1948.05.00.De Roger Mennevée.Les Documents de l'AIII.Article

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Les Documents de l'Agence indépendante d'informations internationales                            Mai 1948

La Banque Worms et Cie
Histoire générale
(voir nos fascicules de janvier, février et mars)
Les débuts de M. Hypolite Worms (2ème du nom)

La société Worms et Cie constituée en décembre 1895 venait à expiration fin décembre 1910, et, comme nous l'avons dit précédemment, l'un des associés en nom collectifs M. Jules Silvain, s'était retiré à la même époque.
Les associés restants décidèrent alors que le capital des réserves et des plus values serait distribué entre eux à partir du 1er janvier 1911.
Puis, par acte du même jour - 17 décembre 1910 - ils prorogèrent la société pour une durée de cinq ans (jusqu'au 31 décembre 1915), et, d'autre part, accueillirent comme nouveaux associés en nom collectif M. Hypolite Worms (2ème du nom) fils de M. Lucien Worms, et M. Michel Joseph Goudchaux, fils de M. Henri Goudchaux et déjà fondé de pouvoirs à la société.
Diverses autres modifications furent apportées à celle-ci, de telle sorte qu'au 1er janvier 1911, elle comprenait :
M. Hypolite Worms, demeurant chez son père 22, avenue de la Grande Armée à Paris,
M. Henri Goudchaux,
M. Paul Charles Louis Rouyer,
M. Michel Joseph Goudchaux,
comme associés en nom collectif,
M. Lucien Worms et Mme Emma Louise Worms, veuve de M. Louis Emmanuel Arthur Delavigne,
comme associés commanditaires.
Mais, en raison de son jeune âge (21 ans ½) M. Hypolite Worms, quoique associé en nom collectif, ne disposait pas de la signature sociale.
Le capital social restait fixé à 4 millions de francs et comprenait tout l'actif de la société Worms et Cie, déduction faite des réserves et plus values qui devaient être distribuées ainsi que nous l'avons précisé plus haut à partir du 1er janvier 1911. Cet actif comprenait notamment la propriété entière de la flotte de la société qui était formée à l'époque, des steamers "Barsac", Bidassoa", "Cantenac", "Emma", "Frédéric-Franck", "Fronsac", "Haut-Brion", "Hypolite-Worms", "Léoville", "Listrac", "Michel", "Pervenche", "Pessac", "Sauternes", "Séphora-Worms", "Suzanne-et-Marie", "Thérèse-et-Marie", tous du port du Havre.
Ce capital appartenait à :

M. Lucien Worms, pour 27/80, soit

1.350.000 F

Mme veuve Delavigne, pour 27/80, soit

1.350.000 F

M. Henri Goudchaux, pour 16/80, soit

800.000 F

M. Rouyer, pour 4/80, soit

150.000 F

M. Michel Goudchaux, pour 3/80, soit

150,000 F

M. Hypolite Worms, pour 3/80, soit

150.000 F

ces deux derniers ayant acquis chacun la moitié des intérêts appartenant antérieurement à M. Silvain.
La société avait alors des comptoirs à Dunkerque, Dieppe, Le Havre, Rouen, Nantes, Rochefort, Angoulême, Tonnay-Charente, Bordeaux, Bayonne, Marseille, Alger, à Pasages (Espagne), à Cardiff, Newcastle et Great-Grimsby (Angleterre), à Port-Saïd, Suez, Le Caire et Alexandrie (Égypte) et à Buenos-Ayres (République argentine).
Ainsi, depuis 1896, le nombre des navires de la société était passé de 13 à 17, et celui des comptoirs de 13 à 21, exprimant de façon très matérielle le développement des affaires de la maison Worms et Cie.
Parmi les autres modifications apportées aux statuts, un article 10 fixait les conditions de constitution d'un fonds de réserve, et l'art, il précisait que les super-bénéfices devaient être répartis à raison de :

