1869.07.18-24.De Edouard Rosseeuw.Port-Saïd.A Hypolite Worms.Paris

Origine : Collection de lettres reçues - liasse 1865-1874

Port-Saïd 18/24 juillet 1869
Monsieur Hte Worms Paris

[...]
Ainsi, il peut, je le crois s'établir de suite un transit très considérable pour la marchandise de valeur pressée d'arriver à Suez pour les Indes, Chine et Japon - et les cotons, et certains autres produits de ces contrées peuvent très bien aussi transiter de Suez à Port-Saïd.
Ces transits peuvent laisser de belles commissions mais il faut de grandes relations pour se les attirer : et les grandes Compagnies de vapeurs - Peninsular & Oriental, Messageries et autres sont admirablement placées pour accaparer ces transits.
Enfin, n'importe par qui et comment, le canal sera de suite exploitable, comme transit, avec transbordement à Suez et à Port-Saïd sur des steamers calant 4 ou 5 métrés seulement. Et des maisons bien installées à Port-Saïd et Suez peuvent trouver un aliment rémunérateur.
Par suite de ce mouvement de transit que l'on peut raisonnablement espérer le commerce charbon serait appelé à prendre une grande extension. Suez et Port-Saïd devraient recevoir et expédier un grand nombre de steamers apportant, et remportant la marchandise.
A ce point de vue spécial de charbon, il est certain que vous pouvez faire au moins, aussi bien que tout autre, si vous consentez à faire les premières dépenses nécessaires - et vous seriez mieux placé que personne ayant déjà pour base d'opération, les besoins de la Compagnie, dont la fourniture me semble assurée votre Maison. Seulement ces besoins seront forcément très considérables, c'est déjà quelque chose comme somme à mettre dehors : mais si la Compagnie éprouve des embarras, même momentanés - quels risques courrez-vous ? Voila tout ce que je vois à dire pour le moment - sur la question d'établissement ou non de votre Maison ici.
J'ai cherché à découvrir, autant qu'il m'était possible, la vérité pour et contre cet établissement : je vous ai exposé les bons et mauvais côtés et je crois, en résumé ne m'être pas trop écarté du vrai - mon voyage aura au moins pour résultat de vous avoir éclairé sur la position et de vous mettre à même de prendre un parti avec connaissance de cause. Je serai très heureux si vous trouvez que j'ai atteint ce but.
Ismaïlia
M. Guichard, ne pouvant venir ici, j'ai été lui faire visite. Nouvelle déception.
Dans sa lettre du 19 qui m'appelle auprès de lui, M. Guichard me dit : « J'ai écrit à l'Administration de Paris pour commander 1.000 tonnes Cardiff, qui devront être rendues ici avant la fin de septembre, c'est bien peu s'il faut en fournir à des étrangers mais c'est assurer mon service, jusqu'à ce que je sache si vous aurez décidément votre dépôt quelle en sera l'importance.
A cela j'ai répondu verbalement à Ismaïlia - je ne sais quelle décision pourra prendre M. Worms, mais je calcule que vos 1.000 tonnes demandées sont un joujou, et que pour le 17 novembre et avant, il faudra bien avoir ici existant de 6 à 10.000 tonnes charbons pour parer à toutes éventualités et qu'il est de l'intérêt absolu de la Compagnie de ne pas laisser manquer de charbon les 40 à 60 steamers de toutes nations qui peuvent et doivent se rencontrer ici.
Que réservant la décision de M. Worms, je ne puis l'engager et ne l'engagerai pas à faire venir, plusieurs milliers de tonnes pour le 19 novembre à moins que la Compagnie ne me garantisse :
1° la libre disposition gratis d'un matériel flottant nécessaire pour la manutention de 1.000 tonnes au moins à la fois, pendant les quelques jours des fêtes.
2° la consommation par elle-même à défaut d'étranger de tous mes arrivages dans un délai assez court et à prix raisonnablement rémunérateur.
Que ces prétentions de ma part sont raisonnables puisque la Compagnie a du matériel, et aussi l'emploi du charbon assuré et forcé par la retraite de Borel & Lavalley le 18 novembre.
M. Guichard reconnaît, que, avant tout et à tout prix il faut assurer le besoin charbon de la flotte plus ou moins considérable attendue le 17 novembre mais malheureusement [...] comme moi, M. Guichard se borne à exposer les faits, à la direction de Paris, et ne conclut à rien il laisse à Paris le soin d'assurer les besoins du 17 novembre.
Maison Port-Saïd
Tout ce qui précède, et résultant de ma convention avec M. Guichard n'a rapport qu'au fait exceptionnel du 19 novembre.
Nous avons ensuite abordé la question d'avenir pour l'établissement de votre Maison ici M. Guichard reconnaît avec moi que vous ne pouvez pas passer par les mains de votre concurrent Coste pour vos manutentions.
Que vous ne pourrez rien faire sans une bonne installation et un matériel assuré.
Vous ne devez compter sur aucun monopole de la part de la Compagnie.
Elle renouvellera, à condition moins favorable pour Coste le marché quelle a pour les débarquements et, à vous et autres elle louera du matériel quand elle en aura de disponible (cependant on verrait à vous assurer un certain tonnage).

Rosseeuw

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