1867.07.20.A la Chambre de commerce du Havre.Extrait

Origine : Copie de lettres à la presse du 1er juillet 1867 au 25 juillet 1867

Paris, le 20 juillet 1867
A Monsieur le Président et à Messieurs les membres
de la Chambre de commerce du Havre

Messieurs,
Dans le but de permettre à notre navigation à vapeur et à toutes les industries qui consomment de la houille d'obtenir ce combustible au plus bas prix possible, le gouvernement a, depuis longtemps, affranchi de tous droits celles qui sont destinées aux bateaux à vapeur et réduit à plusieurs reprises les droits perçus sur celles qui doivent être consommées sur terre. Tout dernièrement encore, une loi a supprimé les droits de tonnage et réduit d'autant le coût des transports maritimes.
En même temps que le gouvernement s'est efforcé d'assurer le bon marché des houilles importées par mer, il a réduit à un chiffre purement nominal les droits prélevés sur la navigation des canaux venant de Belgique et de Prusse tandis que les compagnies de chemins de fer, comprenant combien il leur importe de conserver une grande partie du transport, ont abaissé leurs tarifs à des chiffres excessivement réduits.
Le commerce d'importation maritime, Messieurs, n'est pas resté en arrière de ce grand mouvement. Le transport des houilles tend à être fait exclusivement aujourd'hui par des bateaux à vapeur de fort tonnage, dont le service assure un approvisionnement plus économique, plus considérable et plus régulier, au grand avantage de tous les consommateurs.
Ni la navigation ni l'industrie ne craignent aujourd'hui de manquer de combustibles, comme au temps où les transports ne se faisaient que par navires à voiles. Vous me permettez d'ajouter, Messieurs, que I'établissement des services à vapeur a permis de neutraliser les mauvais effets des élévations de prix que l'augmentation toujours croissante de la demande a fait subir aux houilles des divers pays. On ne saurait donc trop faciliter, ce me semble, le développement de ce nouveau mode de transports.
C'est ce qu'ont parfaitement compris, non seulement les administrations municipales et les douanes du Havre et des autres villes du littoral, les unes en affectant des places à quai toutes spéciales, permettant l'établissement de grues et de chemins de fer, les autres en simplifiant toutes les formalités autrefois en usage. C'est ce qu'ont compris aussi Messieurs les courtiers de Rouen, de Dieppe et d'Honfleur, de Bordeaux, etc., en réduisant à un chiffre invariable et modéré la somme des honoraires que les règlements leur départissent.
Dans les diverses villes que je viens de nommer, les courtiers se contentent pour faire les déclarations et les expéditions de douane d'une somme de cent francs par navire quel que soit son tonnage.
Au Havre, je regrette de le dire, les courtiers maritimes réclament encore une commission de 25 centimes par tonne de sorte que les vapeurs de 800 à 850 tonnes paient 200 francs et au-delà.
Je viens vous prier, Messieurs, de vouloir bien intervenir, autant que la loi vous le permet, dans la modification à apporter à cet état de choses, afin d'obtenir la réduction, dans le port du Havre, du taux du courtage à payer à Messieurs les courtiers maritimes, par les vapeurs charbonniers au taux adopté par les courtiers des autres ports.
[...]
Vous avez prouvé, Messieurs, en toute occasion, toute la sollicitude que vous inspire l'intérêt du commerce et des industries manufacturières et maritimes du Havre, et c'est avec confiance que je viens solliciter votre bienveillante intervention. Vous ne voudrez pas, j'en suis certain, que cette question ait à être portée, soit devant les plus hautes autorités de l'État ou, en dernier lieu, devant cette autorité suprême qui s'appelle l'opinion publique.
La cause que je viens plaider devant vous est celle de l'avenir et du progrès, et j'ai la ferme espérance que vous la croirez digne de votre sérieuse attention et que votre puissant appui ne me fera pas défaut.
Veuillez...

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