M. Henri Goudchaux

31%

M. Lucien Worms

26%

Mme Delavigne

19%

M. Rouyer

16%

M. Michel Goudchaux

6%

et M. Hypolite Worms

2%

L'article 16 prévoyait l'impossibilité, par suite de maladie, par l'un ou l'autre des associés gérants, de s'occuper des affaires sociales pendant plus de six mois, et décidait que cet associé pourrait alors se retirer, sa retraite étant assimilée à son décès, produisant les mêmes effets et réservant les mêmes droits.
Les articles 17 et 18 fixaient les conséquences sociables du décès de l'un ou l'autre des associés, en ces termes:
En cas de décès des associés commanditaires ou de l'un d'eux, la société continuera entre les associés survivants et les héritiers et représentants de l'associé ou des associés décèdes comme associés, commanditaires, et leur commandite sera du montant des droits de leur auteur fixé par le dernier inventaire social avec droit aux mêmes bénéfices.
En cas de décès de M. Hypolite Worms et de M. Michel Goudchaux, ou de l'un d'eux, la société ne sera pas dissoute et continuera entre les associés survivants.
Ces associés resteront seuls propriétaires de tous les droits sociaux de l'associé décédé et ce, proportionnellement à leur part dans le capital social.
Dans le cas de décès de M. Henri Goudchaux et de M. Rouyer ou de l'un d'eux, la société continuera aux conditions et de la manière-ci-après stipulées. Toutefois, dans le délai de deux mois à compter dudit décès, à la demande d'un seul des associés en nom collectif ou commanditaire, tous les associés survivants devront se réunir et décider :
Premièrement - S'il y a lieu de modifier la société par l'introduction d'un nouvel associé, d'en changer la forme, ou s'il convient de liquider.
Deuxièmement - Quelles seront les modifications à apporter au pacte social par suite de l'introduction d'un nouvel associé sans toutefois que la part des bénéfices des associés survivants puisse être réduite.
Dans le cas de continuation de la société, les droits des héritiers et représentants de M. Goudchaux et de M. Rouyer seront réglés de la manière suivante :
S'il s'agit du décès de M. Henri Goudchaux, la société continuera entre les associés survivants et ses héritiers et représentants, mais comme associés commanditaires seulement et leur commandite sera du montant des droits de leur auteur fixé par le dernier inventaire social.
S'il s'agit du décès de M. Rouyer la société continuera entre les associés survivants seuls et celui qu'ils auraient pu s'adjoindre à I'exclusion de ses héritiers et représentants. Ceux-ci auront droit à la part entière de leur auteur dans les bénéfices de l'année dudit décès, mais leurs droits sur lesdits bénéfices s'éteindront le trente et un décembre de ladite année, époque à laquelle les associés survivants resteront propriétaires de tout son actif social moyennant le remboursement de la part dont leur auteur serait nominalement propriétaire dans le capital social et dans les réserves.
Le capital ainsi remboursé appartiendra aux associés survivants chacun proportionnellement à sa part originaire fixée à l'article six des présentes (art. 17).
Arrivant le décès du dernier survivant des associés ayant la signature sociale, la société sera dissoute et liquidée en la forme commerciale par un ou plusieurs liquidateurs nommés ou choisis par tous les ayants droit à l'actif social ou, à défaut d'entente entre ces derniers par M. le président du Tribunal de commerce de la Seine (art. 18).
Enfin, l'art. 21 précisait que, lors de l'expiration de la société, ou en cas de dissolution anticipée pour quelque cause que ce soit, M. Rouyer étant encore associé, M. Lucien Worms, Mme Delavigne, M. Hypolite Worms et MM. Henri et Michel Goudchaux, ou leurs héritiers et représentants, en tant qu'ils feraient encore partie de la société, auront la faculté de conserver pour leur compte personnel tout l'actif social tel qu'il existera alors sans aucune exception ni restriction[1].
Nous consacrerons, plus loin, un chapitre personnel à M. Hypolite Worms qui venait d'entrer ainsi dans la société, et qui est devenu, par la suite, le chef de la Maison Worms et Cie.
M. Michel Joseph Goudchaux était le fils de M. Henri Goudchaux - principal associé gérant de Worms et Cie - et dont nous avons parlé dans le chapitre précédent, et de Mme Jenny Sophie Henriette Levyllier, épouse de celui-ci. II était né à Paris le 5 mars 1880, et avait fait ses études à l'École des Hautes Études commerciales. II avait épousé Mademoiselle Laroche. II avait un fils M. Jacques Christian Goudchaux né à Paris le 27 janvier 1907, qui deviendra en 1936, fondé de pouvoirs des services charbons de la Maison Goudchaux et Cie jusqu'à la mobilisation de 1939.
M. Michel Goudchaux aura en outre trois filles que nous retrouverons ultérieurement après la retraite de leur père, déterminée par les lois raciales de fin 1940 - comme associées commanditaires de Worms et Cie.
Il fut nommé par décret du 16 juin 1920 chevalier de la Légion d'honneur au titre de la guerre de 1914-1918 comme capitaine attaché à l'état-major du 6ème corps d'armée, sans que, d'ailleurs, cela l'ait empêché d'entrer au premier conseil d'administration d'une filiale de la maison Worms et Cie, la Compagnie charbonnière des appontements de Bassens et de Lagrange, fondée à Lormont, près de Bordeaux, en juillet 1917, au capital de 5 millions et dont les administrateurs étaient des associés ou des agents français et étrangers du groupe Worms.
Nous retrouverons, dans un autre chapitre, M. Michel Goudchaux comme représentant des intérêts Worms dans un certain nombre d'autres affaires, mais signalons qu'en novembre 1920, il souscrivait 425 actions de 500 F à l'augmentation de capital de la Banque nationale de Crédit, presque au lendemain de l'entrée au conseil de cet établissement de M. Paul Leroy dont on verra plus loin les relations étroites avec Worms et Cie.
Par acte du 16 juillet 1912, Madame Emma Louise Worms veuve de M. Arthur Delavigne fit donation entre vifs, à titre de partage anticipé, à ses trois filles :
Mme Louise Valentine Delavigne, épouse de M. Marie Joseph Adrien Fauchier-Magnan,
Mme Jenny Marcelle Delavigne, épouse de M. Marie Emmanuel Fauchier-Delavigne,
et Mme Marie Gabrielle Delavigne, épouse de M. Jacques Gustave Édouard Lebel,
de la nue-propriété de diverses valeurs mobilières et immobilières, parmi lesquelles la somme de 1.350.000 francs représentant le montant de la commandite appartenant à Mme veuve Delavigne dans la société Worms et Cie.
