1924.05.08.A Bergenske Baltic Transports Ltd.Courrier

Copie de lettre

Worms & Cie
Affaires générales

Le Havre, le 8 mai 1924
M. Ejbol
Bergenske Baltic Transports Ltd - Danzig

Cher M. Ejbol,
Comme suite à la conversation que j'ai eu le plaisir d'avoir avec vous au Havre, et quelques jours plus tard avec M. Ferhmann, j'ai l'honneur de vous confirmer les observations dont je vous ai fait part à tous deux.

Je me permets d'abord de rappeler les grandes lignes de notre accord :
1° - dans tous les ports baltes autres que Danzig, c'est-à-dire Pillau, Koenigsberg, Memel, Libau, Windau, Riga et Reval ; la Bergenske aura la représentation de tous les bateaux nous appartenant, ou contrôlés par nous et s'occupera des opérations que nous pourrions avoir à traiter : recherche de la clientèle, réexpédition de la marchandise, manutentions, etc. D'autre part, la Bergenske affrétera les bateaux nécessaires pour le transport de toutes les marchandises destinées à la France ou à la Belgique, et que nous ne pourrions charger sur nos propres vapeurs.
Pour tout le trafic de la Baltique vers la France et la Belgique, la Bergenske travaillera en notre nom, et les bénéfices réalisés seront partagés par moitié.
2° - A Danzig lorsque des lots de marchandises et des cargaisons homogènes ne pourront être enlevés par nos vapeurs, la totalité de l'affrètement du tonnage à la sortie sera effectuée par la Bergenske pour notre compte, et les résultats de chaque opération passés au compte commun comme pour tous les ports de la Baltique.
3° - Les navires affrétés nous seront consignés.
4° - La Bergenske remettra à nos navires tout son trafic pour la France et la Belgique.
5° - Toutes les marchandises dont le transport donnera lieu à affrètement, seront arrêtées par les deux maisons de Danzig, qui se consulteront également pour l'affrètement.
6° - Les questions ayant trait à la politique générale en Baltique seront traitées avec la direction de nos Services maritimes.
Tout ceci est explicitement contenu dans la lettre que notre M. Worms écrivait à M. Lehmkuhl, comme suite aux entretiens qui avaient eu lieu à Paris, avec M. Falck et vous-même.

Le trafic des ports baltes sur les ports français et belges, et celui des ports français et belges sur les ports baltes doivent donc rester sous notre contrôle direct. L'exploitation doit être assurée au moyen de nos propres vapeurs et, en cas d'insuffisance de tonnage, ou bien vous nous prêtez votre concours en mettant à notre disposition les vapeurs de votre armement qui nous sont utiles, ou bien vous recherchez le tonnage nécessaire, en affrétant pour notre compte. En outre, vous remettez à nos services toutes les marchandises dont l'expédition, sur les ports français et belges, pourrait vous être confiée directement.

J'ai eu l'occasion de vous faire observer que si vos agents de Reval et de Riga ont fait de louables efforts pour procurer du fret de sortie aux navires que nous avons mis sur la Baltique, nous avons l'impression qu'à Danzig la recherche de marchandises diverses, pour nos navires attachés à notre ligne régulière desservant ce port, doit pouvoir être plus active.

En ce qui concerne les affrètements, leur nombre en a été relativement limité; ils ont été, pour la plupart, conclus en dehors de nous, c'est-à-dire sans que notre maison de Danzig en ait été informée; alors qu'il avait été spécifié que tous les affrètements seraient faits pour notre compte - votre rôle consistant à rechercher le tonnage nécessaire, et par conséquent à faire office de courtier - les chartes-parties n'ont jamais fait mention de notre nom. Les expéditions ont donné lieu à l'établissement de sous-chartes-parties passées avec les chargeurs, alors que si le navire affrété avait été considéré chaque fois comme pris par nous, il aurait pu être fait usage, - dans tous les cas où le chargement n'aurait pas été constitué par une cargaison de bois - de nos formules de connaissements, ce qui aurait eu l'avantage de toujours laisser à nos succursales des ports de destination le droit au stevedoring.

Je vous ai expliqué les raisons qui nous font désirer de toujours avoir et la consignation du navire et la manutention. Si les chartes-parties confient le stevedoring au réceptionnaire, l'affrètement devient sans profit pour le "pool" et notre succursale du port de destination se voit, en outre, privée des opérations de transit, quand il y a réexpédition sur l'intérieur.

En résumé, les affrètements sont à faire après entente avec notre maison de Danzig; ils doivent toujours être conclus en notre nom; la charte-partie doit, autant que possible, stipuler que la consignation du navire au port de débarquement nous est réservée; nos formules de connaissements doivent être, en principe, utilisées comme titres de transport et, en cas d'impossibilité, les sous-chartes-parties doivent spécifier que la marchandise est livrable sous palan.

