1946.04.08.Notice relative à la reconstitution des ACSM

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8 avril 1946

Notice sommaire relative à la reconstitution des Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime

I. Le projet n°18 constitue un plan général de reconstitution des établissements dont l’étude a été essen­tiellement dominée par les sujétions qui résultent des instal­lations et aménagements relatifs à l’extension de la soudure électrique et de la préfabrication qui en est le corollaire.
Cette évolution de la technique imposait de considérer la réparation des dommages de guerre sous un aspect différent d’une reconstruction pure et simple et à envisager, dans toute la mesure où l’état de destruction des bâtiments préexistants les rendait possibles, des modifications profon­ds au plan antérieur.
Celles-ci consistent principalement en : déplacement d’ateliers pour permettre de constituer des terre-pleins et plateformes de montage en tête des cales et de réaliser une séquence rationnelle des différentes opérations de fabrication, construction d’ateliers nouveaux, création de l’outillage correspondant.
Afin de mettre en évidence les différences essentielles entre le plan de reconstitution et le plan initial, nous avons repéré comme suit les éléments immobiliers qu’on y rencontre :

Parties entièrement détruites :
 

Reconstruites sur place
Reconstruites après transfert

Dommages de guerre

Parties partiellement détruites :

Réparées sur place
Reconstruites après transfert


Dommages de guerre
Soulte due au transfert

Parties nouvelles
 

 