Cette somme avait été attribuée, pour la nue propriété seulement, à chacune des donataires, par tiers, soit 450.000 francs, mais il était précisé à l'acte que Madame veuve Delavigne pourrait seule, sans le concours des nues-propriétaires, proroger ou modifier les sociétés ou associations dans lesquelles existaient des actions, parts d'intérêts ou commandites ainsi cédées.
En fait, ces donations ne changeaient rien en ce qui concernait la société Worms et Cie à l'égard des tiers.
M. Adrien Fauchier-Magnan était fils de M. Louis Marie Victor Fauchier, né à Toulon le 9 mai 1842, et qui avait été autorisé par décret du 2 décembre 1893 à ajouter à son nom patronymique celui de Magnan et à s'appeler légalement à l'avenir Fauchier-Magnan. Il était à l'époque "propriétaire" et était domicilié à Paris.
Critique d'art, M. Adrien Fauchier-Magnan sera, à ce titre, nommé par décret du 1er février 1921, nommé chevalier de la Légion d'honneur au titre du ministère de l'Instruction publique et des Beaux Arts, (J.O. du 3 février).
M. Marie Emmanuel Fauchier Magnan, frère de M. Adrien Fauchier-Magnan, né à Paris le 10 juin 1878, avait, après son mariage avec MeIle Jenny Marcelle Delavigne, demandé de modifier, son nom en celui de Fauchier-Delavigne, ce à quoi il fut autorisé par décret du 28 novembre 1908.
Personnalité importante de l'industrie et du commerce du papier (Papeteries Maunoury), M. Emmanuel Fauchier-Delavigne deviendra ultérieurement vice-président de la Chambre syndicale du commerce des papiers de France et, à ce titre, il fut nommé chevalier de la Légion d'honneur, par décret du 12 août 1923, dans la promotion spéciale de l'exposition coloniale de Marseille, avec cette "citation" (J.O. 17 août 1923).
« Industriel, 3 ans et 3 mois de services militaires - 4 campagnes de guerre - vice-président de la Chambre syndicale du commerce des papiers de France, a fondé à Tunis une importante usine de transformation de l'alfa en pâte à papier, président du jury de la classe 23, hors concours, services exceptionnels rendus à l'occasion de l'exposition nationale coloniale de Marseille. »
Nous retrouverons également M. Fauchier-Delavigne dans les chapitres ultérieurs.
M. Jacques Gustave Édouard Lebel habitait, au moins depuis 1904 au 16, rue du Général Foy à Paris.
C'était un grand industriel des produits alimentaires particulièrement administrateur des Chocolats François Meunier.
Il a été nommé chevalier de la Légion d'honneur par décret du 12 août 1923 (J.O. 17 août), lui aussi dans la promotion de l'exposition coloniale de Marseille, avec la "citation" suivante :
« Industriel, 7 ans 6 mois de services militaires, 6 campagnes de guerre, une blessure, une citation, 20 ans de pratique industrielle, vice-président du Comité d'admission à l'exposition, membre du jury - classe 44 C - services exceptionnels rendus à l'occasion de l'exposition nationale coloniale de marseille. »
M. Lebel faisait partie du Cercle de l'Union artistique.
Au début de 1926, il participa à la création du Redressement français ; cet organisme pré-synarchique dont on sait le rôle, lors du 6 février 1934, il en fut nommé administrateur et fut, l'année suivante, un des animateurs du premier Congrès national de l'organisation métropolitaine et coloniale, au cours duquel furent présentés des projets de réformes politiques et économiques que les événements survenus depuis ont révélé comme ayant été certainement inspirés par la Synarchie. L'influence de celle-ci devint telle, d'ailleurs, au sein du Redressement français, que son président et principal fondateur, M. Ernest Mercier, de sentiments sensiblement plus démocratiques, en vint, fin 1935, à dissoudre l'association.
En 1927, M. Jacques Lebel participera, au titre des affaires qu'il dirigera, à la constitution de la Banque des produits alimentaires et coloniaux, fondée sous les auspices de la Banque de Paris et des Pays-Bas et dont il restera administrateur jusqu'à sa mort survenue en 1935.
A la même époque (1927) M. Lebel sera vice-président de la Caisse de compensation de la région parisienne, et administrateur de la Société des cités jardins de la région parisienne. Un peu plus tard, en 1929, il entrera au premier conseil d'administration de la Société immobilière des industriels parisiens. On le trouvera, alors, comme président du Syndicat des produits alimentaires en gros et des industries gui s'y rattachent, membre du conseil de direction du Comité national français de la chambre de commerce internationale, membre de la Commission générale d'organisation scientifique du travail, président de l'Association d'hygiène industrielle et de prévention contre les inconvénients des entreprises et vice-président du Groupement des industries alimentaires de la confédération générale de la production française.
En 1930, il deviendra administrateur et vice-président de l'Office International des Fabricants de Chocolats et Cacaos fondé par le Congrès international de ces industriels.
On trouve encore M. Jacques Lebel aux conseils d'administration de la Société séquanaise des sables (1931) dont il était le président, de la Société internationale pour la fabrication des essences et pétroles (procédés Houdry) (1932), où il représentait certainement des intérêts Worms, de l'Association nationale des sociétés par actions (Ansa) ( 1931). M. Lebel est, nous l'avons dit, décédé en 1935. II était alors domicilié dans un hôtel particulier, 34, avenue de Neuilly, à Neuilly-sur-Seine.
M. Lucien Worms est décédé au Vésinet, le 22 juillet 1914 comme il ressort de l'acte suivant :
« République française. Département de Seine-et-Oise. Ville du Vésinet. Décès.
Le vingt-deux juillet mil neuf cent quatorze à midi, Lucien Worms, né à Paris, le trois mars mil huit cent trente neuf, fils de Hypolite Worms et de Séphora Goudchaux, époux décèdes, époux de Virginie Adèle Houcke, domicilié à Paris, avenue de la Grande Armée vingt deux, est décédé en sa résidence au Vésinet, boulevard de l'Ouest, trente trois. Dressé le vingt-deux juillet mil neuf cent quatorze à six heures du soir. »
II laissait comme héritiers :
1°) sa veuve, née Virginie Adèle Houcke,
2°) un fils : M. Hypolite Worms (2ème du nom),
3°) et trois filles : Melle Suzanne Renée Marguerite Worms, ayant épousé M. Paul René Leroy, Melle Marie Virginie Lucienne Worms, épouse de M. Marcel Razsovich,
et Melle Marie Lucy Worms ayant épousé M. Hervé Henry André Errington-Josse.
Les droits du défunt dans la société Worms et Cie furent, par acte du 29 juillet 1915, partagés dans les proportions suivantes :

