1897.03.Article de journal.Accident du Blanche

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Le journal Le Havre annonce que, dans la tempête qui vient de sévir avec tant de violence, le steamer "Blanche" de 885 tx, appartenant à la maison Worms et Cie s’est perdu corps et bien près de Pasajes peu de temps après sa sortie du port.
Le capitaine et les dix-huit hommes de l’équipage ont péri et seul le pilote a pu être sauvé.
La "Blanche" qui était spécialement affectée aux voyages de Pasajes à Bordeaux avait été construite en 1869 dans les chantiers de M. Henderson Coulborn, à Renfrew.
Le ministère de la Marine envoyait il y a peu de temps, dans nos principaux ports, des instructions en vue de prémunir les capitaines commandant des navires de commerce contre les exigences des pilotes et des patrons de remorqueurs de la côte anglaise de la Manche, qui, lorsqu’un navire étranger mouille sur cette côte, pour se mettre à l’abri ou par suite d’avaries, en arrivent à imposer leurs services en profitant des embarras des capitaines étrangers ; ils s’installent même de force à bord, et ensuite, devant les cours d’amirauté anglaises, réclament pour sauvetage une partie de la valeur du navire et du chargement et, devant cette juridiction, obtiennent presque toujours gain de cause.
La circulaire du ministre avait été motivée par plusieurs cas de ce genre, survenus depuis peu de temps. Nous trouvons encore un exemple de la façon dont se conduisent ces véritables « naufrageurs », dans l’échouage du vapeur du Havre "Commandant Franchetti".
Ce navire, allant du Havre à Amsterdam avec un chargement de cacao en sacs, s’échoua sur les Goodwins par temps calme et brumeux. Aussitôt après douze remorqueurs et lougres mouillèrent le long du bord et proposèrent leurs services au capitaine français qui les refusa, espérant se renflouer à marée haute par ses propres moyens et ayant mouillé des ancres à jet à cet effet.
À la haute mer, le "Commandant Franchetti", ayant viré ses câbles, parvenait à se remettre à flot à l’aide de sa machine. C’est alors que les remorqueurs, mouillés le long de son côté bâbord en eau profonde firent tout leur possible par leur position et par les remous de leurs hélices pour l’empêcher de gagner le creux où ils se tenaient, et que, de peur de les couler, force fût au vapeur de stopper et par suite de s’échouer de nouveau. Leurs services furent alors agréés et peu après ils arrivaient à remettre le "Commandant Franchetti" à flot. La Cour a accordé à ces « sauveteurs » une indemnité totale de 75.000 francs.
Il n’est pas inutile de porter ces faits à la connaissance du public maritime, afin que les intéressés s’en tiennent autant que possible aux instructions données dernièrement par la Marine et, forts de leur droit, ne craignent pas d’agir de façon à sauvegarder les intérêts qui leurs sont confiés.
 

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