1963.03.21.Note des affaires économiques de la construction navale.ACSM

Le PDF est consultable à la fin du texte.

Le 23 mars 1963,

Note pour le bureau de cabinet
Visite de M. le secrétaire général au Trait

J'ai l'honneur de vous faire parvenir trois fiches de documentation relatives à la visite que monsieur le secrétaire général doit effectuer le 22 mars au Trait.
- fiche sur le navire
- fiche sur la société gaz marine (armateur)
- fiche sur les Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime au Trait (constructeur).

I Méthanier : repère Chantier n° 171
Date de commande : 26 juin 1962
Date de contrat : 20 juillet 1962
Caractéristiques :
Longueur 188 mètres
Largeur 24,70 mètres
Creux 16,50 mètres

Port en lourd : 30.000 tdw approximativement
Tonnage (environ) : 21.000 tjb
Citernes (capacité maxinum) : 25.000 m3
Appareil propulsif : turbine CE Parsons 15.000 CV à 124 t/m
Vitesse prévue aux essais : 16,85 N
prix base contrat 49.549.400 F
allocation base contrat : 10.650.070 F
mise sur cale : 15 avril 1963
lancement : 1er juillet 1964
Livraison prévue : 5 octobre 1964

II Renseignement sur l’armement
Gaz marine
Société anonyme au capital de 5.000.000 francs constitué le 5 juillet 1962
Président directeur général : M. Kuhn de Chiselle, directeur général de Gaz de France
Parmi les administrateurs :
- différentes personnalités de Gaz de France
- la Banque de Paris et des Pays Bas
- René Boudet, président directeur général de la société Gasocéan
- A. Gilles, ingénieur conseil de Worms et Cie
- l’Union européenne industrielle et financière
Répartition du capital :
Gaz de France 50 %
Gasocéan 17,5 %
Groupe Bonnet 10 %
Banque de Paris et des Pays Bas 7,5 %
MM. Worms et Cie 7,5 %
Union européenne et industrielle et financière 7,5 %
100 %
Objet de la société : Transport de méthane liquide, sans hydrocarbure et toutes opérations s’y rapportant.
La création de la société Gaz marine est l’aboutissement des longues études menées pour la construction et l’exploitation d’un ou plusieurs navires méthaniers pour le transport du gaz d’Hassi R’Mel.
La société se limite pour l’instant à la construction d'un seul méthanier.
Le navire doit transporter 25.500 m3 de liquide à chaque voyage et effectuer environ 33 voyages par an. Il sera loué coque nue à la société Gaz de France pour 15 ans, aux conditions d’une convention d’affrêtement signée le 20 Juillet 1962. Son armement est à la charge de Gaz de France sa gestion sera assurée par Gasocéan.
Les demandes de financement relatives à la construction du méthanier sont en cours d’étude. La société a sollicité un prêt de 20 millions du Crédit national et prévoit de demander d’autre part un crédit à moyen terme de 15 millions.
La construction de méthaniers a fait l'objet d'une mention spéciale du rapport particulier du 4ème Plan qui recommande « qu’à l'origine ces efforts soient soutenus fermement par les Pouvoirs publics » et « que les investissements privés correspondants… (fassent) l'objet de procédures de financement aussi souples que possible ».

III Ateliers et Chantiers de la Seine Maritime au Trait
(construction)
Société anonyme au capital de 6.000.000 Fr.
Sur les 6.000 actions représentant ce capital, 54.950 sont possédées par le groupe Worms et 4.700 par l’Union immobilière pour la France et l’étranger.
Conseil d’administration
Président-directeur général, A. Herrenschmidt
Parmi les administrateurs, on relève, outre la présence de M. Labbé Robert, président de la NOCHAP, celle d’un administrateur représentant du groupe Worms, et d'un représentant des Forges et Chantiers de la méditerranée avec lesquels ils sont liés par un accord de coopération technique.
C’est ainsi que l’appareil propulsif du méthanier doit être une turbine qui sera fabriquée dans les Ateliers des F.C.M. à Mazeline.
Les ACSM sont de création récente puisqu’ils sont nés en 1917 des besoins d’un appareil productif accru du fait des hostilités. Ils sont contrôlés, de longue date, par Worms, ce qui leur procure, la clientèle de la NOCHAP (Havraise péninsulaire) filiale de Worms qui a commandé une série de 4 cargos de ligne rapides identiques dont deux sont delà livrés "Ville de Brest" et "Ville du Havre" , et deux actuellement' en cours de construction. Une amélioration du marché maritime entrainerait probablement deux commandes supplémentaires de ce type.
Le chantier du Trait constitue le type du moyen chantier dont le degré de technicité élevé lui permet d’offrir une gamme diversifiée de navires aux armateurs. C’est un fournisseur attitré de la marine nationale pour laquelle il dispose d’une cale couverte.
Les ACSM travaillent à 90% pour les activités navales (constructions neuves). Le dernier programme de constructions arrêté au 1er mars fait état des livraisons à venir suivantes :
1ère annexe hydrographique pour la marine nationale en avril 1963,
2ème annexe hydrographique pour la marine nationale en juin 1963,
Transporteur de gaz "Copernic" pour le Chili, 2.900 tdw en Juillet .1963
Cargo "Rogenaes" – Norvège – 18.000 tdw - septembre 1963
Cargo SGTM (Frayssinet)  - 14.000 tdw – décembre 1963
3ème cargo NOCHAP - 12.000 tdw  - février 1964
Méthanier Gaz-marine - 30,000 tdw  - octobre 1964[1]
4ème cargo NOCHAP - 12,000 tdw – janvier 1965
Aucun problème d'emploi ne doit donc se poser d’ici la fin de l’année ; il n'en serait pas de même en 1964, dans l'hypothèse d'une absence de commandes nouvelles.
Les chantiers disposent de cinq cales dont celle couverte de la marine nationale.
L’effectif total inscrit s'élève è 1300 dont 1350 ouvriers environ.
Les travaux étrangers à la construction navale occupent encore une place accessoire dans le volume d'activité total du chantier (145 ouvriers, soit 12,6% du total de la main d’œuvre directe. Ces derniers se trouvent d’ailleurs en retard dans la réalisation d’un programme d'investissements de conversion de 4.780.000 F au cours des années 1960 à 1962. L’objectif devait atteindre 240 ouvriers convertis, soit 200 de plus qu’initialement.
Mais la société n’a pas soutenu ce programme qui avait pourtant bénéficié d’une prime spéciale d’équipement au taux de 12% et d'un montant de 573,000 F.
En effet, il n'en demeure pas moins qu'en l'absence d'un effort de conversion à long terme, la situation sociale du Trait risque de devenir très grave au cas où la crise mondiale des commandes se prolongerait, car la mono industrie navale constitue, dans cette hypothèse, un danger permanent que les ACSM devraient avoir à cœur de pallier en diversifiant dès maintenant leurs activités.

 

 

[1] Il s’agit d’une évaluation faite à partir d’un pétrolier de taille semblable, le port en lourd brut réel étant encore ignoré du secrétaire général de la marine marchande.

Retour aux archives de 1963