1°) sa veuve :

 

en toute propriété

442.900 F

en usufruit

316.300 F

2°) à son fils : M. Hypolite Worms

177.000 F

3°) à ses filles :

 

Mme Leroy

177.000 F

Mme Razsovich

177.000 F

et Mme Errington-Josse

59.800 F

plus, pour chacun des quatre enfants, une portion de la nue-propriété de la part, laissée en usufruit à Mme veuve Lucien Worms, soit 96.000 F pour chacun des trois premiers et 32.500 F pour Mme Errington-Josse.
M. Paul René Leroy, haut fonctionnaire du ministère de l'Agriculture avait été nommé à ce titre chevalier de la Légion d'honneur par décret du 11 octobre 1906. En 1910, il était chef de bureau et habitait n°1, avenue du Trocadéro à Paris, devenue avenue du Président-Wilson. Devenu par la suite, chef du cabinet du ministre, il fut promu par M. Maurice Raynaud, officier de la Légion d'honneur par décret du 9 janvier 1914 (J.O. du 11 janvier).
Pendant la première guerre mondiale, il fut chargé à nouveau de la direction des services du cabinet de M. Victor Boret, ministre de l'Agriculture et du Ravitaillement, ce qui lui valut, en janvier 1920, la cravate de Commandeur que lui octroya, par décret du 15 janvier, le nouveau ministre, M. Noulens.
Peu après, M. Leroy quittait l'administration avec le titre de directeur honoraire et entrait dans les grandes affaires financières et industrielles gravitant dans l'orbite de la Banque nationale de crédit où il semble bien qu'il fût l'œil de la Maison Worms et Cie.
A l'assemblée générale des actionnaires de la Banque nationale de crédit du 22 avril 1921, le conseil d'administration de la banque, qui ratifiait la ratification de la nomination d'administrateur de M. Leroy, présentait celui-ci en ces termes :
« Usant des pouvoirs que lui confère I'art. 19 de vos statuts, votre conseil d'administration, en remplacement de M. Jacques Pallain, décédé, a appelé à siéger avec lui, M. Paul Leroy, commandeur de la Légion d'honneur, qui, jusqu'ici, avait occupé de hautes fonctions administratives, M. Paul Leroy nous apportera un concours précieux que nous avons été déjà à même d'apprécier depuis qu'il s'est joint à nos réunions. Nous vous proposons d'approuver notre choix en le nommant administrateur, pour ses fonctions prendre fin à l'assemblée qui ratifiera les comptes de l'exercice 1924. »
En réalité, il fut réélu le 11 avril 1924 pour 6 ans, et le 22 mars 1929 pour une même période, mais que la débâcle de la Banque nationale de crédit vint raccourcir sensiblement.
M. Leroy devait souscrire 241 actions nouvelles de 500 F de la BNC lors de l'augmentation de capital de celle-ci effectuée en novembre 1920.
Puis, comme représentant de la Banque nationale de crédit, il entra, en juillet 1924, au premier conseil d'administration de la Société de transbordement du port de Strasbourg, en 1925, dans celui de la Banque française des pays d'Orient, et fin 1928, au premier conseil de la Stemi, Société de transports et manutention industriels, en 1929, à la Société d'escompte et de crédit assuré, ex-Compagnie de commerce et d'armement dont le plus fort actionnaire était le Crédit foncier colonial et de banque (lui-même contrôlé par la BNC) et qui, après avoir changé une nouvelle fois son titre en Escompte-Crédit et Banque, fut dissoute en novembre 1931 au moment des premières difficultés de la BNC.
D'autre part, en 1925, il était entré au nouveau conseil des Chantiers et Ateliers de la Capelette dans lesquels les intérêts prépondérants étaient ceux de la banque Bernard, Goudchaux et Cie (apparentée à M. Michel Goudchaux associe gérant de Worms et Cie) qui venait de procéder à la réorganisation financière de la société, qui fut d'ailleurs absorbée en 1928 par les Aciéries du Nord, importante affaire du groupe Bernard, Goudchaux et Cie.
Nous retrouverons ultérieurement M. Paul Leroy dans d'autres affaires importantes.
M. Marcel Razsovich était banquier, il était domicilié 142 bis, rue de Grenelle à Paris ; il était, en outre, administrateur de diverses sociétés, parmi lesquelles la Compagnie aérienne, 63, avenue des Champs-Élysées (1910), M. Razsovich est décédé le 9 avril 1946 ; ses obsèques ont eu lieu en l'Église de Pierrefitte-en-Auge (Calvados).
M. Errington-Josse était le filleul et le neveu de M. Josse Hervé Henry André, ancien associé gérant de 1874 à 1893 de la Maison Worms et Cie, puis Worms Josse et Cie.
Cette société Worms et Cie venait à expiration le 31 décembre 1915.
Par actes du 21 décembre 1915 la durée de la société fut prorogée jusqu'à fin 1920 et diverses modifications furent apportées à celle-ci.
D'une part, M. Hypolite Worms cédait à M. Michel Goudchaux une somme de 2.000 F et Mme veuve Lucien Worms, une autre de 73.000 F, les intérêts de M. Michel Goudchaux dans la société étaient augmentés de 75.000 F et portés à 225.000 F.
D'autre part, M. Rouyer associé-gérant, se retirant de l'affaire cédait la totalité de ses droits (200.000 F) par moitié, à M. Michel Goudchaux, et à M. Georges Édouard Majoux, ce dernier alors directeur des Services maritimes de Worms et Cie au Havre (et antérieurement chef du service maritime de la société Denain et Anzin, à Dunkerque), M. Majoux devenant ainsi associé en nom collectif.
A la suite de ces cessions et retraite, la société Worms et Cie comprenait, à partir du 1er janvier 1916, les associés suivants ayant une participation respective dans le capital ainsi que ci-dessous :

