1949.07.01.A Roland Gada - Joint Export-Import Agency.Francfort

Photocopie

Le PDF est consultable à la fin du texte. 

NB : Ce courrier fait partie d'un dossier qui a été transmis, en 1978, à Francis Ley par Roland Gada, pour la documentation de l'ouvrage "Cent ans boulevard Haussmann", documentation regroupée dans une reliure sous le titre "Témoignages maritimes".

Paris, le 1er juillet 1949
Monsieur R. Gada
Joint Export-Import Agency SP 50.411 - BPM 525
Francfort-sur-Mein
(Allemagne)

Mon cher Ami,
Communauté rhénane - A la suite de notre conversation téléphonique d'hier, j'ai pris contact à la Marine marchande avec l'adjoint de M. Lecerf : M. Barbier.
Ce dernier avait reçu le matin la visite de M. Viat, de la Sonora, qui, comme vous le savez, est représentant de la Communauté rhénane à Anvers.
Celui-ci était venu exposer à l'administration un certain nombre de problèmes qu'il avait à résoudre et qui nécessitaient son appui.
Il indiquait, notamment, qu'il allait y avoir de grosses exportations d'Allemagne vers les pays scandinaves, l'Amérique du Sud et l'Afrique avec, comme corollaire, l'obligation de procéder à des affrètements de tonnage et même de tonnage étranger, escomptant une insuffisance du tonnage français.
Dans ces conditions, il y aurait de gros besoins de devises à satisfaire et M. Viat comptait sur l'appui du département.
Ceci semblait être le problème majeur ; accessoirement, M. Viat a fait allusion aux difficultés permanentes qu'il avait avec l'Office des changes pour se procurer les devises dont il avait besoin pour les opérations de transit et de consignation.
A cet égard, il insistait pour qu'on trouve une solution adéquate au problème que constituait la liaison entre le chaland fluvial et le navire de mer, dont il importait de connaître un peu à l'avance le port de chargement et de déchargement pour y conduire à temps les marchandises et le tonnage fluvial, en évitant les surestaries ou les frais de reprise de charge.
Ces dépenses supplémentaires et parfaitement évitables, se traduisaient en outre par des besoins accrus en devises, ce qui affaiblissait d'autant sa situation vis-à-vis de l'Office des changes.
Quoi qu'il en soit. M. Barbier a invité son interlocuteur à lui présenter par écrit les différents points qu'il avait soulevés au cours de sa conversation, lui déclarant qu'aucune position ne serait prise par son département avant qu'il n'ait eu le loisir d'y réfléchir, et qu'au surplus il préconiserait une réunion préalable des différents organismes publics et privés, pouvant se trouver intéressés au problème posé par la reprise des relations avec l'Allemagne.
Ceci correspondait tout à fait à nos propres préoccupations, et nous avons dit à M. Barbier que nous serions naturellement très désireux d'être invités à participer aux discussions prévues comme devant avoir lieu au cours du mois de septembre.
Nous en avons profité, en outre, pour montrer le double intérêt dont nous pouvions nous prévaloir dans cette affaire : d'abord comme armateurs, en raison de notre vieille ligne de Bordeaux-Hambourg avec escale à Anvers et Rotterdam, et ensuite comme agents en Belgique et en Hollande, d'un groupe de compagnies de navigation françaises, dont nous avions tout naturellement à défendre les positions.
A ce sujet, nous devons également mentionner que M. Viat aurait défendu devant M. Barbier, la prédominance d'Anvers et Rotterdam sur Le Havre et Dunkerque, et que c'était le point du discours qui avait paru le plus solide aux yeux de ce fonctionnaire.
Ceci étant, comme la réunion envisagée est encore lointaine et que, par expérience, on peut supposer que M. Viat, même en l'absence de tout encouragement officiel, sera loin de rester inactif, vous penserez avec moi qu'il est tout à fait nécessaire, au point où vous êtes, d'exercer une grande vigilance afin de dépister en temps utile les agissements d'un concurrent particulièrement entreprenant et qui abuse peut-être exagérément de la situation privilégiée qui le place à la source des affaires qui nous occupent.
D'ailleurs, votre proposition d'entente avec la Communauté rhénane est bien dans la ligne de notre propre politique, basée sur le respect des activités réciproques. Etant donné, en effet, que nous nous abstenons soigneusement d'intervenir dans le domaine fluvial de nos voisins, il semble possible de faire admettre par tous, et surtout par l'administration, le droit à exercer nos activités sans partage, dans le domaine maritime qui est le nôtre.
Je vous demande donc, mon cher Ami, de bien vouloir réfléchir à tout ceci et de me faire part éventuellement de tout ce que vous pourriez apprendre de nouveau dans l'intervalle. Moi-même, je vous tiendrai soigneusement au courant de ce que j'aurai pu apprendre ici, à la Marine marchande, à la suite du rapport que doit lui faire M. Viat.
Je vous prie de croire, mon cher Ami, à l'assurance de mes sentiments très cordiaux.

P. Pon. Worms & Cie
Le secrétaire général

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