1894.01.17.De A. E. Monod - Worms Josse et Cie Marseille

NB : La copie image de ce document de très mauvaise qualité n'a pas été conservée.

17 janvier 1894
MM. Worms Josse & Cie
Paris

Messieurs,
Nous sommes en possession de votre lettre personnelle du 16 janvier ; nous ferons allusion en passant à la peine qu'elle nous a causée, au sentiment de profond découragement qu'elle a provoqué en nous, alors qu'au milieu des préoccupations constantes et de déboires successifs, toutes nos énergies, toutes nos facultés sont en jeu pour réagir contre les vents contraires, et pour nous rendre de plus en plus dignes de la confiance dont vous avez bien voulu nous honorer jusqu'ici.
Ce sont là des considérations personnelles d'ordre secondaire, mais nous vous devons, nous nous devons à nous-mêmes quelques explications sur le fond même de la question.
Nous n'avons certes aucune velléité d'assumer trop de responsabilité ou outrepasser... prérogatives, n'ayant à coeur, que les intérêts pour la sauvegarde desquels ceci ne nous a coûté ceci ne nous coûtera.
La démarche que vous nous reprochez n'avait en soi rien de bien agréable pour nous étant donné nos relations personnelles avec M. Edmond Fraissinet et sa famille. Mais estimant, à tort, paraît-il, mais en conscience, qu'elle représentait une formalité administrative entrant directement dans le cadre de nos devoirs professionnels, nous n'avons pas hésité à la faire.
Rien en effet ne pouvait nous donner à supposer qu'elle fût contraire à vos vues. En décembre, vous nous avez informés que M. Fraissinet, vous ayant demandé un court délai pour le règlement de son compte dans nos livres, vous le lui aviez accordé sans nous en spécifier la durée. Nous nous sommes alors permis de vous faire observer que suivant ici d'assez près les affaires de M. F., nous n'en augurions rien de bon, et qu'à notre avis plus le règlement tarderait, moins votre débiteur serait en mesure de payer ou ses amis disposés à le garantir. Par votre lettre du 26 septembre, vous nous avez répondu que la demande de M. F. était basée sur une absence de M. F. de Fels.
Or, M. Friset de Fels n'habitant pas Marseille, son absence est constante et n'était interrompue que par les voyages, peu fréquents, qu'il peut être appelé à y faire.
Quelques jours après la réception de votre lettre, ayant eu l'idée qu'un de ces voyages pourrait peut-être coïncider avec le séjour dans notre port du yacht ‘'Sémiramis' appartenant à la belle-mère de M. Friset de Fels, nous avons cru pouvoir et devoir dans votre intérêt, sans songer que nous risquions ainsi de vous déplaire, prendre nos précautions pour que la présence de M. F. de F. ne fût pas perdue pour vous, et nous avons écrit à M. Fraissinet un mot qui, tout en lui indiquant que vous nous aviez mis au courant du délai accordé, le priait de nous en fixer le terme, sans du reste le presser autrement. Nous ne contrariions par conséquent en rien vos propres dires, et notre seul objet était d'amener ainsi M. Fraissinet, que nous savons un peu indolent, à ne pas manquer l'occasion de s'entendre avec son parent si celui-ci venait réellement à Marseille. Nous n'attendions que sa réponse pour vous en faire part, ne doutant pas que vous soyez satisfaits d'être, si possible, définitivement fixés.
Nous regrettons très vivement d'avoir si mal atteint le but que nous nous proposions et d'avoir encouru un blâme aussi sévère alors que nous n'étions mus que par le désir de vous être utiles.
Veuillez agréer Messieurs nos salutations très distinguées.

P. Pon Worms, Josse & Cie
A. Monod

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