M. Henri Goudchaux, négociant armateur, chevalier de la Légion d'honneur, demeurant à Paris, 2 bis, rue du Cirque

800.000 F

M. Hypolite Worms, négociant armateur, demeurant à Paris, 8, rue Picota

325.000 F

M. Michel Goudchaux, négociant armateur, demeurant à Paris, 31, rue Pierre Charron

325.000 F

M. Georges Édouard Majoux, précité,

100.000 F

comme associés en nom collectif, M. Worms ayant dorénavant la signature sociale ;

et Mme Delavigne

1.350.000 F

Mme veuve Lucien Worms

686.000 F

Mme Paul René Leroy

177.000 F

Mme Marcel Razsovich

177.000 F

et Mme Errington-Josse

59.800 F

soit un total de

4.000.000 F

correspondant à la totalité du capital social[2].

 

M. Henri Goudchaux, étant décédé, en son domicile 2 bis, rue du Cirque à Paris, le 25 avril 1916, ses droits furent répartis entre ses deux enfants : M. Michel Goudchaux, déjà associé en nom collectif, et Mademoiselle Marie Goudchaux, qui avait épousé M. Hypolite Jean Labbé, avocat au conseil d'État et à la cour de cassation, officier de la Légion d'honneur, demeurant à Paris, avenue George V, n°21 - chacun pour 400.000 F, mais la part de Madame Labbé devenant simple part de commandite. Le montant des droits de M. Michel Goudchaux était donc ainsi porté à 725.000 F.
M. Jean Labbé, fils du docteur Léon Labbé, était né le 1er juillet 1872 à Neuilly-sur-Seine, licencié ès-sciences, docteur en droit, il fut membre de la délégation française à Berne pour l'application du traité franco-allemand de 1911 et des Commissions d'organisation des juridictions françaises au Maroc, puis en Syrie. II était avocat au conseil d'État et à la cour de cassation, il avait épousé Melle Marie Goudchaux à Paris le 26 novembre 1903.
Le 6 mars 1919, Mme Marie Lucy Worms, déjà veuve de M. Hervé Henry André Errington-Josse, décédait à son tour, à Neuilly-sur-Seine.
Ses intérêts de commandite furent rachetés à la fin de 1920 (acte du 24 décembre), par M. Hypolite Worms.
La société Worms et Cie venant, une fois de plus, à expiration le 31 décembre 1920, les associés décidèrent de la proroger pour une nouvelle période de cinq ans, mais après que préalablement, des modifications importantes furent apportées aux participations d'intérêts dans l'affaire, étant précisé, en outre, que les réserves et plus values existantes seraient partagées entre les associés.
C'est ainsi que, par acte du 24 décembre, M. Hypolite Worms, du consentement de ses co-associés, avait remboursé, de ses deniers personnels aux héritiers de Mme Errington-Josse, tous les droits de ces derniers dans le capital social, de telle sorte que ces héritiers cessèrent de faire partie de la société à partir du même jour.
D'autre part, Mme veuve Delavigne et ses enfants, cédèrent à MM. Hypolite Worms et Majoux, la somme de 150.000 francs à prendre sur leur part de commandite, à raison de 59.800 F pour M. Majoux et de 90.200 F pour M. Worms.
De leur côté, M. et Mme Labbé cédèrent à M. Majoux une somme de 50.000 F à prendre dans les droits de Mme Labbé.
Au même M. Majoux, Mme Lucien Worms cédait 46.200 F, Mme Leroy et Mme Razsovich chacune 22.000 F de leurs droits, M. Majoux recevant ainsi une nouvelle participation de 90.200 F.
Par ailleurs, encore, M. Michel Goudchaux, cédait 125.000 F de ses droits à M. Hypolite Worms.
C'est alors que, par acte du même jour 24 décembre 1920, les associés de Worms et Cie, savoir :
M. Hypolite Worms, négociant armateur, 47, avenue Hoche à Paris,
M. Michel Joseph Goudchaux, négociant armateur, chevalier de la Légion d'honneur, demeurant à Paris, 31, avenue Pierre 1er de Serbie (ex rue Pierre-Charron),
M. Georges Édouard Majoux, négociant armateur, chevalier de la Légion d'honneur, demeurant au Havre, rue de Sainte-Adresse, 45,
Mme Emma Louise Worms, veuve de M. Louis Emmanuel Arthur Delavigne, propriétaire, demeurant à Paris, 45, boulevard Haussmann,
Mme Virginie Adèle Houcke, veuve de M. Lucien Worms, sans profession, demeurant à Paris, 22, avenue de la Grande Armée,
Mme Suzanne René Marguerite Worms, épouse de M. Paul René Leroy, commandeur de la Légion d'honneur, sous-directeur au ministère de l'Agriculture, demeurant à Paris n°1, avenue du Président-Wilson (ex-avenue du Trocadéro),
Mme Marie Virginie Lucienne Worms, épouse de M. Marcel Razsovich, sans profession, demeurant à Pau, 4, boulevard des Pyrénées,
et Mme Marie Goudchaux, épouse de M. Hippolyte Jean Labbé, avocat au conseil d'État et à la cour de cassation, officier de la Légion d'honneur, demeurant à Paris, avenue George V n°21, décidèrent, en même temps que la prorogation de la société, diverses modifications aux statuts.
La société serait à partir du 1er janvier 1921, en nom collectif à l'égard de M. Hypolite Worms - qui était le chef de la Maison - M. Michel Goudchaux et M. Majoux, et en commandite seulement à l'égard des autres associés.
La signature sociale appartiendrait aux associés en nom collectif; lorsqu'une décision serait à prendre entre les gérants, elle devait l'être à la majorité des voix, celle de M. Hypolite Worms étant prépondérante.
Le capital social, toujours de 4 millions de francs, serait composé de l'actif de la société Worms et Cie, sous déduction des réserves et plus values partagées entre les associés. Cet actif comprenait notamment la propriété entière des steamers : "Bidassoa", "Cantenac", "Château-Latour", "Château-Palmer", "Fronsac", "Haut-Brion", "Hypolite-Worms", "Listrac", "Margaux", "Pessac", "Pomerol", "Séphora-Worms", "Suzanne-et-Marie", tous du port du Havre et affectés aux services maritimes de la société. Ce capital appartenait à :

