1921.06.20.Aux Messageries maritimes.Note

Note

20 juin 1921
M. le directeur général de la Compagnie des Messageries maritimes
9, rue de Sèze - Paris

M. le directeur général,
Comme suite aux conversations que nous avons eu le plaisir d'avoir la semaine dernière avec vos services, nous vous transmettons ci-après les renseignements que nous avons obtenus de notre Maison de Varsovie en ce qui concerne l'émigration de la Pologne vers la Palestine.
Veillez trouver, ci-inclus, copie de la lettre qui nous a été adressée le 11 juin.
D'autre part, notre succursale nous prévient que par l'intermédiaire de notre Maison de Danzig elle s'est mise en relations avec France-Canada pour connaître la valeur exacte des renseignements de M. Pernikoff.
Elle sait que les chiffres répondent bien à la réalité, mais elle ne sait pas si M. Pernikoff a une autorisation pour enlever des passagers.
Elle ajoute : "Nous pouvons vous dire que nous recevons chaque jour des propositions de ce genre et qu'aucune d'elles ne présente le moindre intérêt.
La Pologne regorge de gens qui essaient de faire de l'émigration et qui visitent successivement tous les bureaux des compagnies dans l'espoir de trouver un directeur qui se laissera prendre à leurs belles paroles.
Le métier d'agent rabatteur est strictement interdit en Pologne, et ceux qui le pratiquent se font généralement découvrir et finissent en prison.
Les compagnies qui se risquent à travailler avec eux courent de très grands risques, car les règlements de l'Office d'émigration sont absolument formels sur ce point.
D'ailleurs la concurrence est très nombreuse dans notre pays et le trafic est travaillé très activement jusque dans les plus petits villages.
Il reste donc bien peu de chances à ces agents officieux pour s'assurer les lots importants de passagers qu'ils prétendent être à même de procurer.
La question est un peu différente pour le trafic de la Palestine, il se peut que M. Pernikoff soit allié avec un des directeurs de l'organisation sioniste et nous ne voulons pas dire qu'il rentre dans la catégorie des agents rabatteurs qui n'ont pas l'autorisation.
Il se peut encore que les passagers qu'il propose proviennent de Lituanie, c'est pourquoi nous nous livrons à une enquête pour nous renseigner exactement.
De toute manière, ainsi que nous vous l'écrivions, l'émigration en Pologne est limitée, et elle est tout entière entre les mains du Comité sioniste. Il ne sera admis en Palestine en 1921 que 16.000 passagers, et nous sommes convaincus qu'en Pologne des entreprises privées, c'est-à-dire en dehors du Comité officiel juif, n'ont aucune chance d'aboutir."

Dans une autre lettre, notre succursale de Varsovie fait les réflexions suivantes :
"Nous avons lu que les Messageries maritimes étaient en mesure de transporter les émigrants de Marseille à Jaffa au prix spécial de F 320.
Le voyage de Varsovie à Marseille reviendrait, avec bagages et visas à environ F 260, ce qui mettrait le prix total Varsovie/Jaffa à F 580. Ces prix étant supérieurs de F 250 à ceux de la concurrence, il faudrait que le passage des émigrants s'effectue dans de meilleures conditions.
Or, sans connaître les navires que les Messageries maritimes mettront en ligne, la seule appellation de 4ème classe suffira à éloigner les clients de notre ligne, car les 3èmes classes des concurrents sont tellement déjà critiquées, qu'ils ne voudront pas entendre parler de 4ème classe, même si ces 4èmes classes sont supérieures aux 3èmes de la concurrence.
Nous vous confirmons que les autorisations de débarquer en Palestine étaient momentanément refusées aux Polonais. Enfin, le paiement du voyage de retour exigé à l'avance ne peut même pas être envisagé."
D'après d'autres renseignements que nous venons de recevoir, il ne conviendrait même pas de faire de propositions si les 4èmes classes du trafic méditerranéen ne comprenaient pas de couchettes.
Nous serions heureux de connaître vos avis à ce sujet, et nous causerions volontiers avec votre service de passagers.

 


 

 

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