1972.00.De la SFTP - Société française de transports pétroliers.Historique (1938-1969)

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La Société française de transports pétroliers
Historique
1938-1969

1938 – Naissance de la SFTP

C’est au mois de septembre 1938 qu'a été signé l'acte de naissance de la Société française de transports pétroliers, sous un ciel qui n'était pas sans nuages. L'Office national des combustibles liquides avait une participation dans le capital et se réservait la possibilité d'en prendre dans les augmentations futures. À ses côtés figuraient la maison Worms, la Compagnie auxiliaire de navigation, la maison Dreyfus ainsi que les Établissements Desmarais.
Il ne faut pas perdre de vue qu’à cette époque, la flotte pétrolière française était notoirement insuffisante, en dépit de mesures prises pour encourager son développement. Si une action intensive et immédiate n'était pas menée, c'était laisser notre pays en situation de dépendance vis-à-vis des flottes mieux pourvues, et si le conflit mondial auquel on s'attendait éclatait enfin, il y avait toutes chances pour que l'approvisionnement de la France ne soit pas assuré correctement. La création de la SFTP entre l'État et le secteur privé, allait améliorer sensiblement la situation. Dès 1938, cinq tankers étaient achetés, puis six en 1939 et un dernier en 1940 : ces douze unités de 10.000 à 15.000 Tdw, totalisaient ensemble 170.000 Tdw.