Mme Delavigne et ses enfants pour 24/80 ou

1.200.000 F

Mme Lucien Worms

640.000

 

Mme Leroy

155.000

 

Mme Razsovich

155.000 pour 19/80 ou

950.000 F

M. Hypolite Worms pour 12/80 ou

600.000 F

M. Goudchaux pour 12/80 ou

600.000 F

Mme Labbé pour 7/80 ou

350.000 F

M. Majoux pour 6/80 ou

300.000 F





La société, dont le siège social était toujours 45, boulevard Haussmann à Paris, avait, à l'époque, des comptoirs à Dunkerque, Boulogne, Dieppe, Le Havre, Rouen, Le Trait, Caen, Concarneau, Audierne, Douarnenez, Brest, Saint-Nazaire, Nantes, Rochefort, Angoulême, Lille, Strasbourg, Lyon, Toulouse, Bordeaux, Bayonne, Marseille et Toulon, Alger, à Pasages (Espagne) Cardiff, Newcastle, Great Grimsby, Goole et Hull (Angleterre), Port-Saïd, Suez, Le Caire et Alexandrie (Égypte), Beyrouth (Syrie), Anvers (Belgique), Rotterdam (Hollande), Duisbourg et Hambourg (Allemagne), Dantzig et Varsovie (Pologne), Prague (Tchécoslovaquie ) et Arkangel (Russie).
Nous reviendrons ultérieurement sur le rôle de la maison Worms et Cie pendant la première guerre mondiale - et sur celui de M. Hypolite Worms ainsi que sur le développement que l'affaire en a tiré, mais nous signalerons, dès maintenant, qu'après l'armistice de 1918, Worms et Cie établit un chantier de constructions navales au Trait, sur la rive nord de la Seine, qui devait prendre par la suite le nom de Ateliers maritimes de la Seine - Worms et Cie.
En cas de décès des associés commanditaires, leurs héritiers ou représentants prenaient simplement la suite de leurs auteurs, par contre, en cas de décès d'un des associés ayant la signature sociale, il était convenu :
S'il s'agissait du décès de M. Hypolite Worms ou de M. Michel Goudchaux, les héritiers de l'associé décédé ne seraient que simples commanditaires.
S'il s'agissait du décès de M. Majoux, ses héritiers ou représentants seraient exclus de la société; leurs droits s'éteindraient le 31 décembre de la même année, et leur seraient remboursés. On retrouverait, dans cette prescription, la prudence traditionnelle des dirigeants de Worms et Cie qui entendaient conserver à l'affaire son caractère familial.
Dans le délai de 2 mois à compter du décès d'un associé ayant la signature, même si un seul associé le demandait, les associés survivants devraient se réunir pour décider : 1°- s'il y avait lieu de modifier la société par l'adjonction d'un nouvel associé, d'en changer la forme ou de liquider ; 2°- quelles seraient les modifications à apporter au pacte social par suite de l'introduction d'un nouvel associé. Les décisions seraient prises à la majorité des voix, les héritiers ou représentants de chaque associé ne représentant qu'une voix, de même que Mmes Worms, Leroy et Razsovich qui ne pourraient avoir ensemble qu'une seule voix, en cas de partage dans leur groupe, la voix de Mme Worms devait être prépondérante.
MM. Hypolite Worms et Michel Goudchaux, auraient la faculté à la fin de chaque exercice social, ou à l'expiration de la société, d'acquérir les droits des associés commanditaires, à charge du remboursement du montant nominal du capital et dans les réserves augmente d'une somme égale au montant de leur part dans ledit capital, mais moyennant un préavis de 6 mois[3].
Né le 7 février 1867 à Villeron (Vaucluse), M. Majoux avait été nommé chevalier de la Légion d'honneur par décret du 20 septembre 1920 (J.O. du 23) au titre du ministère de la Marine, comme armateur, directeur de la Maison Worms et Cie, domicilié au château de Retival à Caudebec-en-Caux et réunissant "32 années de services civils et militaires".
À la suite de circonstances particulières - dont il semble qu'on puisse retrouver les éléments dans un article publié par l'hebdomadaire parisien d'échos "Le Guignol Enchaîné", du 25 juillet 1922, à l'occasion de son procès en divorce - M. Georges Majoux était amené, en juin 1925, à quitter la société Worms et Cie.
II céda la totalité de ses droits, soit 300.000 F, par acte du 30 juin 1925, à raison de 200.000 F à M. Hypolite Worms et de 100.000 F à M. Michel Goudchaux, les deux autres associée gérants de Worms et Cie, les cessions portant jouissance du 1er janvier 1926.
M. Majoux, au cours de son séjour dans la société Worms et Cie, ayant été le créateur des Ateliers et Chantiers maritimes de la Seine dont nous avons parlé, plus haut, qui fonctionnèrent tout d'abord sous le titre de Société auxiliaire de constructions navales.
