1861.11.14.De Paul Cruzel - Hte Worms Marseille.Original

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Monsieur H. Worms - 46, rue Laffitte - Paris
Courrier composté à Paris le 16 novembre 1861.
Tampon : Hte Worms - Marseille.
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Papier en-tête gaufré : Hte Worms - Marseille]

Marseille, 14 novembre 1861
Monsieur H. Worms à Paris

Je possède votre lettre d'hier et vous confirme la mienne du même jour.
"Reine Blanche". Il est fâcheux que M. Smith n'ait pas pu détourner ce navire.
Je vous retourne ce décompte de bordereau de négociation qui regarde la maison de Bordeaux à laquelle je n'ai pas occasion d'écrire.
Arrivages : sont entrés aujourd'hui :
"Jeune Colombe",
"Lévrier",
"Spécimen".
Vous voyez que ces navires viennent en 15 à 20 jours ; le "Jeune Colombe" est vendu à Valéry ; le "Spécimen" va être livré à Vor Roux ; mais il me reste à placer "Ponthieu" et "Lévrier" - plus de 400 tonnes et il n'existe aucun besoin.
Je comptais livrer 200 tonnes à une Compagnie qui me les a arrêtées depuis un mois pour le 20 novembre, mais je suis obligé de reculer cette livraison au 20 décembre ; d'un autre côté, je dois plus de 300 tonneaux à Valéry, qu'il m'a prêtés à diverses fois, que je comptais aussi lui rendre avec "Ponthieu" et "Lévrier", mais malheureusement cette compagnie se trouve encombrée par 3 chargements, dont un vendu par nous, "Jeune Colombe".
L'encombrement de notre port est tel qu'il n'est pas possible d'avoir des places à quai ni même des embarcations, je ne sais vraiment comment je vais me tirer de là.
Les capitaines français surtout sont des gens très difficiles à manier et ils ne veulent rien comprendre.
Je suis forcé à regret de leur faire une querelle d'allemand en me mettant à cheval sur les conditions des chartes-parties qui sont bonnes pour moi heureusement en cette circonstance.
Je vais néanmoins, vous posez la question :
L'usage de notre port est que les équipages sont tenus de rendre à quai quand on n'a pas stipulé que le chargement serait pris le long du bord par le receveur ; or, on n'a pas stipulé cette dernière condition, mais les chartes-parties portent : « le capitaine délivrera son chargement à l'endroit qui lui sera indiqué par le consignataire ».
« Le chargement du navire se fera à raison de 25 tonnes par jour ouvrable, commençant à courir le lendemain du jour où le navire sera en place pour décharger. »
J'ai donc prévenu les capitaines d'avoir à prendre leur place à quai, et comme ils n'auront pas cette place d'ici un mois peut-être, vous voyez dans quel embarras nous sommes, et remarquez qu'il n'y a pas même d'embarcations pour faire une livraison.
Cette situation nous facilite, je vous assure en ce moment l'envoi des navires porteurs de pitch à la gare maritime, car les capitaines voient qu'en ce moment il n'y a que ce moyen pour aller un peu vite*.
Recevez mes sincères salutations,

P. Cruzel

* Je redoute cependant le manque de matériel de chemin de fer ; ce matériel est absorbé par les céréales.


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