1955.07.00.De la revue Navires, Ports et Chantiers.Article sur le lancement du pétrolier Pluviôse par les ACSM

Le PDF est consultable à la fin du texte.
[Coupure de presse d'origine inconnue reproduisant un article paru dans la revue Navires, Ports et Chantiers de juillet 1955.]

« En vain nous attendîmes les trois coups de son puissant sifflet.
Un peu de moi restait accroché à son sillage. Je venais de perdre un bon et vieil ami. »

Le "Pluviôse", pétrolier de 20 000 tonnes construit par les Ateliers de la Seine-Maritime
et destiné à la Compagnie nationale de navigation a été lancé, hier, au Trait.

Nous reproduisons ci-après des extraits des journaux de l’époque relatant sa mise à l’eau et ses essais, ainsi que les caractéristiques du navire qu’il sera certainement intéressant de comparer à celles des unités nouvelles.

Hier après-midi, à 13 h 45, le "Pluviôse", pétrolier à turbine de 20 000 tonnes, construit par les Chantiers de la Seine-Maritime, pour le compte de la Compagnie nationale de navigation, a été lancé au Trait, en présence de nombreuses personnalités.
Il est curieux de constater combien un spectacle maritime passionne les "gens de terre". C'est sans doute pourquoi, dès 13 heures, une foule compacte envahissait les chantiers et se disposait de chaque côté du "ber" pour ne pas perdre un instant du spectacle.
Grand pavois, claquant dans le vent, violent, qui lui apportait les premiers souffles marins de sa carrière, le "Pluviôse" dressait fièrement sa fine étrave vers un ciel chargé de pluie.
Précédant les personnalités, le clergé prit place sur la tribune dressée face à l’étrave afin de procéder à la bénédiction du navire.
Après avoir récité les prières rituelles, M. l’abbé Lenouvel, curé du Trait, aspergea d’eau bénite la proue du "Pluviôse", avant de jeter sur l’étrave le sel et le blé, symboles respectifs de conservation et de prospérité.
Saisissant la traditionnelle bouteille de champagne, Mme Poulain, marraine du navire, la brisa très habilement sur la coque malgré les rafales particulièrement violentes du vent.
Lentement, salué par les sirènes, le "Pluviôse" glissa sur le ber, en prenant rapidement de la vitesse, freinée par des traîneaux spéciaux chargés à six tonnes. Majestueusement il prit possession de son élément où il évolua avec aisance, guidé par les remorqueurs.
M. Pierre Balsen, 70 ans, qui depuis le début de la cérémonie, conservait pieusement la précieuse bouteille, devait nous confier quelques instants plus tard : « C’est le 200e que je vois partir, je travaille aux chantiers depuis 1890, pensez si j'en ai vu des lancements ».

Pour remercier ce vieil ouvrier de sa touchante fidélité, Mme Poulain détacha un bouton de la magnifique gerbe de roses qui venait de lui être offerte, pour l'épingler au revers de M. Balsen, vivement ému de cette marque de sympathie.

Le chapeau du photographe

Prendre des photos aériennes comporte certains risques, dont le moindre pour notre chef photographe J.-L. Vavasseur n'était pas de perdre son couvre-chef auquel il manifeste un attachement farouche. C’est pourtant ce qui se produisit dimanche dernier au-dessus des chantiers de la Seine-Maritime au Trait, alors que Vavasseur prenait des vues aériennes du "Pluviôse" sur son bac de lancement. Le chapeau vola, vola et disparut derrière un nuage...
Vavasseur avait fait son deuil de son précieux couvre-chef. Or, hier après-midi, alors que les envoyés de Paris-Normandie se rendaient au Trait pour effectuer le reportage du lancement du "Pluviôse", un gardien arrêta leur voiture et leur restitua le chapeau qui était tombé... sur le chantier même. Bel exemple de précision ! R. C.

Le Trait
Livraison du pétrolier "Pluviôse"

Nous avons précédemment relaté le lancement du pétrolier de 20 000 t "Pluviôse", construit au Trait pour la Cie nationale de navigation. Après achèvement à Rouen, le "Pluviôse" a effectué une série d'essais en mer pour mise au point définitive et a été livré à ses armateurs le 17 mai dernier.
Les essais de vitesse qui devaient primitivement se dérouler sur les bases de Cherbourg ont dû, en raison de la mauvaise visibilité, être annulés et c’est en définitive au moyen du navigateur Decca que ces mesures ont été effectuées. Les résultats, des plus satisfaisants, ont été les suivants : navire ballasté en mi-charge, machines réglées en surpuissance à 9 000 ch ; vitesse de 17,07 nœuds ; navire ballasté en pleine charge, machines réglées à la puissance maximum normale de 7 850 ch, vitesse de 15,5 nœuds. Le navigateur Decca a également été utilisé pour quelques autres essais auxiliaires. L'essai de giration notamment a du être réalisé avec une précision étonnante donnant non seulement le diamètre de giration mais aussi la vitesse du courant et la vitesse du navire sur son cercle de giration.

Extrait de la revue Navires, Ports et Chantiers - juillet 1955

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