Les premiers navires

Les premiers pétroliers achetés étaient quasiment neufs : sept bateaux de 15.000 Tdw environ, livrés entre 1936 et 1938 ; les cinq derniers avaient une moyenne d’âge plus élevée et des tailles variables : de 10.000 à 15.000 Tdw avec construction entre 1928 et 1936. Nous rappelons maintenant la carrière de ces vétérans de la SFTP dont huit demeureront en service actif après-guerre, leur retrait s’étageant entre 1954 et 1959.
1) Le "Bourgogne" était sorti en octobre 1937 des Chantiers d’Odense comme norvégien Hoegh Ray (Leif Hoegh and C°). C’était un navire 14.350 Tdw que la SFTP acquit dès 1938. Il arriva en juin 1959 à Anvers pour y être démoli.
2) Le "Franche-Comté" semblable au précédent, avait été livré en août 1936 par les Chantiers d’Odense à l’armement hollandais Phs. Van Ommeren, où il se nommait Loosdrecht. En mars 1958, il parvenait à Toulon pour la démolition. La compagnie l’armait depuis 1939.
3) Le "Saintonge", également semblable au Bourgogne, était l’ancien danois Henning-Maersk (AP Moller), mis en service en mars 1936 après construction à Odense et francisé en 1939. Il fut démoli à la Seyne en avril 1959.
4) Le "Languedoc" portait plus de 15.000 T. Il était sorti des Chantiers Burmeister et Wain (Copenhague) en septembre 1937 et se nommait alors "Actor" sous pavillon panaméen, bien que propriété de l’armement norvégien Martin Mosvold. Acquis en 1939, il passa sous pavillon britannique en 1940 et fut torpillé dans l’Atlantique le 17 octobre 1940.
5) Le "Lorraine" fut plus heureux que le Languedoc, son sister-ship. Il avait été livré en novembre 1937 par les chantiers Burmeister et Wain ; comme panaméen Argus, il naviguait pour les mêmes norvégiens que l’Actor déjà cité. En 1954, il fut vendu et devint le panaméen Pacific-Pride, nom qui se changea en 1955 en Atlantic-Prise (pan.), puis en 1963 en Oceanic-Pride (lib.) En 1955, il avait été converti en minéralier-pétrolier et c’est ainsi que ses armateurs d’Extrême-Orient l’utilisèrent jusqu’en novembre 1968, date de son arrivée à Keelung (Formose) pour la démolition.
6) Le "Champagne" avait été construit en 1938 à Hambourg par le Deutsche Werft. Il était entré en service comme norvégien Marietta (Thorvald Berg) et fut acquis en 1938. Les Allemands le saisirent en janvier 1943 en méditerranée et le 24 septembre 1943, il était échoué près de Bastia, après avoir été torpillé par les "HMS Dzik" et "Uproar". Ce fut une perte totale.
7) Le "Roussillon" construit par Bremer Volkan (Vegesach) et ancien Harald Brovig de la firme norvégienne Th. Brovig, avait été mis en service en décembre 1936 et francisé en 1938. Il fut pris par les Allemands en méditerranée en 1943, mais le 22 juillet 1944, après avoir été bombardé, il était échoué près de Gênes et ne devait jamais plus naviguer.
8) Le "Touraine", navire de 10.000 Tdw était en service depuis mars 1934 lorsque la SFTP en fit acquisition auprès d’une compagnie norvégienne qui l’avait baptisé "Senator". Le navire avait été construit par les Chantiers Gotaverken à Goteborg. Les Français l’armèrent de 1939 à novembre 1957, date de son arrivée à La Seyne pour la démolition.
9) Le "Picardie" fut un navire malchanceux. Construit en 1936 à Goteborg par Eriksbergs, il fut armé armé par Odd Berg sous le nom de Kollgrim (norvég.) jusqu’en 1939. Le 1er février 1940, il se brisa en deux dans l’Atlantique : 12 hommes périrent avec la partie avant, tandis que les autres furent sauvés, l’arrière étant resté à flot. L’accident s’était produit à environ 450 milles au nord-ouest des Açores. L’arrière du Picardie fut récupéré, un nouvel avant fut ajouté et en 1949 l’ensemble formait le cargo norvégien "Sirefjell" (Olsen et Ugelstadt). Le "Sirefjell" navigua jusqu’à 1961, année de sa démolition au Japon.
10) Le "Limousin" était l’ancien panaméen "Nore", propriété de la firme norvégienne Johan Rasmussen. Portant 12.680 Tdw il avait été mis en service en octobre 1930 par les chantiers Swan, Hunter and Wigham Richardson (Wallsend), et fut francisé en 1939. En 1957 il fut vendu à l’armement Typaldos, devenant le grec "Indikos". En novembre 1959, il était vendu à la ferraille au Brésil à Niteroi.
11) Le "Vendée" datait de mai 1928 et portait 14.500 T. Il avait été construit par Burmeister et Wain (Copenhague) comme norvégien Sir-Osborn-Holmden (AF Klaveness), devenant panaméen "HG Wagon" en 1939, puis français la même année. Le 18 juin 1940, il s’échoua à Mindin (Loire) en tentant de quitter la France : les Allemands s’en emparèrent le 20 septembre 1941 et le "Vendée" entra dans la Kriegsmarine sous le nom d’"Hermann-von-Salza". C’est sous ce nom qu’il fut sabordé le 30 septembre 1944 à Saint-Nazaire. Relevé et réparé, le "Vendée" devait naviguer sous notre pavillon jusqu’à sa démolition à Hambourg en 1954.
12) Le "Dauphiné" datait d’août 1930, date de sa sortie des chantiers Blythswood, de Glasgow. C’était un navire de 15.210 Tdw d’abord suédois "Laurel" (R. Weylandt), puis en 1934, panaméen "Shabonee" (pour le compte de l’armement norvégien Leif Hoegh). Acheté en 1940, le "Dauphiné" fut maintenu en service jusqu’en avril 1959, date de sa démolition à La Spezzia. Il est vrai qu’en 1949 il avait reçu un nouveau moteur.
À la fin de la guerre, la SFTP disposait encore de huit navires, sur les douze qu’elle avait achetés : en attendant la livraison de tonnage neuf, et les réparations indispensables sur certaines unités éprouvées par la guerre, la Compagnie affréta les pétroliers "La Mayenne" et "La Baïse", de la Marine nationale.
Elle reçut également un T2 le "Berry" (16.900 Tdw). Ce tanker avait été construit en 1944 à Portland (Oregon) par Kaiser C°. Il se nommait "Trailblazer" sous pavillon américain, sauf de fin 1944 à 1946 où il navigua sous le vocable de "Kaptein Worsoe". Le "Berry" fut francisé en 1948. Il navigua fréquemment pour le compte de la Marine nationale, notamment à partir de 1961 (affrètement coque-nue). En 1963, il devenait le libérien "Hepta" (Margalante Cia Nav.) pour un dernier voyage qui le conduisit à Hong-Kong où il parvint le 30 mai 1963 pour la démolition.

1950-1958 : 250.000 tdw

Jusqu’ici la CFTP n’avait utilisé que des pétroliers d’occasion. Pour son programme de reconstruction, elle fit largement appel à la construction française. Un premier programme de douze pétroliers devait être mis en œuvre de 1950 à 1958 ; trois chantiers étaient concernés : les ACSM (Le Trait) pour cinq bateaux, Wilton Fijenoord (Schiedam) pour cinq bateaux et les chantiers de Saint-Nazaire, pour deux autres. Ce programme peut se subdiviser en quatre 17.000 T, six 20.000 T et deux 28.000 T. Deux d’entre eux sont toujours en service. Voici une brève biographie de ces douze unités.

