1959.01.00.Attribué au commandant Petit.Historique de la SFTP (1938-1958)

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Voir 1984.00.Du commandant Petit- Société française de transports pétroliers.Historique (1938-1945).

Création et début de la SFTP

Le projet de création de la SFTP remonte au mois de juillet 1938, époque à laquelle le gouvernement français préoccupé des difficultés à prévoir en cas de conflit, pour le ravitaillement du pays en carburants, a confié à Messieurs Worms et Compagnie la mission de fonder une société ayant pour objet d’acheter et d’exploiter une flotte de pétroliers modernes dont le port en lourd devrait être au moins de 70.000 tonnes et atteindre, si possible, 100.000 tonnes ; la gérance de cette flotte serait assurée par Messieurs Worms et Compagnie.
L’État était disposé à faire souscrire 30% du capital de la nouvelle société par l’Office national des combustibles liquides et cet office donnerait également sa garantie aux emprunts à émettre pour payer la partie à régler au comptant du prix des premiers navires.
La SFTP a été constituée au mois de septembre 1938 ; son capital a été fixé à 30 millions de francs, divisé en 60.000 actions nominatives de 500 F.
Les premiers actionnaires ont été les suivants :

Office national des combustibles liquides

18.000 actions

30,0%

Messieurs Worms et Cie

13.000 actions

21,7%

Messieurs Louis Dreyfus & Cie

7.000 actions

11,7%

Société Desmarais Frères

7.000 actions

11,7%

Compagnie navale des pétroles

5.500 actions

9,2%

Compagnie Auxiliaire de navigation

5.500 actions

9,2%

Société des manufactures de glaces et produits chimiques de Saint-Gobain, Chauny et Cirey

4.000 actions

6,5%

 

60.000 actions

100,0%

Il a été attribué à l'État 12.000 parts bénéficiaires sous valeur nominale dont les droits ont été fixés par les statuts.
Le siège social a été fixé à Paris, 41 boulevard Haussmann, où les bureaux ont été installés.
La SFTP est devenue immédiatement propriétaire de cinq pétroliers très récents ("Bourgogne", "Champagne", "Languedoc", "Lorraine" et "Roussillon") ayant une portée en lourd de 74.000 tonnes environ ; ces navires ayant été choisis et achetés par Messieurs Worms et Cie qui avaient obtenu les crédits nécessaires pour permettre d'échelonner sur cinq ans le paiement de 40% environ du prix.
L'exploitation commerciale de cette flotte a été commencée en utilisant dans une large mesure, pour l’armement des navires, les cadres du personnel navigant des Services maritimes de Messieurs Worms et Cie.
Les conditions d’achat des premiers pétroliers ayant été plus avantageuses qu'il n’avait été prévu la SFTP a pu se procurer au début de 1939 trois autres unités récentes ("Franche-Comté", "Saintonge", "Touraine") ayant une portée en lourd de 39.000 tonnes environ.
À la date du 1er septembre 1939, la composition de la flotte de la SFTP était la suivante :

Nom des navires

Date de construction

Portée en lourd (TM)

Type d’appareil moteur

Observations

"Bourgogne"

ex-"Hoegh-Roy"

1937

14.854

1 Baw 774 TF 150

En service au 1/1/1959

"Lorraine"

ex-"Argus"

1937

15.250

2 Baw 750 TF 90

Vendu en 1954

"Languedoc"

ex-"Actor"

1937

15.250

2 Baw 750 TF 90

Torpillé en 1940

"Roussillon"

ex-"Harold-Brovig"

1936

15.057

1 Man D6Zu 60/110

Torpillé en 1943

"Champagne"

ex-"Marietta"

1938

14.883

1 Man D6Zu 60/110

Torpillé en 1943

"Franche-Comté"

ex-"Loodsdrecht"

1938

14.854

1 Baw 774 TF 150

Vendu à la démolition en 1958

"Saintonge"

ex-"Henning-Marsk"

1936

14.854

1 Baw 774 TF 150

En service au 1/1/1959

"Touraine"

ex-"Senator"

1934

10.028

2 Baw 655/100

Vendu à la démolition en 1957

Total : 8 navires

 

150.030

 

 

 

Évolution de la flotte exploitée par la SFTP
Période septembre 1939 / début 1948

Au début de la guerre 1939/45, cinq pétroliers de la SFTP sont passés sous les ordres de la Direction des transports maritimes en application du régime de réquisition-affrètement dont les modalités définitives ont fait l’objet de la charte-partie du 15 septembre 1940 ; les trois autres navires ("Lorraine", "Languedoc", "Champagne") ont continué à être affrétés en voyages consécutifs par la Direction centrale de l'intendance maritime.
Dans les derniers mois de 1939 et au début de 1940 la SFTP a reçu la gérance technique de quatre pétroliers ("Picardie", "Limousin", "Vendée", "Dauphiné") achetés par l'État depuis le commencement des hostilités et dont la portée en lourd totale était de 55.000 tonnes environ.
D'autre part la société Courtage & Transports a confié à la SFTP la gérance technique et commerciale de ses deux pétroliers ("Phénix", "Capitaine-Damiani").
Toute cette flotte - à l'exception des pétroliers "Picardie", "Vendée" et "Capitaine-Damiani" immobilisés pour de grosses réparations, a été utilisée au ravitaillement du pays en carburants jusqu'à la fin du mois de juin 1940.
Quelques jours après l'armistice de 1940, la situation de la flotte exploitée par la SFTP était la suivante :

