1950.03.24.De L'Avenir normand.Grèves Worms au Havre et ACSM

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[Article paru dans L’Avenir normand, n° 108, du 24 au 30 mars 1950]

Magnifiques exemples de combativité ouvrière au Havre, à Rouen, Yainville, Couronne, Gravenchon, Le Trait

Si en de très rares endroits, après une longue grève, les travailleurs sont contraints de reprendre le travail pour maintenir intact leur bloc et poursuivre l’action sous d’autres formes à l’intérieur, la combativité ouvrière est partout exemplaire.
Les ouvriers des Ateliers de réparations navales Worms, au Havre, étant ainsi rentrés, se virent aussitôt ordonner par la direction, de faire « les briseurs de grève ». Elle voulait envoyer ces métallos travailler sur le « Colonel-Vieljeux », à la place de leurs camarades de chez Bichet, toujours en lutte.
Bien que convoqués individuellement, chacun des ouvriers que pressentit Worms refusa cette saleté. Dépitée, la direction les licencia. L’inspection du travail ayant été saisie de ces licenciements abusifs, ne voulut pas les reconnaître. La direction passa outre et adressa à chacun une lettre recommandée indiquant à l’ouvrier « qu’il était considéré comme démissionnaire ». La riposte fut unanime de la part du personnel des ateliers envers la provocation des patrons Dardault et Le Brie. Ils redébrayèrent immédiatement, apportant ainsi à leurs camarades illégalement licenciés leur entière solidarité.
Aux Chantiers du bâtiment de la Centrale de Yainville où les ouvriers de six entreprises avaient repris le travail à la suite de satisfactions obtenues, les patrons menacèrent d’utiliser les échafaudages d’une entreprise toujours en grève. Les travailleurs s’y opposèrent déclarant qu’ils redébrayeraient si la police entrait sur le chantier comme le patron voulait le faire faire, avec l’approbation du préfet.
Malgré cet avertissement, toutes les brigades de gendarmerie des environs furent mobilisées mais les gars du bâtiment tinrent parole. Grévistes et non-grévistes réagirent vigoureusement et les gendarmes durent décamper.
Après les métallos de chez Worms, les ouvriers du bâtiment de Yainville, voici des exemples des Produits chimiques où la lutte est magnifique aussi bien à Francolor (Oissel) qu’à la PEC (Gd-Couronne), La Grande paroisse (Grand-Quevilly), Bozel-Malétra (Petit-Quevilly), Société normande de corps gras (Yainville). Nous ne les prendrons pas dans ces usines en grève, mais dans les raffineries de pétrole qui travaillent. C’est lundi par exemple que 350 ouvriers de la Vacuum, à Notre-Dame-de-Gravenchon, ont manifesté spontanément devant les bureaux en réclamant leurs 3.000 francs. Et c’est le même jour qu’à Shell-Berre, de Petit-Couronne, les ouvriers envahirent les bureaux pendant deux heures pour le même motif et pour réclamer la salle de la cantine qui leur était refusée pour une réunion syndicale (ils obtinrent leur salle et le paiement des 2 heures perdues). Puis voici les gars du Papier-Carton de la SONOPA à Grand-Couronne, où devant le refus patronal d’une augmentation substantielle, les ouvriers du quart de nuit de dimanche à lundi, ont commencé le travail avec 8 heures de retard pendant que le personnel décidait, comme premier moyen d’action, de ne plus faire d’heures supplémentaires.
Enfin, voilà les ouvriers de la Centrale de Grand-Quevilly qui, malgré les réquisitions, les répressions, coupent le courant par secteurs, pendant un temps plus ou moins long.
La bataille pour les 3.000 francs est donc bien la bataille de tous les salariés et le directeur des chantiers navals Worms, du Trait, s’en est bien rendu compte mercredi, lorsque ses mille ouvriers en grève depuis quinze jours sont venus défiler, musique en tête, sous ses fenêtres, l’obligeant à leur accorder une entrevue.
 

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