1950.01.00.De Worms et Cie.Historique (1848-1949)

Copie 

Le PDF est consultable à la fin du texte.
 

L'origine de la Maison Worms & Cie remonte à la fin de l'année 1848, époque à laquelle son fondateur, M. Hypolite Worms, négociant et banquier à Paris, entreprit l'importation en France des charbons anglais.
II ouvrit à cet effet une succursale à Newcastle au mois de décembre 1848, puis une autre à Cardiff en 1851. Les exportations d'Angleterre acquirent rapidement une grande extension. Elles s'étendaient d'abord aux régions du Havre, de Rouen et de Bordeaux, puis de Marseille et de la Méditerranée, où il devint le fournisseur des Messageries nationales en 1851, lorsqu'elles prirent en charge le service maritime postal à vapeur entre Marseille et les ports du Levant, pour l'exploitation duquel elles fondèrent peu après la société qui est devenue les Messageries maritimes. Il traita également des opérations pour les colonies françaises et l'Amérique du Sud et était fournisseur du ministère de la Marine et des Colonies. II eut à pourvoir aux besoins des armées et de la Marine pendant la guerre de Crimée.
Lors de la création du canal de Suez, il devint fournisseur du principal entrepreneur chargé des travaux des travaux de creusement et de la Compagnie du canal. Quelques mois avant l'ouverture il décida d'établir un dépôt de charbon à Port-Saïd et à Suez pour les besoins de la navigation et créa dans ces deux villes une succursale pour assister les navires appelés à transiter par le Canal. La Maison Worms devint alors rapidement et resta la plus grosse maison de fourniture de charbon de soutes et de consignation du canal de Suez, malgré le nombre de dépôt qui ne tardèrent pas à s'y établir.
Dans le commerce des charbons, la Maison Worms & Cie était considérée dans le monde entier comme une des premières maisons et jouissait d'une grande autorité. Elle avait pour clients, soit pour les exportations de charbons d'Angleterre, soit pour les fournitures à faire dans les dépôts de charbons de soutes situés sur les grandes routes maritimes, plusieurs marines de guerre, la Compagnie du canal de Suez, la compagnie des Messageries maritimes, la Compagnie générale transatlantique, les Chargeurs réunis, plusieurs autres des principaux armements français, un nombre considérable de compagnies d'armements maritimes d'Angleterre, de Belgique, des Pays-Bas, du Japon, etc., des entreprises gazières, des compagnies de chemins de fer, etc.
Lorsque la navigation à hélice commença à entrer dans le domaine des réalisations pratiques, M. Hypolite Worms ne tarda pas à en envisager l'emploi pour son commerce de charbons. En 1854, il décida de faire construire quelques unités pour son compte personnel, et de participer à l'achat d'autres pour deux maisons amies : la Maison Hantier Fils Mallet & Cie, du Havre, et la Maison Grandchamp Fils, de Rouen, auxquelles il était associé.
Pour assurer la meilleure utilisation de ses navires, il fut amené à envisager la création de services de navigation. Vers la fin de l'année 1855, il prit, avec ses amis du Havre et de Rouen, une participation dans une compagnie franco-anglaise constituée en Angleterre et ensemble ils conclurent avec cette société un accord pour l'exploitation de services entre Grimsby et le continent, et plus spécialement la France. Cet accord était basé en grande partie sur son intention d'ajouter à ses exportations de charbons de Cardiff et du nord de l'Angleterre, celles des charbons de la région de Hull. Il ouvrit alors, le 1er janvier 1856, une succursale à Grimsby.
Pour faciliter l'administration et l'exploitation de ses navires, il remplaça, le 1er janvier 1857, son agent de Bordeaux par une succursale.
Au début de l'année 1858, il entreprit l'exploitation d'un service de navigation entre Bordeaux, le Havre et Cronstadt. En février 1859, il décida d'en organiser un autre entre Bordeaux, le Havre et Hambourg. Ce dernier ne tarda pas à devenir régulier et à prendre un grand développement. Comme le précédent, il était assuré en association avec la maison Hantier Fils, Mallet & Cie, du Havre, qui devint par la suite la maison F. Mallet & Cie et qui était chargée de la direction technique. Toutes les lignes de la maison Mallet passèrent entre les mains de la Maison Worms & Cie en 1882. Il en fut de même, quelque temps après, de la ligne de Dieppe à Grimsby, de la maison Grandchamp de Rouen.
Désireux d'assurer la survivance de sa maison après sa mort, M. Hypolite Worms décida de s'associer un de ses plus intimes collaborateurs, M. Henri Josse, ancien directeur de sa maison de Grimsby. Il constitua avec lui, sous la raison sociale Hypte Worms & Cie, à dater du 1er janvier 1874, une société en nom collectif, dont ils étaient les seuls associés. M. Hypolite Worms décéda le 8 juillet 1877, dans sa 75ème année. Suivant son désir, la société continua entre ses héritiers et son associé. Elle n'a cessé d'exister depuis, après plusieurs prorogations et quelques modifications. Elle est actuellement à commandite simple. Sa raison sociale est devenue successivement : Worms Josse & Cie, en 1881, puis, Worms & Cie, en 1896.