1) Le "Champagne" (17.520 Tdw) est une production ACSM de 1950. En 1963 il fut vendu à la Compagnie d’armement maritime (Djibouti) qui en fit le "Montmajour" puis, lorsque cet armement émigra à Mogadiscio, en Somalie, il devint le "Monte-Murgo" en 1968, pour la Gern Shipping Cy. Le 15 juillet 1969 il est arrivé à Hong-Kong pour démolition.
2) L’"Orléanais" (17.930 Tdw) est sorti en 1951 des chantiers de Schiedam. En 1963, il devint le libérien "Marirosa" à l’armement Chandris.
3) Le "Roussillon" (17.610 Tdw) construit en 1951 au Trait, devait se perdre dans la nuit du 3 au 4 décembre 1967 à la suite d’un mauvais échouage à Tuapse (Mer noire).
4) Le "Camargue" (20.180 Tdw) a été construit à Schiedam en 1953 ; en février 1969 il devenait le libérien "Transud" (Trafico Naviero Sudcontinental : gérance Interetud à Paris).
5) Le "Beauce" (17.810 Tdw) livré par les ACSM en 1953 est passé sous pavillon libérien en 1964 comme "Continental Trader", renommé ensuite "Pacsea" (lib.) en 1968.
6) Le "Languedoc" (20.070 Tdw) fut également construit au Trait, en 1954 ; en 1967 il devenait le libérien "Plate Merchant" (gérance : Compagnie maritime et commerciale, à Paris). Une nouvelle vente en 1968 en faisait le libérien "Rahiotis" (JC Carras).
7) Le "Poitou" (20.160 Tdw) construit par Wilton Fijenoord en 1954, a été vendu en février 1971 à Wallem Steckmest de Bergen.
8) L’"Anjou" (20.015 Tdw) construit à Saint-Nazaire en 1955, passa dès 1962 sous pavillon italien sous le vocable de "Punta Cervo" (Giuseppe Ravano).
9) Le "Sologne" (20.100 Tdw) livré par Schiedam en 1955 a été vendu en février 1972 à la Compania Maritima Laconia et rebaptisé "Spartan Lady".
10) Le "Vendée" (28.860 Tdw) construit à Saint-Nazaire en 1957 et vendu en 1970 à Khamsin Shipping de Panama.
11) L’"Artois" (20.320 Tdw) livré en 1958 par Schiedam, sont toujours dans la flotte actuelle.

1960-1965 : 230.000 Tdw

Le programme suivant, égal au précédent à peu de choses près ne comportait plus que 4 tankers : 3 de la classe 50.000 et un 70.000 Tdw. La SFTP commençait alors sa coopération avec les Chantiers navals de La Ciotat dont 3 des bateaux sont originaires, le 4ème provenant des Chantiers Wilton Fijenoord (Schiedam) qui avaient déjà participé au programme précédent. Les 4 pétroliers sont toujours en ligne. Ce sont :
1) Le "Béarn" (54.886 Tdw) construit en 1960 à La Ciotat.
2) L’"Armagnac" (53.441 Tdw) livré en mars 1961 par les Chantiers Wilton à Schiedam.
3) Le "Franche-Comté" (79.044 Tdw) sorti en mai 1965 des Chantiers de La Ciotat.

1968-1969 : 310.000 T

Quand le "Dauphiné" sortit en mars 1968 des Chantiers de l’Atlantique, il était avec ses 117.270 Tdw le plus gros pétrolier français. Bien que le "Magdala" (Shell) soit venu le coiffer sur le poteau quelques jours après, le "Dauphiné" avait marqué une nouvelle époque dans l’histoire de la firme française.
Le "Saintonge" qui lui est exactement identique, était livré par les mêmes constructeurs au mois de mai 1969. Il porte 117.110 Tdw.
En outre la société a pris livraison à Rotterdam en juillet 1969 du m/t "Bourgogne", premier pétrolier d’occasion acquis par la SFTP depuis la guerre. Ce navire de 75.000 Tdw a été construit en 1966 par les Chantiers Götaverken à Göteborg pour la maison norvégienne Christian Haaland (Haugesund) où il se nommait "Nyholm".
En 1970, le m/t "Berry", navire d’occasion également, a été livré à Anvers à la SFTP, par l’armement Fred Olsen où il naviguait sous le nom de "Bolette". Construit en 1965 par les chantiers japonais Mitsui Zozen, ce navire a un port en lourd de 78.000 T environ.
Depuis le 1.1.72 notre société a été rattachée à la maison mère la Société française de transports maritimes pour laquelle elle n’assume plus désormais que la gérance des navires de la branche pétrolière.
À ce titre elle a reçu en mai 72 le premier pétrolier de 236.000 T le s/t "Normandie" construit aux Chantiers navals de La Ciotat, ces derniers étant chargés en outre de la construction d’un second 236.000 T le s/t "Aquitaine" de caractéristiques identiques et dont la mise en service est prévue en 1975.
En octobre prochain la gérance du pétrolier minéralier "Bretagne" de 160.000 Tdw nous sera confiée.
Un autre OBO de 160.000 T en construction au Japon entrera dans la flotte en 1974, tandis que deux transporteurs de produits chimiques de 27.000 T (product tankers) seront gérés par nos soins respectivement en 1974 et 1975.

 

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