1966.05.24.Note sur la situation des chantiers du Trait

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Note sur la situation des Chantiers du Trait

24 mai 1966

I - Situation de la fusion
La fusion entre les Chantiers navals de la Ciotat (CNC) et les Ateliers et Chantiers de la Seine Maritime (ACSM) est chose faite depuis le 16 mai.         
Les ACSM ont fait apport à la société fusionnée - dénommée Chantiers navals de La Ciotat - de leurs actifs ainsi que d'une partie de leur passif (10 millions) remboursable par la société fusionnée en 10 ans avec 2 ans de différé.
À partir du 1er janvier 1966 tous les résultats d’exploitation sont pris en charge par la société fusionnée.
- Deux administrateurs représentant le groupe Worms sont entrés dans le conseil de la société fusionnée présidée par l'amiral Deroo et dont le directeur général adjoint est monsieur d'Huart précédemment directeur général adjoint des CNC.
- L'engagement de cesser l'activité navale subventionnée au Trait à compter du 1er janvier 1969 a été pris dans les formes voulues sous réserve, comme prévu, du cas des 2 sous-marins pakistanais.

II - Situation de I’emploi
- Un licenciement de 185 personnes des Chantiers (sur un effectif total de 1 545 personnes) a été annoncé le 21 avril au comité d’entreprise. Depuis cette date de nombreux incidents ont eu lieu en particulier une marche sur Rouen le 25 avril et, pour les plus récents, un refus de récupération le samedi 21 mai et un débrayage le 24 mai peu de temps après la prise du travail.
Ces perturbations vont inévitablement entraîner des retards dans les livraisons des commandes en cours d’où des pénalités à la charge de la nouvelle société.
C’est le cas par exemple du car-ferry marocain "Limadet" qui devait être livré impérativement le 15 juin 1966 et dont le retard est actuellement de 15 jours environ.
- Ce licenciement résulte naturellement de la nécessité de ramener le taux horaire des chantiers à un niveau compétitif. Il tire en outre les conséquences de la fusion. Il touche donc principalement des cadres et des mensuels.
Avant licenciement le taux horaire sans frais financiers ni amortissement était de 15,40 F : il passerait à 13,60 après licenciement.
- L'étude détaillée des listes de licenciement a permis de ramener de 185 à 146 le total des effectifs licenciés du Trait auxquels il convient d'ajouter la quasi-totalité du bureau de Paris (15) :
Par âge et par catégorie la décomposition pour le Trait seul est la suivante :

 

Plus de 60 ans dans l’année

De 50 à 60 ans

Moins de 50 ans

Cadres

6

0

4

Mensuels

21

18

58

Horaires

11

9

19

Total

38

27

81


- Après un ultime examen par l’inspection du travail, qui diminuera sans doute de 5 ou 6 unités les propositions qui lui sont présentées, les lettres de licenciement seront envoyées (probablement le 26 mai).
- Le ministère des affaires sociales a fait connaître son accord de principe pour passer avec la société une convention stipulant :
- l’octroi de la pré-retraite pour les plus de 60 ans dans l'année
- l’attribution d’une allocation temporaire, conjoin­tement avec l’ASSEDIC et la société, en faveur des personnels licenciés qui ne retrouveraient pas une rémunération équivalente.
- Cette convention sera semble-t-il passée dans le courant de la prochaine semaine.

III - Situation du carnet de commande
- Une fois les licenciements opérés le nombre d’heures productives nécessaires pour assurer jusqu’en avril 1967 plein emploi est de 1.715.000 h. dont 1.300.000 h. au titre de la construction navale subventionnée.
- Sur la base des commandes en carnets cet objectif est assuré corme suit :
 

Période

Avril 66 – mars 67

Avril 67 – Mars 68

Avril 68 – Mars 69

Ultérieurement

Commandes navales subventionnées[1]

1.300.000 h

1.320.000 h

800.000 h
 

250.000 h

Autres activités

260.000 h

-

-

-

Solde à trouver par rapport à un objectif de 1.715.000 h


155.000 h


395.000 h


915.000 h

 


Si l’on compare la valeur de ces soldes au nombre d'heures productives de conversion consommée en 1965 (environ 400.000 h) on voit qu’un tel programme n’a rien d’irréaliste pour autant que la société recherche activement de nouvelles activités de conversion pour le début 1968 et qu'entre temps les clients habituels n’aient pas renoncé à passer des commandes en raison du désordre social quasi permanent.
À cet égard il convient de noter que la charge dans les activités terrestres ou navales non subventionnées se renouvelle en moyenne tous les 2 mois et qu’il convient dès maintenant de prendre de nouvelles commandes.
Des perspectives existent notamment 6 barges pour le CEA - sous traitances diverses passées par le chantier de La Ciotat.

IV – Action possible de l’ État dans le domaine de la conversion
a) conversion interne
- par lettre du 24 février 1966 engagement a été pris de faciliter par tous les moyens la réalisation du programme de conversion que la société entreprendrait au Trait.
- le cas échéant un puissant moyen de pression sur la société pourrait consister à fixer la participation du FDES au financement de la grande forme de La Ciotat considération de l'importance de ce programme de conversion.
b) conversion externe
- le décret du 26 avril permet de primer au taux maximum de 20 % les investissements d'entreprises tierces s’implantant ou se développant au Trait même ou dans la région reclasseraient des personnels des chantiers.
La société fusionnée est à cet égard en discussion avec une entreprise de la région parisienne qui cherche à se décentraliser et qui pourrait créer au Trait même sur les terrains des chantiers 500 emplois dont 300 emplois féminins et 200 reclassements.
 

 

[1] En cours de construction ou en commande

- 1 car-ferry « Limadet » (armateur marocain)

- 2 grands chalutiers (armateur français)

- 2 cargos (Transat et Cie malgache - 1 minéralier (Union navale) – 2 sous-marins

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