En 1881, un autre des plus intimes collaborateurs de M. Hypolite Worms, M. Henri Goudchaux, devint également associé en nom collectif et gérant de la société et en fut l'animateur pendant de nombreuses années, jusqu'à son décès survenu le 25 avril 1916. Son fils, M. Michel Goudchaux, nommé fondé de pouvoir général en 1904, devint également associé en nom collectif et gérant, le 1er janvier 1911.
A la même date, M. Hypolite Worms, petit-fils du fondateur, qui était entré dans la Maison en 1908, devenait lui-même associé.
Il en prit la direction effective lorsque survint au début de 1916 la mort de M. Henri Goudchaux, qui l'avait désigné lui-même pour le remplacer.
Aux côtés d'Hypolite Worms, plusieurs associés ont participé et participent à la direction de la Maison. En dehors de M. Michel Goudchaux, ce furent successivement MM. Georges Majoux, Jacques Barnaud, Robert Labbé et Raymond Meynial.
Les associés-gérants actuels sont :
MM. Hypolite Worms, Jacques Barnaud, Robert Labbé et Raymond Meynial.
Le capital de la commandite, qui à la veille de la guerre de 1939, était encore de 4 millions, a été porté successivement à 40 millions, puis tout récemment à 400 millions, par incorporation de réserves.
Aux termes de ses statuts, la société Worms & Cie a pour principaux objets : l'affrètement et l'armement des navires, la construction, l'achat et la vente des navires, l'importation et le commerce des charbons et de tous autres combustibles, les opérations de banque et de change, ainsi que tous autres genres de commerce et d'industrie que les associés jugeront convenable d'y joindre. Ses activités sont réparties entre trois grands services, placés chacun sous l'autorité d'un directeur général. Ce sont dans l'ordre historique de leur création :
les Services charbons et combustibles liquides, directeur général, M. Louis Vignet
les Services maritimes, directeur général, M. Lucien Émo
les Services bancaires, directeur général, M. Guy Brocard.
Ces derniers services ont été créés en 1929.
Autour du siège de la société Worms & Cie gravite un grand nombre de succursales.
Dans la métropole, ce sont Angoulême, Bayonne, Bordeaux, Boulogne-sur-Mer, Brest, Caen, Dunkerque, Dieppe, Le Havre, Lorient, Marseille, Nantes, Rouen et Toulon.
En Afrique du Nord, ce sont les succursales de Casablanca, d'Alger, de Tunis et de Sfax.
Enfin, à l'étranger, la Maison a installé à Port-Saïd une direction générale des succursales d'Égypte, avec des établissements distincts à Alexandrie, le Caire et Suez.
Les succursales d'Anvers, Gand et Rotterdam sont aujourd'hui transformées en sociétés anonymes dont les sièges respectifs sont à Anvers et Rotterdam.
Au Royaume-Uni a été fondée la société Worms & Co. Ltd dont le siège social est à Londres avec des établissements à Newcastle et Cardiff.
En dehors de ces installations directes, la Maison Worms dispose d'un réseau très dense d'agents aussi bien en France qu'à l'étranger.
Sa flotte est d'ores et déjà à peu près reconstituée sur les bases de son tonnage de 1939, qui atteignait, à la veille de la dernière conflagration, 31.800 tonnes de jauge brute.
Navigant au cabotage national et international, ses navires desservent la plus grande partie des ports français de l'Atlantique, de la Manche, de la mer du Nord et de la Méditerranée, ainsi que plusieurs ports d'Angleterre, de Belgique, de Hollande et des pays scandinaves, en attendant de pouvoir reprendre son trafic traditionnel sur Hambourg.
Il convient également de signaler que l'activité maritime de la Maison Worms s'étend à la navigation au long cours, par l'intermédiaire de la Nouvelle Compagnie havraise péninsulaire, qui lui doit sa réorganisation en 1929 et son essor actuel.
Enfin, dans ce domaine, elle a fondé, en participation avec l'État, selon une formule de société d'économie mixte, la Société française des transports pétroliers, créée en 1938, un an par conséquent avant l'ouverture des nouvelles hostilités, et qui est devenue, aujourd'hui, après réparation de ses pertes, un des plus grands armements pétroliers français, groupant près de 100.000 tonnes.
Le même effort de reconstruction a été fait avec les chantiers de constructions navales au Trait ; ceux-ci sont maintenant complètement relevés des ruines accumulées par la guerre, l'occupation et la libération, et ils ont retrouvé, sinon dépassé, leur capacité de production d'avant-guerre.
Ainsi, cinq ans à peine après la fin des hostilités, la Maison Worms se retrouve avec un potentiel accru, qui lui permet de mettre au service du pays, un instrument économique de première grandeur.


Retour aux archives de 1950