Il est un autre point important sur lequel nous avons, à plusieurs reprises déjà, attiré votre attention. Dès qu'un affrètement est conclu, il est indispensable que la succursale du port de destination en soit avisée de suite, qu'elle reçoive un exemplaire de la charte-partie, et des renseignements sur la solvabilité de l'armateur, de manière que toutes dispositions utiles puissent être prises à l'avance pour la réception du navire, et pour que nous soyons également en mesure de réclamer, le cas échéant, une provision quand le fret n'est pas payable à destination. Si notre directeur de Danzig et le votre sont en liaison étroite, il sera possible à notre succursale de nous renseigner elle-même à cet égard.

Je me permets également de vous rappeler que nous vous avons demandé de ne rester en rapports qu'avec nous, et de ne pas correspondre directement, dans les ports où nous ne sommes pas installés, avec les courtiers et consignataires. Notre demande est restée sans effet puisque, à Calais, M. Vincent continue à recevoir directement vos instructions. Or si M. Vincent est notre représentant, il relève de notre succursale de Dunkerque. Si les affrètements sont conclus, en collaboration avec notre maison de Danzig, et en notre nom, vous n'aurez d'ailleurs, vous-mêmes, aucune instruction à passer : ce sera notre succursale qui correspondra avec nous, et nous ferons nous-mêmes le nécessaire auprès de nos agents. C'est cette façon de procéder qu'il convient, à mon avis, d'employer à l'avenir ; elle est conforme à l'esprit même de notre entente, puisque votre action doit se limiter à celle de courtier, c'est-à-dire d'intermédiaire entre l'armateur et nous.

Au cours de notre conversation, nous avons parlé ensemble de la circulaire qui a été envoyée à la clientèle de France, par votre "Forwarding Department". Il y est mentionné que « vous entretenez par vos propres vapeurs des relations constantes avec tous les ports de France » et, plus loin, que « la Maison Worms qui limite dorénavant son activité aux opérations de ses navires, vous confie le déchargement de ses vapeurs ainsi que l'exécution de ses expéditions ».

Sur le premier point il y a manifestement erreur, puisque nous devons rester les maîtres du trafic entre la Baltique d'une part, et la France et la Belgique d'autre part. Sur le second point, notre accord avec la SAV est toujours en vigueur, et pas plus le déchargement de nos vapeurs que l'exécution des expéditions ne peuvent être indiqués comme vous étant confiés par Noos. Cette circulaire, telle qu'elle est rédigée, nous paraît donc devoir être modifiée. Mise sous les yeux de la SAV, elle pourrait appeler de sa part une demande d'explications, qui nous obligerait à une mise au point, et qu'il est préférable de nous éviter.

Dans la lettre que nous vous adressions à la date du 3 mai 1923, nous vous disions que, pour donner l'impression à la concurrence que nous possédions une organisation très solide en Baltique, il était indispensable que toute la publicité soit faite en notre nom, et que dans vos agences des différents ports il soit fait usage, pour la correspondance touchant le trafic sur la France et la Belgique, de papier à lettres à entête dont nous vous suggérions, ci-dessous, un modèle :

Worms & Cie
Bergenske Baltic Transports Ltd
Agents à…

Il ne nous apparaît pas que quelque chose ait été fait dans ce sens.

Vous avez bien voulu reconnaître le bien fondé de toutes les observations qui précédent, et vous êtes bien d'accord avec moi sur la nécessité d'appliquer la convention que nous avons signée, dans l'esprit même où elle a été établie.

Par courrier de ce jour, je prie M. Gada d'aller s'entretenir avec vous pour la mise au point de toutes les questions qui font l'objet de cette lettre. Il importe que nous soyons les maîtres du trafic sur la France et la Belgique. A coté de nos services réguliers, il y a place pour de nombreux affrètements et nous devons nous efforcer, par notre action commune, à satisfaire les demandes des chargeurs, sans nécessité pour eux d'avoir recours aux autres courtiers de la place comme Behnke & Sieg par exemple, dont l'activité, si elle n'était combattue dès à présent, pourrait devenir inquiétante. Les deux organisations que nous possédons en Pologne, la vôtre et la nôtre, doivent nous faciliter la recherche de toutes les affaires d'expéditions sur la France et la Belgique, et les rapports que vous entretenez vous-mêmes avec les armements autres que les armements allemands, doivent vous permettre de disposer aisément du tonnage nécessaire dans les délais demandés, quand les navires de nos services réguliers ne sont pas suffisants.

Je suis convaincu que le succès doit être au bout de nos efforts.

En vous renouvelant tout le plaisir que j'ai eu de vous recevoir, ainsi que M. Ferhamnn au Havre, je vous prie de vouloir bien agréer, cher M. Ejbol, l'assurance de mes sentiments de très cordiale sympathie.

Ci-inclus, copie de notre lettre, en date du 20 mars et restée sans réponse, relative aux renseignements que nous vous avions priés de nous fournir, pour arrêter les résultats du "pool" pour l'année écoulée.

 

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