1944.09.22.Des Services charbons.Note

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Worms & Cie - Services charbons

22 septembre 1944

Étude comparative des bilans France 1939/1943

L'examen objectif des bilans des Services charbons au 31 août 1939 et au 31 décembre 1943 doit tenir compte de la politique générale de ce département, adoptée dès septembre/octobre 1940 et réalisée au fur et à mesure des possibilités. Cette politique tendait à la production et à la distribution de tous les combustibles de remplacement possibles et visait deux buts essentiels :
- sur le plan économie nationale
le ravitaillement des foyers domestiques et de certaines industries en tourbe, bois de chauffage et charbon de bois,
- sur le plan social
le maintien en activité des employés (380 en 1938) et des ouvriers (350 moyenne 1938) pour éviter le chômage et les réquisitions.
C'est pour ces motifs que l'étude ci-dessous discrimine, pour certains postes, les activités professionnelles (charbons et agglomérés) des activités annexes (exploitations forestières, tourbières et carbonisation).
Il faut également souligner que les activités professionnelles proprement dites sont, en tonnage, tombées à fin 1943 à 19% des tonnages de référence (années 1931/1938).

Immobilisations

L'augmentation, en 1943, est de l'ordre de 18 millions. Il faut distinguer :
- Les immobilisations des activités professionnelles qui s'élèvent, en 1943, à 23 millions de francs contre, en 1939, 19 millions de francs.
Ce total ne tient aucun compte des pertes subies par faits de guerre. Or, l'ensemble des destructions partielles au 31 décembre 1943 avoisine 2 millions de francs. Un budget a été calculé en janvier 1944 pour fixer l'importance des sommes à engager pour rééquiper, dès la fin des hostilités, les succursales sur le même pied qu'en 1939 ; il totalisait déjà à ce moment-là plus de 12 millions de francs.
- Les immobilisations des activités annexes qui totalisent à fin 1943 14 millions de francs, et qui se répartissent comme suit :

Exploitations forestières

5.700.000

Tourbières

6.200.000

Centres de carbonisation

2.100.000

II est nécessaire de souligner le caractère de précarité de ces investissements ; ils ont été réalisés pour des activités provisoires, dans une période de prix élevés ; ils seront liquidés dès que les circonstances le permettront ; cette opération risque d'entraîner des pertes plus ou moins importantes étant donnée la situation générale probable du marché à ce moment-là.

Amortissements

Les amortissements accusent, en 1943, une augmentation de l'ordre de 14 millions de francs. Là encore il faut distinguer :
Les amortissements des activités professionnelles qui passent de 1939 F 11 millions à 1943 F 18 millions.
Les taux normalement pratiqués avant 1939 ont été maintenus ; cette politique est d'autant plus sage que la remise en route du matériel existant encore et le rééquipement en matériel à renouveler ou à remplacer s'élevaient - selon les prévisions de janvier 1943 - à plus de 18 millions de francs.
Les amortissements des activités annexes qui totalisent, à fin 1943, plus de 7 millions de francs.
Ces amortissements ont été constitués selon les taux recommandés par le ministère des Finances ; à noter que cette administration a reconnu elle-même la précarité de ces investissements en admettant, pour certains postes, des taux d'amortissements accélérés.

Portefeuille titres

L'augmentation, en 1943, est de l'ordre de 5 millions 1/2.
Là encore il faut distinguer :
Les participations nouvelles des activités professionnelles qui totalisent près de 3 millions.
Mais une partie importante de ces nouvelles participations a trait à des activités de détail très touchées par les hostilités. Elles devront être revues dès que les circonstances le permettront ; d'ores et déjà, on peut prévoir un réajustement de l'ordre de 2 millions de francs.
Les participations des activités annexes qui totalisent environ 2 millions 1/2 de francs.
Elles ne concernent que des activités de guerre (lignites, usines de carbonisation, etc.) et leurs valeurs réelles à la fin des hostilités restent très problématiques. On peut d'ores et déjà prévoir qu'elles devront être ramenées à zéro.

