1944.12.06.De Robert Labbé.Au juge Georges Thirion.Déposition

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Le PDF est consultable à la fin du texte.

NB : Ce document provient d'un dossier intitulé "Département charbons" et daté du 6 décembre 1944. Lui est annexée la note de P. F. Lebras, datée du 15 novembre 1944.

6 décembre 1944

Déposition de Monsieur Labbé

L'an 1944, le 6 décembre, devant nous Thirion, Juge d'Instruction au Tribunal de première Instance du département de la Seine, assisté de Lombard, greffier, a comparu : Monsieur Labbé, Robert, 37 ans, associé-gérant de la Maison Worms, demeurant à Paris, 21, avenue George V,
Dépose :
Depuis le 13 septembre 1944, je suis associé-gérant de la Maison Worms après avoir été fondé de pouvoirs général depuis 1939. A ce titre je m'occupais de la surveillance générale de la maison au point de vue administratif et sur le plan gestion je m'occupais spécialement des chantiers du Trait et des départements "charbon" et "services maritimes". En fait, je ne me suis jamais occupé directement des questions bancaires.
La Maison Worms avant la guerre était importatrice de charbon par mer. A dater de juin 1940, cette activité a été totalement suspendue et son département "charbon" n'a agi que comme grossiste et détaillant pour la vente des charbons français repartis par le Gouvernement. Son activité s'en est trouvée réduite dans la proportion de 80 %. Pour palier à cette inactivité relative le département "charbon" a entrepris des exploitations de remplacement : bois de chauffage, bois d'œuvre, combustibles pour gazogènes et tourbières. Tout le personnel disponible de la maison a pu ainsi être assuré d'un emploi jusqu'en août 1944. Les livraisons aux autorités allemandes ont été limitées aux seules quantités ayant fait l'objet de réquisitions de leur part. Au total, en quatre années de guerre, ce département a perdu 43.000.500 francs, dont 18.500.000 de provision et 16.500.000 francs d'amortissements.
En ce qui concerne le département maritime, tous les navires ont été réquisitionnés à compter du 1er septembre 1939 par le Gouvernement français : le rôle de la Maison Worms s'étant borné à en assurer la gestion, technique. Les succursales métropolitaines ont cessé toute activité appréciable ; celles du littoral Mer du Nord, Manche, Atlantique, dès juin 1940 : celles du Midi de la France en novembre 1942. Seules ont travaillé normalement pendant la durée de la guerre les maisons d'Égypte et d'Algérie, a la satisfaction particulière des autorités britanniques, comme en fait foi la note du 15 novembre 1944, que je vous dépose.
L'activité de la Nouvelle Compagnie Havraise Péninsulaire de Navigation à Vapeur et de la Société Française de Transports Pétroliers, toutes deux contrôlées par la Maison Worms s'est bornée également à la gestion technique des navires réquisitionnés par le Gouvernement français depuis septembre 1939.
Ces deux activités fondamentales de la Maison Worms, "charbons et maritimes" ont été ainsi en sommeil pendant la durée de la guerre, dans des conditions ayant permis de maintenir tout leur personnel en activité d'emploi, prêt à reprendre son travail mais aussi, au prix de lourds sacrifices financiers puisque, en ce qui concerne le département maritime de la Maison Worms, et malgré le jeu de la charte-partie d'affrètement, des indemnités encaissées n'ont permis de constituer que moins de la moitié des provisions indispensables pour assurer le remplacement des unités perdues ou hors d'usage.
Je dépose les comptes d'exploitation de ces départements pour les exercices de guerre.
Et signe après lecture.


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