1885.12.08.De Aldof Deppe.Anvers.A Worms Josse et Cie Bordeaux.Original

Document original

[En-tête :] Adolf Deppe - Anvers

Anvers, le 8 décembre 1885
Messieurs Worms Josse & Cie
Bordeaux

J'ai bien reçu votre estimée du 1er courant et je partage en tous points votre manière de voir, car, à mon avis, il n'y a ni opportunité ni même possibilité d'entrer en arrangement avec la ligne concurrente.
En effet, un arrangement ne serait possible que si l'aliment de la ligne était surabondant et que notre matériel ne suffisait pas pour transporter en temps utile les marchandises présentes. Or, au lieu de cela, nous constatons que l'aliment est à peine suffisant pour nous permettre de naviguer régulièrement et que nos steamers ne parviennent guère à se remplir même en chargeant pour un second port et que, de plus, une partie du matériel doit quitter Bordeaux à vide pour Anvers, preuve évidente qu'il n'existe aucun excédent d'aliment, qui permettrait de céder une partie du trafic à la ligne concurrente, sans compromettre l'existence de notre propre service.
D'un autre côté, un arrangement ne serait même pas opportun, car, comme vous l'observez, nos concurrents n'ont guère réussi jusqu'à présent à entrer dans notre clientèle pour les vins et je constate avec vous qu'à part la défection, qui se produira toujours en pareil cas, de quelques réceptionnaires et chargeurs (des intermédiaires la plupart), le gros de notre clientèle nous est resté fidèle malgré le maintien de nos taux de fret habituels. Nos concurrents peuvent certainement accentuer leurs concessions pour les vins et offrir des frets bien réduits, mais il suffirait dans ce cas de les suivre sur ce terrain et de réduire également nos taux pour déjouer pareille tactique.
Quant au brai, il doit être considéré comme un aliment flottant, échéant au moins offrant et que nous obtiendrons également si nous pratiquons, comme en ce moment, les mêmes taux que la concurrence.
Quant au résultat financier obtenu par les steamers anglais, il doit être peu brillant et je ne pense pas qu'ils parviennent à couvrir leur frais d'exploitation. Vous saurez ce que peuvent leur rapporter les chargements embarqués à Bordeaux. Ici, ils ne trouvent rien pour Rotterdam et très peu pour Bristol, à des frets de 5 % et même moins, et, si j'y ajoute le fret à charbon de Newport à Bordeaux (que je taxe à F 7), il est facile de se rendre compte du résultat financier final, quand on considère que leurs steamers doivent visiter cinq ports.
Comme je l'ai déjà dit dans le temps, MM. Gellatly Han Rey Sewell & Cie ont commencé cette concurrence sans se rendre un compte exact de la situation véritable et ils nous font du tort sans le moindre bénéfice pour eux. Car, dans la situation telle qu'elle existe, il est impossible de leur céder une part quelconque du trafic.
En vous retournant sous ce pli la lettre que vous m'aviez envoyée en communication, je vous présente, Messieurs, mes salutations empressées.

Adolf Deppe

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