Modernisation

Tous les éléments qui figuraient au plan initial se retrouvant sur le plan de reconstitution où ils ont une importance comparable. Le plus possible les éléments réparables ont été maintenus à leur emplacement primitif
En outre du déplacement qu’ont subi certains d’entre eux, les différences résident essentiellement dans l’ad­jonction d’un quai d’armement, d’un atelier d’assemblage, de terre-pleins de montage, des moyens de levage et de l’outillage appropriés à ces installations ainsi que l’extension des services de magasins et de stockage.
Ces dispositions nouvelles entraînent une extension territoriale d’environ 36.000 m2 sur des terrains faisant partie d’un marais communal et dont l’aménagement nécessitera des travaux de remblaiement.
II. Les installations, prévues demeurent à l’échelle des installations pré-existantes et toutes choses égales elles donneraient les mêmes possibilités.
Les améliorations sont essentiellement d’or­dre technique et c’est sous cet angle que nous analyserons les perspectives de fonctionnement de I’usine reconstituée.
1. La reconstruction pure et simple des anciennes ins­tallations ne peut être envisagée en raison des nécessités techniques du développement de la soudure électrique.
La circulaire n° 393 du Comité d’organisation de la construction navale en date du 20 octobre 1945 indique que le ministère de la marine désire qu’il en soit tenu compte dans l’établissement du plan de reconstitution définitif de l’entreprise sinistrée.
Le développement de la soudure électrique dans les constructions navales conduit, afin que les travaux de soudure soient effectués dans les meilleures conditions possibles, à exécuter, préalablement au montage sur cale, des assemblages par­tiels d’importance plus ou moins étendue.
Ces méthodes de préfabrication entraînent elles-mêmes la création d’un atelier d’assemblage et de soudure, de plateformes de montage et de stockage, la réalisation d’une séquence permettant un cheminement aussi continu que possible des maté­riaux et assemblages partiels et l’existence, aux différents stades de la fabrication, d’engins de levage appropriés, notamment de ponts roulants dans l’atelier d’assemblage et de grues pour desservir les cales et plateformes de montage.
Le quai d’armement résulte de la nécessité corrélative d’utiliser, à un rythme aussi accéléré que possible, les installations précédentes, c’est à dire de réduire la durée du séjour sur cale.
Ce sont ces différentes conditions qui sont réalisées sur le plan de reconstitution n° 15 et on peut dire que, sans préjuger des répercussions que ces nouvelles installations peuvent avoir sur les conditions d’exploitation, ces améliorations s’imposent sur le plan des nécessités techniques.
Au stade définitif de la reconstitution prévue, nos installations comprendraient, en outre de tous les ateliers annexes ou accessoires dont nous disposions déjà :
- un parc à matériaux et un atelier de tôlerie de conception et de disposition différentes des anciennes
- un atelier d’assemblage et des plateformes de montage nouveaux
- l’équipement de nos deux grandes cales n°1 et 2 avec une grue de 35 t.
- l’équipement de la cale n° 8 avec une grue de 25 t.
2. Toutes choses égales, les installations prévues et notamment le quai d’armement doivent permettre de réduire la durée individuelle de construction des navires, c’est-à-dire d’améliorer les délais de livraison, sous réserve bien entendu que des améliorations parallèles soient réalisées dans l’approvisionnement des fournitures, sous-traitées.
3. Tant du fait de la réduction du délai de livraison que par suite de la décomposition du travail en opérations élémentaires, les installations prévues doivent permettre une meilleure utilisation de la main-d’œuvre et une économie parallèle du prix de revient.
Il est difficile d’analyser quantitati­vement cette amélioration mais, si on estime que l’économie de main-d’œuvre peut atteindre 10 % elle a pour conséquence une augmentation égale de la production à effectif égal et une améliora­tion du prix de revient dans une proportion plus faible puisque, évidemment, la main-d’œuvre n’est pas le seul facteur.
II convient de noter que les installations prévues se prêtant particulièrement à l’exécution de navires semblables et que, si les circonstances permettaient d’envisager ainsi des séries plus ou moins importantes, des améliorations plus sensibles pourraient être réalisées sur le prix de revient et sur la production.
4. Les installations prévues permettent comme toutes autres, au moyen d’une augmentation des effectifs, d’augmenter une proportion directe la production et indirectement améliorer le prix de revient mais il y a lieu de remarquer que les installations nouvelles permettent plus facilement d’absorber et de répartir cette augmentation d’effectifs et d’aller plus loin dans cette voie.
D’autre part, les améliorations qu’on peut escompter de ce chef s’ajoutent évidemment à celles qui résultent des causes analysées plus haut.
En définitive, à effectif égal, les nouvelles installations doivent permettre une réduction des délais de livraison, une augmentation de la production, une amélioration, des prix de revient.
5. Il y a lieu de considérer que les installations nouvelles permettraient, sur un plan national en cas de besoin (cas de guerre ou tout autre nécessitant un accroissement excep­tionnel de la production par des moyens exceptionnels) d’augmenter la production grâce à un apport temporaire de main d’œuvre.
III. Les considérations ci-dessus relatives aux améliorations qu’on peut escompter d’une augmentation des ef­fectifs supposent évidemment que cet accroissement d’effectifs est possible.
Il faut ici souligner que, en dehors de toute autre condition, cela nécessiterait la réalisation d’un important programme de constructions immobilières qui doit donc être considéré comme un complément indispensable du projet de reconstitution.
Pour fixer les idées, on peut estimer que si les effectifs étaient augmentés de 50 % par rapport à la période d’avant-guerre, c’est à dire passaient grosso modo d’un chiffre global de 1000 ouvriers à celui de 1500, il faudrait pou­voir disposer d’une quantité complémentaire de logements compris entre 200 et 300.
IV. Il va sans dire qu’une exploitation rationnelle postule une certaine stabilité dans les programmes de fabrication et qu’il serait vain de parler d’améliorations si une telle stabilité ne pouvait être assurée et orientée, dans toute la mesure du possible, vers la construction de séries de bâtiments semblables.
V. La reconstitution de nos installations doit se poursuivre parallèlement avec l’exécution du programme de fabrications en cours. Il est certain que :
- d’une part la mise en œuvre des installations nouvel­les ne pourra produire son plein effet que pour les commandes nouvelles,
- d’autre part, dans leur exécution, les travaux de re­constitution peuvent être échelonnés et certains mêmes différés mais par ailleurs certains aussi sont indispensables à l’exécu­tion du programme en cours.
Nous sommes donc conduits à distin­guer, dans l’ensemble des installations prévues au plan définitif de reconstitution :
- celles qui ont déjà fait l’objet d’approbation et qui sont partiellement exécutées
- celles dont nous demandons la reconstitution immédiate
- et enfin celles dont l’exécution pourrait être envisagée plus tard
VI. La reconstitution de nos Chantiers a déjà fait l’objet antérieurement à la libération de deux autorisa­tions n° 4221 et 9027 et depuis la libération de deux autorisations n°13.145 et 14.839 qui, en fait, compte tenu des dommages subis postérieurement aux deux premières, les recouvrent.
Nous avons indiqué sur un plan joint les parties des installations dont la reconstitution a déjà été autorisée.
VII. L’autorisation de reconstitution immé­diate que nous demandons comme complément à celles déjà accordées, porterait sur l’ensemble des autres installations prévues au Plan n° 15, à l’exclusion de celles qui peuvent être différées et dans l’exécution ultérieure desquelles nous distinguerions encore deux degrés :
Différées 1° degré
- quai d’armement
- vestiaires, lavabos, etc.
Différées 2° degré
- équipement, des cales de construction n° 7 et 8
Les installations prévues dont la reconstitution immédiate est ainsi demandée sont définies de façon générale par le plan n°18. Il va sans dire que nos études de dé­tail pourront nous amener à apporter aux dispositions de ce plan de légères modifications n’en affectant pas le principe.
Par ailleurs, nous serons amenés, pour permettre l’exécution parallèle des travaux de fabrication et des travaux de reconstitution, à réparer, à titre provisoire, pour l’u­tiliser à cet effet une partie de l’actuel atelier des coques dont la disparition est prévue au plan initial.

 

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