Stocks et approvisionnements

L'augmentation globale, en 1943, est de l'ordre de 12 millions. Mais il est nécessaire d'examiner à part :
- Les stocks des activités principales
Ceux-ci s'élevaient, en 1939, à 48.500 T pour F 12.500.000 et ne sont plus, en 1943, que 11.200 T pour 6.800.000.
Les approvisionnements divers étaient, en 1939, de F 700.000. Ils sont, en 1943, de F 2.200.000.
Les remarques suivantes s'imposent :
1°- La diminution des tonnages, soit plus de 37.000 T.
2°- L'augmentation du prix moyen des combustibles qui passe de 260 francs la tonne en 1939 à 610 francs la tonne en 1943.
3°- L'indice moyen de hausse 1943 par rapport à 1939 est de 2,30.
Ce qui permet de conclure que pour renouveler en 1943 le stock de 1939, il aurait fallu à cette date, sans tenir aucun compte des qualités de combustibles et en ne retenant que le prix moyen, un apport de trésorerie de l'ordre de 22 millions 1/2.
- Les stocks des activités annexes
Ils se décomposent en :

Activités forestières

F 10.600.000

Activités tourbières

F 3.200.000

Activités carbonisation

F 200.000

Activités diverses

F 200.000

Total :

F 16.200.000

La caractéristique de cette situation est l'accumulation des risques encourus jusqu'au moment des réalisations complètes. Ces risques sont d'autant plus importants que sur le total ci-dessus, il faut tenir compte :
- Que les stocks Coupes forestières s'élèvent à plus de 10 millions de francs,
- Et que les stocks Matériel de carbonisation en construction à près de 1 million 1/2.
Le dénouement final de ces opérations risque d'accuser des pertes plus ou moins considérables étant donnés les erreurs d'estimation, les faits de guerre, les vols, les dépréciations des prix qui peuvent intervenir d'ici leur liquidation complète.

Correspondants divers

Ces postes accusent à fin 1943 :
A l'actif, une augmentation de l'ordre de F 22.000.000.
Au passif, une augmentation de l'ordre de F 36.000.000.
La raison principale provient des décisions prises par la Marine marchande en 1939 qui exige que tous les comptes d'escale soient soumis - pour visa et liquidation - aux Transports maritimes ; l'accumulation des dossiers et les retards administratifs sont tels que les services consignations et transit de Marseille ont encore en suspens, à fin 1943, des comptes très importants avec les compagnies d'armements dont ils sont les consignataires ; certains remontent encore à 1940/1941. De plus, les services charbons ont été amenés à faire des avances de trésorerie à des sociétés s'occupant de combustibles de remplacement, avances qui totalisent à fin 1943 près de 2 millions de francs.

Débiteurs divers

Ce poste accuse, à fin 1943, une diminution de l'ordre de 19 millions.
L'importance de ce chiffre s'explique par la chute verticale des activités professionnelles qui est loin d'être compensée, même partiellement, par les activités annexes.

Trésorerie et succursales à l'étranger

La trésorerie des Services charbons avec les Services bancaires accuse une diminution de l'ordre de 35 millions.
Les comptes courants des succursales à l'étranger accusent, par contre, une augmentation de l'ordre de 40 millions.
Ces deux postes sont liés. II ne s'agit là que d'un simple déplacement de trésorerie provoqué par les directives données aux importateurs de charbons par la direction générale des Mines de mars à mai 1940 en vue d'achats massifs de charbons en Grande-Bretagne.

Provisions

L'augmentation constatée à fin 1943 est de l'ordre de 9 millions de francs.

Cette augmentation est la conséquence directe des hostilités sur les activités professionnelles de ce département ; à noter, en particulier, que les provisions nouvelles admises par la direction des contributions s'élèvent à :

- Provisions pour renouvellement du stock de départ environ

6 millions

- Provisions pour renouvellement de l'outillage et du matériel, environ

2 millions

Total

8 millions

Par contre, il faut souligner :
- qu'aucune provision pour dommages de guerre n'a encore été constituée à fin 1943,
- qu'aucune provision n'a encore été faite pour les entretiens différés à la même date,
- qu'aucune provision n'a également été calculée à cette date pour dévalorisation éventuelle des stocks des activités annexes.

Conclusions

Les conclusions que dégage cette étude sont les suivantes.
Dans le domaine activités principales : appauvrissement certain, accusé plus particulièrement par les postes immobilisations, stocks, débiteurs.
Dans le domaine activités annexes : grave incertitude sur le dénouement final de ces opérations, les risques actuels ne pourront être connus et chiffrés que lorsque ces activités seront complètement liquidées.


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