1897.09.20.A A. Monod - Worms et Cie Marseille

NB : La copie image de ce document de très mauvaise qualité n'a pas été conservée.

20 septembre 1897
Monsieur A. E. Monod
Marseille

Cher Monsieur,
Quoique la chose dont nous allons vous parler ne touche en rien la Maison de Marseille, nous croyons cependant qu'il est bon que vous soyez au courant d'un fait qui intéresse nos armements, ne serait-ce que pour le cas où Messieurs Cyprien Fabre & Cie viendraient à vous en parler les premiers, et nous nous empressons d'ajouter que, s'ils ne le font pas, nous ne désirons nullement que vous alliez les en entretenir.
Ainsi que vous le savez sans doute, nous avons eu de tous temps un service que nous appelons Bordeaux-Rouen-Paris et que nous exploitons avec des vapeurs qui ne vont pas plus loin que Rouen mais desservent Paris par voie de transbordement sur la Seine. Ce service n'a jamais été bien prospère et l'est depuis quelques années moins que jamais par suite des efforts chaque jour plus grands que fait le Chemin de fer d'Orléans pour diminuer la petite part que nous avons dans le trafic entre le Sud-Ouest et la capitale.
Or, Messieurs Cyprien Fabre & Cie viennent à leur tour d'inaugurer un service de quinzaine ayant son point de départ à Marseille et en Algérie et qui, venant toucher à Bordeaux, se prolonge jusqu'à Rouen et menace de venir encore empirer notre position en nous disputant le fret qui est transporté par la voie maritime. Nous ne savons pas si ces Messieurs ont pris cette décision autrement qu'à titre d'essai pour y renoncer si les résultats n'en sont pas satisfaisants pour eux, ou s'ils ont l'intention de persévérer malgré tout ; tout ce que nous pouvons dire c'est que nous avons l'intention de nous défendre sur un terrain que nous considérons comme nous étant absolument acquis, et c'est pour cela que nous vous écrivons aujourd'hui pour que vous puissiez, si par hasard un mot vous est dit par ces Messieurs à ce sujet, leur faire comprendre qu'ils ont tort de sortir ainsi de leurs limites naturelles pour venir nous attaquer et que tout le résultat que peut aujourd'hui amener cette concurrence sera de nous occasionner des pertes sans aucun profit pour eux-mêmes.
Nos lignes sont déjà assez peu fructueuses, mais si les armateurs de la Méditerranée viennent encore nous relancer dans nos ports, la situation sera vraiment bien décourageante.
Agréez, Cher Monsieur, nos salutations distinguées.

Worms & Cie

Back to archives from 1897