1944.09.00.De Worms et Cie.Note sur les bilans

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Observations au sujet de la comparaison des bilans de la société Worms & Cie

Le rapprochement des bilans peut, à première vue, donner l'impression que l'actif de la société s'est accru de 1939 à 1943 et même notablement.
Pourtant, si le poste "Titres et participations" marque un accroissement important, si sa réalisation éventuellement peut laisser des plus-values, on constate que le total du capital et des réserves n'a pas augmenté, et que le taux des bénéfices est devenu sensiblement inférieur à celui de 1939.
De ce fait, sur chaque année de guerre les répartitions aux associés ont dû se tenir au-dessous des répartitions faites sur 1938 et sur 1939.
L'insuffisance des bénéfices a eu aussi pour conséquence que les dotations aux provisions, toutes régulières et justifiées, sont restées incomplètes, inférieures au montant des pertes ou charges à couvrir. Nous précisons ci-après la situation pour les provisions de renouvellement, et provisions pour dommages de guerre.

Stocks

La provision pour renouvellement devrait réglementairement atteindre F 18.138.622,- d'après les indices réglementaires. Celle figurant à notre bilan est inférieure de F 6.189.432,- à ce niveau normal.

Matériel nouveau

La provision pour renouvellement aurait dû être dotée en 1943 de F 4.371.000. Elle n'a pu l'être que de F 1.641.000, soit une insuffisance de F 2.730.000.

Immobilisations sinistrées

Les immobilisations au bilan 1939 comprenaient :
- Services charbons - un matériel professionnel en exploitation,
- Services maritimes - principalement une flotte de 24 navires, et accessoirement des installations dans les ports.
- Constructions navales - des ateliers et chantiers en pleine activité.
L'accroissement comptable entre 1939 et 1943 des postes d'immobilisations correspond essentiellement à F 14.000.000 d'investissements de circonstance visant, pour la réalisation des buts nationaux et sociaux définis au bas de la présente page[1], l'organisation d'exploitations forestières, de tourbières, de centres de carbonisation : investissements indéniablement précaires, réalisés pour des activités provisoires, dans une période de prix élevés ; ils seront liquidés dès que la situation le permettra, avec le risque de pertes sensibles étant donné les conditions générales probables du marché et la nature des besoins à ce moment-là.[2]
Que reste-t-il des immobilisations qui existaient en 1939 ?
Les Services charbons ont été les moins touchés par les destructions de guerre. Pourtant les dépenses nécessaires pour remettre l'équipement dans l'état où il se trouvait en 1939 sont d'ores et déjà estimées à plus de F 12.000.000.
Les Services maritimes doivent d'ores et déjà considérer comme perdus 15 navires, dont le remplacement aux conditions actuelles de prix coûterait 549.500.000. Les 9 autres navires, s'ils sont rendus, auront certainement beaucoup souffert du service effectué pendant la guerre et du manque d'entretien.
Les immobilisations de nos Services maritimes, en dehors des navires, ont subi F 8.877.000 de dommages résultant de faits de guerre.
Nos chantiers de constructions navales sont totalement détruits. Leur reconstruction en l'état ancien est estimée, sur la base des prix actuellement pratiqués à F 258.000.000.
C'est donc environ F 828.000.000[3] que coûterait la remise en état de notre équipement pour disposer des mêmes moyens de travail qu'en 1939. II n'est pas encore possible de dire quelle part de cette dépense sera laissée à notre charge. Elle sera certainement lourde.
Pour y faire face, nous disposons au bilan de F 38.000.000 de provisions pour renouvellement[4] et pour dommages de guerre, représentées à l'actif par des valeurs mobilières. II serait sans doute très optimiste de penser que la réalisation de l'ensemble du poste "Titres et participations" puisse nous laisser une plus-value suffisante pour couvrir le solde de dépenses de reconstitution à notre charge.
Les calculs ci-dessus ne tiennent pas compte des frais de rénovation normale des chantiers, des travaux d'amélioration et de modernisation nécessaires à exécuter, et qui représentent un supplément de dépenses estimé à plus de 230 millions. Ces calculs ne tiennent pas compte non plus du renouvellement des navires considérés non sinistrés, non plus que de l'équipement de nos activités normales "charbons".
Dans l'ensemble, il faut conclure que loin de s'être accru, l'actif social présente aujourd'hui une valeur inférieure à celle qu'il possédait en 1939.


[1] Notre politique générale dans les Services charbons a tendu dès septembre/octobre 1940 à la production et à la distribution de tous les combustibles de remplacement possibles, et visé 2 buts essentiels : sur le plan économie nationale, le ravitaillement des foyers domestiques / en tourbe, bois de chauffage et charbons de bois ; sur le plan social, le maintien en activité des employés (380 en 1938) et des ouvriers (350 moyenne 1938) pour éviter le chômage et les réquisitions.

[2] Nous courons un risque analogue pour les stocks de ces exploitations provisoires, qui figurent pour F 16.200.000 à l'actif de notre bilan 1943.

[3] En admettant que la main d'oeuvre et les matériaux restent aux taux considérés dans les devis, ce qui n'est déjà plus vrai pour les salaires ouvriers.

[4] Après cette affectation il ne nous restera aucune provision de renouvellement pour notre matériel ancien non sinistré.

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