1944.11.29.De Bernard Verdier - Établissements Puzenat.Note.01

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Relations de la Maison C. Puzenat avec MM. Worms & Cie

Appelé par MM. Worms & Cie à diriger l'affaire Puzenat en 1939, les directives suivantes me furent données : remettre cette affaire à son rang, après un dépôt de bilan faisant apparaître un passif de 40 millions environ. L'importance de la marque, son ancienneté, sa place dans l'industrie de la machine agricole méritait un effort particulier.
Il s'agissait donc de développer l'affaire, dégagée de ses soucis financiers, et de faire en sorte que les machines françaises n'aient rien à envier sur le plan technique au matériel étranger ou de conception étrangère.
La déclaration de guerre vint modifier très rapidement l'orientation de la Maison et, dès fin 1939, appuyé par Worms & Cie, Puzenat s'engage pour 40 millions de commandes de guerre renouvelables et fait un effort considérable pour assurer rapidement son adaptation. Le résultat fut que 6 mois après toutes les commandes sortaient en séries et les livraisons étaient amorcées.
Financièrement, Worms & Cie ayant garanti le concordat, les avances pour les fabrications de guerre étaient assurées. La tâche de la direction était simplifiée et j'ai pu me mettre sans autre souci à la réorganisation de l'affaire.
Sur ce plan une liberté complète, absolue, me fut laissée, au point qu'il ne me fut jamais réclamé ni un compte-rendu écrit, ni un rapport. C'était au cours de conversation que je tenais Monsieur Le Roy Ladurie au courant de nos difficultés ou de nos résultats.
En juin 1940, après avoir examiné la situation, les directives que je reçus furent formelles : maintenir l'affaire en état de marche, sacrifier toute mon activité à notre seul métier, avec la seule pensée de maintenir en place un personnel fidèle, ancien, dévoué et ne pas se laisser distancer sur le plan professionnel en préparant l'avenir.
Les résultats à acquérir dans le présent devenaient une question accessoire. Aucun reproche ne pouvait m'être adressé si, même ils étaient déficitaires, ce qui excluait de parti pris les commandes que l'ennemi pouvait être tenté de nous passer.
Durant quatre années, ces directives ont été maintenues : elles ne faisaient d'ailleurs que confirmer mon propre point de vue. C'est ainsi qu'en pleine guerre, privée d'approvisionnements, de moyens de transport, de toutes facilités, nous avons mis au point notre fonderie de fonte malléable, le raccordement de notre usine dès 1940, la fabrication des sections (1.500.000 sections sortiront cette année). La fabrication des doigts, construit deux prototypes de lieuses, une faucheuse à moteur, un avant-train moteur pour lieuse, etc.
Toutes études et mises au point qui ont grevé notre exploitation et notre trésorerie, mais ont eu l'avantage de maintenir notre personnel et de l'occuper.
Que ce soit Monsieur Worms ou Monsieur Le Roy Ladurie, ils n'ont cessé de m'appuyer dans cette voie, me répétant que le défaut d'activité productrice ne pouvait se dissocier de cotre position prise sur le plan national, c'est-à-dire de l'élimination au maximum des commandes allemandes pour se consacrer sur la préparation d'avenir quelles qu'en soient les conséquences financières.
Je dois ajouter que l'effort fait par tout notre personnel pour procéder à tous les 'dépannages" que provoque la carence des fournisseurs, a porté ses fruits et que nous avons réussi à mettre au service de l'agriculture française, des contingents de machines importants, eu égard aux circonstances.
Une seule remarque mettra en lumière les résultats de ces quatre années vus sous l'angle purement financiers. Nous sommes à l'heure actuelle débiteurs en banque, alors que toutes les maisons ayant accepté de marcher à un régime accru sont pourvues de larges disponibilités.


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