1932.02.03.Note (sans émetteur) sur la Compagnie générale transatlantique

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Note

Compagnie générale transatlantique - Ayant décidé de passer ses lignes d'Algérie à sa filiale, la Compagnie nantaise, la Compagnie générale transatlantique doit profiter de cette occasion pour exiger que cette dernière conclue des accords permettant à ces lignes d'Algérie de trouver une prospérité qu'elles n'ont jamais connue.
Des accords doivent être conclus avant que les armateurs libres exploitant le même trafic puissent être amenés à prendre des décisions fâcheuses, le jour où ils se verraient en concurrence active avec des lignes qui, bien que gérées par la Compagnie nantaise, se trouveraient tout de même subventionnées par l'État, par le fait du contrôle que la CGT exerce sur la Compagnie nantaise. La manifestation récente de M. Vieljeux est un avertissement qu'il ne faut pas ignorer.
Il existe une compagnie maritime, la Société algérienne de navigation pour l'Afrique du Nord, qui possède déjà une prédominance très marquée dans le trafic Algérie/France car elle est intimement liée avec les groupements qui détiennent la marchandise : vins, superphosphates.
Cette société a des lignes sur le nord de la France qu'elle alimente par Dunkerque, Rouen, Brest et Caen. Propriétaire d'une flotte importante, elle peut demain créer des services sur l'Atlantique : Nantes et Bordeaux, et comme elle contrôle la marchandise, ce nouveau service pourrait gêner considérablement les lignes existantes de la Transatlantique. De plus, sans accords avec elle, il serait impossible à la Transatlantique de développer ses services de Rouen actuellement en sommeil.
Il existe, d'autre part, un groupe qui joue actuellement un rôle prépondérant sur le trafic algérien, c'est la Maison Worms. Celle-ci contrôle la société d'exploitation de la Compagnie havraise de navigation à vapeur qui a l'exclusivité des services entre le Havre et l'Algérie. En outre, agent de la Société algérienne de navigation dans tous les ports du nord (Dunkerque, Rouen, Brest, Caen), elle possède une organisation de premier ordre pour le recrutement du fret.
Par ses succursales de l'Atlantique qui sont elles-mêmes déjà organisées pour le recrutement du fret des lignes Worms, Messageries maritimes et société d'exploitation de la Compagnie havraise, ladite Maison pourrait commencer demain, s'il le fallait, le recrutement des marchandises destinées à l'Algérie et par les liens qui l'unissent à la Société algérienne de navigation pour l'Afrique du Nord, elle serait tenue de le faire immédiatement si cette dernière le lui demandait.
La Sanpan, depuis un certain temps déjà, a exprimé le désir d'étendre son réseau de lignes sur la côte de l'Atlantique, c'est une menace très sérieuse pour la Compagnie générale transatlantique. Voici donc les accords qui pourraient être envisagés :
En passant l'exploitation de ses lignes d'Algérie à la Compagnie nantaise, la CGT exigerait que l'agence des navires et le recrutement du fret soient confiés dans tous les ports algériens à la Sanpan.
A Rouen et à Bordeaux, cette agence et ce recrutement de fret seraient confiés à la Maison Worms (la Nantaise ayant une prédominance à Nantes où elle possède déjà l'agence de la CGT). Comme contre-partie, la Sanpan et la Maison Worms s'engageraient :
1° - à faire un accord de fret pour le trafic Rouen/Algérie,
2°- à ne pas créer de service Nantes-Bordeaux-Algérie.
Pour la CGT, le résultat serait à assurer à ses lignes d'Algérie une partie du trafic de Rouen qu'elle n'a pas et sa tranquillité absolue sur le trafic Nantes-Bordeaux-Algérie qu'elle serait à peu près seule à exploiter.
Ceci implique évidemment la suppression d'un certain nombre de bureaux de la Compagnie générale transatlantique mais ce résultat est inévitable, car ses agences sont mal outillées pour le trafic marchandises et, de plus, les transformations subies actuellement par la Compagnie générale transatlantique la forceront tôt ou tard à restreindre son activité aux services contractuels et, pour réduire ses frais généraux, à fermer toutes celles de ses succursales qui ne sont pas des agences à passagers.

Paris, le 3 février 1932


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