1944.11.14.De Marcel Vieille.Note

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Note déposée par M. Vieille

Au cours d'une séance de la Délégation économique franco-allemande pour les affaires économiques près la commission d'armistice du 8 octobre 1941, à laquelle assistaient du côté français Messieurs Couve de Murville et Drillen, du côté allemand Messieurs Schone, Eicholm, Beckerdorff et von Hopaker, il a été relevé ce qui suit :
M. Couve de Murville
Dans l'ensemble, en ce qui concerne les minerais (demandés par l'Allemagne), les instructions que j'ai reçues m'obligent de vous donner des réponses favorables. La réponse est négative pour le molybdène, le plomb, le manganèse. On considère, en effet, que toutes les quantités disponibles sont nécessaires à la consommation française.
M. Schone
En ce qui concerne le molybdène, je puis vous indiquer qu'une offre a été faite le 15 mai dernier par la société Le Molybdène, 59, rue de Châteaudun, à Paris, au docteur Acker, délégué à Paris du groupe Wolff Otto. Cette offre, qui a été acceptée le 14 juin par le groupe Otto Wolff, porte sur vingt-cinq tonnes de concentré d'une teneur de 82 pour cent, et le prix prévu est de 102 francs le kg. Mos2.
Nous sommes informés que la production du Maroc exprimée en concentré est de 10 à 12 tonnes par mois. Comme au moment où l'offre de la société Le Molybdène a été formulée, il existait au Maroc un stock de cinquante tonnes, on peut estimer que les disponibilités du Maroc sont actuellement de cent à cent dix tonnes de concentré.
Or, les besoins de la métropole ne peuvent être que très faibles. Il s'agit, en effet, d'un produit qui sert presque exclusivement à l'armement, et par suite des circonstances, la question des armements se trouve réglée en France. Comme, d'autre part, les stocks existant dans la métropole doivent, selon une information, suffire à couvrir les besoins de la consommation française pour plus d'une année, nous demandons que la totalité du stock du Maroc soit cédée à l'Allemagne.
M. Couve de Murville
Je fais observer que le contrat auquel vous venez de faire allusion a été conclu en dehors des autorités françaises. Comment, au surplus, envisagez-vous le transport du minerai marocain ? Vous chargeriez-vous de ce transport ?
M. Schone
Nous demandons seulement que la licence d'exportation soit accordée.

Il résulte donc de ce compte-rendu que la société Le Molybdène s'est mise en rapport direct avec le groupe Otto Wolff pour une livraison de concentré de Molybdène.
Or, la société Le Molybdène est contrôlée par le Groupe Worms.
A la suite de ces faits, les mesures suivantes ont été prises par la direction du Blocus en Afrique du Nord :
a) - mise sous contrôle de surveillance des Établissements Worms, car la livraison des vingt-cinq tonnes a été effectuée par la Mine au Maroc, placée sous la surveillance directe de Worms ; les fonds ont été encaissés par la Banque Worms, à Alger.
b) - mise sous contrôle de surveillance de la société Le Molybdène au Maroc.
c) - inscription sur la liste des suspects du président de la société "Le Molybdène", Monsieur Guernier (après intervention, cette mesure a été rapportée provisoirement).
II y aurait lieu (mais il est possible que ce soit trop tard) de faire effectuer des recherches au sein de la société Le Molybdène à Paris, pour trouver tous documents se rapportant à cette affaire importante.
Le molybdène a été transporté du Maroc à Nemours, embarqué sur vapeur français sur Marseille, et transporté ensuite en Allemagne par l'intermédiaire de la firme allemande Zehenkesane.
Le dossier de cette affaire se trouve à la délégation du Blocus au Maroc, à Casablanca.
On pourrait interroger ici le capitaine de corvette Simon (du service du contrôle, ministère de la Marine) très au courant de cette question.

Affaire Worms

Nécessité absolue de faire une étude complète sur les filiales de Worms.
Plusieurs branches : armement, charbonnages, commerce avec les pays du nord, notamment la Suède (voir à ce sujet cette société et étudier son activité surtout pour l'Algérie - Maroc, Tunisie - Dakar).
Mines : La société Worms contrôle diverses sociétés minières, en outre la société Le Molybdène, dont la majorité a dû être acquise au début de 1940.
Ci-joint la fiche de renseignements sur la société Le Molybdène.


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