- navires stationnée dans des ports de l'empire britannique :
"Languedoc", "Franche-Comté", "Saintonge"

- navire stationné dans un port des États-Unis :
"Touraine"

- navires stationnés à la Martinique :
"Bourgogne", "Limousin"

- navires stationnés dans des ports de l'Afrique du Nord :
"Lorraine", "Champagne", "Roussillon", "Dauphiné", "Picardie" (partie AR)

- navires stationnés dans des ports de la métropole :
"Vendée", "Capitaine-Damiani"

- navires disparus :
"Picardie" (partie AV), "Phénix".

Les trois pétroliers "Languedoc", "Franche-Comté", "Saintonge" ont été utilisés dès le mois de juillet 1940 par les alliés et le m/t "Languedoc" a été torpillé au mois d'octobre suivant.
Le m/t "Touraine" a été saisi par le gouvernement des États-Unis au mois de février 1942 et mis ultérieurement à la disposition des alliés.
Les pétroliers "Bourgogne" et "Limousin" sont restés stationnés à la Martinique jusqu'au mois de juillet 1943 et ont ensuite été utilisés par les alliés.
Jusqu'à la fin de 1942, ceux des navires qui se trouvaient en bon état dans les ports de l'Afrique du Nord et de la métropole ont pu exécuter quelques transports ou changer de lieu de stationnement, mais après le débarquement des alliés en Afrique du Nord, les m/t "Champagne", "Roussillon" et "Dauphiné" ont été saisis par les autorités d'occupation tandis que le m/t "Lorraine", qui se trouvait à Oran a été mis à la disposition des alliés.
Le m/t "Vendée" ayant de son côté été saisi à Saint-Nazaire par la Marine militaire allemande en 1942, la SFTP n'a plus eu sous son contrôle direct que le pétrolier "Capitaine-Damiani", gravement avarié par torpillage au cours d'un voyage exécuté en 1941 et immobilisé depuis cette époque à Marseille.
Après la libération de la France, la SFTP a appris que trois de ses pétroliers ("Languedoc", "Champagne", "Roussillon") devaient être considérés comme perdus et que six navires ("Bourgogne", "Saintonge", "Franche-Comté", "Lorraine", "Touraine" appartenant à la SFTP et "Limousin" appartenant à l'État) avaient été mis sous différents régimes à la disposition du pool interallié pour participer à l'effort de guerre commun.
Les trois autres pétroliers appartenant à l'État et dont la SFTP assumait la gérance technique ("Picardie", "Vendée", "Dauphiné") étaient immobilisés par de graves avaries respectivement à Oran, à Saint-Nazaire et à Port-de-Bouc.
La société Courtage & Transports a appris un peu plus tard que ses deux pétroliers ("Phénix", "Capitaine-Damiani") confiés en gérance technique et commerciale à la SFTP, devaient également être considérés comme perdus.
À partir de 1945, la SFTP a repris progressivement le contrôle des pétroliers en exploitation, dès que ces navires ont été remis par le pool interallié à la disposition de la Direction des transports maritimes : celle-ci a continué à diriger l'exploitation de la flotte sous le régime de la charte-partie et du contrat de gérance technique du 15 septembre 1940.
La SFTP a été chargée de faire exécuter les gros travaux de remise en état des pétroliers "Vendée" et "Dauphiné" qui ont été remis en service respectivement en 1947 et en 1949.

Les services de la Marine marchande ont d'autre part fait vendre en 1947 la partie AR de la coque du m/t "Picardie" qui se trouvait à Oran depuis 1940.
Ils ont également confié à la SFTP la gérance technique du pétrolier "La-Mayenne" de 7.625 tonnes dont la construction, commencée en 1939 pour le compte de la Marine nationale, a été achevée en 1947 pour le compte de la Marine marchande.
Enfin, la société Courtage & Transports, à qui a été attribué à la fin de 1945 le m/t "Pechelbronn" de 12.000 T acheté en Angleterre par le gouvernement français, a confié à la SFTP la gérance technique et commerciale de ce pétrolier à partir de la francisation de cette unité.