Il fut aussi administrateur de certaines autres filiales de Worms et Cie créées au cours et à la fin de la première guerre mondiale et que nous étudierons ultérieurement, et particulièrement de la Compagnie charbonnière des appontements de Bassens et de Lagrange, fondée, comme nous l'avons déjà dit plus haut, en juillet 1917.
A la même époque, il était membre du comité exécutif du Comité central des armateurs de France, comme représentant de Worms et Cie, étant précisé que M. Hypolite Worms était lui-même, alors, trésorier-adjoint du même Comité.
Après son départ de chez Worms et Cie, M. Majoux se retira dans son château de Retival ; il possédait, en outre, la villa Thérèse à Croix (Var).
D'après l'hebdomadaire cité plus haut, la fortune de M. Majoux qui atteignait à peine 200.000 F au moment de la mobilisation d'août 1914, aurait, déjà à l'armistice, dépassé 10 millions.
De quelle erreur n'était pas la thèse de M. Norman Angell lorsque cet écrivain anglais prétendait que « la guerre ne paye pas! » Pour ceux qui la font, certainement. Mais pour les autres, armateurs ou industriels, c'est autre chose. Et comme la participation de M. Majoux dans les bénéfices ne devait pas dépasser de beaucoup 10%, à combien s'élevèrent donc, - si les chiffres du Guignol Enchaîné étaient exacts - les bénéfices totaux et réels de Worms et Cie à l'occasion de la première guerre mondiale ?
A la suite de la retraite de M. Majoux, les autres associés de Worms et Cie, tenant compte que la société devait expirer fin 1925, décidèrent de constituer une nouvelle société pour en prendre la suite.
Les associés restants étaient les mêmes que ceux qui avaient participé à l'acte du 24 décembre 1920, avec cette différence, toutefois, que M. Marcel Razsovich et sa femme, née Marie Virginie Lucienne Worms, sont, dans le nouvel acte, domiciliés à Saint-Germain-en-Laye, 2, rue Voltaire.
Par acte du 30 juin 1925, M. Hypolite Worms, M. Michel Goudchaux, Mme Delavigne et ses enfants, Mme Lucien Worms, Mme Leroy, Mme Razsovich et Mme Labbé, constituèrent donc une nouvelle société ayant pour objet l'armement et l'affrètement de navires et bâtiments de navigation et des transports de toute espèce, la construction, l'achat et la vente des navires, le commerce des charbons, les opérations de banque et de change national et international, ainsi que tous autres genres de commerces ou d'industries que les associés jugeraient convenable d'y joindre, et plus spécialement, pour la continuation des opérations de la société actuelle Worms et Cie, et des anciennes et précédentes sociétés Worms et Cie, Worms Josse et Cie, Hypolite Worms et Cie.
La société nouvelle devait être en nom collectif à l'égard de MM. Worms et Goudchaux, qui disposaient de la signature sociale, et en commandite seulement à l'égard des autres associés. Dans les cas qui devaient être décidés par les deux gérants, c'était la voix de M. Hypolite Worms qui devait être prépondérante, cette stipulation confirmant définitivement la primauté de celui-ci dans la société.
La durée de celle-ci était fixée à 15 ans, à partir du 1er janvier 1926 jusqu'au 31 décembre 1940.
Le siège social était maintenu à Paris 45, boulevard Haussmann, et la société avait les mêmes comptoirs qu'en 1921, à l'exception de ceux de Toulouse (en France), du Caire (en Égypte), de Beyrouth (en Syrie) et d'Arkangel (en Russie) qui avaient été fermés.
Le capital était également maintenu à 4 millions, composé par l'actif de la société précédente - moins les réserves et plus-values distribuées aux associés - et notamment la propriété entière des 23 steamers suivants : "Barsac", "Bidassoa", "Cantenac", "Cérons", "Château-Lafite", "Château-Latour", "Château-Palmer", "Château-Yquem", "Fronsac", "Haut-Brion", "Jumièges", "La-Mailleraye", "Léoville", "Listrac", "Margaux", "Pessac", "Pomerol", "Pontet-Canet", "Sauternes", "Séphora-Worms", "Suzanne-et-Marie", "Yainville", et celle des établissements de constructions navales dits Ateliers et Chantiers maritimes de la Seine, à Le Trait ( Seine inférieure).
Ce capital appartenait à :

Mme Delavigne et ses enfants pour 24/80, soit

 

1.200.000 F

Mme Lucien Worms

640.000 F

 

Mme Leroy

155.000 F

 

Mme Razsovich

155.000 F pour 19/80, soit

950.000 F

M. Hypolite Worms pour 16/80, soit

 

800.000 F

M. Goudchaux pour 14/80, soit

 

700.000 F

Et Mme Labbé pour 7/80, soit

 

