1858.10.05.A Th. P. Rodocanachi.Saint-Pétersgourg.Extrait

Origine : Copie de lettres à la presse n°119 - du 24 septembre 1858 au 13 octobre 1858

Paris, le 5 octobre 1858
Monsieur T. P. Rodocanachi - Saint-Pétersbourg

J'ai bien reçu, Monsieur, votre lettre du 13/25 septembre.
Si je vous ai retiré tout ordre de vendre mes steamers, c'est que, contrairement à votre opinion, le prix que m'offrait la Compagnie russe n'est nullement en rapport avec la valeur de ces bateaux.
Permettez-moi d'entrer dans quelques détails.
La Compagnie a acheté 9 bateaux pour 1.200.000 F. Un seul de ces bateaux est estimé par elle, valoir 400.000 F, et les huit autres seulement 100.000 chaque.
Et, certes, vous ne pouvez pas, maintenant que vous les connaissez les uns et les autres, allouer aux miens une valeur de F 133.000 chaque, tandis que la Compagnie a payé 100.000 chaque les Porteurs Maritimes de Pieau, qui portent au-dessous de 200 tonneaux.
Mes steamers ont stationné tous à Cronstadt cet été, deux vont encore y retourner prochainement. Les ingénieurs de la Compagnie peuvent les examiner et il leur sera facile de se convaincre que ces steamers valent à tous égards plus que le double du prix payé pour les huit porteurs.
Enfin, Monsieur, la Compagnie ne doit pas oublier, comme déjà je vous l'ai fait valoir, qu'en achetant mes steamers pour une valeur réelle de F 250.000 chaque, elle achète en même temps et éteint une concurrence.
Vous faites valoir les 200.000 F de subvention que reçoit la Compagnie. Soit, c'est une arme très puissante qu'une pareille somme. Mais dans cette campagne très mauvaise pour toutes les lignes, nous avons cependant acquis notre position. Nous avons su couvrir nos frais, et l'énergie et l'intelligence, déployées dans ces circonstances fâcheuses, sont un gage certain, qu'en temps plus prospères, nous saurons nous maintenir et faire une rude concurrence.
Nous avons en outre, pendant l'hiver, des moyens d'utiliser notre matériel - moyens que votre climat vous refuse.
En résumé, Monsieur, je considère la ligne du Havre à Pétersbourg comme devant être bonne et fructueuse, exploitée par une seule compagnie. Si deux concurrents doivent se heurter, les résultats seront insuffisants.
Quant à moi, dont la navigation n'est pas l'affaire unique et principale, je veux bien me retirer de la compagnie, et céder la place, mais je le veux avec les honneurs de la guerre et à conditions raisonnables.
[...]
En conséquence de ce qui précède, je suis toujours prêt à vendre mes trois bateaux pour une somme de 750.000 F, et rétablis entre vos mains l'autorisation de traiter ainsi.
Agréez...

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