1915.03.00.De Worms et Cie Bordeaux.Circulaire

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Worms & Cie
Armateurs
Bordeaux
Charbons anglais - Cokes et fontes
Transit
Lignes de vapeurs entre
Bordeaux, Le Havre et Hambourg ; Anvers et toute la Belgique ; Brême ; Rouen et Paris ; Brest, Dunkerque et Boulogne ; La Rochelle Pallice ; Nantes-Bayonne ; Pasages

7, allées de Chartres
Bordeaux

Nous avons le regret de vous informer qu'il ne nous est plus possible de continuer l'exploitation de notre service sur Rouen. Voici pourquoi :
Nous desservons cette Ligne, vous le savez, depuis plus d'un demi-siècle ; nous avons toujours réussi, quelles qu'aient été les difficultés, à faire partir nos vapeurs à jour fixe et nous nous sommes efforcés par les soins spéciaux que nous apportons aux marchandises qui nous sont confiées de donner satisfaction à notre clientèle ; nous y avons réussi puisque le nombre de nos chargeurs en même temps que l'importance de notre tonnage ont toujours été en augmentant.
Lorsque la guerre a éclaté, nous avons maintenu notre service sur Rouen, et cela au prix de très lourds sacrifices : en effet, la mobilisation nous privait brusquement d'une grande partie de notre personnel sédentaire et naviguant, en même temps qu'elle arrêtait d'une façon à peu près absolue, pendant plusieurs semaines, toutes les transactions commerciales, de sorte que le tonnage que nous avions à transporter était à peu près nul alors que nos dépenses d'exploitation augmentaient considérablement.
Malgré cela nos départs dans les deux sens ont toujours eu lieu à leur date.
A l'heure présente le tonnage que nous avons à chaque voyage est inférieur à la moitié de ce qu'il était avant la guerre et vous n'ignorez pas que rien que par le fait de l'élévation formidable du prix du charbon, nos dépenses d'armement ont progressé au point que si nous voulions maintenant compenser la perte que nous éprouvons de ce double chef, il nous faudrait majorer nos prix de fret de cent pour cent.
C'est là une éventualité à laquelle nous n'avons pas songé un seul instant parce qu'ayant toujours considéré que notre ligne constituait un véritable service d'intérêt public nous étions fermement résolus à maintenir son fonctionnement, coûte que coûte, aux conditions actuelles.
Mais l'administration des Ponts et Chaussées à Rouen vient de provoquer un arrêté préfectoral portant la date du 3 mars 1915, aux termes duquel pour conserver la concession à quai qui nous a été attribuée il y a de cela un très grand nombre d'années, il nous faudrait signer l'engagement de payer une pénalité dans le cas où nos vapeurs n'apporteraient pas un certain tonnage, comme si notre propre intérêt, à nous, armateurs, dont les dépenses sont les mêmes que nos navires voyagent pleins ou avec des cargaisons incomplètes, n'était pas de leur faire transporter la totalité de ce qu'ils peuvent recevoir.
Nous ne pouvons naturellement pas souscrire à de telles conditions et comme notre exploitation devient ainsi impossible, nous suspendons notre service direct de Bordeaux sur Rouen et vice versa, en attendant des temps meilleurs et une réglementation du port qui soit plus en rapport avec ses besoins.
Veuillez agréer, M. , nos sincères salutations.

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