1967.03.01.De la chambre syndicale des constructeurs de navires.A Worms & Cie

Le PDF est consultable à la fin du texte.

Chambre syndicale des constructeurs de navires et de machines marines

47, rue de Monceau – Paris 8e
Europe 57-68

Paris, le 1er mars 1967

Messieurs,
Dans les circonstances actuelles nous jugeons utile de donner aux constructeurs de navires, toutes informations intéressantes sur la situation de l’armement et de la construction navale.
À cet effet nous faisons procéder à certaines traductions que nous vous communiquons.
Nous serions heureux que vous vouliez bien nous donner à l’occasion, votre impression sur ce document et l’intérêt de ces diffusions.

Le délégué général :
R. Puech

Ci-joint :
Angleterre
Quelle ampleur de crédits pour la construction navale ?
Éditorial du Financial Times du 16 février 1967.
(cf notre bulletin de revue de presse étrangère n° 228 de mars 1967 qui vous sera expédié sous huitaine).

Traduction AE
RB/JLA – Le 1er mars 1967

Angleterre
Quelle ampleur de crédits pour la construction navale ?

L’industrie de la construction navale connaît actuellement des difficultés encore plus grandes qu’au moment de la parution du rapport de la commission Geddes, au printemps dernier. Les nouvelles commandes enregistrées en 1966 représentent seulement la moitié du chiffre du tonnage lancé et le carnet de commandes, dont la plus grande partie, en tout cas, a été réalisée à perte, a encore diminué. La Shipbuilding Conference a dit que, bien que le travail soit assuré pour le reste de l’année 1967 à la plupart des chantiers, il deviendra de plus en plus nécessaire d’obtenir de nouvelles commandes au cours des prochains mois. L’industrie a donc quelque raison de se plaindre que le gouvernement, probablement comme conséquence du transfert de responsabilité du ministère du Commerce à celui de la Technologie, a reculé jusqu’à maintenant le moment de présenter une loi donnant suite aux recommandations de la commission Geddes. Bien des discussions ont eu lieu entre les sociétés sur la réorganisation et deux fusions ont déjà été effectuées. Le retard du gouvernement à annoncer ce qu’il était disposé à faire en matière d’aide est la principale explication de la lenteur avec laquelle la situation a évolué.

Participation au capital
En fin de compte, l’industrie a cependant de bonnes raisons d’être satisfaite. En général, les propositions du gouvernement suivant les directives du rapport Geddes, à part deux points importants. Le premier, c’est que le SIB devrait avoir la possibilité non seulement de consentir des prêts aux sociétés de construction navale, mais encore de souscrire à des actions de leur capital ordinaire. Le second, c’est que le gouvernement devrait garantir aux armateurs britanniques des crédits à long terme pour un maximum de 200 millions de £ et non pas de 30 millions £. La possibilité de souscrire à des actions dans l’industrie de la construction navale peut provoquer de légers remous politiques, car c’est une mesure détournée de nationalisation, étant donné, en particulier, que toute action acquise par le SIB passera au ministère de la Technologie lorsque celui-là sera dissout. Mais la controverse n’a pas grande importance, à condition que le SIB agisse indépendamment du ministère.
Dans les circonstances actuelles, le financement par souscription d’actions peut bien être la formule la plus appropriée pour l’industrie de la construction navale, et Fairfields a créé un précédent.

Fixation d’intérêt bas.
Les constructeurs de navires seront sensibles moins à cette mesure qu’au fait qu’ils ont obtenu satisfaction en ce qui concerne l’octroi de crédits à long terme à un taux d’intérêt fixe et substantiellement bas en faveur de leur clientèle nationale aussi bien qu’étrangère. Leur argument c’est qu’une vente de navires à un armateur national est aussi utile à la balance des paiements que celle à un armateur étranger, et que le système actuel oblige les armateurs britanniques à commander à l’extérieur. Il est certainement paradoxal que le gouvernement doive garantir un crédit bancaire à long terme à des étrangers, mais non à l’industrie de l’armement britannique, et le fonds spécial de 75 millions de £ octroyé en 1963 a permis de prendre bon nombre de commandes qui autrement auraient été à l’étranger. Cependant, la commission Geddes a estimé que la principale menace pesant sur l’avenir de la construction navale britannique provient moins de son incapacité d’obtenir des commandes que de l’impossibilité dans laquelle elle se trouve de les exécuter en réalisant des bénéfices. La commission souhaitait que les crédits spéciaux à long terme destinés à l’armement intérieur soient limités à 30 millions de £, disponibles seulement jusqu’en 1970, et ne soient octroyés qu’en exigeant strictement que le chantier bénéficiaire fasse preuve de bonne volonté pour accepter la réorganisation.
Le danger que présente la décision de M. Benn, c’est que le crédit puisse être obtenu trop facilement ; ainsi, des sociétés non compétitives seront maintenues en existence plus longtemps, et la rationalisation de l’industrie s’en trouvera gênée et retardée. Il aurait mieux valu attendre que la réorganisation soit plus avancée avant de brandir cette succulente carotte. Au point où en sont les choses, il est essentiel que les crédits ne puissent être obtenus que lorsque le SIB sera prêt à certifier que le chantier en question a pris des mesures positives pour se moderniser ou fusionner avec d’autres et possède des chances raisonnables de survivre.
 

The Financial Times
16 février 1967

 

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