350.000 F

En cas [de décès] des associés commanditaires la société continuera avec leurs héritiers ou représentants également simples commanditaires.
Les deux associés gérants ayant - sous préavis de deux mois - la faculté de reprendre la moitié des droits du cujus dans les bénéfices pour en disposer selon les besoins de la société, à charge par eux de rembourser ladite moitié dans des conditions fixées par l'article 18 des statuts qui reproduisaient d'ailleurs le texte du même article de l'acte de décembre 1920.
En cas de décès d'un des associés ayant la signature sociale, ses héritiers ou représentants ne seraient plus que commanditaires, et, ainsi qu'il était déjà stipulé dans l'art. 17 antérieur, chacun des associés survivants pourrait demander leur réunion pour décider des mesures à prendre. La part de l'associé-gérant décédé dans les bénéfices postérieurs à l'année de son décès passerait à ses héritiers ou représentants, mais réduite à 15% s'il s'agissait du décès de M. Worms, et à 10% s'il s'agissait du décès de M. Goudchaux.
A partir du 1er janvier 1926, la répartition des bénéfices nets de celle-ci devait avoir lieu comme il suit :
a) jusqu'à 2 millions au prorata des droits de chaque associé dans le capital,

b) pour la fraction au-delà de 2 millions :

M. Hypolite Worms

31%

M. Goudchaux

20%

Mme Delavigne

17%

Mme Lucien Worms

8,50%

Mme Leroy

2%

Mme Razsovich

2%

Mme Labbé

7,50%

à la direction et aux fondés de pouvoirs

12%

Les art. 19, 20 et 21 concernaient les conditions d'une liquidation éventuelle de la société.
Madame Paul Leroy, née Suzanne Renée Marguerite Worms, fille de M. Lucien Worms - est décédée le 9 décembre 1925. La répartition de ses droits dans la société Worms et Cie s'élevant à 155.000 F, a été faite dans les conditions suivantes :
- à son mari, M. Paul René Leroy, en usufruit : 38.750 F
- à ses trois fils, la pleine propriété de chacun : 38.750 F
et à chacun également le tiers (12.916 F 67) des 38.750 F dont leur père avait l'usufruit.
Les trois fils de Mme Leroy étaient : M. Roger Paul Leroy, M. Raymond Paul René Leroy et M. Michel Paul Émile Leroy.
Madame Delavigne, née Emma Louise Worms, fille de M. Hypolite Worms (1er du nom) et sœur de M. Lucien Worms est décédée le 10 décembre 1926.
Ainsi qu'on l'a vu plus haut, elle avait fait en 1912 le partage anticipé de ses droits - en nue propriété seulement - entre ses trois filles :
Mme Louise Valentine Delavigne, épouse de M. Marie Joseph Adrien Fauchier-Magnan,
Mme Jenny Marcelle Delavigne, épouse de M. Marie Emmanuel Fauchier-Delavigne,
et Mme Marie Gabrielle Delavigne, épouse de M. Jacques Gustave Édouard Lebel,
qui devinrent ainsi personnellement commanditaires pour 400.000 francs chacun, soit le montant total de 1.200.000 F.
D'après un document émanant de la Maison Worms et Cie, celle-ci faisait, au début de 1927, l'armement, le transit, la consignation, les manutentions, l'importation des charbons anglais, les fournitures de soutes, les agglomérés de houille. Elle avait des lignes régulières de navigation à vapeur, de cabotage national entre les ports français de la mer du Nord, de la Manche et de l'Atlantique, et de cabotage international avec l'Espagne, l'Angleterre, la Belgique, les Pays-Bas, la Tchécoslovaquie, l'Allemagne, la Pologne, la Lettonie et l'URSS.
La direction de ses services maritimes était au Havre, 138, boulevard de Strasbourg, et, en dehors de ses comptoirs personnels, elle avait comme agents et correspondants :
MM. Salmon Frères à Lorient, la Compagnie Delmas frères et Vieljeux à la Rochelle, MM. C.M. Powilewicz à Nice, M. E. Arnaud à Mazamet, M. Louis Villeneuve à Sète, en France, The Steven Line à Édimbourg, MM. James et Hoder à Bristol, John Moses (Newport) Ltd à Newport, MM. L.G. Joffreys et Cie à Swansea, MM. Browne Gevelke et C° à Londres, MM. John Sutchiffe and Son à Birmingham, MM. David Alexander and Sons à Dundee, MM. W. Mac Calla and C° à Belfast, MM. John O'Sullivan and Sons à Port-Talbot, en Angleterre, M. Minhe à Gand (Belgique), SA de Varsovie pour le Commerce et l'Industrie à Lods (Pologne), Det Bergenske Dampskibsselskab à Bergen (Norvège), MM. Steimeyer & C° à Brème, M. Heinrich à Berlin (Allemagne).
Nous arrêtons intentionnellement ce chapitre à cette date de début 1927, car c'est l'époque où une profonde transformation commence à se manifester dans l'activité de la maison Worms et Cie, transformation qui va la faire entrer dans les grandes opérations financières internationales, en même temps d'ailleurs qu'on va y trouver les premières manifestations de la synarchie.

(A suivre)

R. Mennevée


[1] Insertion partielle dans Le Droit du 6 janvier 1911.

[2] Le Droit du 9 janvier 1916.

[3] Le Droit du 11/12 janvier 1921. Nous nous excusons de ne pas fournir toujours les mêmes renseignements sur les actes constitutifs ou modificatifs successifs, mais les insertions légales et même les actes déposés aux greffes compétents, sont généralement incomplets, ne remplissant même pas toujours les prescriptions fixées par les lois.



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