Période 1948 / 1955

En application de la loi du 28 février 1948 portant organisation de la Marine marchande, il a été procédé, au cours du premier semestre de cette année, à la déréquisition de la flotte de commerce et à la remise en toute propriété aux armateurs, de certains navires dont la gérance technique leur avait été précédemment confiée.
La SFTP a repris progressivement la direction et la responsabilité de l'exploitation des cinq pétroliers qui lui appartenaient depuis 1939 et qui avalent survécu aux événements de guerre.
En remplacement partiel du tonnage perdu sous le régime d'affrètement, la SFTP a reçu en toute propriété les m/t "Vendée" (remis en service en 1947) et "Dauphiné" (remis en service en 1949) et elle a acheté à l'État en 1948, à titre de navire de surplus, le m/t "Limousin" dont elle assurait la gérance technique depuis 1940.
Depuis le mois d'avril 1948 la SFTP a également dirigé l'exploitation du pétrolier "Berry" de 17.000 T environ, qui lui a été attribué par les services de la Marine marchande aux conditions d'un contrat de location-vente applicable à tous les pétroliers américains type [terme illisible] achetés par la France aux États-Unis.
La SFTP a été chargée de suivre pour le compte de la Marine marchande la construction du pétrolier "La-Baïse" de 7.735 T qui a été lancé à la fin de 1948 ; ce pétrolier a été remis, dès son achèvement, à la disposition de la Marine militaire, en même temps que "La-Mayenne" qui a ainsi été exploité pendant quinze mois environ pour le compte de la Marine marchande.
Le siège social de la SFTP a été transféré en 1949 au n°46 de l'avenue de Villiers, dans un immeuble acheté à cet effet.
La société Courtage & Transports, qui a reçu en 1949 le pétrolier "Brière" de 12.145 T en remplacement partiel du tonnage perdu par elle pendant la guerre, a confié à la SFTP la gérance technique et commerciale de ce navire, comme elle l'avait fait précédemment pour le m/t "Pechelbronn" ; mais à la date du 31 mars 1951 cette société a repris la direction de l'exploitation de ces deux pétroliers, dont la SFTP a cessé de s'occuper.
Jusqu'en 1949 l'État s'est réservé le droit exclusif de commander tant en France qu'à l'étranger les navires destinés à reconstituer la flotte de commerce française : c'est ainsi que les services de la Marine marchande ont attribué à la SFTP deux pétroliers type 16.500 T commandés par l'État aux Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime et livrables en 1950 et 1951.
Dès qu'il a été possible aux armateurs de passer des commandes privées, la SFTP a commandé en 1949 aux chantiers Wilton-Fijenoord NV, à Schiedam (Pays-Bas) un pétrolier à moteur de 17.300 T livrable en 1951.
Poursuivant son programme de rajeunissement et de développement de la flotte, la SFTP a commandé :

- en 1950

aux chantiers Wilton :

un pétrolier à moteur de 19.500 T

- en 1951

aux chantiers Wilton :

un pétrolier à moteur de 19.500 T

 

aux Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime :

 

 

 

un pétrolier à moteur de 17.300 T

 

 

un pétrolier à moteur de 19.500 T

Les pétroliers neufs livrés à la SFTP en exécution de ces programmes ont été les suivants :

- en décembre 1950

"Champagne"

17.516 tonnes

- en septembre 1951

"Orléanais"

17.932 tonnes

- en novembre 1951

"Roussillon"

17.601 tonnes

- en janvier 1953

"Camargue"

20.176 tonnes

- en juillet 1953

"Beauce"

17.809 tonnes

- en mars 1954

"Languedoc"

20.070 tonnes

- en juin 1954

"Poitou"

20.163 tonnes

En 1952 la SFTP a commandé deux nouveaux pétroliers du type do 19.500 T, l'un aux Chantiers Wilton et l'autre aux Chantiers de Penhoet : ces navires ont été livrés au début de 1955.

- en février 1955

"Sologne"

20.105 tonnes

- en avril 1955

"Anjou"

20.035 tonnes

La SFTP a vendu en 1954 les pétroliers anciens "Vendée" et "Lorraine", dont l'exploitation ne pouvait pas se poursuivre dans des conditions satisfaisantes.

Période 1955 / 1958

Au début de 1955 la SFTP est devenue propriétaire du pétrolier "Berry" type T.2. qu'elle exploitait depuis 1948 sous le régime d'un contrat de location-vente.
La SFTP a mis au point un nouveau programme de remplacement des navires âgés et de développement de la flotte ; elle a commandé en 1955 :

- un pétrolier à moteur de 27.500 T aux chantiers de Penhoet
- un pétrolier à moteur de 27.500 T aux chantiers Wilton
- un pétrolier à moteur type 19.500 T aux Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime.

Ces navires ont été livrés aux dates suivantes :

- en septembre 1957

"Vendée"

28.857 tonnes

- en mars 1958

"Lorraine"

27.320 tonnes

- en mai 1958

"Artois"

20.324 tonnes

En 1956 la SFTP a envisagé de commander des pétroliers à turbines de 23.000 T, mais à la suite de la crise de Suez elle a été conduite à augmenter les caractéristiques de ses futurs navires et finalement elle a commandé à la fin de 1956 et au début de 1957, quatre pétroliers à turbines de 48.000 T ; trois de ces commandes ont été confiées aux Chantiers navals de La Ciotat et l'autre aux chantiers Wilton ; la livraison de ces navires doit être échelonnée de 1960 à 1962/63.
D'autre part la SFTP a vendu trois pétroliers âgés :

- en 1957 : "Limousin" (12.677 T), "Touraine" (10.028 T)
- en 1958 : "Franche-Comté" (14.854 T).

La composition de la flotte de la SFTP au 1er janvier 1959 est indiquée dans le tableau ci-joint.
[Tableau sur le site]

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