues par un chef d'établissement et qu'en ce qui concerne particulièrement l’échelle des salaires demandés, il ne lui paraissait pas possible de faire connaître la réponse de sa compagnie dans un délai aussi court. La délégation se retira sans paraître devoir insister pour obtenir satisfaction dans les 48 heures.
Aucune autre usine du Havre n'avait reçu de semblables revendications dans la journée d'hier.
Ce matin, après l'embauche aux Chantiers de Graville, les ouvriers ne se sont pas mis au travail et une délégation s'est présentée au directeur, mais il ne s'agissait que d'une revendication peu importante et, satis faction leur ayant été accordée, les ouvriers des Chantiers ont repris le travail et la réparation d'une avarie des fonds du "Mérignac" a été commencée.
Il paraît certain qu'incessamment d'autres établissements du Havre vont recevoir le cahier de revendications. La chambre syndicale des constructeurs mécaniciens se réunira à nouveau ce soir pour continuer l'examen de la situation.
L'échelle des salaires demandés à la Compagnie électromécanique représente, par rapport aux salaires actuels, une majoration d'environ 40 %. Si elle était appliquée aux salaires de notre atelier de réparations, cette échelle aurait pour conséquence d'augmenter nos frais annuels de main-d’œuvre d'environ F 200.000.

3 juin 1936

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